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Recension Histoire

Une folle histoire du monde

À propos de : Jean Vioulac, Anarchéologie. Fragments hérétiques sur la catastrophe historique, Puf


par Cyril Legrand , le 19 décembre 2022


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Pour penser la catastrophe qui vient, Jean Vioulac propose, après d’autres, une fresque historico-philosophique de l’humanité. Il n’est pas sûr cependant que celle-ci débouche sur autre chose qu’un nouveau discours catastrophiste n’ouvrant aucune perspective de solution.

Philosopher en temps de détresse

C’est un questionnement devenu commun que Jean Vioulac reprend dans son dernier livre, Anarchéologie. Fragments hérétiques sur la catastrophe historique, mais un questionnement qui n’en demeure pas moins essentiel, comme il le rappelle dès les premières pages : « La question est simple et difficile : Comment en est-on arrivé là ? Ce n’est que sur ces bases que, peut-être, pourrait être posée la question : Comment s’en sortir ? » (p. 12). Et s’il s’agit de penser la catastrophe historique, celle « qui a déjà eu lieu, avec Verdun, Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl » et celle « qui vient et menace d’emporter l’humanité comme telle  » (p. 11), ce projet engendre aussitôt pour le philosophe une question fondamentale : que peut-on attendre de la philosophie dans un tel contexte ? Et que peut-elle apporter aux innombrables documents, expertises, rapports, essais etc. qui ne cessent de s’accumuler pour diagnostiquer le désastre en cours et à venir ?

Vioulac assigne à la philosophie une tâche à la fois exigeante et radicale : celle de déployer une lucidité critique, dissidente et hérétique, polémique et contestataire, inquiétante et même dangereuse. Car la réalité catastrophique dont il s’agira de faire la généalogie ne peut être perçue et éprouvée en tant que catastrophe qu’à travers ce prisme. Le ton est donné et rappelé tout au long de l’ouvrage : il faut « dévisage[r] notre époque à partir du regard hérétique de l’an-archie » (p. 164) ; s’installer « dans une inquiétante étrangeté à partir de laquelle toute chose apparaît dans une nouvelle lumière, étrange et inquiétante » (p. 173) ; développer une « pensée tragique », seule capable de « penser la catastrophe comme dénouement de la tragédie historique » (p. 348). Dans un clin d’œil à la contre-culture Vioulac n’hésite pas à revendiquer le caractère « anti-social  » de son approche (p. 161), et même, dans son précédent ouvrage, une véritable « punk philosophie » (par opposition à la « pop philosophie ») [1]. Qu’on ne s’y trompe pas néanmoins : l’an-archie dont il est ici question ne désigne pas la doctrine politique de Proudhon ou de Bakounine, mais l’attitude philosophique de remise en question de tout fondement (ἀρχή) ; attitude qui aboutit, au terme d’une quête archéologique avec Marx et Husserl à la thèse d’une absence de fondement. En cela, elle est bel et bien littéralement « anarchéologie ».

Accuser l’histoire

Et puisqu’il s’agit d’identifier l’origine de « la catastrophe » afin d’établir comment on en est arrivé là, cette pensée doit aussi être fondamentalement historique, ou historiale (p. 66). Vioulac montre bien, à partir de Husserl, à quel point la philosophie doit assumer l’élément historique primordial : tout phénomène doit être reconduit à son origine historique, au point que « l’ensemble des questions ultimes, métaphysiques et théologiques, ne font qu’un avec la question du sens de l’Histoire » (p. 42). A fortiori pour la question qui constitue le cœur de l’ouvrage : penser la catastrophe c’est penser la catastrophe historique.

