Restituer des œuvres pour réparer l’histoire ? Des pillages coloniaux aux musées contemporains, deux historiennes de l’art montrent la multiplicité des logiques à l’œuvre derrière chaque restitution.
La mission Dakar-Djibouti (1931-1933), considérée comme fondatrice de l’ethnologie française, était détentrice d’un “permis de capture scientifique”, longtemps interprété comme un permis de voler des objets. La vérité rétablie permet de comprendre autrement les pratiques prédatrices de la mission.
Une rumeur circule dans certains pays africains : l’État français organiserait des vols de pénis afin de pallier la baisse de la fécondité. La rumeur, relayée par la propagande russe, est devenue une infox.
À travers une histoire médicale du Congo belge, Nancy Rose Hunt propose la notion de « nervosité » pour caractériser tant la violence impériale que les relations entre Européens et indigènes.
Comment échapper aux lectures mythifiantes et souvent contradictoires de la figure de Frantz Fanon, révolutionnaire et théoricien de l’anticolonialisme ? Son parcours permet de saisir sa pensée dans son contexte, à rebours des tendances contemporaines à la généralisation.
Comment retracer l’histoire des personnes d’ascendance africaine ? Les recherches d’Olivette Otele montrent combien les multiples trajectoires individuelles, ainsi que leur perception et leurs représentations, sont intimement liées à l’histoire du continent européen et aux enjeux du présent.
Souvent présenté comme un modèle démocratique sur le continent africain, le Sénégal est traversé par des conflits politiques violents. Les manifestations de juin 2023 et leur sanglante répression sur fond de controverse judiciaire font s’entrechoquer deux récits opposés de son histoire politique.
Une exposition et une nouvelle biographie sont consacrées à Léopold Sédar Senghor, à son regard sur les arts et à sa pensée de l’universel. Elles révèlent l’héritage du poète-président, qui éclaire d’une façon singulière les enjeux de notre temps.
Dialogue des religions, échanges marchands, circulation des esclaves, mobilité des savoirs, relations de pèlerinage et de pensée, colonisations, résistances, créolités : tout connecte les Africains au reste du monde.
L’Algérie a-t-elle été un septième membre de la Communauté européenne à ses débuts ? Megan Brown met en valeur l’importance du concept d’Eurafrique, qui relativise la perception des frontières et de l’identité européenne, tout comme son caractère chimérique pour la majorité des acteurs de l’époque.
Alors que les représentations simplistes de l’Afrique dans les relations internationales se perpétuent, un ouvrage synthétise les principales discussions sur la place du continent dans l’espace mondial d’hier à aujourd’hui.
Dans ses mémoires, la grande chercheuse Catherine Coquery-Vidrovitch revient sur son enfance juive, sa découverte de l’Afrique dans les années 1960, le néocolonialisme de certains universitaires, ainsi que son parcours intellectuel et politique, où l’antiracisme occupe une place centrale.
Reine mystérieuse du XVIIe siècle, Njinga reste entourée de légendes dans une grande partie de la diaspora africaine. Derrière ses conversions au christianisme et son cannibalisme, la biographie de celle qui résista au colonialisme européen éclaire l’histoire de l’Afrique et celle des femmes.
Comment les réfugiés vivent-ils la vie quotidienne aux États-Unis ? L’anthropologue Catherine Besteman étudie les trajectoires des réfugiés somaliens à Lewinston, dans le Maine, luttant pour conserver leur organisation sociale dans un monde qui la bouleverse en profondeur.
Le dialogue entre le philosophe Souleymane Bachir Diagne et l’anthropologue Jean-Loup Amselle révèle la difficulté à définir, dans le monde intellectuel français, la pensée postcoloniale et décoloniale. La discussion achoppe sur la manière d’articuler question raciale et question sociale.
Alors que Madagascar élit son prochain président, un ouvrage revient sur les causes du sous-développement chronique de l’île. Inégalités sociales et déconnexion entre élites et populations malgaches seraient les premiers facteurs de l’instabilité politique et de la stagnation économique du pays.
Après la démonstration, par F. Héran, de l’inconsistance scientifique des échafaudages de Stephen Smith autour des migrations africaines, J. Brachet met en évidence ce qui se joue réellement dans son livre partout célébré : l’appel ouvert à des politiques xénophobes et racistes.
Les prédictions alarmistes sur les migrations africaines ont le vent en poupe. François Héran montre qu’elles ne reposent pas tant sur une approche démographique que sur une conjecture économique, et un sophisme : le développement de l’Afrique ne pourrait se faire qu’au détriment de l’Europe.
Si en 1984, l’Éthiopie « mourait peu à peu », c’est aujourd’hui un des pays à la plus forte croissante économique. Comment la politique industrielle menée par le gouvernement éthiopien a-t-elle contribué à un tel résultat ?
Le libre accès aux publications scientifiques permettra-t-il aux universités d’Afrique subsaharienne de participer à armes égales à la recherche mondiale ? Sa mise en œuvre semble pour l’instant renforcer l’hégémonie des travaux publiés au Nord, révèle Florence Piron.
En étudiant la répartition des hommes et des chimpanzés en Guinée du XIXe siècle à nos jours, on peut mettre en évidence l’interaction entre la dynamique de l’espèce et celle de l’environnement. Ce faisant, Vincent Leblan réfléchit aux conditions de possibilité d’une véritable histoire des animaux.
