Entre distance et proximité, l’État (colonial ou national) a toujours su maintenir une relation complexe et ambiguë avec la religion en pays musulman, comme le montre l’enquête approfondie de M. Zeghal.
Dans les années 1830, une épidémie de choléra sévit dans les villes et les campagnes, incapables de « se cuirasser contre les miasmes ». Aujourd’hui comme hier, l’impuissance face à la maladie met à nu le fonctionnement de la société tout entière.
En raison de leur parenté avec le souverain, les « princes de sang » peuvent lui succéder. Élevés au-dessus de toute la noblesse, mais tenus à distance des affaires de l’État, ils ne renoncent pourtant pas à jouer un rôle politique.
Que recouvre la notion floue de « dialogue social » ? Comment se transforment ses pratiques et à quoi servent en définitive ces dispositifs d’échanges institutionnels ? Ce nouvel ouvrage de la collection Puf/Vie des idées dévoile ce qui se cache derrière les politique de réduction du « coût du travail ».
La valeur d’une vie humaine est-elle mesurable ? Ariel Colonomos analyse les conditions politiques et sociales des pratiques de valorisation des vies humaines et ouvre une perspective novatrice sur le rôle de l’Etat dans l’histoire européenne moderne.
L’État peut-il changer le comportement des individus ? Il s’y efforce, mais les changements les plus remarquables sont le plus souvent des effets non intentionnels.
L’exclusion est la face cachée de la gouvernementalité moderne. Historiens, politistes, sociologues et juristes en révèlent la dimension constituante dans ce nouvel ouvrage de la collection Vie des idées/Puf.
Les espaces maritimes concentrent les grands enjeux économiques, écologiques et géopolitiques de notre temps. Pour éviter qu’ils deviennent le lieu de toutes les violations du droit (de la pollution à la surpêche), un gouvernement des mers s’impose.
La crise institutionnelle et politique sans précédent traversée par Israël avant même le 7 octobre nécessite de revenir à son histoire longue. Son rapport contrarié avec le modèle classique de l’État nation et la souveraineté constitue pour Danny Trom la matrice singulière de ce projet politique.
Contre l’idée d’un basculement fondateur dans notre modernité politique, survenu au moment de Machiavel, Julien Le Mauff montre que l’exception à la loi connaît une lente gestation, du XIIe au XVIIe siècle, constitutive de modes de gouvernement caractéristiques de la modernité.
La séparation entre l’Église et l’État est un principe qui, dans bien des cas, est difficilement applicable. Certains situations exigent que l’on trouve un équilibre subtil entre la liberté religieuse et l’égalité de traitement.
Anna Grzymala-Busse, professeur en sciences politiques, veut montrer le rôle qu’a joué l’Église médiévale dans la fondation de l’État moderne : un thème ancien dont le renouvellement se heurte à certaines limites.
Souverain détesté de ses contemporains, roi honni des mémorialistes et personnage infâme de la littérature populaire, Philippe IV le Bel apparaît, sous la plume de Jacques Krynen, comme l’un des fondateurs de l’État moderne.
Pour produire une nouvelle théorie de la colonisation, Lachlan McNamee se tourne vers l’Indonésie et la Chine. Si cette théorie jette un éclairage utile sur les dynamiques coloniales loin des métropoles européennes, elle risque de laisser dans l’ombre les revendications autochtones dans les pays du Nord.
À partir de 1946, le processus de « décolonisation par assimilation » a permis de maintenir les Antilles dans l’espace national. Le cadre départemental, considéré comme la source de tous les droits inhérents à la citoyenneté, a profondément influencé la politique et la société antillaises.
Vers 1900, alors que la capitale a absorbé ses communes avoisinantes et que les bas-fonds accueillent toute une faune, les policiers oscillent entre répression et chronique sociale. Remparts contre le crime, ils se font aussi les peintres de la misère, sans répugner à la poésie.
En s’abritant derrière des consultations citoyennes qu’il sélectionne et organise lui-même, l’État escamote les procédures et institutions démocratiques. Il y a là, selon G. Gourgues, le risque d’une dérive progressive vers une forme d’« autoritarisme participatif ».
Le maintien de l’ordre en France étonne par la violence dont il fait preuve, alors même que d’autres voies existent pour encadrer les manifestations. Il y a sans doute là une dérive, mais aussi le signe que les débats politiques ont de moins en moins de place au sein de nos institutions.
Apologie du désordre ou « plus haute expression de l’ordre », abolition de l’État ou dérégulation organisée par celui-ci, l’anarchie nourrit toutes les ambiguïtés. La philosophie contemporaine n’y échappe pas.
La foresterie française est dans une impasse et souffre d’un manque de vision publique, l’Etat laissant les coudées franches aux propriétaires privés. Afin de poser les bases d’une filière forêt-bois vraiment durable, J.-P. Guyon plaide pour un abandon du principe de multifonctionnalité des forêts.
