Deux ans et demi de siège, près de deux millions de morts dont la moitié de civils : le siège de Leningrad est l’un des épisodes les plus meurtriers de la Seconde Guerre mondiale. Dans le discours officiel, cette histoire de famine, de froid et de mort a été convertie en un exploit glorieux.
S’inscrivant dans l’entreprise de longue haleine d’une « politique de la littérature », Jacques Rancière révèle la portée révolutionnaire des intrigues faussement inoffensives dont Tchekhov a nourri ses nombreux récits.
Intellectuel russe influent et figure clé du néo-eurasisme, Alexandre Douguine prône une alliance entre la Russie et les anciennes républiques soviétiques contre l’Occident. Son aura, bien que limitée politiquement, a marqué des courants conservateurs et nationalistes en Russie et certains cercles proches du pouvoir.
Réécrite, instrumentalisée, défigurée jusqu’à l’abject dans les discours, sanctifiée par la religion, les médias et l’école, l’histoire en Russie rend la guerre non seulement légitime, mais aussi moralement pure.
Comment enquêter sur ce que pensent et se disent les Russes de la guerre en cours ? Les échanges observés en ligne, malgré toutes les limites de l’observation à distance, montrent qu’il est possible de parler en Russie, mais impossible de dire la guerre.
La résilience de l’économie russe, en dépit de la guerre et des sanctions, conduit à s’interroger : quels en sont les facteurs et les limites ?
Désimpérialiser les études russes et soviétiques par l’histoire : c’est l’objectif d’Andreas Kappeler qui offre un remède à deux maux actuellement répandus en Europe, l’ignorance du passé ukrainien, et l’emprise du récit national-impérial répandu par l’actuel pouvoir russe.
Le plus long fleuve d’Europe est marqué par l’histoire soviétique. Des barrages à la pêche en passant par l’industrialisation, il est au cœur des bouleversements continentaux qui se produisent sous nos yeux.
Prévenir le désordre : tel est le mot d’ordre du pouvoir russe, justifiant toutes les répressions et instaurant un système en partie décentralisé de domination par la peur aux mains des pègres locales.
Les sanctions économiques à l’encontre de la Russie sont sévères et, pour certaines d’entre elles, inédites. Elles montrent la détermination de l’Union européenne à ne pas laisser impunie l’agression contre l’Ukraine et, dès maintenant, à envisager sérieusement la question des réparations.
Apparu avec la Glasnost, le rock s’est peu à peu dépolitisé en Russie et au Bélarus, mais reprend le chemin de la contestation avec la guerre, le plus souvent au prix de l’exil.
Pour Poutine, une population nombreuse est une preuve de puissance. Or les politiques natalistes mises en place en Russie depuis vingt ans se sont traduites par un échec, lequel explique aussi sans doute l’invasion de l’Ukraine.
Révolutionnaire ralliée à Lénine, ministre bolchevik féministe, écrivain polyglotte, « sexuellement émancipée », intellectuelle ayant pensé la famille, l’État ou les nationalités : la modernité d’Alexandra Kollontaï (1872-1952) saute aux yeux.
La démocratie en Ukraine s’installe et se renforce tous les jours un peu plus. La guerre, loin de la fragiliser, renforce l’adhésion vigilante de la population à un régime dont elle veut assurer l’indépendance.
Violence importée, annexion brutale, imposition de la langue du vainqueur, mais aussi désertion des soldats enrôlés : peut-on comparer l’agression russe en Ukraine à la politique de colonisation menée par les Occidentaux au XIXe siècle ?
Énergie, gaz, livraisons d’armes, rôle de l’État : à la suite de la guerre russo-ukrainienne, l’Allemagne redéfinit ses valeurs. Une révolution silencieuse, lourde de difficultés annoncées.
C’est aussi une bataille mémorielle qui se livre entre la Russie et l’Ukraine. Quelle est la part de l’histoire dans la reconstitution d’un sentiment national ukrainien depuis l’indépendance recouvrée en 1991 ?
Les réformes constitutionnelles en Russie ces dernières années et les lois bridant toutes les formes de contre-pouvoir ont eu raison de l’opposition politique à Poutine, dont le pouvoir ne peut plus être contesté. De quoi alimenter le divorce avec une société civile très plurielle, et de plus en plus méfiante.
Les négociations autour de la guerre en Ukraine laissent perplexe. Qui peut endosser le rôle de médiateur dans de telles circonstances ? Peut-on prendre au sérieux l’idée même de médiation, compte tenu de l’ampleur des exactions commises par la Russie en Ukraine ?
L’invasion de l’Ukraine semble réveiller des images du passé : des armées en conquêtes, des villes assiégées, des destructions massives. Les références à la Deuxième Guerre mondiale sont nombreuses, mais elles ne doivent pas dissimuler qu’il s’agit là d’un conflit, complexe et tragique, du temps présent.
Pour justifier l’invasion en Ukraine, Moscou réécrit l’histoire du conflit au Donbass depuis 2014. L’historien russe Nikolay Mitrokhin dénonce, lui, le rôle central du Kremlin dans cet affrontement, ainsi que le pillage et la terreur organisés par les forces « pro-russes ».
