Notre définition de la nature ne correspond pas à celle des Grecs et des Romains. Du « mois du bœuf » à « dame Forêt », les Anciens ne songeaient pas à séparer les hommes de leur environnement animal ou végétal.
Nous ne voulons pas voir nos déchets, nous voulons à peine y penser, mais ils ont pourtant beaucoup à nous dire : sur nos manières, sur nos vies et plus encore sur ce que nous faisons aujourd’hui de notre monde.
L’ardeur des pillards est cette dynamique d’épuisement du vivant dont Hicham-Stéphane Afeissa esquisse les contours en mobilisant l’ensemble du champ de la pensée écologique.
Selon F. Monferrand, Marx aborde le capitalisme comme une vaste entreprise de mise au travail de la nature – au double sens des corps humains et des environnements non-humains. L’auteur élabore ainsi les contours d’un “naturalisme historique” dont il montre l’actualité politique et écologique.
Kant écologiste ? Ni véritable artisan d’une science environnementale, ni penseur de l’écologie politique, Kant constitue cependant, selon Christophe Bouriau, une ressource philosophique majeure pour affronter les défis écologiques actuels.
John Bellamy Foster présente une approche marxiste de la crise écologique fondée sur le matérialisme écologique, l’hypothèse de la « rupture métabolique » et la dialectique de la nature.
En raison du bouleversement climatique, l’effondrement forestier guette. Or il est urgent de définir des politiques ambitieuses fondées sur une forêt diversifiée, garante de la formation des sols et du cycle de l’eau. Alors, parlons croissance – mais croissance des arbres !
Les violentes conséquences naturelles du réchauffement climatique, pour le marxiste Andreas Malm, exigent de repenser la distinction entre rapports sociaux et causes naturelles, pour mieux comprendre leur combinaison et lutter efficacement pour le climat.
Nous ne voyons pas véritablement le vivant : telle est la thèse d’Estelle Zhong Mengual qui, dans un texte mêlant observations personnelles, analyse des œuvres visuelles et littéraire, et nous invite à porter une autre forme d’attention au monde naturel.
Comment réconcilier les travailleurs et l’écologie ? En rappelant que celle-ci doit s’intéresser aux modes de production autant que de consommation. Se constituerait alors un « communisme du vivant » dont Paul Guillibert esquisse les concepts fondamentaux.
L’étude du Club carpatique transylvain, du XIXe siècle à nos jours, permet de comprendre comment la chaîne montagneuse a rejoint le mouvement d’appropriation nationale de la nature, qui a mis aux prises Allemands, Hongrois et Roumains.
Remise en circulation par des films à succès, la notion d’inné fait l’objet de sévères critiques dans le domaine scientifique. Peut-on néanmoins la sauver ?
Karl Marx a souvent été considéré par les mouvements écologistes comme un productiviste, fasciné par le progrès technique et insensible à la nature. Pour J. B. Foster et B. Clark, il est au contraire urgent de réconcilier l’écologie politique avec sa critique du capitalisme.
Pour Malcom Ferdinand, l’exploitation de la nature a autant partie liée avec le colonialisme et l’esclavagisme qu’avec le paradigme techniciste des Modernes. Récemment traduit en anglais, son livre invite à « penser la crise écologique depuis la Caraïbe ».
Peut-on sauver la planète en restant capitaliste ? Hélène Tordjman soutient que ce n’est pas possible, et que pour préserver la nature, il faut sortir du capitalisme - une tâche difficile !
L’environnement est devenu une préoccupation majeure, mais sa prise en compte dans des politiques économiques implique d’en proposer une forme de quantification - or, « mesurer » l’environnement soulève de difficiles questions techniques, mais aussi d’importants choix politiques et sociaux.
Droit à un environnement sain, droits de la nature ou des animaux non humains : les droits environnementaux peuvent-ils servir la cause de l’écologie ? La juriste Diane Roman analyse les voies de concrétisation juridictionnelle de ces nouveaux droits et met au jour leurs avancées, et leurs limites.
Des centaines d’espèces se sont acclimatées aux conurbations modernes. Qu’est-ce qui pousse les animaux à aller vivre en ville ? Au-delà de la dégradation accélérée de la nature, il faut repenser la notion même de sauvage, pour inventer une « éthique des relations asymétriques ».
Dès les débuts de l’époque moderne, les sociétés occidentales débattent et s’inquiètent du climat, de son évolution et de la responsabilité des humains. Sur cette question comme sur bien d’autres, l’idée qu’un grand partage aurait longtemps prévalu entre nature et culture s’en trouve fragilisée.
Le “réensauvagement” revendiqué par les défenseurs de la nature est difficile à définir. Retour à un paradis perdu ? Critique de la modernité ? Le modèle, ou plutôt le mythe des Indiens d’Amérique fait parfois les frais de cette nouvelle idéologie – au mépris des Indiens réels.
