La multiplication des procès pour inaction climatique marque une étape supplémentaire des mobilisations pour la protection de l’environnement. En quoi consistent ces procès ? Qui mettent-ils en accusation ? Leurs effets ne sont-ils que symboliques ?
Le temps du commerce, le temps de l’usine, le temps de la finance : pour le sociologue Pierre François et l’historienne Claire Lemercier, la chronologie du capitalisme est la même en tous lieux du monde.
Au-delà de la légende noire qui l’entoure, l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, incarna à la fois la maternité et les vertus chrétiennes, non sans jouer un rôle politique et diplomatique.
Dans sa monumentale histoire des ruines, Alain Schnapp prend en compte les multiples formes de résistance à l’oubli, matérielles ou immatérielles. Les ruines désignent moins des objets que des processus mis en place par les sociétés pour penser leur inscription dans l’histoire.
La défense de la science et de la raison est de plus en plus instrumentalisée par des lobbyistes qui s’abritent derrière des ONG. Ce travail de sape obscurantiste bénéficie aux industriels pour lesquels ils travaillent et menace les fondations de la science.
La Commune de Paris a cent cinquante ans. Quentin Deluermoz en propose une histoire globale, qui en explore le retentissement mondial dans l’espace et le temps.
L’intégration est plus souvent invoquée par son échec qu’elle ne fait l’objet de définition précise. Un ouvrage dresse un tableau du fait migratoire et des politiques d’intégration, de la deuxième moitié du XIXe siècle à nos jours.
C. Schmoll invite à féminiser le regard porté sur la migration vers l’Europe. Les politiques publiques migratoires sélectionnent les femmes selon des principes pas toujours compatibles de moralité, de vulnérabilité et d’utilité, et déterminent leur position à venir dans nos sociétés.
Que reste-t-il des Printemps arabes ? En rassemblant la matière plurielle et hétérogène des soulèvements et en analysant ses dynamiques de circulation et de transformation à l’échelle transnationale, un ouvrage collectif part des archives pour penser la mémoire et l’actualité de la révolution.
Pour certains auteurs postcoloniaux, la pensée libérale du XIXe siècle est foncièrement eurocentriste et impérialiste. À partir d’une lecture de Kant et Mill, I. Marwah montre que tous les libéralismes ne se valent pas, et que la philosophie politique kantienne ne fait pas droit à la différence.
Avant de devenir l’une des figures tutélaires de la IIIe République, Clemenceau fut correspondant de presse à New York, juste après la guerre de Sécession. L’édition de ses articles permet de retracer la trajectoire du républicanisme français, ainsi que ses zones d’ombres et ses impensés.
Le féminisme de Silvia Federici s’ancre dans le corps. Retraçant l’histoire politique de l’exploitation du corps féminin, son nouvel ouvrage esquisse aussi la voie d’une réappropriation et d’une libération de ce corps, par l’interrelation avec le vivant, et par la danse.
Le circuit mondial des fêtes de la Jet-Set est le théâtre de stratégies de consommation ostentatoires visant à affirmer le statut social de nouveaux riches. Cette extravagante économie de la fête repose sur l’exploitation de mannequins que des promoteurs parviennent à faire travailler gratuitement.
Éliane Viennot poursuit sa réflexion sur l’histoire des inégalités, des hiérarchies et des disqualifications qui ont frappé les femmes. Organiser légalement leur sujétion ne suffit pas ; il faut aussi la légitimer.
Les États-Unis ont cessé d’être les porteurs et l’emblème de la modernité. L’impérialisme culturel prend fin. C’est le moment de rappeler que cette culture aussi adulée que vilipendée est elle-même issue d’innombrables métissages, comme dans le reste du continent.
Pendant la période coloniale, le développement des communications par les réseaux électriques n’a fait que séparer davantage les communautés en accentuant les tensions permanentes et en fragmentant les audiences.
Jean-Marc Ferry poursuit les conditions de mise en œuvre du principe philosophique de l’Europe : la réalisation de l’hypothèse cosmopolitique. Mais la co-souveraineté bien ordonnée qui en découle peine à convaincre de sa capacité à résoudre les contraires et faire advenir le politique européen.
Des procès de Bobigny à l’Affaire du siècle, le droit peut-il constituer un instrument politique efficace pour les luttes sociales ? À rebours de l’image d’un droit foncièrement conservateur, la sociologue L. Israël revient sur les usages stratégiques du droit par la gauche française de l’après-68.
La financiarisation qui envahit aujourd’hui toutes les sphères de l’économie n’est pas un phénomène uniforme et monolithique. C’est en distinguant soigneusement les différents mécanismes par lesquels elle se déploie qu’on pourra comprendre en quoi elle produit des inégalités sociales.
Les efforts pour faire de Delhi une ville « globale » s’accompagnent d’une destruction de la nature et des communs, ainsi que d’une relégation des pauvres à la périphérie. L’évolution de cette métropole témoigne du besoin urgent de concilier justice écologique et justice sociale.