Le mot « laïcité » a une histoire millénaire. Au XIXe siècle, il devient emblématique d’un ensemble de valeurs associées au progrès ; mais depuis les années 1980, il est l’un des termes piégés de la politique française.
Au Sud, une république marchande ; au Nord, une colonie pénitentiaire. Dans la péninsule coréenne, un même peuple a donné naissance à des modèles drastiquement opposés. Séquelle de la guerre civile, héritage de la colonisation ou réponse asiatique à l’hubris occidentale ?
Les sciences comportementales ont révolutionné notre compréhension des choix et des actions des individus. Ces approches ouvrent de nouvelles politiques publiques – ce qui soulève d’importantes questions éthiques et politiques.
La frontière est un instrument de discrimination et elle l’est partout dans le monde. La globalisation, loin d’avoir ouvert le monde à la circulation, n’a fait selon Reece Jones que renforcer le pouvoir des Etats, qui font de la mobilité un privilège.
Énergie, gaz, livraisons d’armes, rôle de l’État : à la suite de la guerre russo-ukrainienne, l’Allemagne redéfinit ses valeurs. Une révolution silencieuse, lourde de difficultés annoncées.
Jérémie Foa propose une « histoire des autres ». Les anonymes, jetés dans la Seine ou ensevelis dans des fosses communes, sont tombés sous les coups des tueurs, mais aussi dans un oubli que l’enquêteur répare. Un livre important sur les violences de masse.
Dans une vaste fresque, Ian Tyrrell retrace l’histoire de l’idée de l’exceptionnalisme américain depuis 1630 jusqu’à la présidence de Donald Trump. Il montre comment cet idéal puritain s’est transformé progressivement pour devenir à partir des années 1980 une idéologie d’État.
Analysant le Conseil d’État entre 1873 et 1940, Charles Bosvieux-Onyekwelu fait la genèse de l’idée de service public « à la française » et montre comment, grâce au droit, s’opère la légitimation de l’État sous la IIIe République.
Delphine Dulong analyse le rôle du Premier ministre, qui est moins une institution claire qu’un fait relationnel : dyarchie avec le Président, travail interministériel incessant, obligations parlementaires. Position de force ou statut dominé ?
La reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale doit être comprise en relation avec deux changements de régime et deux guerres coloniales, sans oublier la vague de nationalisations qui transforme la culture économique et politique du pays.
Que nous apprennent les dolmens sur le temps long de la protohistoire ? Selon Jean Guilaine, ils témoignent de l’apparition progressive des inégalités, avant la naissance des États.
Garantir l’emploi pour supprimer le chômage ? C’est la thèse que défend Pavlina Tcherneva, en l’articulant avec la Théorie Moderne de la Monnaie. Mais cette politique radicale ne constitue malheureusement probablement pas une solution miracle.
Les attaques de D. Trump contre le “Deep State” ont remis en lumière l’importance de cette dimension institutionnelle, rempart de la démocratie américaine contre la dérive plébiscitaire.
Le Larzac est célèbre et paradoxal : comme théâtre d’une lutte contre l’État devenue emblématique, mais aussi parce que son économie est un modèle d’intégration dans le capitalisme mondial. Philippe Artières en retrace l’histoire.
L’assassinat ciblé semble de plus en plus s’imposer comme une nouvelle manière de faire la guerre. À partir d’une comparaison entre les États-Unis et Israël, Amélie Férey explore les discours consistant à légitimer cette pratique difficilement compatible avec le libéralisme politique.
Loin des débats théoriques et surplombant sur les règles et les institutions, une sociologue enquête sur la « laïcité vécue » : changement d’échelle qui permet d’analyser la mécanique de la laïcité en contexte urbain, avec ses implications sociales et politiques.
Cet ouvrage collectif, qui étudie les féminismes au prisme de l’intersectionnalité et du genre, rappelle le dynamisme de luttes depuis la Révolution jusqu’aux débats actuels, par exemple autour de la non-mixité et des moyens d’action.
À partir du milieu du XIXe siècle, la statistique et ses dérivés permettent de renforcer l’État en quantifiant les populations des pays multiculturels comme l’Autriche-Hongrie ou la Russie. Coup de projecteur sur les usages politiques du chiffre.
Si l’évaluation par les pairs relève de pratiques routinières de l’activité scientifique, elle est depuis vingt ans devenue un outil de gouvernement des conduites des universitaires autant qu’un instrument dans la reconfiguration du pouvoir scientifique.
L’État européen subit au XXIe siècle une vaste reconfiguration qui n’est ni celle du retrait, ni celle du grand retour. Il en découle une politique transnationale et capitaliste menée par l’« État-membre », dirigé par la technocratie bureaucratique et l’interdépendance internationale.