La politique est un métier. Décryptant la carrière de Jean Tibéri, ancien maire de Paris et du Ve arrondissement, L. Godmer en analyse les structures et les ressorts secrets.
Souvent désignées comme un ressort du pouvoir ou un déclencheur de passions politiques, les émotions en politique restent sous-explorées. Le politiste Alain Faure propose de s’en saisir à partir de l’angle des épreuves et des blessures vécues par les élus.
Le royaume franc qui émerge entre le VIe et le VIIIe siècle a promu la diversité politique et religieuse, avant que les Carolingiens mettent fin à ce pragmatisme. Entre Rome et Charlemagne, l’Europe a-t-elle connu un empire ?
Le déclin de l’institution religieuse et l’essor de nouvelles spiritualités évacuent-elles les enjeux de pouvoir et d’autorité ? L’enquête de M. Wood dans les milieux du “New Age” et du méthodisme londonien replace le fait religieux dans ses rapports sociaux de pouvoir en contexte néolibéral.
Au début du XIe siècle, la chute du califat omeyyade s’accompagne d’une fragmentation politique. C’est dans ce contexte singulier, bientôt aggravé par les avancées des chrétiens au nord et des Berbères au sud, qu’a lieu l’effervescence culturelle qui caractérise cette partie du monde musulman.
Le discours peut induire en erreur aussi bien que convaincre du vrai. L’ouvrage salutaire de Clément Viktorovitch rappelle les règles fondamentales de la rhétorique, avec ses pièges et ses ressources.
À quoi tient la longévité du pouvoir marocain ? À sa capacité à adapter sa double logique, impériale et nationale, aux réalités de l’âge néolibéral, argumentent Béatrice Hibou et Mohamed Tozy dans une enquête au long cours sur l’imaginaire de l’État au Maroc.
Le monde numérique, selon Nilam Ram, est le produit de transactions mutuelles entre les technologies et les humains. Il crée de nouvelles formes de connaissances qui renforcent le pouvoir des citoyens et leur capacité à contribuer à une science plus égalitaire.
Si, dans un système républicain, les femmes d’élus n’ont en principe aucun rôle politique à jouer, elles tiennent en pratique un rôle décisif dans la carrière politique de leur conjoint. La sociologue Christelle Gris a mené une longue enquête de terrain sur ces femmes.
Au sein des ministères, les cabinets nourrissent de nombreux fantasmes, entre opacité de leur rôle et toute-puissance des énarques. Institution pluriséculaire au cœur du pouvoir politico-administratif, leur composition s’est pourtant diversifiée et féminisée au cours du temps.
Concurrencés par les réseaux sociaux, critiqués pour la supposée influence éditoriale de leurs propriétaires, les médias traditionnels ont-ils encore un rôle à jouer aujourd’hui ? Comment les transformations contemporaines ont-elles affecté leur fonctionnement, leur contenu, leur écho ?
Comment les citoyens se représentent-ils le pouvoir du Président de la République ? L’analyse des lettres envoyées à l’Élysée éclaire le rapport des citoyens à l’exécutif et le rôle d’un service invisible : celui des courriers de la Présidence.
Les psychiatries soviétiques et américaines n’ont pas la même histoire. Mais elles ont été conçues, chacune à leur façon, comme des instruments de contrôle destinées à réprimer les comportements déviants.
Au-delà de la légende noire qui l’entoure, l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, incarna à la fois la maternité et les vertus chrétiennes, non sans jouer un rôle politique et diplomatique.
Éliane Viennot poursuit sa réflexion sur l’histoire des inégalités, des hiérarchies et des disqualifications qui ont frappé les femmes. Organiser légalement leur sujétion ne suffit pas ; il faut aussi la légitimer.
Dans les années 1930, militer pour la science, c’est affirmer qu’elle est un facteur de progrès et de justice sociale. À partir des années 1970, avec la bureaucratisation de la recherche, la question de son indépendance vis-à-vis des puissances politiques vient diviser les mouvements rationalistes.
Si l’évaluation par les pairs relève de pratiques routinières de l’activité scientifique, elle est depuis vingt ans devenue un outil de gouvernement des conduites des universitaires autant qu’un instrument dans la reconfiguration du pouvoir scientifique.
Quentin Skinner a profondément renouvelé l’histoire des idées en insistant sur la nécessité de considérer les œuvres philosophiques comme des interventions dans les débats politiques en cours. Il revient dans cet entretien sur les principaux aspects de son travail.
La philosophie politique de Canetti tient à son analyse de la masse, qui peut être répressive ou libératrice, terrorisante ou résistante. Car la masse sert les despotes, mais, en se métamorphosant, peut aussi ouvrir aux révolutions.
En Russie, le discours anti-corruption est devenu une arme politique : en médiatisant la condamnation des pratiques douteuses de hauts responsables politiques, le pouvoir en place, pourtant corrompu, neutralise ses ennemis tout en désamorçant les accusations de malversation à son encontre.
L’historien Guillaume Lachenal est parti sur les traces du docteur David, qui fut en poste à Wallis-et-Futuna puis au Cameroun dans l’entre-deux-guerres. À travers cette figure méconnue, son enquête met en lumière les dérives autoritaires de la médecine coloniale.
