Comment les Juifs français ont-ils affronté le nazisme à partir de 1933 ? Ils se sont mobilisés et sont entrés dans la guerre en portant regard lucide, mais parfois résigné, sur l’Allemagne hitlérienne.
Si l’effacement des traces du génocide a été une préoccupation majeure des nazis, il est faux d’affirmer que la Shoah aurait entraîné une « destruction du fait ». Les études littéraires doivent tenir compte de deux enjeux-clés : la factualité et la vérité.
Le ghetto de Minsk, en Biélorussie, fut constitué en juillet 1941 et liquidé en octobre 1943. L’un des chefs de la résistance rend hommage à ses compagnons d’arme et à tous les Juifs morts sans sépulture, non sans dénoncer la distorsion mémorielle soviétique.
Une nouvelle archéologie est née. Ses apports sur les violences de masse au XXe siècle oscillent entre histoire et mémoire. Un spécialiste de ces terrains dresse un impressionnant bilan aux allures de plaidoyer.
Histoire du masculin et histoire des hommes, ce livre collectif montre que, si la masculinité nazie « idéale » s’opposait à celle des Juifs et des homosexuels, elle était elle-même questionnée et morcelée, dans la sphère privée comme à la guerre.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, 48 000 Juifs bulgares ont échappé à la déportation. En confrontant des sources inédites et variées, N. Ragaru montre la construction d’un récit collectif qui a été utilisé sur le plan politique jusqu’à aujourd’hui.
Etudiant le sort des quelque 100 000 aviateurs tombés pendant la Seconde Guerre mondiale, Claire Andrieu bouscule les cloisonnements entre civils et militaires, combattants réguliers et irréguliers, attentisme et résistance, front et arrière à travers une enquête empirique appelée à faire date.
La législation antiraciste, du décret-loi Marchandeau en 1939 jusqu’à la loi dite Pleven en 1972, illustre l’évolution des consciences et le combat des associations, mais aussi les difficultés de l’action judiciaire face aux menées de l’extrême droite.
La Guerre froide est souvent interprétée comme un moment de paralysie de la coopération internationale en raison des rivalités entre bloc occidental et bloc communiste. Sandrine Kott montre au contraire comment le temps de la Guerre froide dopa le multilatéralisme.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944, pour monstrueux qu’il soit, n’était pas dépourvu de motifs dans l’esprit de ses auteurs. Du point de vue des bourreaux, il avait un sens, lequel s’inscrit dans le contexte de la fin de la guerre.
Quelles furent les relations entre l’Allemagne nazie et le monde musulman ? Comment concilier la politique d’alliance et la doctrine raciale ? David Motadel comble un manque important dans l’historiographie, à la conquête des retournements pragmatiques du troisième Reich.
Que nous apprend l’histoire récente sur le financement d’une crise longue et impréparée ? L’exemple de la première guerre mondiale, qui ouvre un demi-siècle d’intervention de l’État dans les économies et sociétés européennes, peut aider à envisager les défis ouverts par la crise sanitaire.
Prise entre les grandes épidémies du passé et l’horreur de la guerre mondiale, la grippe de 1918-1919 a longtemps peiné à être reconnue comme un désastre sanitaire et social majeur. Les réactions face à l’épidémie actuelle témoignent d’un déni récurrent face à une maladie qui déconcerte.
En 1943, 86 Juifs étaient assassinés dans le camp de Natzweiler-Struthof en Alsace, à des fins d’expérience « médicale ». Dans une enquête au long cours, Hans-Joachim Lang leur a donné un nom et une identité.
L’historien Herrick Chapman retrace avec précision les moteurs et caractéristiques de la reconstruction républicaine et économique en France après 1944, ainsi que ses rejets. L’ouvrage cède toutefois en conclusion à une mystique de la puissance de l’État et de la planification.
M. Cerovic retrace l’épopée des brigades de partisans durant la Seconde Guerre mondiale, aux confins de la Biélorussie, de l’Ukraine et de la Russie, désintégrés par la Wehrmacht avant d’être bannis des mémoires par le pouvoir soviétique.
“Le Verfügbar aux enfers” est une œuvre lyrique écrite par Germaine Tillion à Ravensbrück en 1944. L’œuvre ne fut jamais représentée dans le camp, mais les détenues fredonnaient des airs pendant les appels – comme si chanter et rire, c’était résister.
Conçu pour offrir une « nouvelle histoire de l’Europe », le livre collectif dirigé par Denis Crouzet déçoit. Comment sélectionne-t-on les historiens de l’Europe ? L’Europe est-elle vraiment la « métaphore de l’histoire » ? Comment éviter que les historiens n’interprètent leur propre parcours ?
Deux hommes, le juriste Raphael Lemkin et le résistant Jan Karski, ont compris très tôt quel sort les nazis réservaient aux Juifs d’Europe. Pourquoi leur lutte pour la reconnaissance politique et juridique de ce crime contre un peuple entier a-t-elle rencontré tant d’obstacles ?
En 1943, un photographe espagnol sauve de la destruction les photographies prises par les SS de Mauthausen. Au delà du quotidien du camp, l’exceptionnelle « collection Boix » documente la condition concentrationnaire. Elle éclaire l’importance de la photographie pour l’histoire — et vice versa.
Dans un recueil d’articles enfin traduit en français, Norbert Elias critique les errements de ses compatriotes, essentiellement les élites allemandes, incapables de s’émanciper des modèles anciens et de la rigidité des structures sociales. Dans ces conditions, peut-on parler d’un habitus national ?
