L’enfance marginale et inadaptée (orphelins, vagabonds, délinquants) a une histoire : celles des condamnations dont elle a fait l’objet, mais aussi celles des études qu’elle a suscitées et celle des institutions qui l’ont prise en charge.
On doit à Gerald Allan Cohen d’avoir reposé le marxisme sur d’autres bases philosophiques, guidé comme il a toujours été par le souci de lutter contre tous les arguments anti-égalitaristes.
Nous ne savons pas s’il est bien d’être un vampire. Il faudrait, pour s’en convaincre, rencontrer d’anciens humains devenus vampires qui nous expliqueraient les avantages de leur nouvelle vie. Mais les croirait-on pour autant ?
John Bellamy Foster présente une approche marxiste de la crise écologique fondée sur le matérialisme écologique, l’hypothèse de la « rupture métabolique » et la dialectique de la nature.
Andrea Wulf fait revivre le premier romantisme en retraçant l’histoire toute romanesque du cercle d’hommes et de femmes qui en Allemagne inventèrent le moi moderne.
Les sociétés amazoniennes ont longtemps été considérées comme des sociétés égalitaires aux relations symétriques. Carlos Fausto montre que les relations asymétriques du type maître-animal apprivoisé sont pourtant au cœur de la théorie politique locale.
Écologiste anarchiste, penseur des causes sociales de l’affrontement destructeur entre nos sociétés et la nature, et théoricien d’un municipalisme libertaire à construire dès aujourd’hui, Murray Bookchin est une figure essentielle de l’écologie politique.
Pour quelles raisons estime-t-on que nos sociétés sont plus libres, prospères ou démocratiques grâce à l’institution de la propriété privée – et non pas malgré elle ?
Günther Anders voyait en l’homme un “animal jeteur” et projeteur, mais par là aussi un être “pauvre en instincts”, déficient, lacunaire, inadapté et finalement voué à l’autodestruction.
Le philosophe américain John Dewey réactualise dans un livre inédit en français la notion de nature humaine et en tire toutes les conséquences sur le plan éthique et social afin de justifier une conception mélioriste de l’expérience.
Comment sauver la biodiversité de son extinction programmée sans appauvrir et exclure les populations dépendantes des écosystèmes ? En admettant la portée politique de la conservation et en l’inscrivant dans un projet anticapitaliste, répondent les sociologues Bram Büscher et Robert Fletcher.
La psychanalyse peut-elle éclairer nos errements face à la crise environnementale ? Oui, selon Cosimo Schinaia, à condition de réformer son épistémologie, en faisant de l’environnement non-humain un facteur décisif dans le développement psychique des individus.
On peut difficilement se passer du concept d’exploitation pour décrire les nombreuses formes d’injustice engendrées par le capitalisme. Marx reste donc encore très contemporain.
Contestant les anthropologies de l’égoïsme possessif, Philippe Chanial reprend le paradigme du don pour étayer les logiques de solidarité et relativiser l’emprise de la domination et de l’exploitation.
Les sociétés primitives, explique Lévy-Bruhl, se montraient vigilantes aux signes annonçant les catastrophes, pourtant imprévisibles. Voilà qui doit nous inspirer, nous qui devons aujourd’hui être en alerte.
Derek Parfit (1942-2017) est l’un des philosophes anglais les plus importants de sa génération, à qui l’on doit, notamment, d’avoir posé le problème de nos devoirs à l’égard des générations futures. Une récente biographie offre un portrait nuancé de ce génie parfois considéré comme excentrique.
Peut-on critiquer les normes sans retomber à son tour dans une autre forme de normativité ? P. Niedergang nous invite à distinguer normalisation et normativité, communauté et « communisme queer ».
Le philosophe Pablo Gilabert propose de repenser le socialisme à partir des exigences portées par l’idée de dignité humaine. Croisant les héritages de Kant et Marx, il dresse les conditions d’une société solidaire et libérée de la domination.
Le monde chrétien affiche une indifférence égalitaire à la différence des sexes, mais il est en réalité très inégalitaire avec les femmes. Dieu le père a remplacé l’imaginaire païen de la terre-mère, qui vante la commune appartenance à Gaïa.
Si Aristote a été couronné comme le « maître de ceux qui savent », car il a exploré tous les champs de la connaissance, il était d’abord physicien et biologiste. Ces aspects centraux de sa pensée sont pourtant aujourd’hui les moins appréciés et enseignés. Pierre Pellegrin les réhabilite.
