En suivant le parcours de Ḥusayn ibn ʿAbdallāh, mamlouk à Tunis ayant connu une belle ascension sociale au XIXe siècle, M. Oualdi nous guide entre l’Empire ottoman, la Tunisie et l’Europe, et en profite pour bousculer les cloisonnements entre historiographie ottomane, coloniale et maghrébine.
Peu d’auteurs dans l’Antiquité avaient un discours sur l’esclavage, mais beaucoup en parlaient tout de même, parfois entre les lignes ou par des voies détournées, afin de le critiquer ou de le justifier.
Marie-Jeanne Rossignol revient aux origines du mouvement pour l’égalité des droits politiques aux États-Unis, dont on situe bien souvent les origines dans une période récente, négligeant la profondeur temporelle et la complexité du phénomène.
Dialogue des religions, échanges marchands, circulation des esclaves, mobilité des savoirs, relations de pèlerinage et de pensée, colonisations, résistances, créolités : tout connecte les Africains au reste du monde.
Le drame du chlordécone aux Antilles illustre la façon dont les inégalités nord-sud et les héritages esclavagistes et coloniaux ont durablement structuré l’action publique dans le domaine de la santé, conduisant à autoriser et maintenir un produit que l’on savait extrêmement toxique.
L’inégalité a une histoire, et celle-ci est toujours complexe, souvent contrariée. En faire le récit est nécessaire, parce que c’est lui qui, nourri de ce que peuvent apporter toutes les sciences sociales, peut conduire à formuler des propositions réalistes en vue d’une plus grande justice sociale.
En écrivant une histoire sociale totale de la Nouvelle-Orléans du XVIIIe siècle, Cécile Vidal propose de la recadrer comme un avant-poste caribéen de l’Empire français plutôt que comme une ville frontière nord-américaine.
En adoptant une approche transnationale, des États-Unis à la France, en passant par l’Angleterre, le Bénin et le Brésil, Ana Lucia Araujo revisite la mémoire de l’esclavage en étudiant ses modalités et leur évolution dans la longue durée.
Les injustices historiques appellent-elles réparation ? Oui, écrit Magali Bessone, car ces injustices, loin d’appartenir à un passé révolu avec lequel nous aurions rompu, ont contribué à façonner nos croyances et nos institutions présentes, et persistent à travers elles.
Le quaker américain Benjamin Lay fut un des premiers militants de l’anti-esclavagisme. En retraçant son parcours, l’historien de l’esclavage Marcus Rediker montre ses liens avec la pensée radicale de la Révolution anglaise du XVIIe siècle.
Les chevelures des personnes afro-descendantes soulèvent les polémiques. Pour l’anthropologue Ary Gordien, la stigmatisation des cheveux crépus tire son origine de la période coloniale et esclavagiste, mais plus récemment aussi de leur association avec le radicalisme politique et culturel.
La Constitution des États-Unis rédigée en 1787 était-elle pro-esclavagiste ? L’historien Sean Wilentz conteste cette analyse communément acceptée en proposant une interprétation inédite des intentions véritables des Pères fondateurs.
À la fin du XIXe siècle, aux confins des États-Unis et du Mexique, un esclave a pu devenir millionnaire en passant maître dans l’invention de soi. La vie extraordinaire de ce caméléon permet à Karl Jacoby d’écrire un brillant plaidoyer pour une histoire sans frontières géographiques ni raciales.
Peu d’histoires de la lutte des Africains-Américains pour l’égalité parviennent à se défaire d’un parti pris idéologique. Caroline Rolland-Diamond propose une impressionnante synthèse qui dégage, derrière les oppositions, les lignes structurantes d’un combat de deux siècles, et toujours en cours.
Florissante, l’histoire des rapports entre race et de santé s’est récemment tournée vers les origines de la médecine aux États-Unis et le rôle décisif que les esclaves africains, morts ou vivants, y ont joué. Une histoire à leur corps défendant et dont pourtant leurs voix émergent.
En 2005, le Conseil représentatif des associations noires de France fait son entrée sur la scène politique. Accueillie avec bienveillance par une majorité d’intellectuels, de médias et de partis politiques, l’organisation censée incarner une alternative modérée au Parti des indigènes de la République souffre aujourd’hui de son manque de représentativité. Cet essai est suivi d’une réponse de Louis-Georges Tin, président du CRAN.
Raflés en Afrique, détenus à Cuba, les esclaves de l’Amistad se révoltent en 1839, avant de rallier les États-Unis où ils sont incarcérés. Les survivants seront finalement rapatriés au Sierra Leone, après une longue tournée publicitaire destinée à payer leur voyage.
Peut-on définir le capitalisme ? En reconnaissant un rôle aux idées économiques et philosophiques dans son développement, ne risque-t-on pas de nier l’importance des conditions matérielles et techniques qui y président ? Les économistes Clément Carbonnier et Geoffrey Hodgson en débattent.