Alors que l’ONU célébrait en 2015 son 70e anniversaire et élisait il y a un an son nouveau Secrétaire général, elle reste toujours aussi peu connue du grand public. Chloé Maurel revient sur l’histoire et les controverses politiques, économiques et sociales qui traversent l’organisation depuis 1945. Une entrée pédagogique dans un univers complexe.
Robert Hertz, disciple de Durkheim, est tombé au front le 13 avril 1915. Sa correspondance avec sa femme Alice a permis à Nicolas Mariot de suivre au jour le jour son chemin vers le sacrifice suprême. Hertz avance ses raisons : il est juif, socialiste, sociologue. Mais elles ne suffisent pas à comprendre comment le piège se referme lui.
L’expérience de la Seconde Guerre mondiale a réformé en profondeur la psychiatrie en intégrant les facteurs sociaux dans l’explication des maladies psychiques. Elle a aussi servi de justification à la rééducation psychiatrique et politique des opposants, comme le montre Ana Antic à partir de dossiers de patients d’un institut yougoslave.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, plus d’1,5 million de personnes furent déplacées entre la Pologne et l’Ukraine, dans un climat d’abus et de violences. Entre étude multi-scalaire et histoire connectée, cet ouvrage permet de comprendre le « démêlage des populations » en Europe de l’Est.
Près d’un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale, l’historienne Odile Moreau remet la Turquie au centre, et souligne l’importance de ce conflit pour le destin turc. Si l’Empire ottoman est entré en guerre aux côtés de l’Allemagne, c’est en effet la République de Turquie qui en sortira.
Des collaborateurs de Vichy exilés au Canada ? Après la guerre, des criminels français trouvèrent refuge sur les rives du Saint-Laurent, où prospéra une singulière pépinière royaliste et anti-républicaine.
À partir d’un « événement infime », l’exécution de deux traîtres de la vallée d’Aoste en 1943, Sergio Luzzatto livre une vaste fresque d’histoire et de mémoire de la Résistance, sur fond de chasse aux Juifs, de délation, et de guerre civile.
Comment la Chine a-t-elle conduit les procès des criminels de guerre japonais sur son territoire après 1945 ? Barak Kushner offre un éclairage nouveau sur les crimes de guerre du Japon impérial et le révisionnisme japonais, au centre de vives querelles mémorielles entre Pékin et Tokyo.
Les résistants du maquis du Vercors, selon Paddy Ashdown, ont été sacrifiés sur l’autel d’une stratégie nationale et internationale qui leur échappait totalement. L’ancien officier de marine s’interroge aussi sur l’opposition entre une armée de métier protégeant l’ordre établi et une défense nationale composée de volontaires en armes.
Le régime de Vichy procéda à la dénaturalisation de plus de 15 000 personnes qui avaient acquis la nationalité française pendant l’entre-deux-guerres. Portée par une soif de revanche contre la République, cette politique fut mise en œuvre pour exclure de la communauté nationale les individus que le régime désignait comme ses ennemis.
Une minutieuse enquête historique révèle les libertés que l’auteur du Voyage au bout de la nuit a prises avec son expérience de guerre. Ces flatteuses inventions auraient permis d’assurer la diffusion des pamphlets dans les années 1930 et de se dédouaner au moment de l’Épuration.
Trois générations de femmes suicidées du côté maternel, une famille paternelle anéantie par la guerre. En tissant l’histoire de sa lignée, Nicole Lapierre offre une leçon de savoir, mais aussi de vie : comment se soustraire à l’« hérédité du malheur » ?
Objet de toutes les convoitises, l’œuvre d’art est intimement liée à l’histoire des guerres, des annexions et des conquêtes. Dans cet entretien Bénédicte Savoy évoque l’histoire transnationale des spoliations ou « translocations patrimoniales » et évoque la mémoire longue de ces événements traumatiques.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le rôle et le financement des Juifs américains sont décisifs pour la reconstruction de la vie communautaire française. Professionnalisme et apolitisme caractérisent dès lors le monde communautaire juif en France.
Acteur de la commémoration de la Grande Guerre, l’historien Nicolas Offenstadt revient pour la Vie des idées sur le travail qui est pour lui celui de l’intellectuel spécifique : introduire une référence historienne dans un espace public saturé d’activisme mémoriel.
Antoine Compagnon évoque deux projets récents qui éclairent l’histoire intellectuelle du XXe siècle. Les controverses sur l’institutionnalisation de la sociologie ou de l’anthropologie illustrent l’évolution des disciplines en France ; une anthologie littéraire place la littérature de la Grande guerre dans un cadre international.
« Union sacrée » ou effacement du souvenir des distinctions sociales vécues au front ? En analysant le discours des intellectuels sur les autres classes sociales, Nicolas Mariot revisite le mythe de la Grande Guerre comme creuset patriotique. Une analyse à prolonger.
Pour se donner les moyens de faire l’histoire de la période communiste, la Pologne s’est donné un instrument spécifique en Europe de l’Est : l’Institut de la mémoire nationale, qui mêle enquêtes judiciaires et recherche scientifique. Création politique, cet institut est devenu incontournable dans le paysage universitaire et historiographique polonais.
Dans cet entretien, Adam Tooze, spécialiste de l’histoire économique allemande, examine l’économie du Troisième Reich : existait-il une politique économique nazie ? Quelles furent les raisons économiques de la guerre totale de Hitler contre l’Europe ? Quel fut l’héritage de cette expérience pour l’économie allemande après 1945 ?