Que peut nous apporter l’histoire pour faire face au défi du changement climatique ? En discutant des liens entre esclavage et dépendance aux énergies fossiles, J.-F. Mouhot tente un rapprochement destiné à bousculer les consciences et à tirer des leçons pour le présent. Une occasion d’interroger certaines métaphores aujourd’hui influentes au sein de la pensée environnementale.
Peut-on encore faire de l’histoire comme si les nations avaient toujours existé, et comme si les hommes n’avaient pas su ignorer leurs frontières ? Sanjay Subrahmanyam invite les historiens, en particulier indiens et français, à se ressaisir d’archives multilingues pour mettre au jour des connexions qui ont animé des zones immenses de l’histoire humaine.
Ghislaine Lydon met en lumière les réseaux commerciaux qui dominent le Sahara depuis toujours. Le tableau qu’elle dresse de l’évolution des institutions économiques et sociales devrait faire pièce à l’idée d’une inertie des sociétés précoloniales qui peuplent le désert et ses environs.
Il est peut-être temps de rouvrir en France le débat sur la dépénalisation des drogues. La lutte policière contre la consommation et les trafics a montré ses limites, et rien n’est vraiment fait pour encadrer juridiquement l’usage des stupéfiants, alors qu’à l’étranger certains États réfléchissent à un assouplissement de la prohibition.
Le monde contemporain, bien qu’il soit plus interdépendant que jamais, reste un puzzle d’États souverains. La mondialisation nous impose une actualisation de nos cartes mentales et une compréhension de celles des autres. Dans cet entretien, le diplomate et géographe Michel Foucher nous livre les clés de la nouvelle géographie collective.
Pendant deux millénaires, les montagnes de la Zomia furent, selon James Scott, une zone-refuge pour les populations d’Asie du Sud-Est. Haut lieu de la résistance à l’État, elles seraient le miroir de notre civilisation destructrice et sûre d’elle-même. Une histoire anarchiste qui fascine et intrigue.
L’uranium africain est à la source de l’énergie nucléaire. A-t-il pour autant toujours été reconnu comme un produit nucléaire, avec ses risques spécifiques ? Au fil d’une enquête passionnante, l’historienne Gabrielle Hecht montre comment le statut de l’uranium et des travailleurs qui l’extraient a évolué au gré des controverses scientifiques et des luttes politiques
Du 26 au 30 mars, les altermondialistes se sont donné rendez-vous à Tunis pour une nouvelle édition du Forum Social Mondial. C’est l’occasion de faire un bref retour sur l’histoire du mouvement altermondialiste et des forums sociaux mondiaux, des années 1990 à 2013.
Et si l’économie était la grande oubliée des révolutions ? Depuis deux décennies, les questions politiques et culturelles ont relégué la justice sociale au rang de préoccupations secondaires. Selon l’historien Charles Walton, le problème de la redistribution, déjà posé lors des révolutions de la fin du XVIIIe siècle, se situe pourtant au cœur des motivations des révolutionnaires égyptiens.
La théorie économique doit à Albert O. Hirschman l’enrichissement de la notion d’« acteur rationnel », dont il a montré les capacités de délibération propres à promouvoir le développement d’une société démocratique de marché. Portrait d’un économiste contestataire et activiste.
Peu étudiée en France, l’histoire du marché des fruits et des légumes est pourtant riche d’enseignements. Elle montre notamment comment cette économie des denrées périssables s’est organisée, et le rôle que la grande distribution y a joué. Elle montre également les efforts déployés par l’État pour organiser ce commerce.
Dans un contexte d’institutionalisation des Disability Studies – études pluridisciplinaires autour de la question du handicap qui allient recherche et militantisme politique – Robert Bogdan s’élève contre la réduction des personnes à leur définition médicale. La traduction de l’ouvrage en français pourrait contribuer au dépassement de cette position encore dominante en France.
La quête de la compétitivité n’est pas seulement erronée, elle est dangereuse, parce qu’elle masque les vrais défis et les vrais enjeux de l’avenir de nos économies et de nos sociétés. Telle est la thèse que soutient Thomas Coutrot, cofondateur des Économistes atterrés et porte-parole d’Attac.