Et, là encore, Vioulac revendique une approche résolument marginale. Contre une histoire qui muséifie et fossilise le passé, contre tout historicisme et toute téléologie qui arraisonnent les faits dans une Histoire Universelle, il faut assumer une position dissidente et hérétique (p. 26) et « tenter d’arracher le processus historique au conformisme qui lui donne toujours le sens attendu » (p. 163). Pour penser l’Histoire et son devenir catastrophique, il faut « sortir (u-topiquement) du milieu en lequel aujourd’hui elle se donne (le Musée, l’Université, le dispositif de recherche, l’archive...) » (p. 82), et l’aborder du point de vue des marges, des soubassements et des bas-fonds (p. 338), ce qui revient à l’accuser au lieu de la légitimer (p. 12), et à faire vivre la mémoire des vaincus plutôt que commémorer celle des vainqueurs.

Et Vioulac n’hésite pas à accuser franchement, dans des pages dont la noirceur confine parfois à l’humour : l’Histoire est histoire de la barbarie (p. 192), histoire de la folie (p. 244), histoire pathologique (p. 263), catastrophe permanente et processus d’annihilation (p. 270). Cette approche, précise Vioulac, ne doit pas être confondue avec une forme de décadentisme, car l’idée de décadence, spécifiquement réactionnaire – comme le sont d’ailleurs, soulignons-le au passage, certains auteurs auxquels Vioulac se réfère parfois, tels Houellebecq, Céline ou Philippe Murray –, « repose sur l’idéalisation niaise de telle ou telle époque passée supposée édénique par rapport à laquelle le présent est jugé » (p. 191). Or, ajoute-t-il : « les connaissances historiques nous interdisent désormais de nous raconter des histoires sur ce que fut l’Histoire, en ce qu’elles révèlent, partout, toujours, la faim, la misère, le malheur, la souffrance, la vie dure, l’abrutissement simple » (ibid.). Le décadentisme est d’une certaine manière encore trop optimiste, et il faut plutôt se résigner : « Jusqu’ici l’Histoire n’a aucun sens, sa seule logique fut non seulement l’annihilation, mais aussi le désenchantement du monde, la dévalorisation des valeurs et la ruine des significations, elle ne peut apparaître que comme un conte raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur, qui ne signifie rien : elle est nihiliste en son essence. » (p. 342). Même les plus grandes merveilles de l’humanité n’ont été réalisées que sur fond de souffrance et de mort.

Le commencement de l’Histoire : la révolution néolithique

Mais l’humanité n’a pas toujours vécu de manière historique – elle a eu sa pré-histoire –, et la catastrophe qu’est l’Histoire a bel et bien une origine : elle s’inaugure, dit Vioulac, dans et par la révolution néolithique entre les IXe et VIIe millénaires avant notre ère : « véritable commencement de l’Histoire » (p. 98), elle marque ainsi le passage d’une existence de chasseurs-cueilleurs-nomades à celle d’agriculteurs-éleveurs-sédentaires (p. 105), mais aussi la rupture avec l’animalité (p. 109), l’institution sociale (p. 115), l’avènement de la névrose (p. 121), l’émergence des religions (p. 121), la négation de la nature tout entière par le travail (p. 266), l’instauration des inégalités sociales et de l’exploitation (p. 132), etc. En cela elle est bel et bien une Révolution, au sens d’un renversement et d’un retournement profonds – et peu importe ici sa durée (p. 108).

Aussi référencées et étayées que soient ces analyses « à tâtons dans les âges obscurs » (p. 99), force est de reconnaître qu’elles reprennent des représentations assez classiques et évolutionnistes. Comme l’ont bien montré David Graeber et David Wengrow dans leur dernier ouvrage [2], la plupart d’entre elles sont a minima imprécises, voire totalement invalidées par les dernières recherches archéologiques, et escamotent tout le spectre des pratiques hybrides et des modes de vie alternatifs qui se sont développés durant les quelques trois milles ans qu’a duré cette « révolution », et qui ont parfois perduré bien après : car la sédentarisation – qui ne s’accompagne d’ailleurs pas toujours de l’agriculture et de l’élevage – n’entraîne pas nécessairement l’émergence des inégalités – qui existent d’ailleurs aussi dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs – elles-mêmes pas toujours nomades, pas plus que la constitution des villes – qu’il faut distinguer des mégasites – n’implique l’émergence d’un pouvoir centralisé, etc.

