Sous la Troisième République, citoyenneté et philosophie se conjuguaient au masculin. Pourtant, des pionnières réussirent à obtenir des diplômes universitaires et à accéder aux postes de responsabilité qui leur étaient interdits.
Ce recueil de sources permet de comprendre les relations, expériences, violences, mots du sexe du Moyen Âge à nos jours. Entre interdit et répression, les traces de la sexualité affleurent partout.
La première modernité industrielle ignorait-elle qu’elle infligeait à la planète des dégâts écologiques considérables ? Était-elle insensible aux questions environnementales ? Cela ne fait pas de doute pour D. Chakrabarty : la conscience planétaire est récente. Mais cette thèse est contestable.
Certaines expériences exceptionnelles nous donnent-elles accès à une réalité différente de celle que nous rencontrons dans notre quotidien ? Les philosophes qui s’y sont intéressés au XXe siècle ont cherché à travers elles une nouvelle forme d’empirisme.
Pour la féministe africaine-américaine bell hooks, le patriarcat mutile la vie affective des hommes et les coupe de l’amour. Leur « guérison relationnelle » permettra le développement d’une masculinité féministe. Une thèse novatrice ou psychologisante ?
Nous croyons à beaucoup de choses, mais pas de la même manière, parfois complètement, parfois à moitié seulement. Et certains croient même à des choses incroyables. Comment comprendre cette complexité de la croyance ?
Les salaires sous l’Ancien Régime permettaient difficilement de vivre de son travail. Nombreux étaient ceux qui devaient multiplier les activités pour joindre les deux bouts. L. Fontaine en fait un portrait saisissant.
Si les entreprises échouent à intégrer et promouvoir les groupes minoritaires, c’est parce qu’elles s’obstinent à mettre en œuvre des programmes dont les sciences sociales ont prouvé de longue date l’inefficacité. Frank Dobbin & Alexandra Kalev proposent des actions plus démocratiques et inclusives.
Isabella Weber propose une plongée dans les débats économique et politique à l’œuvre derrière les réformes chinoises des années 1980. Un travail historique d’une grande précision qui permet d’illustrer comment sont construites les politiques économiques.
Une nouvelle archéologie est née. Ses apports sur les violences de masse au XXe siècle oscillent entre histoire et mémoire. Un spécialiste de ces terrains dresse un impressionnant bilan aux allures de plaidoyer.
L’expérience ne peut mener à la connaissance que si elle est organisée par des concepts qui ne proviennent justement pas de l’expérience. A. Grandjean renouvelle totalement l’interprétation de ce paradoxe qui forme le cœur de la métaphysique de Kant.
Penser la littérature actuelle à partir de l’invisible, de l’irrationnel et de l’étrange, telle est la ligne originale que suit Anne-Sophie Donnarieix, afin de mettre au jour sa capacité à se réinventer sous le signe de l’inquiétude.
Après le monde domestique patriarcal et contrôlé des Florentines du Quattrocento, l’historienne médiéviste Christiane Klapisch-Zuber nous fait découvrir un nouvel aspect, peut-être plus intime encore, de la vie familiale des Florentins : leurs écritures.
La complexité de la biologie actuelle est source d’émerveillement, de crainte et d’incompréhension. Thierry Hoquet fait le point sur les grandes théories biologiques pour nous aider à penser les implications sociales de cette science qui ouvre des horizons fascinants, mais pas inéluctables.
Comment les femmes françaises issues de l’immigration arabe et maghrébine sont-elles devenues l’objet d’un fantasme collectif ? Si les mots de l’immigration révèlent des imaginaires et des pratiques discursives et sociales importantes à analyser alors celui de « Beurette » mérite aussi que l’on s’y penche.
Le corps a longtemps été le point de cristallisation de la haine raciale. Nicolas Martin-Breteau montre comment les Africains-Américains ont su s’en ressaisir pour en faire le lieu d’affirmation d’une force collective.
Peut-on encore être domestique aujourd’hui en France ? À partir d’une ethnographie sur les conditions de travail et de vie de ces personnes, un ouvrage récent revient sur cette forme de “domination rapprochée” au cœur des processus de distinction sociale.
Si les normes de genre s’acquièrent dans la famille et à l’école, comment penser l’éducation de façon à promouvoir l’égalité et l’émancipation des femmes ? L’éducation féministe positive que propose Vanina Mozziconacci prend la forme d’une utopie communautaire, inspirée des politiques du care.
Apologie du désordre ou « plus haute expression de l’ordre », abolition de l’État ou dérégulation organisée par celui-ci, l’anarchie nourrit toutes les ambiguïtés. La philosophie contemporaine n’y échappe pas.
Remise en circulation par des films à succès, la notion d’inné fait l’objet de sévères critiques dans le domaine scientifique. Peut-on néanmoins la sauver ?
