Un volume rend hommage à Jean-Paul Deléage, récemment disparu, qui fut le cerveau d’une écologie authentiquement politique en France à la fin du XXe siècle.
Depuis le début de la crise environnementale, des historiens proposent de relire le passé au prisme de l’écologie. Un bilan d’étape collectif fait le point sur la recherche en France des vingt-cinq dernières années.
L’usage intensif des énergies carbone a permis la prospérité, particulièrement depuis 1945, et avec elle une relative pacification des relations internationales. La décarbonation impose donc, selon P. Charbonnier, d’inventer une autre géopolitique.
Notre définition de la nature ne correspond pas à celle des Grecs et des Romains. Du « mois du bœuf » à « dame Forêt », les Anciens ne songeaient pas à séparer les hommes de leur environnement animal ou végétal.
Nous ne voulons pas voir nos déchets, nous voulons à peine y penser, mais ils ont pourtant beaucoup à nous dire : sur nos manières, sur nos vies et plus encore sur ce que nous faisons aujourd’hui de notre monde.
À partir d’une enquête socio-historique sur la construction d’observatoires astronomiques sur l’île d’Hawai‘i, Pascal Marichalar montre que les politiques scientifiques ne peuvent plus être détachées de leurs impacts écologiques et sociaux.
Construit pour bloquer le passage des migrants illégaux du Mexique, le Mur constitue aussi en Arizona un barrage pour les non-humains. Au nom de la sécurité nationale, toutes les lois de protection environnementale ont été ignorées.
Les équipes de travail doivent bénéficier d’une demi-journée par mois sur le temps de travail pour se réunir et discuter, entre collègues et avec le délégué au travail réel, de la façon dont elles pourraient mieux travailler.
Nous parlons de la Terre sans la connaître. Une synthèse des connaissances récentes sur le « système Terre » et son état préoccupant invite à promouvoir une nouvelle conception de l’environnement et des nécessaires orientations politiques.
En raison du bouleversement climatique, l’effondrement forestier guette. Or il est urgent de définir des politiques ambitieuses fondées sur une forêt diversifiée, garante de la formation des sols et du cycle de l’eau. Alors, parlons croissance – mais croissance des arbres !
La psychanalyse peut-elle éclairer nos errements face à la crise environnementale ? Oui, selon Cosimo Schinaia, à condition de réformer son épistémologie, en faisant de l’environnement non-humain un facteur décisif dans le développement psychique des individus.
Pour réaliser la transition énergétique, il faudrait extraire en vingt ans autant de métaux qu’au cours de toute l’histoire de l’humanité. C’est « l’un des grands paradoxes de notre temps », constate Celia Izoard.
Tout au long du XXe siècle, des courants écologistes au sein du monde agricole ont milité pour la production bio et la défense des petits travailleurs. L’histoire de ces « paysans écologistes » raconte le contrat d’avenir qui s’est noué l’agriculture et la société.
Les espaces maritimes concentrent les grands enjeux économiques, écologiques et géopolitiques de notre temps. Pour éviter qu’ils deviennent le lieu de toutes les violations du droit (de la pollution à la surpêche), un gouvernement des mers s’impose.
Le plus long fleuve d’Europe est marqué par l’histoire soviétique. Des barrages à la pêche en passant par l’industrialisation, il est au cœur des bouleversements continentaux qui se produisent sous nos yeux.
L’alpinisme trouve son origine dans l’esprit de l’impérialisme britannique du XIXe siècle. Il s’agit de porter au sommet les couleurs de l’Union Jack, mais aussi de manifester son goût du risque, en un « marathon des cimes » qui incarne le processus de distinction si cher à la gentry.
La première modernité industrielle ignorait-elle qu’elle infligeait à la planète des dégâts écologiques considérables ? Était-elle insensible aux questions environnementales ? Cela ne fait pas de doute pour D. Chakrabarty : la conscience planétaire est récente. Mais cette thèse est contestable.
La médiatisation des diplômés des Grandes écoles optant pour une carrière alternative correspond-elle vraiment à une tendance de fond à la fuite vers des aspirations professionnelles écologiques et sociales ? Une enquête récente sur ces étudiants d’élite fournit des éléments de réponse.
Le droit en fait-il assez pour protéger l’environnement ? Grégory Salle se penche sur la notion de crime environnemental pour montrer que les dispositions du droit restent limitées par une vision sociale favorable à l’exploitation technique et capitaliste de la nature.
L’environnement est devenu une préoccupation majeure, mais sa prise en compte dans des politiques économiques implique d’en proposer une forme de quantification - or, « mesurer » l’environnement soulève de difficiles questions techniques, mais aussi d’importants choix politiques et sociaux.
Alors que les critiques s’accumulent autour de l’agrobusiness, Matthieu Calame affirme qu’aucune vraie transition agricole ne pourra avoir lieu tant que les cadres politiques et culturels ne changent pas aussi.
