Le dernier ouvrage publié par Hichem Djaït à la veille de sa disparition illustre son appartenance à deux cultures, l’islamique et l’occidentale, entre lesquelles il dit avoir « vogué ». Retour sur le parcours de cet historien et penseur tunisien méconnu.
En dépit des proclamations répétées de mort de la métaphysique, le paysage philosophique contemporain est marqué par la floraison des ontologies. Sébastien Motta entend montrer, par une analyse logique de leurs présupposés, la stérilité de ces entreprises.
Le Parti travailliste est aujourd’hui chargé de nombreux péchés : exode des Palestiniens, discrimination envers les Juifs des pays arabes, sécularisation forcée, bureaucratie tentaculaire. C’est oublier qu’il a mis sur pied la démocratie et l’État-providence. Un héritage décisif, à l’heure où l’État de droit est menacé en Israël.
Son potentiel de destruction rendrait les États « responsables » et permettrait d’éviter une Troisième Guerre mondiale ; le processus de déclenchement serait contrôlé ; il faut éviter la prolifération, mais moderniser l’arsenal. Pour sortir des mythes sur la bombe atomique, le débat s’impose.
La mouvance décoloniale est diverse et souvent très éclatée. Elle n’en demeure pas moins une force théorique majeure, qui traque toutes les formes d’eurocentrisme et explique que la connaissance est toujours nécessairement située.
Entre Adorno et la France, les échanges furent nombreux dès les années 1920. L’école de Francfort doit beaucoup au dialogue avec les intellectuels qui animaient la revue Arguments, et ceux-ci furent marqués par une pensée novatrice et par un art d’écrire spécifique.
Que faire des traces de l’histoire coloniale dans l’espace public ? À partir du cas de Marseille, un ouvrage collectif propose d’explorer la place des monumentalités impériales dans le tissu urbain, dans un dialogue entre recherche et création.
En Allemagne, le précariat s’impose traditionnellement comme un passage obligé de la carrière académique. Un livre analyse les transformations actuelles du recrutement des jeunes chercheurs outre-Rhin, et les mouvements sociaux qui les accompagnent.
Entre engagement nationaliste et anarcho-punk internationaliste, les mouvements rocks au Bélarus sont divisés, mais tous témoignent d’un engagement politique plus ou moins contestataire.
Histoire du masculin et histoire des hommes, ce livre collectif montre que, si la masculinité nazie « idéale » s’opposait à celle des Juifs et des homosexuels, elle était elle-même questionnée et morcelée, dans la sphère privée comme à la guerre.
Philosophe, logicien et catholique, Peter Geach reprend la question des dispositions nécessaires pour tenter de mener une vie bonne. Entre ironie et argumentation, son traité des vertus propose un discours à la fois philosophique et religieux.
Grâce aux stratégies commerciales et au lobbying des géants de l’agroalimentaire, les aliments ultra-transformés se multiplient dans nos assiettes. La satiété éphémère qu’ils provoquent favorise le surpoids et des risques plus élevés de maladies cardio-vasculaires et de diabète.
Le déclin de l’institution religieuse et l’essor de nouvelles spiritualités évacuent-elles les enjeux de pouvoir et d’autorité ? L’enquête de M. Wood dans les milieux du “New Age” et du méthodisme londonien replace le fait religieux dans ses rapports sociaux de pouvoir en contexte néolibéral.
Pour penser la catastrophe qui vient, Jean Vioulac propose, après d’autres, une fresque historico-philosophique de l’humanité. Il n’est pas sûr cependant que celle-ci débouche sur autre chose qu’un nouveau discours catastrophiste n’ouvrant aucune perspective de solution.
Dialogue des religions, échanges marchands, circulation des esclaves, mobilité des savoirs, relations de pèlerinage et de pensée, colonisations, résistances, créolités : tout connecte les Africains au reste du monde.
L’évaluation scientifique des pratiques éducatives suffit-elle pour les améliorer ? Cette politique des preuves apparaît aux enseignants comme un obstacle à leurs pratiques quand elle s’appuie sur des généralisations statistiques sans prendre en compte leurs intuitions professionnelles.
Une enquête ethnographique montre que les citadins sont loin d’être indifférents à leur entourage public, qu’il s’agisse de faire l’aumône, se disputer, se livrer à la sociabilité pure ou encore perpétuer mais aussi combattre les discriminations.
Karl Marx a souvent été considéré par les mouvements écologistes comme un productiviste, fasciné par le progrès technique et insensible à la nature. Pour J. B. Foster et B. Clark, il est au contraire urgent de réconcilier l’écologie politique avec sa critique du capitalisme.
À partir d’une formule de Lautréamont (« La poésie doit être faite par tous. Non par un ») et de ses réappropriations au cours du XXe siècle, Olivier Belin pose de manière neuve la question de la démocratie en poésie.
Après 200 000 ans de stagnation, le niveau de vie des humains a brusquement commencé à croître il y a deux siècles. Oded Galor en cherche l’explication dans le contexte géographique, mais aussi la dynamique et la structure des populations humaines.