Pourquoi le capitalisme est-il si chaotique ? demande Anna Tsing depuis les montagnes de Bornéo saccagées par l’exploitation. Aborder les connexions globales et les idéaux universalistes comme de puissantes mises en récit permet de comprendre et de résister.
Longtemps, l’humanité a divisé ses nuits en deux étapes ; ce n’est qu’avec la révolution industrielle, et le besoin de gagner du temps de travail, que la norme s’impose d’un sommeil continu – la phase d’éveil devenant l’insomnie pathologique.
L’appropriation, l’exploitation et l’asservissement de la nature, selon un courant qui entend renouveler le marxisme à la lumière de l’écologie, mènent le capitalisme à ses limites structurelles. Mais cette crise enveloppe-t-elle les conditions de son dépassement ?
La « compensation écologique » consiste à réparer les dégâts d’un projet d’aménagement par la reconstitution d’un écosystème de même valeur. La nature vient au secours de la nature. Malheureusement, on ne parvient jamais reconstituer un écosystème à l’identique.
L’art des jardins anglais au XVIIIe siècle ouvre une brèche qui nourrit l’invention de nouvelles formes de vie collective. Jacques Rancière démêle les fils de cette filiation complexe.
La modernité s’est construite sur l’idée d’un partage fondamental entre la nature et la culture, entre les humains et les non-humains, entre le monde et l’esprit. Ces distinctions, comme le montre un ouvrage collectif et interdisciplinaire, n’ont désormais plus cours.
Un recueil de textes inédits en français illustre la complexité des modes d’appropriation des ressources naturelles et de la terre dans le monde, du XVIe siècle à nos jours. Des communs ruraux à la marchandisation de l’eau, l’ouvrage invite à s’interroger sur ce que « posséder la nature » veut dire.
Ni les sciences sociales ni les sciences de la nature ne s’attachent aujourd’hui à penser les rapports culturels entre les hommes et les animaux. Pour les comprendre, il faut revoir toutes nos catégories et se défaire, une fois pour toutes, de l’opposition entre nature et culture.
Entre naturalisme et humanisme, à mi-chemin de Perec et d’Adorno, Didier Fassin propose d’envisager les vies humaines selon la variable d’évaluation que leur accorde l’environnement social. Aux morales de compassion se substitue alors l’exigence de justice.
Les sciences sociales doivent-elles prendre modèle sur les sciences de la nature, en particulier sur les neurosciences ? Tel est le problème que posent le dernier livre d’Hartmut Rosa et son concept de résonance.
Quoi de plus ordinaire qu’un pont ? Pourtant, cette structure vivante doit être conçue, puis construite et, enfin, entretenue. Entretien avec un concepteur de ponts de légende, qui est aussi un homme de l’art.
Que devons-nous à la nature ? Et à quelle nature ? Dépassant les éloges dualistes de la wilderness, le philosophe Rémi Beau invite à observer l’ordinaire de la nature. Dans les espaces indéterminés que sont les friches, nous pourrions trouver la source d’un nouveau rapport éthique. Mais pour quelles implications pratiques ?
Face à l’Anthropocène, la philosophe Virginie Maris défend une conception forte de la nature sauvage. Critiquant les évolutions récentes de la pensée environnementale, elle invite à résister contre son recentrement en cours vers un monde humain et seulement humain.
L’épuisement des ressources halieutiques mondiales ne résulte pas tant d’évolutions anarchiques qui affecteraient les océans que de politiques concertées, appuyées par les États, d’industrialisation de la pêche et de maximisation des captures. Au cœur de cette prédation, des armadas de bateaux-usines…
L’écologie politique ne date pas des années 1970, elle est née au XIXe siècle, de la conviction de penseurs progressistes qu’il ne saurait y avoir d’émancipation sans respect de la nature — être de gauche, c’était alors nécessairement être écologiste.
Vous croyiez qu’un arbre se limite à des branches et des feuilles ? Entrez donc dans le monde fascinant des épicéas, des tilleuls et des chênes, une forêt d’entraide et de concurrence où les arbres s’épanouissent grâce à mille ingéniosités.
Qu’est-ce que l’écoféminisme ? Une anthologie présentée par Émilie Hache introduit le lectorat français à ce courant de pensées très divers, qui s’attache à penser le lien entre nature et féminisme loin de tout essentialisme.
À partir des notions-clés de la pensée environnementale aux États-Unis que sont la frontier, la wilderness et l’ensauvagement, William Cronon montre que l’histoire humaine se déploie dans un cadre géographique, grâce à des ressources naturelles qui la marquent profondément. Manière de rappeler que l’écologie est un humanisme.
À la fin du XIXe siècle, le critique d’art et penseur social John Ruskin se retire avec plusieurs disciples dans le Nord de l’Angleterre pour vivre plus proches de la nature. Les idéaux qui les animaient peuvent-ils encore nous guider aujourd’hui ?
Le naturalisme est une conception très influente aujourd’hui dans le monde scientifique. Et très controversée également : on peine à mesurer sa fécondité, voire à le définir. D. Andler, conscient de ses limites, en propose une version critique.