On objectera que ces pratiques et modes de vie ne correspondent qu’à des phases transitoires et marginales, et que, comme l’écrit Vioulac : « ici plus qu’ailleurs la philosophie de l’Histoire, qui pense l’événement, doit se distinguer de la science historique, attentive à la dissémination des faits » (p. 111). Mais, comme le soulignent justement Graeber et Wengrow : « Un authentique projet radical serait peut-être d’envisager l’histoire du monde du point de vue de ces lieux et des temps intermédiaires que l’on réduit abusivement à des ‘‘entre-deux’’. » [3] Or, c’est bien à cet abus que cède Vioulac, qui donne ainsi l’impression que la révolution néolithique a été un processus univoque, irrépressible et monolithique ; et il verse parfois même franchement dans le cliché – en l’occurrence rousseauiste : « Jean-Jacques avait déjà dit l’essentiel dès 1755 » (note 1, p. 97) – sur l’homme « primitif » qui vivrait dans « l’immédiateté » (p. 105), tel un « animal prolétaire » (p. 110), se définissant par le « narcissisme » et « la pensée magique qui n’obéit qu’au principe de plaisir » (p. 120) et vivant dans « le silence de la steppe venteuse et déserte » (p. 133).

La catastrophe industrielle-capitaliste

Si l’Histoire débute donc avec la révolution néolithique, si elle est par suite une succession irrépressible de catastrophes et de désastres, elle s’achève selon Vioulac par une autre révolution, la « révolution capitaliste », qui est tout aussi bien « révolution industrielle », « catastrophe capitaliste » ou encore « catastrophe industrielle », bref : « seconde Révolution connue par l’humanité après la Révolution dite Néolithique » (p. 231), à laquelle il n’est pas sûr qu’elle puisse survivre. Car, comme il le rappelle dans une prose aussi lapidaire que désespérée :

Les signes s’amoncellent aujourd’hui d’un cataclysme global que rien désormais ne semble pouvoir conjurer : dérèglement climatique, élévation continue de la température globale, fonte des glaces et élévation du niveau des mers, acidification des océans, pollution des airs et des eaux, déforestation et désertification, extinction massive d’espèces, prolifération des maladies infectieuses et des zoonoses, accroissement exponentiel des quantités de déchets toxiques, notamment nucléaires... à quoi s’ajoute la perspective de l’effondrement brutal d’un système économique mondial miné par la dette, et par ailleurs toujours dépendant d’énergies fossiles en voie d’épuisement..., tout indique aujourd’hui l’imminence d’un seuil critique après lequel la survie même de l’homme serait en question. (p. 167)

Ce catastrophisme, que Vioulac assume comme « horizon épistémologique de notre temps » (p. 168), n’a plus rien d’original ou de marginal : il est devenu en quelques années discours officiel. Rapports, expertises, articles, reportages, essais collapsologiques ont en effet envahi la sphère médiatique, et n’importe qui peut désormais vérifier facilement l’étendue du désastre. Identifier « le capitalisme » ou « la société industrielle » comme sa cause ultime relève presque aujourd’hui du truisme.

L’originalité de l’analyse repose ici surtout sur une large mise en perspective historique et philosophique qui fait donc de cette Révolution capitaliste (ou industrielle) le pendant de la Révolution néolithique, ou plutôt son renversement, littéralement sa catastrophe : « parce qu’elle met fin à la sédentarité terrienne et à la ruralité, qu’elle détruit la ville au profit de la zone urbaine, mais aussi parce qu’elle redéfinit totalement le rapport de l’homme au réel, au temps et à l’espace, à l’animal et à la technique, à la terre et au ciel, et redéfinit intégralement un sujet désormais subjectivé par son assujettissement au Capital » (p. 231).

