Au rebours des clichés du Paris « pittoresque », les métiers de rue exigent endurance et force physique. Cochères, colleuses d’affiches, marchandes des quatre-saisons, porteuses de pain : autant d’emplois traversés par des inégalités salariales selon le genre et l’âge.
Le pilori a longtemps été considéré comme une peine typiquement médiévale avec toutes les connotations négatives traditionnelles. À l’aune d’une lecture anthropologique, la condamnation au pilori apparaît comme un outil et surtout un rituel, permettant à la société urbaine de se reconstituer.
Cafés révolutionnaires, caboulots des faubourgs, cabarets aux bals éclatants, brasseries ouvertes toute la nuit : le bistrot possède une riche histoire qui nous parle de divertissements et de séditions, mais aussi de la solitude des zones aujourd’hui enclavées.
Passerelle entre l’Empire romain tardif et le haut Moyen Âge, charnière entre l’Orient romain et les royaumes de l’Ouest, Ravenne a été davantage qu’une capitale : une entité politique au croisement de plusieurs mondes.
Gardant en mémoire que l’histoire ne peut se faire, ni se comprendre sans la géographie, David Chanteranne revisite les rapports complexes que les hommes d’aujourd’hui entretiennent avec les grandes figures de France qui, de leur vivant comme a posteriori, ont façonné leurs territoires.
Loin de constituer un monde gris et uniforme, les grands ensembles d’habitat social érigés dans les années 1960 abritent un foisonnement de vies et de mémoires, comme le montre Renaud Epstein à partir d’une importante collection de cartes postales les figurant.
Le Marché international des professionnels de l’immobilier se tient chaque année à Cannes. S’y promener est instructif : on y voit la manière dont les villes tombent sous l’emprise des marchés et comment certains élus locaux peuvent tomber sous le charme de grandes firmes.
Loups, chats, chevaux et, maintenant, rats. Sont-ils des objets de dégoût, vecteurs de la peste, ou bien des aides utiles au nettoyage des détritus ? Après le rat des villes et le rat des champs, voici le rat de l’histoire !
Des souks de Nouakchott aux gratte-ciels de Dubai en passant par les ruines de Raqqa ou les rues de Ramallah sillonnées par les chars israéliens, les villes du Maghreb et du Moyen-Orient offrent une multiplicité de configurations urbaines unies par une même matrice culturelle.
Une enquête ethnographique montre que les citadins sont loin d’être indifférents à leur entourage public, qu’il s’agisse de faire l’aumône, se disputer, se livrer à la sociabilité pure ou encore perpétuer mais aussi combattre les discriminations.
Les terres bâties représentent une valeur patrimoniale considérable, mais méconnue. Alain Trannoy & Étienne Wasmer la mettent ici en lumière, pour en identifier les facteurs, et aussi pour permettre une discussion sur sa distribution, et son éventuelle taxation.
Dans un ouvrage extrêmement ambitieux, Scott Cummings retrace comment avocats et juristes se sont mobilisés pour faire de Los Angeles une ville plus inclusive. Son analyse lui permet d’interroger l’efficacité du répertoire d’action juridique dans les luttes sociales.
La canicule est un phénomène météorologique intense, mais aussi une catastrophe sociale et urbaine. C’est ce que révèle l’été 1995 à Chicago : l’environnement local et l’absence de politique publique conséquente furent pour beaucoup dans le lourd bilan.
Qu’est-ce qu’un “bon parent” dans la ville ? Entre menace perçue et prise d’autonomie, l’enquête menée par Clément Rivière montre les désirs et les injonctions contradictoires auxquels font face les parents dans l’encadrement de leurs enfants.
La renaturation des villes offre plusieurs avantages sur le plan sanitaire, urbanistique et économique. Mais les potagers urbains peuvent aussi devenir le cheval de Troie de la gentrification. Leur culture est-elle vraiment une contre-culture ?
Des centaines d’espèces se sont acclimatées aux conurbations modernes. Qu’est-ce qui pousse les animaux à aller vivre en ville ? Au-delà de la dégradation accélérée de la nature, il faut repenser la notion même de sauvage, pour inventer une « éthique des relations asymétriques ».
Les efforts pour faire de Delhi une ville « globale » s’accompagnent d’une destruction de la nature et des communs, ainsi que d’une relégation des pauvres à la périphérie. L’évolution de cette métropole témoigne du besoin urgent de concilier justice écologique et justice sociale.
Comment le néolibéralisme modifie-t-il notre espace ? Depuis un demi-siècle, une nouvelle géographie du capital entraîne la mise en concurrence des territoires, la financiarisation de l’immobilier, la gentrification des villes et l’éviction des classes populaires.
Loin d’être unifiée autour des principes du wahabbisme, l’Arabie Saoudite connaît de profondes divisions sociales. Les militants islamistes prospèrent dans les marges péri-urbaines des villes saoudiennes.
Le rythme galopant de l’urbanisation va de pair avec l’incapacité de l’Inde à fournir les services de base à l’ensemble des citadins. Quand les pouvoirs publics concentrent les grands projets dans les mégalopoles, les petites villes bricolent des solutions hétéroclites, renforçant la ségrégation.
