Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que les études byzantines acquièrent leur statut scientifique officiel et académique, au terme d’un long parcours ayant fortement sélectionné les documents parvenus jusqu’à nous.
Épaulées par Raymond Aron et Manès Sperber, les éditions Calmann-Lévy ont porté dès la fin de la guerre l’anti-communisme et la lutte contre le totalitarisme.
Quelle forme de rationalité singulière identifier derrière la réforme de Clisthène qui marque pour beaucoup l’acte de naissance de la démocratie grecque ? Quels dispositifs sociaux, quelles expériences citoyennes, quels savoirs vernaculaires ont permis cette nouvelle organisation politique ?
Trente ans après La Nuit de la Saint-Barthélemy, D. Crouzet revisite les massacres d’août 1572 : une purge collective, une énigme royale, une pulsion populaire que Paris criminel éclaire avec une érudition combative, en réinsérant la violence confessionnelle dans toute son épaisseur historique.
La Palestine est l’une des régions les plus étudiées de l’Empire ottoman, mais cette histoire est parfois occultée par les conflits ultérieurs, qui masquent les dynamiques diverses ayant nourri l’affirmation d’une identité locale palestinienne entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.
À la croisée de la fête et de la contestation, le carnaval militant s’est imposé comme une forme mêlant tradition festive et intentions subversives. Outil de mobilisation et de transgression, le carnaval brouille la frontière entre révolte et mise en scène.
En proie aux conflits religieux, l’Europe moderne a forgé au XVIIe siècle un droit inédit pour protéger les personnes persécutées pour leur foi. Démêlant les débats juridiques que l’accueil de ces exilés a suscités, l’historienne Naïma Ghermani met au jour leurs témoignages et leurs récits.
L’étude de la complexité des structures politiques médiévales italiennes remet en question l’idée d’un État moderne naissant progressivement au Moyen Âge. La traduction du classique d’Isabella Lazzarini paraît essentielle pour comprendre les dynamiques politiques de la péninsule.
On assiste sur le web à un retour de l’imagerie des Croisades, mêlant racisme, masculinisme et développement personnel. Comment comprendre cet usage de l’Histoire ?
La mission Dakar-Djibouti (1931-1933), considérée comme fondatrice de l’ethnologie française, était détentrice d’un “permis de capture scientifique”, longtemps interprété comme un permis de voler des objets. La vérité rétablie permet de comprendre autrement les pratiques prédatrices de la mission.
Les régimes alimentaires romains témoignent d’une préoccupation diététique, mais aussi morale et politique. Frugalité et plaisir ne sont pas exclusifs. Manger, ce n’est pas simplement se remplir le ventre !
Une longue tradition historiographique locale a longtemps fait prévaloir l’idée que la modération aurait caractérisé les Orléanais pendant la Révolution. C’était faire fi de l’existence de courants fortement politisés, au-delà même de la seule période révolutionnaire.
La longue histoire de l’eau en ville montre la récurrence de problèmes fondamentaux du vivre en commun : approvisionner un nombre d’habitants croissant ; évacuer les eaux usées sans pollution excessive. De l’Antiquité à nos jours, ce livre met en lumière la variété des solutions et des acteurs impliqués, en étudiant comment l’eau est devenue une question politique.
Fondée en 1909 comme une extension de Jaffa, Tel-Aviv se veut une vitrine de modernité sioniste, mais est rapidement confrontée au problème de l’eau, révélant les tensions propres à la période du mandat britannique en Palestine.
Peut-on situer l’origine du grand basculement du féodalisme au capitalisme ? L’hypothèse de la transition ne se réduit ni à une simple expansion du commerce ni à une évolution linéaire. Elle implique une transformation des rapports sociaux, du travail et de la production.
À travers une histoire médicale du Congo belge, Nancy Rose Hunt propose la notion de « nervosité » pour caractériser tant la violence impériale que les relations entre Européens et indigènes.
Les fortes dissensions autour du cinquantième anniversaire de la mort de Franco rappellent que l’Espagne est loin d’en avoir fini avec « ce passé qui ne passe pas ».
Au rebours des clichés du Paris « pittoresque », les métiers de rue exigent endurance et force physique. Cochères, colleuses d’affiches, marchandes des quatre-saisons, porteuses de pain : autant d’emplois traversés par des inégalités salariales selon le genre et l’âge.
À l’ère du sida et du covid, il est crucial d’accentuer la tendance à la non-exclusivité des technologies de santé. L’histoire de la médecine montre qu’il existe de nombreuses alternatives au capitalisme pharmaceutique.
Au cœur d’une époque marquée par l’affrontement idéologique et les rivalités géopolitiques entre deux superpuissances, la France a su tracer sa propre voie, bien loin des schémas bipolaires traditionnels.
