La Grande-Bretagne a légiféré tardivement sur le financement des partis politiques. Avec une faible part d’argent public et des sources variées de fonds privées, ce système est accusé de favoriser les grands donateurs et les extrémismes. Ces critiques invitent à repenser un système plus juste.
Enfant pauvre devenu professeur d’université, Richard Hoggart (1918-2014) est le modèle du boursier qui a réussi. L’itinéraire de ce « contre-exemple exemplaire » permet de comprendre les mécanismes de la reproduction qui n’ont pas fonctionné et la distance qu’on peut prendre vis-à-vis de son milieu d’origine.
Aujourd’hui considérée comme une pseudo-science, la phrénologie a pourtant connu un éclatant succès à l’époque victorienne. En enquêtant sur le parcours intellectuel et scientifique de George Combe, son principal représentant, Neil Davie retrace la contribution peu connue des phrénologues aux débats sur la « question sociale » en Grande-Bretagne.
La Grande-Bretagne se trouve aujourd’hui dans une crise politique aigue qui pourrait entraîner la désintégration du pays et sa sortie de l’Union européenne. Après la parution d’un manifeste célébrant l’exceptionnalisme britannique, le débat s’enflamme parmi les historiens, dans la bataille pour ou contre l’Europe.
Grand historien de la classe ouvrière anglaise, figure intellectuelle majeure des débats sur le marxisme dans les années 1960-1970, militant antinucléaire à l’origine d’une critique écologiste du capitalisme : tels furent les visages multiples d’Edward Palmer Thompson, dont l’œuvre continue d’imprégner en profondeur l’ensemble des sciences sociales.
Pendant la première décennie des années 2000, la politique de la ville a bénéficié, en France et en Grande-Bretagne, de moyens budgétaires et de soutiens politiques inédits, qui l’ont fait sortir du registre symbolique. Il est aujourd’hui possible d’établir un bilan comparatif des politiques mises en œuvre dans les deux pays.
L’historien Christophe Charle a récemment repris son Histoire des universités, livre coécrit avec Jacques Verger, en y ajoutant une analyse de fond sur l’histoire de la mondialisation universitaire à l’époque contemporaine. Dans quelle mesure les réformes des universités ont-elles pu, ou peuvent-elles encore à l’avenir, contribuer à l’avènement d’une société mondiale plus démocratique et unie ?
Au début du XIXe siècle, l’Europe voit émerger un ensemble de doctrines politiques et sociales connues, depuis Marx et Engels, sous le nom de « socialisme utopique ». Quoique rattaché à ce courant, Robert Owen (1771-1858) n’en est pas moins considéré comme le père fondateur du socialiste britannique, au terme d’une mise en tradition d’une étonnante longévité
La crise des dettes souveraines dans la zone euro a cristallisé entre Londres et ses partenaires de l’UE un conflit enraciné dans l’ambivalence britannique à l’égard du continent. Pressé par les conservateurs les plus eurosceptiques de prendre des mesures radicales, David Cameron pourrait être tenté de faire appel à l’opinion, avec des conséquences négatives pour tous.
Alors que prend fin le programme d’égalité des chances Aimhigher, créé par le New Labour en 1999 afin de démocratiser l’enseignement supérieur, le gouvernement de David Cameron a annoncé la création de « contrats d’équité », tout en autorisant l’augmentation des frais d’inscription universitaires. L’avenir de l’égalité des chances en Angleterre repose maintenant en grande partie sur la volonté des universités.
La trajectoire de la poste britannique montre le lien entre ouverture à la concurrence et modernisation d’un grand service public. Si les conditions d’emploi et de travail en ont subi les conséquences, la négociation collective est restée forte dans l’entreprise. La rigueur budgétaire consécutive à la crise financière complique cependant ce dialogue social.
Comment expliquer le fort degré de confiance et de légitimité dont jouit le bobby outre-Manche ? Dans ce remarquable article de synthèse, deux sociologues montrent que la capacité de la police à inspirer confiance est à la fois un gage de son acceptation et de son efficacité. A contrario, une police qui fait peur se prive de la participation des citoyens à la production de l’ordre social.
Comment la pensée politique de John Stuart Mill a-t-elle passé la Manche ? Vincent Guillin et Djamel Souafa analysent les conditions de réception des Considérations sur le gouvernement représentatif dans la France du Second Empire, et montrent l’intérêt de revenir sur la théorie millienne du gouvernement démocratique aujourd’hui.