Arrestations, tortures, massacres : le clan Assad martyrise le peuple syrien depuis cinquante ans. Un livre collectif de grande ampleur donne toutes les preuves des violences qu’en Europe on fait semblant de ne pas voir.
La foresterie française est dans une impasse et souffre d’un manque de vision publique, l’Etat laissant les coudées franches aux propriétaires privés. Afin de poser les bases d’une filière forêt-bois vraiment durable, J.-P. Guyon plaide pour un abandon du principe de multifonctionnalité des forêts.
Les Juifs de France, évacués du grand récit national ? En fait, leurs archives sont aussi riches que prégnantes, témoignant d’un ancrage très ancien. Au-delà, elles permettent d’écrire l’histoire tant « extérieure » qu’« interne » des communautés juives.
Pourquoi l’or a-t-il cessé de servir d’étalon aux différentes monnaies dans le monde ? Pour répondre à cette question, Arnaud Manas nous emmène dans les coffres des banques centrales pendant la guerre froide.
Le droit en fait-il assez pour protéger l’environnement ? Grégory Salle se penche sur la notion de crime environnemental pour montrer que les dispositions du droit restent limitées par une vision sociale favorable à l’exploitation technique et capitaliste de la nature.
Sous le tumulte des guerres d’Italie, la Renaissance est aussi un temps de révoltes sociales et de résistances collectives. Par l’élaboration de concepts et idéaux démocratiques, la contestation serait-elle le creuset de notre modernité politique ?
Les salariés sont les premiers inventeurs, mais ils sont bien souvent expropriés de leurs droits par des stratégies juridiques qui captent leur savoir-faire. Se mettent alors en place des formes nouvelles de résistance, fondées sur l’open access.
Loups, chats, chevaux et, maintenant, rats. Sont-ils des objets de dégoût, vecteurs de la peste, ou bien des aides utiles au nettoyage des détritus ? Après le rat des villes et le rat des champs, voici le rat de l’histoire !
Le « fixeur » ou drogman, auxiliaire-interprète indispensable tant aux journalistes qu’aux soldats en terrain hostile, se situe au cœur d’un réseau de relations et de transferts. Au Moyen Âge comme aujourd’hui, il incarne le besoin d’altérité.
Des souks de Nouakchott aux gratte-ciels de Dubai en passant par les ruines de Raqqa ou les rues de Ramallah sillonnées par les chars israéliens, les villes du Maghreb et du Moyen-Orient offrent une multiplicité de configurations urbaines unies par une même matrice culturelle.
Pour Platon comme pour Kant, le réel n’est pas immédiatement compréhensible et la métaphysique est effort pour accéder à son intelligibilité. Interprètent-ils cependant cette coupure entre le sensible et l’intelligible de la même manière ? Un ouvrage collectif reprend la question.
Tant comme religion que comme civilisation, l’islam est frappé aujourd’hui de cacophonie et d’une réduction inquiétante de sa pluralité, tant par ses apologistes que par ses contempteurs. Le « choc des ignorances » est bien plus réel qu’un prétendu « choc des civilisations ».
Souvent désignée comme un modèle éducatif innovant, compatible avec des objectifs d’égalité des chances et d’accommodement du scolaire aux besoins de l’économie, l’École 42 fondée par Xavier Niel illustre avant tout une dérégulation du système éducatif par un acteur privé.
Depuis les années 1980, l’accompagnement des patients est considéré comme une forme de soin à part entière. Cette « éthique du care », devenue une notion-clé en philosophie, est pourtant incluse dans le pacte de solidarité qui régit l’État-providence français.
Prenant modèle sur Georges Perec pour réaliser son mémoire de synthèse, l’historienne Claire Zalc opère une suggestive superposition de la littérature et des sciences humaines.
Le mot « laïcité » a une histoire millénaire. Au XIXe siècle, il devient emblématique d’un ensemble de valeurs associées au progrès ; mais depuis les années 1980, il est l’un des termes piégés de la politique française.
Dominique Charpin retrace la riche histoire de l’assyriologie, depuis les pionniers comme Oppert et Grotefend jusqu’aux chantiers actuels, en passant par les grandes institutions qui ont contribué à son développement. Portrait d’une science étonnamment contemporaine.
Le mal est-il intelligible ? La philosophe américaine Susan Neiman reprenait en 2002 la question traditionnelle du mal, en refusant de la cloisonner à la sphère religieuse pour la penser en termes historiques. Son ouvrage est enfin paru en français.
Des romans mettant en scène des femmes dans la guerre civile espagnole permettent d’étudier le lien entre histoire et mémoire. Clés de lecture pour une analyse des traumatismes, ils montrent que la littérature est aussi un puzzle mémoriel.
Les guerres entreprises contre le terrorisme ne font guère que renforcer l’instabilité internationale. Mais si ce scandale n’éclate pas aux yeux, c’est qu’elles se parent d’une prétention à l’humanisation, qui conduit dans les faits à abandonner toute perspective de paix.