En répondant à la crise, les politiques monétaires des banques centrales ont eu pour effet d’augmenter les inégalités économiques. Cet article expose et critique la manière dont les banquiers centraux essaient de justifier les effets inégalitaires de leurs politiques tout en proposant des alternatives possibles à celles-ci.
Sept ans se sont écoulés depuis le début de la crise économique et politique qu’a traversée l’Islande en 2008. Les tentatives de rénovations de sa constitution, ses positions hétérodoxes en matière de finance et la vivacité politique de sa société civile ont suscité la curiosité certes, pourtant ces faits étonnants peinent encore à mobiliser la science politique.
Le climat est devenu un enjeu majeur de la coopération internationale. Observateur de la COP21 au Bourget en décembre 2015, le sociologue Jean Foyer revient sur les tendances lourdes et les temps forts des négociations climatiques.
Non seulement les principes de l’État de droit sont fragilisés par un état d’urgence installé dans la durée, mais les équilibres institutionnels et les contours de la nation sont mis en cause. Certaines des logiques à l’œuvre ne sont pas sans rappeler la période de la guerre d’Algérie et la transition de la IVe à la Ve République.
L’existence des demandes d’asile fondées sur l’orientation sexuelle, si elles sont peu nombreuses, pose des questions qui concernent toute demande d’asile : selon quels critères, quel degré de persécution distingue-t-on les « vrais » et les « faux » réfugiés ? Et que signifie cette politique de la preuve ?
Comment faire entendre les revendications des mouvements écologistes dans le contexte de l’état d’urgence ? La sociologue Sylvie Ollitrault revient sur les mobilisations des ONG en amont de la COP 21 en les réinscrivant dans l’histoire des mobilisations environnementales.
Quoi qu’en dise sa présidente, le Front National n’a jamais cessé d’être raciste et xénophobe, à en juger par l’opinion de ses adhérents et sympathisants. C’est ce que montre le sondage annuel effectué pour la Commission nationale consultative des droits de l’homme.
Comment expliquer la popularité de V. Poutine en Russie ? Au delà des accusations de manipulation et de propagande, K. Clément retrace l’histoire et les caractéristiques du poutinisme, un système d’idées et de pratiques nourries de patriotisme et d’apathie politique.
Les attentats de janvier 2015 ont donné lieu à des manifestations d’unité nationale sans précédent. Qu’y a-t-il de spécifique à « l’esprit du 11-janvier » en comparaison avec d’autres grands rassemblements historiques ? Le consensus affiché ne serait-il pas le symptôme d’une crise politique ?
Alors que la plupart des pays européens ont entrepris des réformes en profondeur de leurs systèmes éducatifs en vue de les démocratiser, l’école française reste une des plus élitistes. Pierre Merle revient sur la mesure des inégalités scolaires et les réformes nécessaires.
Lynchages, décapitations, cadavres…Les images de violence, en libre diffusion sur Internet, sont souvent occultées par les médias français. Pourquoi montrer ou, au contraire, cacher certaines images ? Toute violence ne serait-elle pas bonne à voir ?
Les professions constituent-elles un ensemble homogène ? Revenant sur une controverse qui a longtemps divisée la sociologie, Florent Champy et Marc-Olivier Déplaude proposent de recourir au concept de « sagesse pratique » pour sortir des impasses du débat actuel sur les professions réglementées.
La Corée du Sud est souvent présentée comme un modèle de transition démocratique. Censée garantir la démocratie, la Cour constitutionnelle de Corée joue dans les faits un rôle ambigu qui entretient des conflits entre élites politiques et société civile.
Au lendemain de la Conférence de Lima sur le climat, les résultats de la coopération internationale en matière d’environnement sont décevants. Les États-Unis et la Chine étant peu disposés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2030, les perspectives futures, et notamment la Conférence de Paris en décembre 2015, ne sont guère plus réconfortantes.
Le mouvement espagnol Podemos émane-t-il vraiment des Indignés ? Construit en tension sur deux modèles de démocratie (participative et plébiscitaire), Podemos dépend de la confluence d’une multitude de mouvements participatifs locaux et de leurs succès électoraux au cours des mois qui viennent.