En étudiant les débats politiques et juridiques sur la citoyenneté au prisme de la situation coloniale au XIXe siècle, en métropole et dans les colonies, Silyane Larcher propose une généalogie de la citoyenneté profondément renouvelée et conduit à repenser la construction de la République.
La promotion de la liberté et la rationalité économique avancent-elles de concert ? Au tournant du XVIIIe et XIXe siècle, les débats sur la fixation du prix du travail servile sont un révélateur des tensions entre morale et calcul dans une société en cours de démocratisation.
À Athènes, dans l’Antiquité, les tâches d’expertise étaient confiées à des esclaves publics, que l’on honorait mais qu’on privait de tout pouvoir de décision. C’est ainsi, explique P. Ismard, que la démocratie parvenait à se préserver des spécialistes.
L’étude des régimes mémoriels au sein desquelles sont élaborées les lois commémorant l’esclavage et son abolition en France révèle la spécificité des revendications actuelles, nées dans les années 1980 au prix d’une véritable « conversion cognitive » de militants de la mémoire.
Faut-il instituer, à l’image de ce qui s’est fait pour les Noirs aux États-Unis, un temps annuel de commémoration de l’histoire des groupes minoritaires ? La réhabilitation d’une histoire négligée est-elle la condition de la fierté du groupe et de sa reconnaissance politique ?
Olivier Grenouilleau livre un ouvrage important sur l’histoire de l’esclavage et le statut de l’esclave, cet « homme frontière ». Être esclave ne préjuge ni de la profession, ni de la place dans la hiérarchie sociale. Mais l’ouvrage traite moins l’histoire globale du concept d’esclave que l’histoire de la pensée occidentale et française sur l’esclavage dans le monde.
En puisant dans l’histoire ainsi que dans l’inconscient littéraire, Mbembe identifie trois contextes de fabrication de l’identité nègre : l’esclavage, la colonisation et l’apartheid. Il déconstruit ainsi le discours qui a entraîné, tout autant que masqué, les douleurs de la violence raciale.
Le navire négrier, institution centrale de la traite et de l’esclavage, est le lieu d’extrêmes violences et de terribles souffrances. Son fantôme hante aujourd’hui encore l’Amérique par le biais du racisme et des inégalités.
Philosophe, historien et militant communiste, Domenico Losurdo considère que les grands auteurs libéraux, loin d’être des défenseurs conséquents de la liberté individuelle, n’ont cessé de justifier l’oppression lorsqu’ils se sont prononcés sur les questions politiques de leur temps. La réflexion est stimulante, mais manque sans doute trop souvent de précision.
La présence musulmane en Europe ne date pas des percées coloniales de l’époque contemporaine. Croisant sources orientales et occidentales, un ouvrage collectif propose une relecture de l’histoire européenne, éclaire des zones d’ombre et ébrèche certains clichés.
Comment la traite négrière a-t-elle influé sur la culture nationale de la France ? Comment accommodation avec l’esclavage et revendication de liberté ont-elles cohabité entre le XVIIe et le XIXe siècle ? À ces questions délicates, un historien américain apporte des réponses très tranchées.
L’Europe de la révolution industrielle a-t-elle inventé le travail libre ? Pas si sûr, argumente un collectif d’historiens, qui s’intéresse à toutes les formes de labeur qui, sans relever de l’esclavage, s’appuient néanmoins sur la contrainte. Ce projet d’histoire globale, qui met en parallèle l’Europe et l’Asie, invite à penser le continuum qui conduit du travail libre au travail forcé.
Seize ans après la parution de l’ouvrage de Paul Gilroy sur l’Atlantique noir, un groupe de chercheurs pluridisciplinaires et transnationaux rend un hommage critique à cette étude pionnière. L’ouvrage permet de réfléchir aux notions d’ethnicisation, de racialisation et de repli identitaire dans le monde contemporain.
Barack Obama n’a pas choisi au hasard le Ghana pour son premier pas en Afrique : il s’agit pour lui de rendre hommage aux grands aînés tout en sonnant officiellement le glas du fantasme, longtemps entretenu dans la communauté noire américaine, d’un retour au pays natal.
Comment passe-t-on d’Othello à l’oncle Tom ? À travers le roman d’Aphra Behn, Oroonoko, prince et esclave, Jean-Frédéric Schaub étudie la vision que les Britanniques développent de l’Autre racial durant une période relativement peu connue à cet égard, le XVIIe siècle. Proposant des analyses fines sur un précieux fond d’érudition, ce livre permet de penser le passage de la Renaissance aux Lumières sous l’angle de la question identitaire.
La justice civile transnationale constitue-t-elle un moyen utile pour lutter contre l’impunité des violations des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité d’hier et d’aujourd’hui ? Une lecture critique de l’ouvrage d’Antoine Garapon, Peut-on réparer l’histoire ?
Dans un contexte marqué par d’importants enjeux de mémoire, Frédéric Régent retrace l’histoire de l’esclavage dans les colonies françaises entre 1620 et 1848 et relativise quelques-unes des certitudes les plus persistantes des travaux et des débats relatifs à la traite et à l’esclavage.