Dans leur récent rapport, les économistes Patrick Artus, Pierre Cahuc et André Zylberberg plaident pour une simplification des règles encadrant le temps de travail. Une simplification qui s’apparente à une libéralisation, selon Philippe Askenazy, et dont les vertus n’ont rien d’évident. N’en déplaise à la doxa actuelle.
La société est-elle condamnée à subir les lois du marché ? La publication d’Essais inédits de l’économiste Karl Polanyi permet de redécouvrir le socialisme démocratique prôné par l’auteur de La grande transformation. Ses réflexions sur la capacité du pouvoir politique à organiser les échanges économiques sont toujours d’actualité.
Le déroulement de la crise financière et les tentatives pour l’enrayer ont donné lieu à l’émergence d’un nouveau thème : nous assisterions, divine surprise pour les uns, calamité pour les autres, au retour de l’État. Bruno Bernardi se demande si cette idée n’est pas un leurre, derrière lequel il faudrait discerner les enjeux des mutations en cours : une nouvelle étape vers l’absorption de la société par le marché ou une reconfiguration globale de notre horizon historique et politique ?
La crise que nous traversons est souvent présentée comme celle du capitalisme anglo-saxon de marché. Assiste-t-on aujourd’hui à la fin de l’hégémonie de cette forme de capitalisme ? Écrit au début de la crise des subprimes aux États-Unis, La guerre des capitalismes aura lieu offre une mise en perspective lumineuse de la crise actuelle et des hypothèses stimulantes sur le monde dans lequel nous serons amenés à vivre.
Après avoir balayé un certain nombre d’idées reçues sur le sujet dans ses deux précédents articles, Philippe Askenazy propose un tour d’horizon de la question du salaire minimum aux États-Unis et en Europe.
Contrairement à une idée reçue, les conflits sociaux ne diminuent pas dans le monde du travail. Si l’on prend en compte la pluralité des modes d’action, ils auraient même plutôt tendance à augmenter. En s’appuyant sur une analyse de l’enquête REPONSE, Jérôme Pélisse et Baptiste Giraud offrent un état des lieux moins sombre qu’attendu du pouvoir de mobilisation des salariés.
Un livre collectif consacré au cinéma sous les régimes autoritaires montre que les masses populaires résistent spontanément à l’image que ces régimes voudraient leur imposer, en sorte que l’histoire de ce cinéma, pourvu qu’on sache la déchiffrer, donne une image assez précise des limites et fluctuations des dictatures au XXe siècle.
La Vie des Idées est en vacances. Nous reprendrons notre rythme de publication à partir du 23 août. Nous vous proposons, en attendant, une sélection de dossiers, d’essais, d’entretiens et de recensions parus depuis le mois de septembre 2009. Bonne lecture, et bonnes vacances !
Le minutieux travail de Claire Zalc sur les commerçants étrangers propose un regard nouveau sur l’histoire économique et sociale de la France. Son ouvrage offre de précieux outils pour déconstruire les nombreux stéréotypes attachés à ces commerçants, de la figure du « tailleur juif » à celle de l’« épicier kabyle ».
« Cultiver la terre et préserver la société des voleurs et des méchants » : cette phrase d’un physiocrate résume, selon Bernard Harcourt, les fondements intellectuels de l’ordre punitif américain. Car c’est la croyance dans les idéaux du libre marché qui aurait rendu possible l’expansion de la sphère pénale. L’auteur répond ici aux quatre lecteurs de son ouvrage.
Dans un livre d’une grande inventivité méthodologique, Anne-Sophie Bruno retrace les trajectoires professionnelles des migrants venus de Tunisie à Paris durant les Trente Glorieuses. Cette histoire renouvelle en profondeur les savoirs sur les migrants postcoloniaux et sur le fonctionnement du marché du travail avant la crise des années 1970.
En s’attaquant au déficit démocratique en Espagne, le mouvement du 15M (commencé le 15 mai 2011) a-t-il mis en cause la théorie du républicanisme de Philip Pettit, caution intellectuelle de Zapatero ? Le philosophe tire ici les leçons du mouvement et du contexte de crise qui l’a fait naître pour sa théorie du républicanisme.