Pourquoi la zone franc ? Si sa persistance renvoie au passé colonial qui lie la France aux pays africains, les débats sur ses effets économiques et politiques mettent aussi en lumière la façon dont fonctionne une zone monétaire.
Raflés en Afrique, détenus à Cuba, les esclaves de l’Amistad se révoltent en 1839, avant de rallier les États-Unis où ils sont incarcérés. Les survivants seront finalement rapatriés au Sierra Leone, après une longue tournée publicitaire destinée à payer leur voyage.
L’ampleur de l’épidémie de sida en Afrique est-elle liée à des comportements sexuels spécifiques ? En revenant sur les différents visages de cette hypothèse, Julie Castro montre qu’elle ne relève pas de données indiscutables et qu’elle s’adosse volontiers à des représentations culturalistes, contribuant ainsi à occulter d’autres modalités de transmission.
Fallait-il tuer Kadhafi ? Jean Ping, ancien président de la commission de l’Union Africaine, estime que l’intervention des Occidentaux en Libye est un désastre que rien ne peut justifier. Mais ses arguments, aujourd’hui largement repris au sein de la critique postcolonialiste, sont contestables.
Dénonçant l’oubli de la période de l’indépendance par les historiens de l’Afrique, Frederick Cooper affirme qu’un continent d’États-nations n’était pas le résultat inévitable de la décolonisation.
Deux ouvrages reviennent sur la préparation idéologique et le déroulement du génocide des Tutsi, perpétré en 1994 avec l’aide d’une partie de la population. Ils montrent la double logique – verticale et horizontale – à l’œuvre dans la diffusion de la fureur meurtrière.
Khartoum est à l’image du pays dont elle est la capitale : marquée par les stigmates de durs conflits et de profondes inégalités, et agitée par les flux d’argent facile mais volatile issus du pétrole.
La gestion de l’épidémie d’Ebola par la communauté internationale révèle les insuffisances de l’aide au développement sanitaire et des problèmes structurels longtemps ignorés. Mais ce peut être une opportunité pour instaurer des mécanismes de solidarité internationale de long terme et développer les capacités sanitaires de base dans les pays affectés.
Perçue dans les années 1990 comme un continent menacé d’écroulement par le sida, l’Afrique représente aujourd’hui un ensemble d’opportunités pour les chercheurs et les laboratoires. Fanny Chabrol analyse les logiques indissociablement humanitaires, sécuritaires et capitalistes qui sous-tendent ce renversement et composent aujourd’hui la « santé globale ».
Pourquoi, alors que le sida a participé à la légitimation des recherches scientifiques sur la sexualité, la sexualité des migrants a-t-elle été si peu étudiée ? En retraçant l’histoire de cet oubli, Élise Marsicano montre que si elle est une réaction aux analyses culturalistes de l’épidémie, cette occultation a ses propres impensés.
À quoi ressemblera le monde économique en 2050 ? La projection des grandes tendances actuelles fait apparaître que le centre de gravité de l’économie mondiale est appelé à basculer vers les pays émergents — en premier la Chine et l’Inde — mais aussi l’Afrique sub-saharienne dont la croissance va bientôt prendre la première place.
Le navire négrier, institution centrale de la traite et de l’esclavage, est le lieu d’extrêmes violences et de terribles souffrances. Son fantôme hante aujourd’hui encore l’Amérique par le biais du racisme et des inégalités.
Si les pays d’Afrique souffrent naturellement d’un développement insuffisant, ils pâtissent aussi, selon l’historien économiste Morten Jerven, de statistiques peu fiables, résultats plutôt que guide de l’action politique. Après avoir identifié les causes de ce phénomène, Jerven propose une série de solutions.
Quand la mobilité sociale des membres de minorités noires vient à perturber l’ordre dominant, ils se voient parfois remis à leur place. Un article d’Elijah Anderson montre comment le ghetto américain, institution sociale et répertoire culturel, contribue à l’exclusion des Africains-Américains. Quel en serait l’équivalent hexagonal ?
L’Afrique australe se remet à peine de l’épidémie de sida, grâce à une mobilisation transnationale sans précédent et à des financements massifs pour acheminer les antirétroviraux, qu’une épidémie de cancer prolifère dans le sillon du VIH. Comment rendre compte de ce drame oublié des politiques de santé en Afrique ?
L’uranium africain est à la source de l’énergie nucléaire. A-t-il pour autant toujours été reconnu comme un produit nucléaire, avec ses risques spécifiques ? Au fil d’une enquête passionnante, l’historienne Gabrielle Hecht montre comment le statut de l’uranium et des travailleurs qui l’extraient a évolué au gré des controverses scientifiques et des luttes politiques
De 1931 à 1933 s’organise la Mission Dakar-Djibouti. Plus de huit décennies plus tard une équipe pluridisciplinaire revient sur cette aventure ethnographique afin d’enrichir la compréhension des objets rapportés et de les valoriser grâce à des formes originales de restitution symbolique des objets. Un projet de grande ampleur qui nous est expliqué ici dans le détail.
Le sociologue Michel Kokoreff revient sur la controverse suscitée par l’ouvrage d’Hugues Lagrange, Le déni des cultures. Il invite à ne pas occulter le fond du débat, et analyse en détail les thèses du livre avant de les soumettre à la discussion.
Solène Lardoux, démographe, spécialiste de la famille au Mali, apporte son regard sur la thèse soutenue par Hugues Lagrange dans Le déni des cultures. Elle tempère les analyses d’Hugues Lagrange en s’appuyant sur les données issues de grandes enquêtes.