L’Algérie a-t-elle été un septième membre de la Communauté européenne à ses débuts ? Megan Brown met en valeur l’importance du concept d’Eurafrique, qui relativise la perception des frontières et de l’identité européenne, tout comme son caractère chimérique pour la majorité des acteurs de l’époque.
Comment expliquer les variations entre les décisions judiciaires en matière pénale ? L’économiste Arnaud Philippe propose d’identifier les facteurs qui influent sur les jugements et la détermination des sanctions pénales à l’aide de l’idée d’expérience naturelle. Au risque d’oublier la sociologie ?
Électron libre de la Nouvelle Vague, longtemps négligé par la critique, Louis Malle est mis à l’honneur dans un ouvrage collectif ambitieux qui varie les focales pour replacer l’œuvre du cinéaste au sein de contextes multiples et en souligner la profonde cohérence.
Les sciences comportementales ont révolutionné notre compréhension des choix et des actions des individus. Ces approches ouvrent de nouvelles politiques publiques – ce qui soulève d’importantes questions éthiques et politiques.
Sommes-nous libres ou nos actions ont-elles des causes naturelles ? Le problème ainsi posé est une construction métaphysique : le sens authentique de la liberté comme principe d’action a été recouvert, à partir de l’Antiquité tardive, par l’invention du libre arbitre et le poids excessif donné à l’idée de volonté.
Bien des écrivains, de Valéry, Cocteau et Colette à Frédéric Dard ou Beigbeder, ont prêté leur talent, leur signature et parfois leur image à la promotion publicitaire. Myriam Boucharenc retrace la « destinée occultée de ce couple controversé ».
En s’intéressant aux jeux de soi et de prestige – le « boucan » – chez les jeunes franciliens d’origine africaine et antillaise, Laura Steil offre une contribution singulière à la connaissance de l’économie des relations et du pouvoir dans les sociétés urbaines postcoloniales.
On doit à Vygotski, théoricien majeur de l’éducation, d’avoir montré comme se formait le psychisme de l’enfant. P. Sévérac explique dans cet ouvrage ce que cette théorie doit à Spinoza.
La démocratie est devenue un élément essentiel de la légitimité gouvernementale dans le monde. La perspective comparatiste permet d’éclairer l’ambivalence de cette norme démocratique, et le paradoxe de son appropriation stratégique par des régimes autoritaires comme la Russie ou la Turquie.
Les terres bâties représentent une valeur patrimoniale considérable, mais méconnue. Alain Trannoy & Étienne Wasmer la mettent ici en lumière, pour en identifier les facteurs, et aussi pour permettre une discussion sur sa distribution, et son éventuelle taxation.
Dans un ouvrage extrêmement ambitieux, Scott Cummings retrace comment avocats et juristes se sont mobilisés pour faire de Los Angeles une ville plus inclusive. Son analyse lui permet d’interroger l’efficacité du répertoire d’action juridique dans les luttes sociales.
Grave maladie propre aux soldats, disparaissant à la fin du XIXe siècle, la nostalgie fait l’objet d’une enquête magistrale, au croisement de l’histoire des sensibilités, de la médecine et de la guerre.
En pleine expansion, le pentecôtisme est un mouvement religieux paradoxal : l’institution ecclésiale s’y nie comme telle, pour laisser la place à l’individu seul dans sa relation avec Dieu, ce qui permet aux dominés de recouvrer une forme de légitimité sociale.
L’historienne Marie-Pierre Ulloa étudie les Maghrébins de Californie dans leur rapport avec la France. Elle éclaire la manière dont ils négocient leur identité à partir d’éléments linguistiques, religieux, culinaires et sportifs. Une étude originale sur les migrations et les diasporas.
Même si les données scientifiques ont de quoi nous rendre pessimistes, le philosophe Darrel Moellendorf montre qu’il est encore permis d’espérer une justice climatique. Pour catalyser l’espoir, il met en avant la mobilisation de masse, le progrès technique et l’utopie réaliste.
Pour Malcom Ferdinand, l’exploitation de la nature a autant partie liée avec le colonialisme et l’esclavagisme qu’avec le paradigme techniciste des Modernes. Récemment traduit en anglais, son livre invite à « penser la crise écologique depuis la Caraïbe ».
Au début du XIe siècle, la chute du califat omeyyade s’accompagne d’une fragmentation politique. C’est dans ce contexte singulier, bientôt aggravé par les avancées des chrétiens au nord et des Berbères au sud, qu’a lieu l’effervescence culturelle qui caractérise cette partie du monde musulman.
L’impact des activités humaines sur l’habitat naturel des animaux sauvages dans la région de l’Himalaya indien a conduit à une augmentation du nombre de félins mangeurs d’hommes. L’imaginaire populaire s’en ressent, du préservationnisme passionné à la volonté de tuer ces anthropophages.
Le livre comme forme de discours s’inscrit dans des matérialités. Parmi elles, le petit format, par exemple le « in-18 Grand Jésus » au XIXe siècle. C’est cette richesse, au-delà du papier, que la numérisation menace aujourd’hui.
La frontière est un instrument de discrimination et elle l’est partout dans le monde. La globalisation, loin d’avoir ouvert le monde à la circulation, n’a fait selon Reece Jones que renforcer le pouvoir des Etats, qui font de la mobilité un privilège.