La réponse au djihadisme ne peut, selon F. Saint-Bonnet, résider seulement dans la répression. Le droit d’exception, comme l’indignité nationale, sont inefficaces, car le djihadiste, qui ne craint pas la mort, n’est pas un criminel classique.
Le sociologue Pierre Merle plaide, en s’appuyant sur des exemples étrangers, pour une refondation de la laïcité scolaire en France. Dans la configuration actuelle, celle-ci avantage de fait les établissements privés qui constituent une forme de séparation sociale aux effets dommageables pour tous, mais surtout pour les plus vulnérables.
Né à la fin des années 1920, le mouvement indépendantiste écossais a connu depuis un succès grandissant, pour devenir aujourd’hui la première force politique en Écosse. En amont du référendum sur l’autodétermination de cette nation qui se tiendra le jeudi 18 septembre, Arnaud Fiasson éclaire l’histoire, le discours et les enjeux d’un nationalisme original, car socio-démocrate et pro-européen.
Depuis les années 1990, le droit est devenu en Chine la principale clé de la modernisation du pays, dans lequel s’échafaude la conscience du et des droits. L’affaire Cui Yingjie – un agent municipal tué par un vendeur de rue alors qu’il le verbalisait – apporte un éclairage intéressant sur cette évolution récente.
« Avons-nous le droit de jouer sur des paris l’avenir de l’humanité ? » Quarante après la première candidature écologiste à la présidentielle, et la parution de son livre-programme, les intuitions et avertissements de René Dumont sont toujours d’actualité.
Instrument utile du gouvernement représentatif, le référendum n’est pas l’incarnation de la démocratie directe que beaucoup veulent y voir. Acte d’acclamation plus que de participation réelle aux affaires de la cité, il doit être encadré par des dispositifs juridiques qui en limitent le champ d’application.
Les politiques d’immigration et d’intégration ont fait l’objet de débats enflammés. Mirna Safi revient sur leurs évolutions depuis deux décennies, marquées par leur caractère sécuritaire, normatif et éloigné des connaissances. Elle suggère des pistes pour sortir de l’impasse où ces politiques se trouvent aujourd’hui.
La pratique du vote par procuration, de plus en plus répandue, reste mal connue. Tant la conception du vote comme acte personnel que les orientations dominantes des études de cet acte de citoyen conduisent à négliger cette procédure. Des universitaires apportent ici des éléments destinés à la construire comme objet d’étude sociologique.
Pour André Gorz, la transition écologique n’aura lieu que si les individus acceptent librement de limiter leur consommation. N’est-ce pas surestimer l’autonomie individuelle et la capacité de révolte – et négliger l’importance des institutions dans la lutte contre tout ce qui nous aliène ?
Le recours à l’expérimentation est de plus en plus souvent cité comme une forme prometteuse de réforme des politiques publiques. Elle permet de faire connaître les effets réels de ces politiques sur leurs bénéficiaires. Encore faut-il que ces résultats soient fondés sur des données objectives et réellement pris en compte.
Ces trente dernières années, la Chine continentale a connu un essor remarquable des activités associatives non-gouvernementales, créant un secteur pluriel qui échappe à la perspective occidentale. Cet article met en lumière les principales caractéristiques du secteur des ONG en Chine pour en proposer une meilleure compréhension.
Nous pouvons enfin lire le comte de Saint-Simon. En publiant la première édition intégrale de ses œuvres, un collectif interdisciplinaire de chercheurs rend sa cohérence à une entreprise qui bouleverse encore les cadres usuels de la philosophie politique et sociale.
Dans cet essai, le philosophe José Luis Moreno Pestaña propose une analyse « au ras du sol » du mouvement du 15 M (en français, les « indignés ») et s’interroge sur la capacité des assemblées de rue à instaurer un véritable processus démocratique.
Il est peut-être temps de rouvrir en France le débat sur la dépénalisation des drogues. La lutte policière contre la consommation et les trafics a montré ses limites, et rien n’est vraiment fait pour encadrer juridiquement l’usage des stupéfiants, alors qu’à l’étranger certains États réfléchissent à un assouplissement de la prohibition.