Le djihad global a connu quatre périodes, chacune marquée par un événement emblématique et un idéologue phare. Mais toutes, selon G. Robinson, ont en partage un sentiment de rage et la volonté nihiliste d’anéantir l’héritage des Lumières. Une thèse qu’il convient de nuancer.
Selon P. Aghion, C. Antonin et S. Bunel, seule l’innovation technologique permettra de répondre aux défis sociaux et environnementaux auxquels est confrontée l’humanité. Le capitalisme et le « pouvoir de la destruction créatrice » se heurtent toutefois à la complexité des décisions microéconomiques.
Comment le néolibéralisme modifie-t-il notre espace ? Depuis un demi-siècle, une nouvelle géographie du capital entraîne la mise en concurrence des territoires, la financiarisation de l’immobilier, la gentrification des villes et l’éviction des classes populaires.
Pour résoudre les problèmes moraux posés par les inégalités globales, le philosophe canadien Michael Blake réclame la clémence à l’égard des candidats à l’immigration : une véritable innovation dans le domaine de la philosophie des migrations.
Cédric Durand analyse les conséquences de l’essor de l’économie numérique sur les structures économiques en matière de dynamisme concurrentiel et de rapports sociaux, dont les caractéristiques s’apparenteraient à une nouvelle forme de féodalisme.
Loin d’être unifiée autour des principes du wahabbisme, l’Arabie Saoudite connaît de profondes divisions sociales. Les militants islamistes prospèrent dans les marges péri-urbaines des villes saoudiennes.
La lenteur n’est pas un défaut de vitesse, mais bien plutôt le plus haut degré de résistance à un monde qui s’emballe et cherche à enrôler les hommes dans une course sans fin vers l’accélération.
Pourquoi les démocraties perdent-elles certains conflits ? Par défaut de démocratie, répond Élie Baranets, exemples à l’appui.
La déshumanisation des migrants est rendue hyper-visible dans les images médiatiques. F. Mazzara propose d’y résister en explorant les démarches d’artistes et d’activistes entreprises dans l’île de Lampedusa et ses alentours.
Sans diviniser la raison mais sans rien rabattre de ses exigences, Pascal Engel construit avec prudence un rationalisme ambitieux, qui ne justifie pas simplement l’enquête scientifique mais a aussi son mot à dire en morale et en politique.
De militant, le syndicalisme semble se transformer en expertise. L’étude de l’évolution du traitement des discriminations syndicales révèle les fortes mutations du syndicalisme aujourd’hui, comme le montre une étude collective.
Grâce à une démonstration implacable, Thomas Philippon jette une lumière crue sur l’accroissement du pouvoir des monopoles aux États-Unis et ses conséquences néfastes sur les prix et l’investissement. L’analyse pourrait être prolongée en recourant à d’autres disciplines que l’économie.
En adoptant une approche transnationale, des États-Unis à la France, en passant par l’Angleterre, le Bénin et le Brésil, Ana Lucia Araujo revisite la mémoire de l’esclavage en étudiant ses modalités et leur évolution dans la longue durée.
Dans un ouvrage classique enfin traduit en français, le philosophe Richard Hare cherche à montrer que l’examen de nos concepts moraux – la « métaéthique » – doit nous conduire à adopter une morale utilitariste. Quarante ans plus tard, faut-il lui donner raison ?
En Allemagne, depuis quelques années, la pensée d’extrême droite se normalise et s’intellectualise. Le débat rationnel est dévalorisé, la démocratie remise en cause, et les idéologèmes nazis se diffusent. Un état des lieux préoccupant.
Robert Boyer offre une lecture des conséquences économiques et politiques de la pandémie qui va à l’encontre de discours iréniques sur l’avènement d’un nouveau monde. Sa géopolitique des capitalismes jette un regard inquiet sur les conflits entre États et entreprises multinationales.
Le rythme galopant de l’urbanisation va de pair avec l’incapacité de l’Inde à fournir les services de base à l’ensemble des citadins. Quand les pouvoirs publics concentrent les grands projets dans les mégalopoles, les petites villes bricolent des solutions hétéroclites, renforçant la ségrégation.
Quels sont les leviers à actionner pour sortir du tout-automobile ? La déshabituation à la voiture passe par de nouveaux modes de déplacement (vélo, train, bus) et un « permis de mobilité » offrant une plus grande agilité.
Comment sortir de la croissance énergivore ? La question n’est pas nouvelle, un groupe d’historiens recense les tentatives passées, toutes avortées, pour constituer des sociétés écologiques. Un répertoire d’idées pour l’avenir ?
Des « Trente Glorieuses » aux « Trente Piteuses », Pierre Dockès recense les travaux de centaines d’économistes. Face à la crise actuelle qui en démontre l’impuissance, l’ouvrage peut se lire comme une magistrale oraison funèbre de la science économique.