L’évaluation aléatoire est à la mode. Initialement surtout développée dans le champ de l’économie du développement, elle s’est maintenant imposée pour nombre de politiques publiques. Yannick L’Horty et Pascale Petit présentent l’intérêt et les limites de ce nouvel outil au service de l’évaluation des politiques sociales.
La Vie des idées et le CESDIP vous invitent à un débat, animé par Fabien Jobard, entre les auteurs du dossier publié sur notre site, autour du thème : « Peut-on faire confiance à la police ? ».
Cet essai consacré au don d’organes entre vifs propose une analyse philosophique et psychologique qui s’appuie sur une expérience clinique. Il examine certaines difficultés médicales et éthiques rencontrées par le don de foie et tente d’éclairer les ressorts fantasmatiques d’une pratique qui semble inspirer aux médias comme aux politiques un engouement sans condition.
Les conditions extrêmes en situation de catastrophe rendent impossible l’exercice d’une médecine d’urgence où chaque victime reçoive des soins adaptés. Il faut alors choisir, trier et, parfois, laisser mourir. En suivant les enquêtes menées par Sheri Fink à la Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina, F. Leichter-Flack montre la nécessité d’une préparation éthique à la catastrophe.
Comment comprendre et rendre compte des catastrophes ? Désignent-elles simplement des risques qui se sont réalisés ? Gaëlle Clavandier plaide ici pour une distinction claire entre les deux notions. Loin d’être soluble dans la logique du risque, la catastrophe renvoie à la constitution d’un nouveau paradigme au sein des sciences sociales.
Cette étude montre que, contrairement aux idées reçues, les PDG et des superstars du sport ou du divertissement ne sont pas les premiers responsables de l’accroissement des inégalités. C’est l’évolution des rémunérations des cadres de la finance qui a en fait le plus contribué à ce phénomène.
Longtemps, l’État tunisien s’est targué de défendre la laïcité et les droits des femmes : cet écran de fumée dissimulait les abus du régime et justifiait la complaisance de la classe politique française. Une mise au point s’impose à l’heure où la révolution de jasmin ouvre la voie à une révision législative et institutionnelle.
Comment réformer la police pour mettre un terme à la corruption et au localisme sans couper le lien avec les citoyens, ni perdre en légitimité ? Tel est le dilemme auquel la municipalité new-yorkaise fut confrontée au début du XXe siècle, et qui éclaira plus tard la mise en œuvre du « community policing » dans les années 1970-1990.
Les gated communities, ou ensembles résidentiels fermés, passent pour des ghettos où les nantis choisissent de se retirer, par peur de l’autre et désir exacerbé de sécurité. Selon Eric Charmes, un tel jugement gagnerait à être nuancé : plusieurs des critiques suscitées par les gated communities sont mal fondées
Dieter Plehwe décrit comment les différents services postaux européens, dans un contexte de crise du fordisme et de régulation étatisée, ont dû se positionner face à de nouveaux groupes innovants aux politiques d’expansion agressives. Il montre le rôle décisif joué par les gouvernements nationaux et l’intrication des acteurs privés et publics, des régulations nationales et européennes.
Dès le début des années 1990, la Poste a transformé son offre pour l’adapter au contexte particulier des « zones urbaines sensibles ». Revenant sur une enquête ethnographique menée dans les années 2000, Yasmine Siblot montre comment le service public s’est redéfini, entre l’action publique et l’action commerciale.
La libéralisation totale du secteur a eu lieu le 1er janvier 2011 : à ce jour, peu de conséquences se sont fait sentir. Cela signifie-t-il que l’ouverture européenne des services postaux n’a pas eu d’impact sur la poste française ? Ou, au contraire, que la plupart des transformations avaient déjà été amorcées ou même entérinées avant cette date fatidique ?
La trajectoire de la poste britannique montre le lien entre ouverture à la concurrence et modernisation d’un grand service public. Si les conditions d’emploi et de travail en ont subi les conséquences, la négociation collective est restée forte dans l’entreprise. La rigueur budgétaire consécutive à la crise financière complique cependant ce dialogue social.