Dans un contexte de mécontentement social croissant et de crise économique, la Russie se serait-elle éveillée à la mobilisation collective ? Sur la base d’une vaste enquête réalisée dans les provinces russes, la sociologue Carine Clément insiste sur le potentiel d’auto-organisation de mobilisations venues d’« en bas », qui se multiplient sur le terrain de la vie quotidienne.
Pour les républicains, la primaire de l’élection présidentielle de 2012 devait exposer au grand jour la composition de leur parti. Comment répondre à la percée du Tea Party et au réalignement de l’électorat à l’œuvre depuis décembre 2010 ? Si les changements idéologiques ont joué un rôle, les règles mêmes de ce jeu très complexe que sont les primaires fournissent également une réponse.
Cela fait maintenant presque deux ans que l’expression de « guerre contre les femmes » circule dans le langage politique et dans les médias dominants des deux bords du paysage politique, depuis les élections de mi-mandat de 2010, et elle est devenue encore plus répandue au cours des derniers mois. Cette expression est-elle le reflet d’une réalité quelle qu’elle soit ? Ou ne faisons nous ici qu’observer les efforts de la part des conservateurs au sein du Parti républicain d’attaquer Obama dès qu’ils en ont l’opportunité ? Il semblerait que l’on peut répondre « oui » à chacune de ces deux questions.
La pratique de l’échantillon représentatif dans les prises de décision redonne au tirage au sort une place dans les régimes politiques contemporains. La diversité qu’il introduit dans les procédures contribue à renforcer la légitimité démocratique. Il paraît dès lors envisageable, selon Yves Sintomer, d’associer le tirage au sort aux élections elles-mêmes.
Chicago vient de recevoir un sommet de l’OTAN que les manifestants d’Occupy et autres protestataires n’ont guère malmené. L’historien Andrew Diamond prévoyait quelques temps auparavant les limites probables de la mobilisation dans cette ville écrasée par la gouvernance néo-libérale et en expliquait les raisons.
Amérindiens de Guyane, Mahorais de Mayotte, Kanak de Nouvelle-Calédonie, insulaires de Wallis-et-Futuna et de Polynésie : les populations indigènes ont été les oubliées de l’Année des Outre-mer. Mais entre indépendance, autonomie, droits spéciaux, leur présence ancienne dans la communauté nationale amène aujourd’hui une variété de solutions qui font de ces « confettis d’empire » des laboratoires des modes de l’appartenance nationale.
Mayotte a rejoint les rangs des départements français en 2011. Passé presqu’inaperçu, l’événement signale une intégration commencée dans les années 1970 mais qui devra être promue de longues années encore. Le cas de cette petite île de l’océan Indien pose avec force la question d’une sortie des modes de gouvernances coloniaux dans les outre-mer français.
2011 a vu l’organisation d’une très ambitieuse Année des Outre-mer qui devait rendre visibles, débarrassés de leurs oripeaux exotiques, des territoires français marginalisés économiquement, culturellement, et politiquement. Réponse aux mouvements sociaux de 2009, elle devait surtout fonctionner comme vitrine d’une nouvelle manière de penser l’intégration de ces « confettis d’empire ». A-t-elle été à la hauteur de ses promesses ?
Alors que l’Italie vient de célébrer les 150 ans de son unité, des histoires révisionnistes remettant radicalement en cause les modalités et les effets de l’unification de la péninsule fleurissent. Avec la complicité d’une partie du monde politique, cette offensive n’épargne aucun des grands moments de l’histoire italienne. Serait-ce la manifestation d’une crise plus générale du roman national ?
Que sait-on véritablement des coûts et des bénéfices de la redistribution pour les classes moyennes ? Deux études récentes montrent qu’elles sont certes fortement imposées, mais comme la grande majorité de la population – y compris les bas salaires. Les vrais enjeux sont ailleurs, dans la situation privilégiée des 1 % les plus riches et dans l’évolution future des dépenses publiques.
Du partage des butins guerriers aux expériences de démocratie délibérative contemporaines en passant par la sélection des dirigeants politiques, le tirage au sort peut-il être considéré comme un gage de démocratie ? Bien qu’elle introduise une logique d’égalité radicale entre citoyens, propose une méthode impartiale de résolution des conflits et garantit le pouvoir de tous sur tout un chacun, cette pratique ne résume pas à elle seule la démocratie.