L’esplanade située devant le Mur des Lamentations à Jérusalem a fait l’objet d’intenses conflits opposant juifs et musulmans. Avec une attention rare aux traces les plus ténues, l’historien Vincent Lemire révèle la succession des violences et des destructions ayant eu lieu au pied du Mur.
En retraçant l’histoire transnationale de la psychothérapie institutionnelle, Camille Robcis explore les rapports politiques entre la pratique psychiatrique et la réflexion sur les institutions de soin durant les années 1945-1970.
Sous la Troisième République, citoyenneté et philosophie se conjuguaient au masculin. Pourtant, des pionnières réussirent à obtenir des diplômes universitaires et à accéder aux postes de responsabilité qui leur étaient interdits.
La première modernité industrielle ignorait-elle qu’elle infligeait à la planète des dégâts écologiques considérables ? Était-elle insensible aux questions environnementales ? Cela ne fait pas de doute pour D. Chakrabarty : la conscience planétaire est récente. Mais cette thèse est contestable.
Les salaires sous l’Ancien Régime permettaient difficilement de vivre de son travail. Nombreux étaient ceux qui devaient multiplier les activités pour joindre les deux bouts. L. Fontaine en fait un portrait saisissant.
Une nouvelle archéologie est née. Ses apports sur les violences de masse au XXe siècle oscillent entre histoire et mémoire. Un spécialiste de ces terrains dresse un impressionnant bilan aux allures de plaidoyer.
Après le monde domestique patriarcal et contrôlé des Florentines du Quattrocento, l’historienne médiéviste Christiane Klapisch-Zuber nous fait découvrir un nouvel aspect, peut-être plus intime encore, de la vie familiale des Florentins : leurs écritures.
Le corps a longtemps été le point de cristallisation de la haine raciale. Nicolas Martin-Breteau montre comment les Africains-Américains ont su s’en ressaisir pour en faire le lieu d’affirmation d’une force collective.
Les Juifs de France, évacués du grand récit national ? En fait, leurs archives sont aussi riches que prégnantes, témoignant d’un ancrage très ancien. Au-delà, elles permettent d’écrire l’histoire tant « extérieure » qu’« interne » des communautés juives.
Pourquoi l’or a-t-il cessé de servir d’étalon aux différentes monnaies dans le monde ? Pour répondre à cette question, Arnaud Manas nous emmène dans les coffres des banques centrales pendant la guerre froide.
Sous le tumulte des guerres d’Italie, la Renaissance est aussi un temps de révoltes sociales et de résistances collectives. Par l’élaboration de concepts et idéaux démocratiques, la contestation serait-elle le creuset de notre modernité politique ?
Loups, chats, chevaux et, maintenant, rats. Sont-ils des objets de dégoût, vecteurs de la peste, ou bien des aides utiles au nettoyage des détritus ? Après le rat des villes et le rat des champs, voici le rat de l’histoire !
Le « fixeur » ou drogman, auxiliaire-interprète indispensable tant aux journalistes qu’aux soldats en terrain hostile, se situe au cœur d’un réseau de relations et de transferts. Au Moyen Âge comme aujourd’hui, il incarne le besoin d’altérité.
Tant comme religion que comme civilisation, l’islam est frappé aujourd’hui de cacophonie et d’une réduction inquiétante de sa pluralité, tant par ses apologistes que par ses contempteurs. Le « choc des ignorances » est bien plus réel qu’un prétendu « choc des civilisations ».
Prenant modèle sur Georges Perec pour réaliser son mémoire de synthèse, l’historienne Claire Zalc opère une suggestive superposition de la littérature et des sciences humaines.
Le mot « laïcité » a une histoire millénaire. Au XIXe siècle, il devient emblématique d’un ensemble de valeurs associées au progrès ; mais depuis les années 1980, il est l’un des termes piégés de la politique française.
Dominique Charpin retrace la riche histoire de l’assyriologie, depuis les pionniers comme Oppert et Grotefend jusqu’aux chantiers actuels, en passant par les grandes institutions qui ont contribué à son développement. Portrait d’une science étonnamment contemporaine.
Des romans mettant en scène des femmes dans la guerre civile espagnole permettent d’étudier le lien entre histoire et mémoire. Clés de lecture pour une analyse des traumatismes, ils montrent que la littérature est aussi un puzzle mémoriel.
Le dernier ouvrage publié par Hichem Djaït à la veille de sa disparition illustre son appartenance à deux cultures, l’islamique et l’occidentale, entre lesquelles il dit avoir « vogué ». Retour sur le parcours de cet historien et penseur tunisien méconnu.
Le Parti travailliste est aujourd’hui chargé de nombreux péchés : exode des Palestiniens, discrimination envers les Juifs des pays arabes, sécularisation forcée, bureaucratie tentaculaire. C’est oublier qu’il a mis sur pied la démocratie et l’État-providence. Un héritage décisif, à l’heure où l’État de droit est menacé en Israël.
