Filippo Ronconi retrace l’aventure du livre depuis la Grèce archaïque jusqu’au XIIe siècle. Il montre ce que les textes doivent à leur contexte de production puis de préservation, et pourquoi on ne peut pas lire l’Illiade sans savoir comment on l’a copiée ou stockée.
Convaincus que la pensée géopolitique allemande expliquait les succès militaires foudroyants des nazis au début de la Seconde Guerre mondiale, les Américains cherchèrent à la retourner contre leurs ennemis, avant d’en faire un instrument de lutte contre l’URSS durant la guerre froide.
L’éco-histoire du conflit politique en France proposée par J. Cagé et T. Piketty est une défense de la bipartition électorale : le clivage gauche-droite est le fondement de notre démocratie et il a permis le progrès social. Il faut donc travailler à le rétablir.
Michel Offerlé propose une lecture critique des indicateurs choisis par l’ouvrage de T. Piketty et J. Cagé, suivie d’une confrontation avec les travaux des socio-historiens et des historiens du vote.
Le ghetto de Minsk, en Biélorussie, fut constitué en juillet 1941 et liquidé en octobre 1943. L’un des chefs de la résistance rend hommage à ses compagnons d’arme et à tous les Juifs morts sans sépulture, non sans dénoncer la distorsion mémorielle soviétique.
L’histoire doit-elle prendre modèle sur les sciences de la nature, et se fixer pour objectif de prévoir l’avenir avec une certitude mathématique ? Oui, répond le biologiste P. Turchin, mais n’est-ce pas négliger la nature même de cette discipline ?
Du Mexique à l’Europe, Arnaud Exbalin enquête sur les massacres en masse de chiens indésirables au XIXe siècle en s’appuyant sur une documentation inédite.
Concentrant l’histoire de la migration dans l’espace de cinq immeubles à Saint-Denis, F. Langrognet fait parler des archives inattendues qui en disent long sur la coexistence d’étrangers multiples et variés, unis par la précarité et l’incertitude.
La récente polémique lancée par le chef de l’État autour de l’enseignement de la chronologie dans les programmes d’histoire est l’occasion de revenir sur l’histoire de ces programmes depuis le Second Empire – et de ce débat sempiternel.
L’histoire longue de l’Ukraine est celle d’une nation tournée vers l’Europe, ayant construit, au cours des siècles, une identité forte et ayant subi pendant trop longtemps une oppression impériale contre laquelle, aujourd’hui, elle lutte de toutes ses forces.
À l’occasion de la sortie de l’édition critique de Mauprat, roman total publié en 1837, il importe de rappeler la modernité de George Sand, notamment en ce qui touche à l’éducation des citoyens et à la défense des droits des femmes.
En s’attachant aux textes et à l’histoire des mots, Jean-Louis Roch met l’accent sur l’ambivalence du sentiment de charité au Moyen âge, et montre comment la figure du pauvre se désacralise à la lisière de la modernité.
En retraçant l’expansion de l’État-providence militaire américain de la Première Guerre mondiale au début des années 1960, l’historien Olivier Burtin montre que les anciens combattants furent à l’origine d’un des mouvements sociaux les plus puissants aux États-Unis au milieu du XXe siècle.
Anna Grzymala-Busse, professeur en sciences politiques, veut montrer le rôle qu’a joué l’Église médiévale dans la fondation de l’État moderne : un thème ancien dont le renouvellement se heurte à certaines limites.
Dans la Grèce antique, les rites religieux visaient à produire un état de réceptivité particulier. Ce livre, consacré aux outils de la rencontre sensorielle avec les dieux, contribue au sensory turn qui renouvelle actuellement les études historiques.
L’étude du Club carpatique transylvain, du XIXe siècle à nos jours, permet de comprendre comment la chaîne montagneuse a rejoint le mouvement d’appropriation nationale de la nature, qui a mis aux prises Allemands, Hongrois et Roumains.
La figure de Moïse permet de considérer la dimension émancipatrice de la Bible hébraïque. Parce qu’il permet aux asservis de se soulever et de marcher vers une terre de liberté, le Dieu d’Israël est libérateur.
Historien du commerce et de la grande distribution, Jean-Claude Daumas envisage dans cet entretien le passé et l’avenir de l’hypermarché : à l’heure du commerce en ligne et du « bio », la retraite sonne-t-elle pour ces mastodontes d’un autre âge ?
Un livre érudit retrace l’émancipation de Thèbes vis-à-vis de Sparte, les exploits du « bataillon sacré » où combattaient des amants, puis la destruction de la cité par Alexandre. Ascension et déclin d’une cité grecque du IVe siècle avant notre ère.
Souverain détesté de ses contemporains, roi honni des mémorialistes et personnage infâme de la littérature populaire, Philippe IV le Bel apparaît, sous la plume de Jacques Krynen, comme l’un des fondateurs de l’État moderne.
