Vitrines d’une mise en ordre occidentale de la nature au service de l’exploitation coloniale, les jardins botaniques constituaient surtout des modèles réduits d’empire, dont ils font également ressurgir les failles et les discontinuités.
Le théâtre n’existe pas sans comédiennes ni comédiens. Mais quelles étaient leurs conditions de travail au XVIIIe siècle ? Comment étaient-ils rémunérés ? Que se passait-il lorsqu’ils étaient malades et incapables de jouer ?
Méconnu pour beaucoup, mésestimé par d’autres, José Ortega y Gasset a été l’un des premiers et des plus fervents défenseurs d’une Europe communautaire à inventer. La biographie intellectuelle que lui a consacrée Béatrice Fonck nous permet de (re)découvrir cet influent philosophe espagnol
Deux ans et demi de siège, près de deux millions de morts dont la moitié de civils : le siège de Leningrad est l’un des épisodes les plus meurtriers de la Seconde Guerre mondiale. Dans le discours officiel, cette histoire de famine, de froid et de mort a été convertie en un exploit glorieux.
Sous l’Ancien régime, l’avortement n’existe pas comme catégorie juridique distincte. Il ne s’en pratique pas moins et est criminalisé lorsqu’il est associé à une transgression sexuelle. Comment dès lors faire l’histoire d’un impensé et d’une pratique dissimulée ?
Comment retracer l’histoire des personnes d’ascendance africaine ? Les recherches d’Olivette Otele montrent combien les multiples trajectoires individuelles, ainsi que leur perception et leurs représentations, sont intimement liées à l’histoire du continent européen et aux enjeux du présent.
Le “rêve californien” ne remonte pas à la Ruée vers l’or du XIXe siècle, mais seulement au XXe siècle, et relève plus de la critique que de l’enthousiasme. Louis Warren invite à relativiser ce mythe, et à se méfier de la tendance à prendre la Californie pour le laboratoire des États-Unis.
De Salomé à Lolita, les représentations de « tentatrices » accompagnent un fantasme masculin : celui de la femme qui a déjà dit oui avant qu’on lui demande quoi que ce soit. Or celle qui a « allumé » le désir des hommes doit en payer les conséquences.
Prédicateur inspiré par Dieu ou fanatique obnubilé par la réforme des mœurs ? Républicain révolutionnaire et social ou intrigant politique ? Véritable prophète ou subtil imposteur ? Une nouvelle biographie refuse de prendre parti sur frère Savonarole (1452-1498).
Quelle fut la place occupée par le Saint-Empire romain germanique, lors des premières conquêtes coloniales à l’époque moderne ? Quel rôle jouèrent ses princes, ses institutions, sa diplomatie, ses marins et ses marchands ?
Deux spécialistes de la Méditerranée explorent les mobilités qui se sont déployées depuis les expulsions des juifs au XVe siècle jusqu’aux prémices de la colonisation. Ils décrivent des déplacements qui constituent alors la norme, et participent à la construction de sociétés hiérarchisées.
Qui étaient les lectrices de Simone de Beauvoir ? À partir d’un matériau exceptionnel fondé sur les échanges épistolaires de la philosophe avec son lectorat, Marine Rouch livre une vision incarnée de la réception de la pensée beauvoirienne.
L’époque coloniale n’hésitait pas à classer les races selon leur disposition biologique et culturelle à faire la guerre. Le préjugé perdura jusqu’aux guerres de décolonisation.
En suivant le parcours de Ḥusayn ibn ʿAbdallāh, mamlouk à Tunis ayant connu une belle ascension sociale au XIXe siècle, M. Oualdi nous guide entre l’Empire ottoman, la Tunisie et l’Europe, et en profite pour bousculer les cloisonnements entre historiographie ottomane, coloniale et maghrébine.
Le 25 avril 1974, un coup d’État de jeunes capitaines renverse une dictature qui a près d’un demi-siècle et ouvre une période révolutionnaire au Portugal. L’historien Victor Pereira évoque la genèse de cet événement et ses répercussions, entre bouleversements, succès et doutes.
Rachel St. John explore les divers projets de construction nationale qui se sont disputé la légitimité et les territoires à travers le continent américain au cours du XIXe siècle, mettant en lumière la diversité de l’histoire politique et le caractère contingent de l’idée de nation.
De 1562 à 1598, alors que les guerres de Religion privent la France de ses repères, les stratégies pour maîtriser, travestir et éliminer les signes confessionnels deviennent un enjeu de survie. Les marques extérieures de l’identité révèlent alors ce que la guerre civile fait à la société.
Longtemps perçu comme un temps de violences débridées, l’an mil connaît en réalité ses mécanismes propres de régulation et de négociation. Parmi ceux-ci, le rôle de contrôle social exercé par les saints et leurs reliques, peut se lire comme un vaste récit de soutien au système féodal.
Appuyant son anthropologie historique sur un riche corpus textuel, Régine Le Jan entreprend l’exploration des relations interpersonnelles au haut Moyen Âge, y voyant une spécificité socio-politique de l’Occident latin.
