Au cœur d’une époque marquée par l’affrontement idéologique et les rivalités géopolitiques entre deux superpuissances, la France a su tracer sa propre voie, bien loin des schémas bipolaires traditionnels.
L’époque coloniale n’hésitait pas à classer les races selon leur disposition biologique et culturelle à faire la guerre. Le préjugé perdura jusqu’aux guerres de décolonisation.
Après 1945, l’utilisation géopolitique du sport trouve sa place dans les nouvelles alliances de la guerre froide. L’idéologie et la diplomatie se glissent alors dans tous les recoins de l’activité sportive.
En 1940, la France volait en éclats : géographiquement, historiquement. Une aubaine pour les romanciers, Aragon, Gracq, Robbe-Grillet, Sartre, Simon.
La valeur d’une vie humaine est-elle mesurable ? Ariel Colonomos analyse les conditions politiques et sociales des pratiques de valorisation des vies humaines et ouvre une perspective novatrice sur le rôle de l’Etat dans l’histoire européenne moderne.
Au sein de l’imaginaire collectif national, la bataille de Poitiers reste considérée comme un moment clé de l’histoire de France. La prise en compte de sources textuelles et matérielles relatives à la présence islamique dans le sud de la Gaule permet cependant de pondérer l’importance de cet évènement.
En étudiant les lettres de pardon accordées par les souverains français et anglais aux “criminels de guerre”, Quentin Verreycken montre comment la guerre se professionnalise à la fin du Moyen Âge.
Empoisonner, asphyxier ou brûler l’ennemi : les « armes « non conventionnelles » ne manquaient pas à l’époque gréco-romaine. Cette réalité met à mal notre vision héroïque de la guerre antique.
La rétention des dépouilles de guerre, et donc l’empêchement des rituels funéraires, joue un rôle important et peu étudié dans le conflit israélo-palestinien.
Florence Alazard plonge dans le monde de la guerre au XVIe siècle à travers le portrait de Giovanni de’ Medici, devenu après sa mort un personnage de légende : « Jean des Bandes Noires ». Cette biographie tisse, avec précautions et clarté, le portrait d’une Italie meurtrie par la guerre.
Un livre érudit retrace l’émancipation de Thèbes vis-à-vis de Sparte, les exploits du « bataillon sacré » où combattaient des amants, puis la destruction de la cité par Alexandre. Ascension et déclin d’une cité grecque du IVe siècle avant notre ère.
Arrestations, tortures, massacres : le clan Assad martyrise le peuple syrien depuis cinquante ans. Un livre collectif de grande ampleur donne toutes les preuves des violences qu’en Europe on fait semblant de ne pas voir.
Le « fixeur » ou drogman, auxiliaire-interprète indispensable tant aux journalistes qu’aux soldats en terrain hostile, se situe au cœur d’un réseau de relations et de transferts. Au Moyen Âge comme aujourd’hui, il incarne le besoin d’altérité.
Des souks de Nouakchott aux gratte-ciels de Dubai en passant par les ruines de Raqqa ou les rues de Ramallah sillonnées par les chars israéliens, les villes du Maghreb et du Moyen-Orient offrent une multiplicité de configurations urbaines unies par une même matrice culturelle.
Les guerres entreprises contre le terrorisme ne font guère que renforcer l’instabilité internationale. Mais si ce scandale n’éclate pas aux yeux, c’est qu’elles se parent d’une prétention à l’humanisation, qui conduit dans les faits à abandonner toute perspective de paix.
Son potentiel de destruction rendrait les États « responsables » et permettrait d’éviter une Troisième Guerre mondiale ; le processus de déclenchement serait contrôlé ; il faut éviter la prolifération, mais moderniser l’arsenal. Pour sortir des mythes sur la bombe atomique, le débat s’impose.
François Tosquelles est une figure mythique de la psychiatrie. Il n’a cessé d’expérimenter de nouvelles manières de prodiguer des soins et de nouvelles façons de concevoir l’hôpital. Cette anthologie rassemble des textes majeurs d’un auteur original, convaincu que la médecine devait chercher dans la poésie ses ressources.
Les sanctions dirigées contre la Russie de Vladimir Poutine sont d’une ampleur inédite. Mais que peut-on en attendre ? Dans un livre tout juste paru, l’historien Nicholas Mulder explore les origines et les ambiguïtés d’un instrument conçu, dans les années 1920, pour repousser le spectre d’une nouvelle guerre.
Eyal Weizman milite en faveur de l’architecture forensique, qui révèle au public l’étendue des destructions causées par un conflit afin de leur donner statut de preuve dans le cadre d’un procès.
L’assassinat ciblé semble de plus en plus s’imposer comme une nouvelle manière de faire la guerre. À partir d’une comparaison entre les États-Unis et Israël, Amélie Férey explore les discours consistant à légitimer cette pratique difficilement compatible avec le libéralisme politique.
Trois historiennes abordent de manière renouvelée la guerre d’Algérie. Leurs recherches mettent en lumière les effets de la violence sur les populations, ainsi que les traumatismes des soldats français et des combattantes algériennes.