Quels sont les leviers à actionner pour sortir du tout-automobile ? La déshabituation à la voiture passe par de nouveaux modes de déplacement (vélo, train, bus) et un « permis de mobilité » offrant une plus grande agilité.
En Inde, la croissance urbaine est si rapide qu’en quelques années des villes jaillissent sur des zones agricoles. Pour convaincre les paysans de céder leurs terres, les promoteurs les associent à l’actionnariat de leurs entreprises. Ce modèle inédit d’urbanisation met en péril la démocratie locale.
La voiture est partout. Le succès de la motorisation s’explique par l’adéquation entre une marchandise et les aspirations des individus, en lien avec l’essor de la consommation et l’appétit de mobilité urbaine. Voiture-autonomie ou aliénation automobile ?
Le sol des villes est partout et gravement pollué, du fait d’activités industrielles aujourd’hui disparues. Une pollution invisible et indifférenciée, qui vient apporter une nuance de taille aux théories de la justice environnementale.
Ville emblématique du progressisme californien, San Francisco est aussi la championne des inégalités sociales. La géographe Sonia Lehman-Frisch cartographie les ambiguïtés de cette cité singulière qui continue à être le porte-drapeau de l’innovation aux États-Unis.
Quoi de commun entre Berlin et Le Caire à la fin du XIXe siècle ? L’historien allemand Joseph Ben Prestel fait le pari de rapprocher ces deux villes pour s’interroger sur la frontière entre l’Europe et le Moyen-Orient et sur les présupposés de l’orientalisme.
À partir d’une enquête menée dans deux quartiers gentrifiés, les Pentes de la Croix-Rousse et le Bas-Montreuil, Anaïs Collet déconstruit la catégorie de « bobos » et contribue à l’analyse des recompositions des classes moyennes et supérieures.
Lille connaît d’importantes transformations depuis les années 1980, sous l’effet de politiques urbaines et culturelles de « métropolisation » visant à restituer à l’agglomération son attractivité. Celles-ci n’ont cependant pas amélioré les conditions de vie des classes populaires de la ville, qui reste traversée par de fortes inégalités sociales.
Les transformations de la société allemande et de l’Europe se lisent à même les rues de Berlin. Champ de ruines en 1945, c’est aujourd’hui l’une des destinations les plus prisées d’Europe. Un petit ouvrage revient sur ce qui fait d’elle une capitale d’exception.
« Nourrir les villes nécessite des efforts gargantuesques, qui ont sans doute davantage d’incidences physiques et sociales sur nos vies et notre planète qu’aucune autre de nos activités. » Synthétique et accessible, le livre de l’architecte anglaise Carol Steel dresse un bilan édifiant de l’évolution de l’approvisionnement alimentaire.
Ni passante, ni piétonne, la flâneuse a été laissée en dehors des livres d’histoire. Pourtant, la flânerie est liée à l’émancipation, et aussi à la révolte. L’espace urbain serait-il un enjeu féministe ?
Le Kamasutra écrit au IIIe siècle n’est pas seulement un ouvrage érotique : c’est aussi un traité d’art de vivre pour les citadins aisés, quelle que soit la caste à laquelle ils appartiennent, quelle que soit leur sexualité, et qu’ils soient étalon, taureau ou lièvre, éléphante, jument ou hase.
Anthropologue de la ville, Michel Agier revient sur ses recherches dans un ouvrage qui fait le point sur les concepts qui permettent de « penser la ville » aujourd’hui, à l’aune de ses espaces délaissés ainsi que des activités de ceux qui l’habitent.
La légende glorifie le mouvement, le brassage des cultures ; les chiffres mettent en évidence une ville vidée de ses forces productives, sédentaire et sous perfusion étatique. Ceux qui partent sont les groupes sociaux produits par la société industrielle. Restent les pauvres qui, depuis la fin des années 1980, singularisent sociologiquement Marseille.
Que devient l’alimentation des pauvres quand ceux-ci s’urbanisent ? La majorité des études en histoire de l’alimentation se sont focalisées sur l’alimentation des élites. Michel Bonneau propose, en faisant feu de tout bois, de retrouver la trace de repas évanouis.
Le sociologue Nicolas Jounin a invité ses étudiants de Paris 8 à étudier les quartiers huppés du 8e arrondissement. Il livre le récit de cet apprentissage des barrières sociales par de futurs sociologues.
Métropole européenne dynamique, Madrid a été très marquée par la crise économique de 2007. L’historien Bartolomé Bennassar revient sur son développement et son rôle politique depuis le Moyen Âge, dans une véritable biographie de la capitale espagnole.
Ville globale où triomphe aujourd’hui le néolibéralisme urbain, Chicago est aussi le lieu d’une ségrégation raciale unique dans le pays. Portrait de la « second city » au regard des questions raciales, par deux historiens associant avec brio micro histoire et histoire totale.
Pour Ch. Guilluy, il y a deux France : la France des métropoles, où les opportunités sont grandes, et la France périphérique des villages, où les populations ont le sentiment d’être ignorées et délaissées par les politiques publiques. L’opposition a fait couler beaucoup d’encre. Elle est très largement discutable, sans doute plus idéologique que scientifique.
On ne peut pas comprendre la société japonaise si on ne prête pas attention aux rapports que ses habitants entretiennent avec l’espace. Le Vocabulaire de la spatialité japonaise en détaille la richesse et la complexité.