Aucun problème au monde n’est plus important que le changement climatique. Dans son dernier ouvrage, Naomi Klein entend montrer que lutter contre le réchauffement de la planète implique de sortir du capitalisme. Mais comment ?
Lancée il y a plus d’un siècle, la guerre contre la drogue s’est soldée par un échec retentissant, multipliant les trafics, renforçant la production et la consommation tout en réprimant les paysans producteurs et les consommateurs. Il est temps de donner les moyens à un développement alternatif cohérent.
En restituant les conditions sociales de l’exercice de leur métier, G. Lejeune montre que l’incertitude est au cœur de la conduite des chauffeurs de taxi. Cet éclairage sociologique permet de comprendre les protestations récentes de ce groupe à l’encontre de la réforme en cours.
Le roquefort n’est pas seulement un fromage français, célèbre dans le monde entier. Il est aussi le produit d’une histoire originale, celle de l’industrie agro-alimentaire qui naît en France dans la deuxième moitié du XIXe siècle. S. Vabre retrace cette histoire, liée à l’émergence du capitalisme français.
Depuis deux siècles, le monde s’est fortement enrichi et a vu la santé de sa population s’améliorer. Mais cette rupture historique ne doit pas masquer les grandes inégalités d’accès au développement entre les pays, nous rappelle le prix Nobel d’économie Angus Deaton.
Les attentats changeraient le comportement économique des individus en agissant sur la peur et l’aversion au risque. Ses effets, toutefois, restent difficiles à cerner et à mesurer dans la pratique. Une étude inédite sur le cas des attentats de Boston permet de progresser ici dans cette voie.
Manuel Gárate revient sur la révolution économique que le Chili a connue à partir de 1975, avec un coût social et politique énorme. Une mise en perspective nécessaire, au moment où les États-Unis, anciens protecteurs de Pinochet, se tournent vers le populisme et le protectionnisme.
China managed to maintain a certain amount of economic activity during the lockdown, but at what cost and under what conditions? This article highlights the regime’s use of the media alongside the political and market logics specific to China.
What can literature teach us about China’s experience of democracy in the twentieth century? In an ambitious work, Sebastian Veg explores the links between fiction and democracy in his search for a critical reflection on the reader-citizen.
How do Chinese intellectuals construe social instability? This essay maps out the debate on democracy in early 21st century China and explains how, despite diverse viewpoints, widespread elitist views describe common citizens as obstacles to rapid democratization.
China is neither unfit for democracy, nor predisposed to political liberalism by its Confucian traditions. Aiming to dismiss these two simplistic ideas, this book brings together prominent specialists on political China.
According to Australian specialist of social classes David S.G. Goodman, China is still far from a capitalist country. In this interview, he maps out the connections between the Chinese middle classes, the upper class and the Communist Party and their political implications.
Chinese society has been thoroughly transformed by digital tools, which private companies have developed for people to shop, chat, entertain themselves. The central and local governments have tried to keep up to date. Jesper Schlæger explains the intricacies of Chinese eGovernment.
How can we move beyond abstract architecture, where buildings are constructed without their audiences? Peter Ferretto’s method is based on observation, engagement, and the osmosis between teaching, practice, research, and social impact.
An interview with a Chinese political scientist trained in American universities gives us an insight into China’s pragmatic policy of local experimentation. It chronicles how officials in the municipality of Chongqing have seized the opportunity offered by its special status to launch a unique blend of liberal and socialist economic policy.
David Bandurski explains that, despite the ongoing control of the Party, the Chinese media and their relationship to their audience have greatly changed thanks to the growing commercialization of the media, professionalism of journalists and the rise of the Internet and social media.
Nationalist discourses take the lion share of politics-related discussions on the Chinese Internet. In the context of intense struggles over the interpretation of the Hong Kong protests, this interview with Florian Schneider sheds light on the complexity of online political and identity expression in China and elsewhere.