Pourquoi les démocraties perdent-elles certains conflits ? Par défaut de démocratie, répond Élie Baranets, exemples à l’appui.
Si elle est sans règles, la guerre irrégulière n’est pas sans techniques. Les stratèges occidentaux se sont inspirés tout au long du XXe siècle des expérimentations asiatiques pour faire face aux mouvements insurrectionnels – au risque de corrompre les armées régulières.
Après avoir analysé le projet impérial de surveillance mis au point par l’espionnage anglais, l’historienne Priya Satia revient sur les liens entre impérialisme, représentations sociales et violence en Grande-Bretagne aux XVIIe et XIXe siècles, à travers une étude consacrée aux armes à feu.
Le droit international est aujourd’hui en pleine mutation et V. Pratt espère qu’il devienne très vite un droit cosmopolitique, qui dépasserait le principe de souveraineté des États pour protéger les individus. Mais cette évolution est-elle réellement souhaitable ?
Faut-il assimiler « Révolution française » et « Terreur » ? Est-il inévitable qu’un projet révolutionnaire vire à l’autoritarisme ? Annie Jourdan examine à nouveaux frais les récits classiques de la Révolution française, et propose une nouvelle interprétation de la Terreur.
Un ouvrage propose une synthèse sur le génocide des Tutsis en 1994, depuis le début de la guerre jusqu’à la mise en place de la politique mémorielle. Au-delà, il retrace l’histoire du Rwanda sur le temps long du XXe siècle, en insistant sur les constructions coloniales et ethniques.
Divisé par la guerre, foyer parmi d’autres de l’islamisme transnational, le Yémen est aussi un pays de flux dont le rapport au monde est sans cesse “contrarié”, selon L. Bonnefoy, qui nous en livre ici une histoire critique et nuancée.
Deux sociologues ont étudié la correspondance échangée, au début des années 1960, par un couple d’instituteurs séparés par la guerre, puis par la mort. À travers cet itinéraire intime, ils retracent les mutations de la société française.
Pourquoi penser que tuer et laisser mourir sont deux choses différentes ? Qu’un médecin qui administre une substance létale à un malade en phase terminale est plus coupable que s’il lui refusait des soins ? Après tout, les conséquences sont les mêmes, et c’est à leur aune qu’il faut juger les actes, suggère Jonathan Glover.
Nos outils juridiques sont-ils adaptés pour faire face à cette forme inédite de violence politique qu’est le terrorisme ? Comment penser un conflit sans État, territoire ni règles ? Et comment prévenir les crimes terroristes sans porter atteinte aux libertés ? Antoine Garapon et Michel Rosenfeld s’interrogent.
Pour Norberto Bobbio les relations internationales ne doivent plus se comprendre exclusivement comme des rapports de force. La « paix juste » à laquelle il appelle suppose la construction d’un État fédéral mondial. Mais comment penser un tel contrat entre les nations ?
Hanna Rose Shell examine la logique du camouflage depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Homme ou animal, caméléon ou soldat, il s’agit de voir sans être vu, de dissimuler son corps dans un environnement changeant – d’apprendre à devenir invisible.
Une historienne revient, par le biais de l’histoire compassionnelle, sur un épisode méconnu : la révolte des Taiping (1851-1864), la plus grande guerre civile de l’histoire de l’humanité avant le XXe siècle, qui amorce en Chine plus d’un siècle de violences.
En s’appuyant sur des données issues de 170 pays sur une période de cinquante ans, M. Ross explique pourquoi le pétrole est une malédiction, pourquoi certains y ont échappé et comment davantage de pays pourraient transformer cette malédiction en atout.
La guerre civile en Syrie entre dans sa quatrième année et son bilan ne cesse de s’alourdir. Dans son ouvrage consacré au régime autoritaire de Bashar al-Asad, S. Belhadj montre que ce conflit n’est pas d’ordre communautaire, mais qu’il naît d’un conflit social profond.
Le drone est-il une forme radicale de chasse à l’homme mise en place par l’administration américaine ? Ou seulement un moyen militaire, qui peut être mis au service de fins diverses, des plus légitimes aux plus barbares ?
E. Pasquier confronte les deux grands théoriciens du Droit que furent Carl Schmitt et Hans Kelsen : d’où il ressort que les frontières entre décisionnisme et conventionalisme sont brouillées, tout comme celles entre le Droit et l’État.
Dans un ouvrage de référence, Adam Tooze s’efforce de relire l’histoire du IIIe Reich – depuis la lutte contre le chômage jusqu’au génocide des Juifs – à travers le prisme de l’économie. Il montre que l’effort d’armement et l’effort de guerre ont été financés par la fiscalité, l’épargne forcée et l’exploitation des territoires occupés en Europe.
Toutes les vies n’ont pas la chance d’être regardées comme telles, et certaines, les plus précaires, se perdent dans l’indifférence. Comment expliquer cette démarcation ? Que lui opposer ? La philosophe Judith Butler revient sur la manière dont la guerre et ses discours enserrent la gauche libérale dans des contradictions qu’elle se doit d’invalider.