Peut-on faire de Nietzsche un penseur du social ? Entre critique sociale et critique du social, les traditions herméneutiques de France et d’Allemagne qui ont pu se réclamer de lui invitent à réviser le jugement hâtif que certaines lectures marxistes ou anti-postmodernes ont accréditées.
Quelle révolution Kant, né il y a 300 ans, a-t-il opérée ? Que nous reste-t-il d’une pensée qui, en son temps, fut accueillie avec enthousiasme ?
Classements, fichiers, catalogues, le recyclage des cartes à jouer apparaît comme un moment charnière dans les transformations des pratiques savantes du XVIIe au XIXe siècles.
Les cours de Deleuze sur la peinture envisagent non pas le tableau achevé, mais l’ensemble des conditions psycho-physiologiques qui président à l’acte de création.
On ne choisit pas toujours d’aller sur le terrain, mais on choisit d’y rester, voire d’y retourner. Quatre philosophes partagent leur expérience de terrain et rendent compte de son rôle dans leur réflexion philosophique.
Face au risque de perdre l’homme à cause du moi, Pierre Guenancia propose d’écarter le moi afin de retrouver l’homme.
Peu d’auteurs dans l’Antiquité avaient un discours sur l’esclavage, mais beaucoup en parlaient tout de même, parfois entre les lignes ou par des voies détournées, afin de le critiquer ou de le justifier.
Sous le pacte social hypothétique des philosophes œuvre un contrat racial bien réel, qui a justifié l’exploitation des non-Blancs sur la base de distinctions morales, cognitives et esthétiques dont les effets pèsent encore aujourd’hui. Telle est la thèse de Charles Mills, enfin traduite en français.
Les violentes conséquences naturelles du réchauffement climatique, pour le marxiste Andreas Malm, exigent de repenser la distinction entre rapports sociaux et causes naturelles, pour mieux comprendre leur combinaison et lutter efficacement pour le climat.
Dans le sillage de Marcel Mauss, Pierre Lemonnier aborde les rites des initiations masculines des Baruya de Nouvelle-Guinée non pas en fonction du signifiant qu’on peut leur accoler, mais de l’action sur la matière qu’ils rendent possible.
Rien de plus difficile que de comprendre le temps, dont on ne sait s’il existe par lui-même et s’il est même définissable. Le problème est classique, mais F. Wolff lui apporte une réponse originale, ni physique, ni phénoménologique.
Hayek a toujours présenté sa refondation du libéralisme comme une utopie, reposant sur l’idée d’un ordre social spontané et autorégulé, contre les chimères de la justice sociale.
On peut penser que les citoyens des démocraties libérales ont l’obligation générale d’obéir aux lois, et qu’ils ont le droit d’y résister quand elles sont injustes. Mais ont-ils de surcroît le devoir d’y désobéir, même de façon « incivile », violente ? C’est la thèse de la philosophe Candice Delmas.
Au XIXe siècle, des paysans indiens affirment que des dieux luttent contre l’Empire colonial britannique ; un responsable politique de l’actuel Viêt Nam qu’il ne peut extraire le charbon du sous-sol puisqu’un dragon vit sous la terre. En quoi la métaphysique peut nous aider à interpréter ce qui est dit ici ?
La philosophie a son mot à dire sur le vin : sur sa définition, sur sa dégustation, sur ce qu’il inspire, mais aussi sur les vertus de l’ivresse.
La philosophe américaine K. S. Belle analyse la façon superficielle dont Hannah Arendt commenta en 1957 la fin de la ségrégation raciale aux États-Unis. Si les critiques de Belle s’avèrent souvent justes, elles ne sauraient s’étendre à l’ensemble de l’œuvre d’Arendt.
Leibniz mena tout au long de sa vie une intense activité diplomatique en vue d’établir la paix en Europe. Ses réflexions sur le droit de guerre et le projet de paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre n’ont rien perdu de leur actualité ; le philosophe de l’optimisme tempère les rêves du pacifisme.
Comment réconcilier les travailleurs et l’écologie ? En rappelant que celle-ci doit s’intéresser aux modes de production autant que de consommation. Se constituerait alors un « communisme du vivant » dont Paul Guillibert esquisse les concepts fondamentaux.
La séparation entre l’Église et l’État est un principe qui, dans bien des cas, est difficilement applicable. Certains situations exigent que l’on trouve un équilibre subtil entre la liberté religieuse et l’égalité de traitement.
Pour beaucoup, les assemblées citoyennes tirées au sort sont l’instrument miracle pour restaurer la légitimité démocratique, prendre les bonnes décisions politiques et réaliser l’égalité entre les citoyens. Mais quelle égalité démocratique une assemblée issue du hasard incarne-t-elle exactement ?