Alors que l’année 2025 marque les 50 ans de la mort d’Hannah Arendt, ce nouvel ouvrage qui lui est consacré offre une perspective inédite sur une période méconnue et pourtant fondamentale dans la vie et l’œuvre de la philosophe.
Écrire une « nouvelle histoire du monde » depuis les origines de la planète Terre jusqu’à nos jours, en articulant l’histoire des sociétés humaines et celle de la « nature », tel est le pari audacieux de Peter Frankopan.
L’essor des technologies de surveillance redéfinit l’approche sécuritaire sous l’influence d’enjeux économiques. Partout où elle s’installe, cette surveillance dopée aux nouvelles technologies soulève la question de dérives liberticides.
Exécutions et violences extrêmes sur les esclaves fugitifs, duels et homicides entre colons rarement condamnés, bannissement des individus qui dérangent l’ordre colonial, expérimentation des bagnes… Un siècle de pratiques judiciaires est examiné avec minutie dans le cadre spécifique de l’empire colonial français.
La parturition est un sujet presque absent de l’histoire de l’art. Quelques planches et toiles émergent néanmoins de ce silence et nous livrent le regard d’artistes masculins, partagés entre fascination et effroi devant la souffrance de la mise au monde.
Était-on, avant le XIXe siècle, moins attentifs à la douleur qu’aujourd’hui ? Rien ne permet de le penser. Les écrits médicaux du XVIe au XVIIIe siècle montrent qu’on n’y était pas indifférent et qu’on cherchait, le plus possible, à la soulager.
Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, alors que le pouvoir monarchique s’affirme sur le territoire français, les cours d’eau du Bassin parisien restent l’objet de négociations entre différents acteurs contraints de se coordonner.
Entre distance et proximité, l’État (colonial ou national) a toujours su maintenir une relation complexe et ambiguë avec la religion en pays musulman, comme le montre l’enquête approfondie de M. Zeghal.
Les salafistes envisagent l’islam comme un système de vérité englobant : aucun élément de la vie ne doit lui échapper. Stéphane Lacroix décrypte et historicise cette conception, qui s’étend du loyalisme au djihadisme.
Peut-on comprendre le nazisme de l’intérieur, du point de vue de ses partisans ? C’est la tâche que se sont fixée trois spécialistes de la période.
En juin 1942, la « nuit fantastique » de Bir Hakeim, fait d’armes modeste en soi, devient un événement d’envergure mondiale, redonnant espoir à ceux qui refusaient d’être d’éternels vaincus. La guerre du désert, vue au plus près.
Le pilori a longtemps été considéré comme une peine typiquement médiévale avec toutes les connotations négatives traditionnelles. À l’aune d’une lecture anthropologique, la condamnation au pilori apparaît comme un outil et surtout un rituel, permettant à la société urbaine de se reconstituer.
Dans un essai à la forme composite, Jean-Claude Schmitt poursuit son étude des images médiévales, une étude aussi sémantique et historique que plastique sur la manière dont l’Occident médiéval pense l’image et parfois pense par l’image.
Les sociétés qui effacent leur passé en pensant par là éliminer leur culpabilité ne font que menacer leur avenir. Telle est la conviction d’O. Bartov, lui qui a cherché à reconstituer une histoire en première personne de l’Holocauste.
Le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis est plus complexe que ce que le grand public en connaît. O. Mahéo en reconstitue la multiplicité discordante et marginalisée.
Quelles sont les conséquences économiques des conversions dans la Rome de la première modernité ? Le destin d’une famille juive de l’élite éclaire la question des conversions au catholicisme, et les changements de statut social consécutifs le baptême.
Longtemps objet de mythes, l’attitude de Pie XII face à la Shoah et aux persécutions antijuives peut enfin être justement évaluée à l’aune des archives. Nina Valbousquet le montre de manière très convaincante : c’est de tiédeur dont il faut parler, non d’impartialité.
S’adressant à un public large, Claire Judde de Larivière parvient à dresser un tableau précis de la ville et de la société vénitiennes du début du XVIe siècle, sans renoncer aux nuances et aux précautions de la recherche scientifique.
Comment échapper aux lectures mythifiantes et souvent contradictoires de la figure de Frantz Fanon, révolutionnaire et théoricien de l’anticolonialisme ? Son parcours permet de saisir sa pensée dans son contexte, à rebours des tendances contemporaines à la généralisation.
Au siècle des Lumières, le médecin viennois Franz Anton Mesmer (1734-1815) s’intéresse à la distribution d’un « fluide » dans le corps. Le magnétisme est né. Entre science et charlatanisme, cette nouvelle discipline ouvre la voie à l’hypnose.