Afin de rendre accessible au plus grand nombre leur sociologie interactionniste très originale, Randall Collins et Maren McConnell revisitent les carrières d’hommes d’État et d’entrepreneurs. Avec pour ambition de résoudre un vieux problème : de quoi sont faits les chefs ?
« Parricide », « tyran », « monstre » : c’est peu dire que le dernier empereur julio-claudien n’a pas bonne presse. À l’aide d’une imposante documentation, Donatien Grau étudie l’image de l’empereur honni, du Ier siècle de notre ère jusqu’à aujourd’hui. Le roman de Néron se donne à lire comme une histoire de l’Occident.
Dans nos sociétés, la médecine académique est une référence centrale. À partir de l’histoire de l’homéopathie, Olivier Faure livre une grille de lecture qui permet de considérer autrement les médecines dites « alternatives ».
Un ouvrage collectif richement illustré et documenté récapitule l’histoire du Collège de France, et retrace son étonnante continuité depuis son fondateur François Ier aux modernes cours en ligne.
Métropole européenne dynamique, Madrid a été très marquée par la crise économique de 2007. L’historien Bartolomé Bennassar revient sur son développement et son rôle politique depuis le Moyen Âge, dans une véritable biographie de la capitale espagnole.
Comment s’organise le dépistage du sida en France et quels sont ses enjeux ? Analysant les catégories mobilisées par les agents qui l’effectuent, Maud Gelly montre que l’ambition d’un dépistage généralisé est subordonné de fait à un ciblage des populations, la protection de la population primant sur la prise en charge des séropositifs.
Un ouvrage de synthèse fait le point sur l’apport des études sur les sciences et les technologies en matière de philosophie politique. Un éclairage précieux sur les rapports entre le savoir et le pouvoir, et notamment sur la formation du débat public.
Dans son cours de 1980, Foucault, après ses recherches sur le « pouvoir-savoir », donne une place nouvelle au sujet – un sujet qui s’éprouve dans l’injonction à parler de soi pour mieux se soumettre à l’autre.
Dans son Séminaire de 1999-2000, Derrida pense le pouvoir théologico-politique à partir de la peine de mort, et montre en quel sens, même lorsqu’un État l’abolit, il n’en finit jamais complètement avec elle.
Comment produire une histoire du pouvoir et de la violence en contexte colonial qui ne se réduise pas au seul discours de l’État, mais prenne toute la mesure de l’historicité des sources ethnographiques et archivistiques ? M. Naepels répond à cette question à partir d’une enquête de longue haleine en Nouvelle-Calédonie.
Le sociologue Arnaud Esquerre livre une réflexion sur le rapport que l’État entretient avec les corps de défunts. S’inscrivant en faux contre l’idée d’une négation occidentale de la mort, il montre comment se joue depuis plusieurs décennies une intégration de plus en plus mobile des restes humains parmi les vivants.
Le Sud de l’Italie fut le foyer de politiques culturelles novatrices au XVIIIe siècle. Étudiant les investissements politiques de l’opéra à Naples, Mélanie Traversier renouvelle l’histoire de l’État napolitain en même temps que celle du théâtre et de la musique.
Des Hilotes aux sans-papiers, la chasse à l’homme serait-elle le paradigme de tout pouvoir ? Telle est l’hypothèse que met à l’épreuve Grégoire Chamayou dans un essai ambitieux et ravageur qui parcourt l’histoire à grandes enjambées.
Non seulement les femmes ont toujours travaillé, mais elles luttent aussi depuis longtemps pour atteindre des positions de pouvoir. En comparant à l’échelle européenne les progressions et les résistances à l’égalité professionnelle, Sylvie Schweitzer dévoile les procédures récurrentes de mise à l’écart des femmes depuis le XIXe siècle.
Sur quoi repose l’efficacité de la cure ? Comment se forme le régime d’autorité des psychanalystes ? En déplaçant son regard vers le champ politique, l’anthropologie dépeint une autorité tout à la fois au cœur et en marge de l’espace social.
Le monde serait-il devenu plat et vide de toute souveraineté ? Ce lieu commun, répété à l’envi par les exégètes de la mondialisation, est tout simplement faux, selon le géographe John Agnew. La souveraineté se déterritorialise mais ne disparaît point : telle est la conclusion de son dernier livre.
En s’intéressant à ce qui se dit des « sectes » en France, A. Esquerre interroge avec finesse les lieux communs qui sévissent habituellement dans le débat. Il ressort de son analyse que l’accusation de « manipulation mentale » occulte la complexité et la singularité de la situation visée – et notamment le dispositif d’Etat ciblant le psychisme des individus.
Comment Nicolas Sarkozy et ses conseillers mettent-ils en récit l’histoire de France ? Quelle doit-être l’attitude de l’historien face aux usages politiques de l’histoire et de la mémoire collective ? Dans un ouvrage militant, Nicolas Offenstadt cherche à analyser les dispositifs de déformation de la réalité historique par le pouvoir actuel.
Que peut nous apprendre la littérature sur l’expérience démocratique de la Chine au XXe siècle ? Dans un livre ambitieux, Sebastian Veg explore les liens qui unissent fiction et démocratie, à la recherche d’une réflexion critique du lecteur-citoyen.