Le sociologue prenant pour objet l’usage de la force par la police se trouve face à un obstacle de taille : comment traiter d’un objet qui se laisse tout à la fois rarement et difficilement observer ? Cédric Moreau de Bellaing présente les enjeux théoriques de l’enquête qu’il a consacrée aux plaintes pour violences policières adressées à l’Inspection générale des services.
Connue pour la violence de ses interventions, la police de Rio de Janeiro se caractérise depuis longtemps par un manque de crédibilité et d’efficacité. Les citoyens ne sont guère incités à s’adresser à elle pour porter plainte si bien que les actes criminels sont sous-déclarés et la régulation des conflits peu institutionnalisée.
L’État indien lutte depuis plus de quarante ans contre la guérilla maoïste. Cette confrontation a aujourd’hui gagné en ampleur et le gouvernement de Manmohan Singh a fait de la lutte contre ces mouvements une de ses priorités. Cet article revient sur les sources et l’actualité du maoïsme indien.
En réponse au compte rendu que Philippe Coulangeon a consacré à leur ouvrage dans la Vie des idées, François Dubet, Marie Duru-Bellat et Antoine Vérétout ont souhaité réagir pour réaffirmer que l’école ne doit pas représenter la seule voie d’accès au salut social. Réponse suivie de la réponse de P. Coulangeon.
La liberté de la presse doit-elle être encadrée par la voie judiciaire, ou limitée par des mesures de police ? C’est à cette question que Goethe, poète au service du prince, tente de répondre en 1816. L’historien Paolo Napoli dissèque les arguments d’une controverse qui oppose les mérites respectifs du « flic » et du juge en matière d’ordre public.
Comment expliquer le fort degré de confiance et de légitimité dont jouit le bobby outre-Manche ? Dans ce remarquable article de synthèse, deux sociologues montrent que la capacité de la police à inspirer confiance est à la fois un gage de son acceptation et de son efficacité. A contrario, une police qui fait peur se prive de la participation des citoyens à la production de l’ordre social.
Sous le second Empire, déjà, une réforme vise à rapprocher les policiers de la population parisienne. Fondée sur les principes de transparence et de circulation, elle met les agents au contact des citoyens, modifiant ainsi les conditions de production de l’ordre public. La légitimité de l’institution policière en sort transformée.
Conçue à l’origine pour signaler une infraction, la plainte est devenue un outil de gestion et de mesure du travail policier. Fruit d’une enquête de terrain menée dans un commissariat, cet article montre comment les agents tentent, avec plus ou moins de réussite selon leur position dans la hiérarchie, de préserver leur autonomie face aux impératifs de la culture du résultat.
Deux révolutions et deux présidents déchus en quelques semaines. Longtemps présenté comme une région rétive à la démocratisation et au changement, le monde arabe est secoué par un vent de révolte, qui pourrait mettre fin au mythe de « l’exception autoritaire » arabe.
Nés d’initiatives spontanées dans les années 1970, les espaces alternatifs new-yorkais revendiquent l’esthétique du taudis, héritée de leur précarité, en opposition au monde de l’art établi et marchand. Depuis, ces lieux d’avant-garde artistique ont tendance à disparaître ou à intégrer des structures institutionnelles.
Irène Théry répond à la recension par Ariane Poulantzas de son ouvrage, Des humains comme les autres, et notamment à l’accusation d’idéalisme. Accusation injuste, selon elle, et qui masque la réalité elle-même, sur laquelle se fonde son enquête.
Comment parler de Jean Genet sans verser ni dans la dénonciation, ni dans l’hagiographie ? Sciences sociales et critique littéraire permettent de mieux comprendre sa trajectoire et les aspects les plus complexes de son œuvre : la dialectique entre exclusion et intégration sociales, la fascination pour le nazisme, la pérennité du ressentiment.
Les révoltes qui secouent le Maghreb ont été déclenchées par des vagues de suicides qui embarrassent fort les autorités musulmanes. Ces phénomènes sont-ils l’indice d’une sécularisation des sociétés, voire d’une transgression radicale de l’interdit coranique ?
Quelle est la population des députés français depuis les débuts de la Cinquième République ? Au travers d’une analyse statistique de la composition des 13 législatures, A. François et E. Grossman dressent un portrait du député français et suivent l’évolution des pensionnaires de l’Assemblée Nationale. Il apparaît que la structure socioprofessionnelle en est particulièrement stable.