Le scandale des notes de frais ou les récentes révélations sur la corruption d’anciens ministres travaillistes ont profondément affaibli la légitimité de la classe politique britannique. Florence Faucher-King revient sur les principaux épisodes et facteurs qui ont conduit à une crise inédite de la représentation au pays du parlementarisme.
Selon Tim Leunig, la poursuite du déclin de l’industrie britannique au cours des années 2000 a provoqué l’aggravation des inégalités régionales. Quels que soient les vainqueurs des prochaines élections, il leur sera difficile de freiner un mouvement que les travaillistes n’ont pas su enrayer.
La question du « changement » est au centre de la campagne électorale en Grande-Bretagne. Travaillistes, conservateurs et libéraux-démocrates revendiquent chacun la capacité de transformer une société fragilisée par la crise. L’analyse linguistique des métaphores du changement révèle à la fois la force et les contradictions de leurs stratégies rhétoriques.
Artisan et partisan de longue date de la globalisation, le Royaume-Uni souffre plus intensément des effets de la crise. Malgré ces difficultés, les candidats aux prochaines élections ne remettent pas en cause un modèle économique ne cherchant plus à créer de la richesse au niveau national, mais à capter de la richesse au niveau global. Le Royaume-Uni offre une image avancée de l’Europe, si celle-ci ne parvient pas à coordonner la défense de son industrie et de son modèle social.
Le New Labour de Gordon Brown a-t-il encore un projet politique pour la Grande-Bretagne ? Après treize années d’exercice du pouvoir, l’essouflement idéologique des travaillistes n’est guère surprenant. Patrick Diamond et Roger Liddle, membres du think tank Policy Network, invitent les sociaux-démocrates à redéfinir le rôle de l’État.
Le « nouveau conservatisme » a le vent en poupe outre-Manche, alors que le gouvernement travailliste de Gordon Brown s’enfonce dans des abîmes d’impopularité. S’il offre le visage rassurant d’un conservatisme enfin débarrassé du dogme néolibéral, le renouveau idéologique impulsé par David Cameron s’effectue à la faveur d’un retour à la pensée conservatrice la plus traditionnelle.
De retour de Londres, Denis Tersen évoque la stratégie de la « capitale mondiale de la finance » face à la crise économique. L’analyse de l’optimisme londonien, certes tempéré par la disparition de milliers d’emplois à la City, permet d’entrevoir une mondialisation dans laquelle Paris et Londres seraient moins rivales que complémentaires.
Le Speenhamland Act, précurseur au XIXe siècle du revenu minimum garanti, continue d’alimenter les débats sur la protection sociale. Retour sur un épisode controversé de l’histoire sociale anglaise.
Gordon Brown est assailli de toute part : son parti va de défaite en défaite, tandis que les spéculations vont bon train sur sa prochaine destitution par une alliance entre l’aile gauche du Labour et les fidèles de Tony Blair. Mais les problèmes du Labour vont au-delà de la question du leadership : c’est le projet politique des « nouveaux travaillistes » qui semble désormais épuisé.
La question du financement de l’audiovisuel public est à l’ordre du jour depuis que le Président de la République a fait savoir qu’il comptait mettre un terme à la publicité sur les chaînes publiques. Souvent cité en exemple dans ces débats, le cas de la Grande-Bretagne pourrait être un bon point de comparaison pour peu qu’on l’examine sérieusement. C’est ce que propose ici Monique Dagnaud.
Alors que l’utilité des sciences sociales est parfois mise en doute, l’histoire méconnue de la sociologie britannique rappelle au contraire combien ces sciences ont pu infléchir l’évolution des sociétés.
Anthony Giddens, le maître à penser du blairisme, se tourne, dans son dernier livre, vers Gordon Brown et vers l’avenir, cherchant à refonder le projet social-démocrate pour le XXIe siècle. Une tentative inaboutie, selon Olaf Cramme.
Poussant jusqu’au bout la logique d’une société multiculturelle, les jeunes Blancs marginalisés voudraient être considérés comme une « minorité ethnique » parmi d’autres. Portrait des « chavs », les nouvelles « classes dangereuses » qui scandalisent la société britannique.
Si le bilan du blairisme reste globalement positif, de nombreuses voix au sein du New Labour réclament un retour aux thèmes traditionnels du Parti travailliste, notamment un accent plus marqué sur la lutte contre les inégalités et la défense du service public.