Premier territoire intégré à l’empire japonais qui émerge à la fin du XIXe siècle, Taïwan y tient une place majeure jusqu’à 1945. Véritable tremplin colonial vers la Chine continentale et les « mers du Sud », elle illustre le rôle crucial des relais régionaux dans l’impérialisme moderne.
Proposant une histoire mondiale à travers les millénaires, un imposant volume s’intéresse au « continuum féminicidaire », depuis le sexisme et les injonctions corporelles jusqu’aux massacres génocidaires.
L’histoire militaire romaine éclaire des thèmes fondamentaux, comme la conduite de la guerre ou la tâche d’imposer une domination. Quant à César, ses conquêtes illustrent une stratégie et une tactique – art de la guerre comme projet politique.
À partir de 1946, le processus de « décolonisation par assimilation » a permis de maintenir les Antilles dans l’espace national. Le cadre départemental, considéré comme la source de tous les droits inhérents à la citoyenneté, a profondément influencé la politique et la société antillaises.
Vers 1900, alors que la capitale a absorbé ses communes avoisinantes et que les bas-fonds accueillent toute une faune, les policiers oscillent entre répression et chronique sociale. Remparts contre le crime, ils se font aussi les peintres de la misère, sans répugner à la poésie.
L’esplanade située devant le Mur des Lamentations à Jérusalem a fait l’objet d’intenses conflits opposant juifs et musulmans. Avec une attention rare aux traces les plus ténues, l’historien Vincent Lemire révèle la succession des violences et des destructions ayant eu lieu au pied du Mur.
En retraçant l’histoire transnationale de la psychothérapie institutionnelle, Camille Robcis explore les rapports politiques entre la pratique psychiatrique et la réflexion sur les institutions de soin durant les années 1945-1970.
Sous la Troisième République, citoyenneté et philosophie se conjuguaient au masculin. Pourtant, des pionnières réussirent à obtenir des diplômes universitaires et à accéder aux postes de responsabilité qui leur étaient interdits.
La première modernité industrielle ignorait-elle qu’elle infligeait à la planète des dégâts écologiques considérables ? Était-elle insensible aux questions environnementales ? Cela ne fait pas de doute pour D. Chakrabarty : la conscience planétaire est récente. Mais cette thèse est contestable.
Les salaires sous l’Ancien Régime permettaient difficilement de vivre de son travail. Nombreux étaient ceux qui devaient multiplier les activités pour joindre les deux bouts. L. Fontaine en fait un portrait saisissant.
Une nouvelle archéologie est née. Ses apports sur les violences de masse au XXe siècle oscillent entre histoire et mémoire. Un spécialiste de ces terrains dresse un impressionnant bilan aux allures de plaidoyer.
Après le monde domestique patriarcal et contrôlé des Florentines du Quattrocento, l’historienne médiéviste Christiane Klapisch-Zuber nous fait découvrir un nouvel aspect, peut-être plus intime encore, de la vie familiale des Florentins : leurs écritures.
Le corps a longtemps été le point de cristallisation de la haine raciale. Nicolas Martin-Breteau montre comment les Africains-Américains ont su s’en ressaisir pour en faire le lieu d’affirmation d’une force collective.
La Première République espagnole a 150 ans. On l’a bien oubliée, sinon occultée. Elle portait pourtant le rêve d’un autre avenir, plus démocratique et plus égalitaire.
Les Juifs de France, évacués du grand récit national ? En fait, leurs archives sont aussi riches que prégnantes, témoignant d’un ancrage très ancien. Au-delà, elles permettent d’écrire l’histoire tant « extérieure » qu’« interne » des communautés juives.
Pourquoi l’or a-t-il cessé de servir d’étalon aux différentes monnaies dans le monde ? Pour répondre à cette question, Arnaud Manas nous emmène dans les coffres des banques centrales pendant la guerre froide.
Sous le tumulte des guerres d’Italie, la Renaissance est aussi un temps de révoltes sociales et de résistances collectives. Par l’élaboration de concepts et idéaux démocratiques, la contestation serait-elle le creuset de notre modernité politique ?
Loups, chats, chevaux et, maintenant, rats. Sont-ils des objets de dégoût, vecteurs de la peste, ou bien des aides utiles au nettoyage des détritus ? Après le rat des villes et le rat des champs, voici le rat de l’histoire !
Le « fixeur » ou drogman, auxiliaire-interprète indispensable tant aux journalistes qu’aux soldats en terrain hostile, se situe au cœur d’un réseau de relations et de transferts. Au Moyen Âge comme aujourd’hui, il incarne le besoin d’altérité.
Tant comme religion que comme civilisation, l’islam est frappé aujourd’hui de cacophonie et d’une réduction inquiétante de sa pluralité, tant par ses apologistes que par ses contempteurs. Le « choc des ignorances » est bien plus réel qu’un prétendu « choc des civilisations ».