Les sanctions dirigées contre la Russie de Vladimir Poutine sont d’une ampleur inédite. Mais que peut-on en attendre ? Dans un livre tout juste paru, l’historien Nicholas Mulder explore les origines et les ambiguïtés d’un instrument conçu, dans les années 1920, pour repousser le spectre d’une nouvelle guerre.
Alors que la Russie entreprend d’envahir l’Ukraine, huit ans après la Révolution Maidan et l’annexion de la Crimée par la Russie, l’économiste Ukrainien Volodymyr Vakhitov revient sur les transformations qu’a connues l’Ukraine depuis 2014, et ses relations avec la Russie et les Russes.
La « Nouvelle pensée », refonte complète de la politique étrangère soviétique sous Gorbatchev, a paradoxalement précipité la chute du régime. À l’origine de cette doctrine, une génération de réformateurs qui a poli ses armes intellectuelles dès les années 1950.
Les mobilisations protestaires sont faibles en Russie. Alexei Navalny a bénéficié d’une popularité indéniable, mais qui s’affaiblit. La peur de la répression n’explique pas tout : c’est la politique dans son ensemble qui pour les Russes fait l’objet d’un discrédit.
Entre 1990 et 2020, tout a changé en Russie, en particulier les manuels d’histoire. De la perspective libérale pro-occidentale à la réhabilitation rampante de Staline : comment enseigner l’histoire dans la Russie contemporaine ?
En Russie, les commémorations de la victoire soviétique se multiplient. Certains défilés sont organisés par des civils, d’autres sont plus officiels. Tous témoignent de la montée d’un nationalisme dont Poutine veut être l’incarnation.
L’ex-Russie soviétique est aujourd’hui l’un des pays les plus inégalitaires du monde. Le désenchantement a donné lieu à une critique sociale qui s’ancre dans une expérience vécue et partagée, de domination et d’injustice.
M. Cerovic retrace l’épopée des brigades de partisans durant la Seconde Guerre mondiale, aux confins de la Biélorussie, de l’Ukraine et de la Russie, désintégrés par la Wehrmacht avant d’être bannis des mémoires par le pouvoir soviétique.
Que sont devenus les « emprunts russes » après la révolution bolchevique ? Dans cette étude des rapports de force géo-économiques, Kim Oosterlinck retrace les multiples tentatives des créanciers français, entre 1919 et 1926, pour récupérer leurs actifs gelés.
Comment expliquer l’attirance de certaines élites politiques françaises pour la Russie de Vladimir Poutine ? De l’anti-américanisme à la russophilie, en passant par la défense de l’intérêt national français, Olivier Schmitt décrypte les arguments de la « poutinophilie française ».
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, plus d’1,5 million de personnes furent déplacées entre la Pologne et l’Ukraine, dans un climat d’abus et de violences. Entre étude multi-scalaire et histoire connectée, cet ouvrage permet de comprendre le « démêlage des populations » en Europe de l’Est.
Octobre 17 fut la référence politique et culturelle centrale de l’époque soviétique. Cent ans après, la société russe reste toujours profondément divisée face à son passé. Le centenaire de la révolution sera-t-il ce grand moment de réconciliation nationale souhaité par le pouvoir russe ?
Peuple jeune contre vieux pays décadents, religion contre raison, esprit contre matérialisme : les relations entre la Russie et l’Occident font fleurir les clichés. En rappelant comment les idées circulent, une anthologie montre l’Europe au miroir russe, de Pierre le Grand à Vladimir Poutine.
Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, comment expliquer l’affaiblissement notable des mobilisations écologistes en Russie ? Une approche socio-historienne met en valeur, par-delà la seule explication par le nouvel autoritarisme, des facteurs de longue durée : l’élitisme et la technocratie éclairée.
Une vague de nationalisme souffle sur la frontière mouvante qui sépare la Russie de l’Ukraine orientale. La tentation est grande de ressortir les vieux discours issus de la Guerre froide, mais à trop vouloir s’appuyer sur les structures obsolètes de la géopolitique, on porte un regard trop distant sur le monde, quitte à en manquer l’essentiel.
La Russie post-soviétique a connu une croissance rapide des inégalités en même temps qu’une crise démographique conduisant à l’adoption d’une politique nataliste et de valorisation de la famille traditionnelle. Comment cette situation peut-elle évoluer dans le contexte de nouvelle crise économique et géopolitique ?
La rhétorique anti-occidentale de Vladimir Poutine ne s’appuie pas seulement sur des penseurs d’avant la Révolution. Elle hérite également d’un courant nationaliste très actif dans l’Union soviétique d’après-guerre, et qui structure encore la société russe.
En Russie, l’appareil de propagande du gouvernement ne se limite pas à la sphère politique. En réécrivant l’histoire du pays, il entraîne, selon l’historienne Ekaterina Pravilova, une crise de la rationalité pour l’intelligentsia et la communauté scientifique russes. Article publié en partenariat avec la revue Public Books.
À l’heure où les experts occidentaux remarquent la montée de l’anti-américanisme en Russie, les USA s’interrogent sur les origines de cette opposition à leur égard. Avec cet essai, Eliot Borenstein explique que, contre toute attente, cette hostilité à l’Amérique naît d’une forme d’amour « qui n’ose dire son nom ». Article publié en partenariat avec Public Books.