Plus grand événement planétaire en termes d’audience, les Jeux olympiques portent une certaine conception de la compétition sportive. Pourtant, des alternatives en actes existent, comme l’illustre l’exemple des manifestations sportives internationales ouvrières dans l’Entre-deux-guerres.
Entre ressources naturelles spécifiques, ouverture vers le large et développement d’une société hiérarchisée, la période qui précède l’âge viking fait partie des plus méconnues de l’histoire de la Scandinavie et doit être relue dans la perspective complète du premier millénaire de notre ère.
Les historiens de la famille ont déjà exploré les relations conjugales et filiales, mais on en sait moins sur les adelphes, c’est-à-dire les frères et les sœurs. À une époque où la conception de l’adelphie est flexible, cette relation encouragée par les parents s’entretient pourtant toute la vie.
Après 1945, l’utilisation géopolitique du sport trouve sa place dans les nouvelles alliances de la guerre froide. L’idéologie et la diplomatie se glissent alors dans tous les recoins de l’activité sportive.
En 1940, la France volait en éclats : géographiquement, historiquement. Une aubaine pour les romanciers, Aragon, Gracq, Robbe-Grillet, Sartre, Simon.
En croisant sources écrites et archéologie, Chris Wickham propose un tableau comparé de la Méditerranée du Xe au XIIe siècle, et en termine définitivement avec le mythe des marchands italiens ouvrant au commerce une mer endormie.
La notion de Greater India, dans les années 1920 et 1930, désigne à la fois un projet historiographique, une visée politique, et un imaginaire panasiatique. Elle n’a pas disparu de l’horizon idéologique dans lequel se projette le nationalisme hindou dans l’Inde contemporaine.
Comment les Juifs français ont-ils affronté le nazisme à partir de 1933 ? Ils se sont mobilisés et sont entrés dans la guerre en portant regard lucide, mais parfois résigné, sur l’Allemagne hitlérienne.
Colin Jones replace dans sa contingence le récit du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), jour du coup de force à la Convention nationale contre Robespierre et ses partisans, en écartant toute idée de conjuration ou de révolte populaire.
Alors que s’est ouverte au musée du quai Branly-Jacques Chirac une exposition consacrée aux Mexicas, plus connus sous le nom d’Aztèques, l’historienne et linguiste Camilla Townsend retrace l’épopée de cette civilisation flamboyante, en prenant en considération les chroniques en langue nahuatl.
Au sein de l’imaginaire collectif national, la bataille de Poitiers reste considérée comme un moment clé de l’histoire de France. La prise en compte de sources textuelles et matérielles relatives à la présence islamique dans le sud de la Gaule permet cependant de pondérer l’importance de cet évènement.
La littérature française porte la trace d’un « fait juif », comme en attestent trois prix Goncourt entre 1955 et 1962. Souvenir de la Shoah et du yiddish perdu, la judéité s’écrit en termes moins identitaires que mémoriels et politiques.
Le XIXe siècle a été riche en spectres : fantômes, morts-vivants et zombies, mais surtout revenants politiques, du monarque de la Restauration aux morts de la Commune, en passant par le célèbre spectre qui hante l’Europe selon Marx et Engels : le communisme.
Comment se comporte-t-on en bon marchand à la fin du Moyen Âge ? En s’appuyant sur la biographie de deux négociants provençaux homonymes, Laure-Hélène Gouffran explore les pratiques sociales et économiques des acteurs du commerce et les valeurs qui les influencent.
En étudiant les lettres de pardon accordées par les souverains français et anglais aux “criminels de guerre”, Quentin Verreycken montre comment la guerre se professionnalise à la fin du Moyen Âge.
L’exposition L’Invention de la Renaissance nous fait pénétrer dans le monde intellectuel et matériel des humanistes au travail, depuis leurs sources d’inspiration antiques jusqu’à leur lieu de retraite. Elle témoigne aussi de la manière dont les manuscrits ont voyagé vers la France au XVe siècle.
Dans une ville de province de l’Algérie coloniale, juifs et musulmans coexistent dans un climat de plus en plus tendu. C’est alors qu’un provocateur proche de l’extrême droite déclenche de sanglantes émeutes.
Empoisonner, asphyxier ou brûler l’ennemi : les « armes « non conventionnelles » ne manquaient pas à l’époque gréco-romaine. Cette réalité met à mal notre vision héroïque de la guerre antique.
Comment s’organisaient les monarchies marocaines et tunisiennes sous le Protectorat français ? En étudiant les structures administratives et les droits des fonctionnaires dans ces deux pays, Antoine Perrier met en lumière des dynamiques souvent négligées de l’histoire coloniale du Maghreb.
La répression qui a sévi sous Franco explique en grande partie la longévité de son régime. Les protestations furent cependant nombreuses, et les formes de résistance très variées.
Le massacre rituel commis par les Natchez à l’encontre de plusieurs centaines de colons français en Louisiane, le 28 novembre 1729, est le point de départ d’une violence coloniale exercée sur une tribu jusqu’à sa quasi-disparition.