En 1227 Narbonne interdit le filet de pêche traînant de peur que le lieu ne devienne vide et désolé de tout poisson. La mesure semble actuelle, mais elle vise moins à préserver la biodiversité que l’économie, signe que la durabilité des sociétés passées mérite une réflexion à part entière.
Allessandro Stanziani retrace la longue histoire de l’agriculture devenue productiviste et capitaliste, depuis les transformations des semences et espèces jusqu’à l’exploitation des producteurs, en passant par l’expropriation des paysans et la chimie des engrais et des pesticides.
Comment le souci pour l’environnement affecte-t-il les modes de participation démocratique ? Comparant un dispositif délibératif dans le Poitou et une mobilisation citoyenne en Ardèche, une enquête ethnographique éclaire les rapports des citoyens au politique et à la conflictualité.
L’imposante biographie que Claire Weill consacre à Konrad von Moltke est l’occasion de décrire les processus qui ont permis de mettre les enjeux environnementaux sur l’agenda politique des instances internationales et européennes.
L’appropriation, l’exploitation et l’asservissement de la nature, selon un courant qui entend renouveler le marxisme à la lumière de l’écologie, mènent le capitalisme à ses limites structurelles. Mais cette crise enveloppe-t-elle les conditions de son dépassement ?
L’émergence, dans la seconde partie du XXe siècle, des politiques de protection de l’environnement, résulte d’une série de compromis entre mobilisations contestataires et soutien au développement économique et urbain : une transition par petites touches plus qu’une véritable transformation écologique des villes.
L’accumulation infinie dans un monde aux ressources finies : tel est le vertige des modernes. Mais dans la préoccupation actuelle pour l’écologie, il faut aussi voir une métamorphose de la question sociale.
Comment l’environnement est-il considéré par les discours et statistiques économiques ? Un ouvrage collectif examine autant les études des économistes que les activités d’acteurs militants ou d’entreprises qui cherchent à mesurer l’environnement ou à en faire abstraction.
Selon P. Aghion, C. Antonin et S. Bunel, seule l’innovation technologique permettra de répondre aux défis sociaux et environnementaux auxquels est confrontée l’humanité. Le capitalisme et le « pouvoir de la destruction créatrice » se heurtent toutefois à la complexité des décisions microéconomiques.
La ré-autorisation des néonicotonoïdes fin 2020 a été justifiée par l’échec de solutions alternatives pour les betteraviers. Mais la focalisation du débat autour des questions technologiques masque les tensions opposant pouvoirs publics et scientifiques.
Et si la crise écologique qui nous frappe appelait un réinvestissement de l’idée républicaine ? C’est la thèse que défend Serge Audier : nous ne répondrons pas au défi environnemental par une réaction anti-moderne et anti-étatique, mais par une nouvelle conception de l’intérêt général.
Quels indicateurs sociaux et économiques peuvent permettre de changer nos modes de production pour les rendre plus justes et compatibles avec la sauvegarde de l’environnement ? Quelles sont les conditions politiques et économiques d’un tel changement ? Réponse d’Éloi Laurent à Étienne Espagne.
Les cli-fi (fictions climatiques) se multiplient et forment peut-être désormais un genre à part entière. Elles disent nos préoccupations, nos angoisses, nos attentes. Le corpus est hétéroclite, mais il est bien la preuve qu’il existe aujourd’hui un imaginaire de la crise climatique.
Le détroit de Béring a été une aire d’interactions et de confrontations entre les deux grandes puissances du XXe siècle. En reconstituant son destin environnemental, du milieu du XIXe siècle jusqu’aux années 1990, B. Demuth étudie les chaînes de conversion des ressources énergétiques.
Dans ses derniers textes, Marx rompt avec la philosophie de l’histoire, et s’intéresse de près à d’autres formes d’exploitation : la domination coloniale, mais aussi l’émancipation des femmes ou la préservation de la nature.
Un recueil de textes inédits en français illustre la complexité des modes d’appropriation des ressources naturelles et de la terre dans le monde, du XVIe siècle à nos jours. Des communs ruraux à la marchandisation de l’eau, l’ouvrage invite à s’interroger sur ce que « posséder la nature » veut dire.
À la lumière du débat entre John Dewey et Walter Lippmann, B. Stiegler met au jour les impensés biologiques et évolutionnistes du néo-libéralisme, qui s’est fondé sur l’exigence d’adaptation de l’espèce humaine à un environnement en perpétuelle mutation.
Face à l’Anthropocène, la philosophe Virginie Maris défend une conception forte de la nature sauvage. Critiquant les évolutions récentes de la pensée environnementale, elle invite à résister contre son recentrement en cours vers un monde humain et seulement humain.
Aux représentations hollywoodiennes du changement climatique, de type catastrophiste et sensationnaliste, s’oppose l’émergence d’un nouveau type de cinéma plus authentiquement écologique, qui prend en compte la question de la soutenabilité tant dans ses thématiques que dans ses méthodes de production.