Trente ans après une enquête ethnographique sur une cité ouvrière en Seine-Maritime, Jean-François Laé et Numa Murard, sociologues, retournent à la rencontre des anciens habitants. Mais la cité a été détruite. Il n’y a plus de traces. Munis d’une seule photographie de l’époque, nos sociologues arpentent les quartiers populaires de la ville. Extrait de leur journal d’enquête.
Les cours constitutionnelles prennent dans nos vies une place de plus en plus importante. Mais quelle est leur légitimité ? Pasquale Pasquino montre que la théorie politique ne peut ignorer l’existence de ces nouveaux corps, pas plus qu’elle ne peut ignorer les limites des décisions de la majorité.
La Vie des Idées vous propose un aperçu des débats organisés lors des Journées de l’économie à Lyon en novembre 2010. Quatre entretiens évoquent les questions du logement social, des crises financières, de la gestion locale et de la fiscalité sur l’héritage.
À l’heure où la puissance chinoise s’impose, le Japon se rapproche des pays asiatiques. Ce retour vers l’Asie n’est pas univoque et le Parti démocrate, depuis peu au pouvoir, n’est pas en mesure de changer le cap de la politique étrangère japonaise.
Depuis plusieurs années, le droit communautaire et les droits nationaux, tout particulièrement en France et en Italie, mettent en place une politique de contrôle de l’immigration utilitariste et répressive. La pénalisation des politiques migratoires montre que la coopération européenne peut être synonyme de régression du droit.
Le contexte international, et le rapprochement économique et diplomatique entre les puissances florissantes d’Asie, semblent conforter la proposition japonaise de créer une communauté asiatique. Mais qu’en pense la Chine ?
La mondialisation de l’économie implique-t-elle inévitablement une baisse de nos protections sociales ? Le penser, c’est comme le montre Jean-Fabien Spitz considérer qu’elles ne sont qu’un luxe auquel il faudrait renoncer en période de crise, alors qu’elles sont plus profondément ce qui permet à une société démocratique de fonder sa propre légitimité.
Lula avait promis d’être le président des pauvres. Porté par une conjoncture économique favorable, il a su réduire la pauvreté en revalorisant et en élargissant les minimas sociaux. Mais n’ayant su s’attaquer aux racines des déséquilibres sociaux, il laisse à son successeur un pays encore miné par les inégalités.
Vu des polders, le modèle social français semble particulièrement généreux. Pourtant, la comparaison internationale ne se résume pas à la mise en avant d’indicateurs décontextualisés. La comparaison des relations sociales en France et aux Pays-Bas que mène Antoine Bévort amène à relativiser l’expression néerlandaise « Vivre comme Dieu en France ».
Où s’arrêteront les frontières de la communauté est-asiatique ? L’Australie tente de s’amarrer à ce projet en devenir, comme un contrepoids au géant chinois. Mais son héritage occidental la maintient, aux yeux de ses partenaires asiatiques, en marge plutôt qu’au cœur du projet.
Satish Desphande et Mary John reviennent sur les arguments contre la prise en compte de la caste dans le recensement indien et défendent l’idée que le refus de voir la caste contribue au maintien de cette institution. Leur plaidoyer en faveur de l’intégration de la caste dans le recensement fait écho aux débats français sur les statistiques ethniques.
Un numéro spécial de revue coordonné par les sociologues américains David Harding, Michèle Lamont, Mario Small examine les relations entre culture et pauvreté. Les auteurs reviennent sur la culture de la pauvreté, concept devenu tabou dans les années 1970 à cause de sa récupération conservatrice et raciste. Une vision plurielle et souple de la culture leur permet de dénouer le lien entre culture et race qui alimente la rhétorique conservatrice.
Quels rapports entre chômeurs du Québec, sans-papiers en Irlande, sans-logis au Japon, Gens du voyage en Italie, anciens prisonniers en France ? Il s’agit de populations socialement défavorisées et isolées politiquement. La vie des idées publie l’introduction du livre Les Mobilisations sociales
à l’heure du précariat .