Que peut nous apporter l’histoire pour faire face au défi du changement climatique ? En discutant des liens entre esclavage et dépendance aux énergies fossiles, J.-F. Mouhot tente un rapprochement destiné à bousculer les consciences et à tirer des leçons pour le présent. Une occasion d’interroger certaines métaphores aujourd’hui influentes au sein de la pensée environnementale.
Peut-on encore faire de l’histoire comme si les nations avaient toujours existé, et comme si les hommes n’avaient pas su ignorer leurs frontières ? Sanjay Subrahmanyam invite les historiens, en particulier indiens et français, à se ressaisir d’archives multilingues pour mettre au jour des connexions qui ont animé des zones immenses de l’histoire humaine.
Il est peut-être temps de rouvrir en France le débat sur la dépénalisation des drogues. La lutte policière contre la consommation et les trafics a montré ses limites, et rien n’est vraiment fait pour encadrer juridiquement l’usage des stupéfiants, alors qu’à l’étranger certains États réfléchissent à un assouplissement de la prohibition.
Le monde contemporain, bien qu’il soit plus interdépendant que jamais, reste un puzzle d’États souverains. La mondialisation nous impose une actualisation de nos cartes mentales et une compréhension de celles des autres. Dans cet entretien, le diplomate et géographe Michel Foucher nous livre les clés de la nouvelle géographie collective.
Pendant deux millénaires, les montagnes de la Zomia furent, selon James Scott, une zone-refuge pour les populations d’Asie du Sud-Est. Haut lieu de la résistance à l’État, elles seraient le miroir de notre civilisation destructrice et sûre d’elle-même. Une histoire anarchiste qui fascine et intrigue.
L’uranium africain est à la source de l’énergie nucléaire. A-t-il pour autant toujours été reconnu comme un produit nucléaire, avec ses risques spécifiques ? Au fil d’une enquête passionnante, l’historienne Gabrielle Hecht montre comment le statut de l’uranium et des travailleurs qui l’extraient a évolué au gré des controverses scientifiques et des luttes politiques
Du 26 au 30 mars, les altermondialistes se sont donné rendez-vous à Tunis pour une nouvelle édition du Forum Social Mondial. C’est l’occasion de faire un bref retour sur l’histoire du mouvement altermondialiste et des forums sociaux mondiaux, des années 1990 à 2013.
China managed to maintain a certain amount of economic activity during the lockdown, but at what cost and under what conditions? This article highlights the regime’s use of the media alongside the political and market logics specific to China.
Now a well-known Chinese lawyer of the democratic dissidence in China, Zhang Sizhi was once a young nationalist, a high-ranking official in the court of Beijing and a victim of anti-rightist repression. In his memoirs, he provides a detailed and fascinating description of the profession and China in the second half of the 20th century.
According to Isabelle Thireau, there is a political realm in authoritarian regimes, where citizens voice their expectations and evaluate the legitimacy of decisions, public policies and leaders, thus contributing to the assessment of what is acceptable and what is good government.
The international context and the economic and diplomatic rapprochement between the powers currently thriving in Asia seem to reinforce the Japanese idea of creating an Asian community. But what does China make of this?
How can we move beyond abstract architecture, where buildings are constructed without their audiences? Peter Ferretto’s method is based on observation, engagement, and the osmosis between teaching, practice, research, and social impact.
Recounting his itinerary from research on Communitarianism to the adoption of Confucian values, political philosopher Daniel A. Bell advocates thinking of cities as representing different social values in the modern world. He also sees meritocracy, which is valued in China nowadays as a potential remedy to the flaws of democratic systems.
With China’s regained power on the world stage, making accessible and studying the way intellectuals reflect on their country and contribute to the global conversation has become indispensable.
What can literature teach us about China’s experience of democracy in the twentieth century? In an ambitious work, Sebastian Veg explores the links between fiction and democracy in his search for a critical reflection on the reader-citizen.
This dossier examines the recently reopened debate on regional integration in Asia. What are the obstacles to the construction of an Asian Union? How is the issue tackled in Japan, China or Australia?
In this interview, sociologist and sinologist Jean-Louis Rocca describes the development of Chinese sociology since its rebirth in the early 1980s. He also discusses the changes that have taken place in Chinese society by analysing representations of the middle classes.