Que faire des traces de l’histoire coloniale dans l’espace public ? À partir du cas de Marseille, un ouvrage collectif propose d’explorer la place des monumentalités impériales dans le tissu urbain, dans un dialogue entre recherche et création.
Histoire du masculin et histoire des hommes, ce livre collectif montre que, si la masculinité nazie « idéale » s’opposait à celle des Juifs et des homosexuels, elle était elle-même questionnée et morcelée, dans la sphère privée comme à la guerre.
Pour penser la catastrophe qui vient, Jean Vioulac propose, après d’autres, une fresque historico-philosophique de l’humanité. Il n’est pas sûr cependant que celle-ci débouche sur autre chose qu’un nouveau discours catastrophiste n’ouvrant aucune perspective de solution.
Dialogue des religions, échanges marchands, circulation des esclaves, mobilité des savoirs, relations de pèlerinage et de pensée, colonisations, résistances, créolités : tout connecte les Africains au reste du monde.
Après 200 000 ans de stagnation, le niveau de vie des humains a brusquement commencé à croître il y a deux siècles. Oded Galor en cherche l’explication dans le contexte géographique, mais aussi la dynamique et la structure des populations humaines.
L’Algérie a-t-elle été un septième membre de la Communauté européenne à ses débuts ? Megan Brown met en valeur l’importance du concept d’Eurafrique, qui relativise la perception des frontières et de l’identité européenne, tout comme son caractère chimérique pour la majorité des acteurs de l’époque.
Grave maladie propre aux soldats, disparaissant à la fin du XIXe siècle, la nostalgie fait l’objet d’une enquête magistrale, au croisement de l’histoire des sensibilités, de la médecine et de la guerre.
Au début du XIe siècle, la chute du califat omeyyade s’accompagne d’une fragmentation politique. C’est dans ce contexte singulier, bientôt aggravé par les avancées des chrétiens au nord et des Berbères au sud, qu’a lieu l’effervescence culturelle qui caractérise cette partie du monde musulman.
Le livre comme forme de discours s’inscrit dans des matérialités. Parmi elles, le petit format, par exemple le « in-18 Grand Jésus » au XIXe siècle. C’est cette richesse, au-delà du papier, que la numérisation menace aujourd’hui.
L’océanologie – ce que nous connaissons, mais aussi ce que nous ignorons des océans – dérive en grande part de l’intérêt que leur a porté l’armée américaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Naomi Oreskes remet en question l’indépendance et la neutralité de la recherche scientifique au XXe siècle.
C’est en s’inscrivant dans un rapport de filiation critique à l’héritage des Lumières que la gauche, pendant plus d’un siècle, a construit son identité politique et a gagné ses plus éclatants combats. Voilà pourquoi il est dangereux pour elle, explique Stéphanie Roza, d’abandonner aujourd’hui cet héritage.
Avant d’être une métaphore désignant un espace marginal et dangereux, le terme de « zone » a désigné une réalité géographique précise : une bande de terre encerclant Paris, dont l’histoire, pourtant édifiante, a été en partie oubliée.
Jérémie Foa propose une « histoire des autres ». Les anonymes, jetés dans la Seine ou ensevelis dans des fosses communes, sont tombés sous les coups des tueurs, mais aussi dans un oubli que l’enquêteur répare. Un livre important sur les violences de masse.
Alors que le spectre de la catastrophe nucléaire refait surface, une historienne chevronnée entend renouveler notre regard sur la catastrophe de Tchernobyl, autour du déni qu’elle a suscité de toutes parts.
La canicule est un phénomène météorologique intense, mais aussi une catastrophe sociale et urbaine. C’est ce que révèle l’été 1995 à Chicago : l’environnement local et l’absence de politique publique conséquente furent pour beaucoup dans le lourd bilan.
À quoi tient la longévité du pouvoir marocain ? À sa capacité à adapter sa double logique, impériale et nationale, aux réalités de l’âge néolibéral, argumentent Béatrice Hibou et Mohamed Tozy dans une enquête au long cours sur l’imaginaire de l’État au Maroc.
L’Europe est une réalité politique et économique, mais c’est aussi une idée, à la fois défendue et dénigrée depuis très longtemps. Faire l’histoire des ambiguïtés qu’elle recèle est aujourd’hui particulièrement indispensable.
Dans une vaste fresque, Ian Tyrrell retrace l’histoire de l’idée de l’exceptionnalisme américain depuis 1630 jusqu’à la présidence de Donald Trump. Il montre comment cet idéal puritain s’est transformé progressivement pour devenir à partir des années 1980 une idéologie d’État.
Comment l’histoire du commerce a-t-elle façonné nos habitudes de consommation ? Quelles furent les stratégies des petits et grands magasins pour attirer les consommateurs et conquérir des marchés ? Deux ouvrages font le point sur ces questions importantes de l’histoire économique et sociale.
La liberté est-elle un privilège blanc, circonscrit par des rapports de pouvoir fondés sur la race ? Telle est la question subversive que posait avant de disparaître en 2021 l’historien américain Tyler Stovall en comparant les empires américains, français et d’autres encore, sur deux siècles.