Autrement dit : la Révolution capitaliste à laquelle nous avons affaire depuis à peine deux cents ans est non seulement d’une ampleur comparable à celle qui eut lieu entre les IXe et VIIe millénaires, mais elle en serait même l’exact retournement. Vioulac souligne avec Marx et contre le marxisme traditionnel que le capitalisme est irréductible à un simple rapport d’exploitation d’une classe par une autre, à un régime de propriété ou à un mode de production, mais doit plutôt se comprendre ultimement et métaphysiquement comme « nouveau régime ontologique » (p. 232), c’est-à-dire, en l’occurrence, comme une nouvelle configuration du monde où l’ensemble de la réalité se retrouve soumise à la logique de la valeur.

Vers une nouvelle Révolution ?

On l’aura compris : ce n’est rien de moins qu’une fresque historico-philosophique de l’humanité que nous propose ici ; une sorte de métarécit pour philosophes, comparable, même si les démarches et les thèses sont radicalement différentes, au dernier ouvrage de Graeber et Wengrow ou au best-seller de Yval Noah Harari, Sapiens. Une brève histoire de l’humanité [4], cité par Vioulac lui-même (p. 185-186). Si une telle hauteur de vue permet – au risque de raccourcis – de comprendre l’ampleur de la Révolution néolithique et de la Révolution industrielle, elle permet aussi de comprendre l’ampleur de la nouvelle Révolution qui doit pouvoir advenir. Car c’est à nouveau d’une révolution, et d’une révolution comparable à celles-ci – un « retournement historial » ou un « changement de régime ontologique » dit Vioulac (p. 315) –, dont l’humanité a besoin pour échapper tout bonnement à sa propre disparition :

La question de la Révolution s’impose aujourd’hui d’elle-même avec la prise de conscience progressive du danger sans précédent que font peser sur l’humanité la crise climatique et la destruction de l’environnement, et donc de la nécessité de ce que l’on a pris l’habitude de nommer par pudeur (…) la « transition écologique » : mais il s’agit bien par là de désigner un changement complet du mode de production, de consommation et de circulation, changement mondial et rapide parce qu’urgent, très urgent, en quoi c’est bien le concept de Révolution qui permet de penser la chose en question. (p. 314)

Mais à considérer les choses avec cette ampleur, il n’est pas sûr qu’on puisse envisager, comme le prétendait pourtant Vioulac dans les premières pages de l’ouvrage, le début d’une réponse à la question : « comment s’en sortir ? » S’il s’agit en effet « d’engager un processus d’une envergure aussi considérable que les Révolutions néolithique et industrielle, mais, pour la première fois, d’en faire un acte humain conscient et volontaire » (p. 351), reste à savoir comment. Or aucune piste, aucun levier d’action n’est ici esquissé, et c’est plutôt au quiétisme et à la mélancolie du désespoir que finissent par conduire de telles analyses – quand ce n’est pas au « dandysme punk » (p. 299). Car force est de reconnaître l’échec des tentatives révolutionnaires passées, qui ont parfois été elles-mêmes proprement catastrophiques : « Ainsi la Révolution peut elle-même être une catastrophe, où la promesse de libération est aussitôt trahie par un surcroît de terreur, d’asservissement et d’exploitation » (p. 325). Et les dernières lignes de l’ouvrage sont totalement résignées : il ne resterait finalement plus qu’à « faire silence, d’un silence atrocement houleux ».

Dans un ouvrage de 2008 consacré aux différentes formes de discours catastrophistes, Jaime Semprun et René Riesel notaient que « cette attente dépossédée fait elle-même partie intégrante de la catastrophe », et déploraient que la plupart de ces discours, dont la rhétorique se veut parfois radicale et révolutionnaire, ne s’intéressent pourtant pas à la pratique révolutionnaire elle-même [5]. Or si Vioulac assume une approche « historiale », l’histoire révolutionnaire concrète se retrouve ravalée en quelques lignes (p. 335), tandis que mai 68, par exemple, est rétrospectivement réduit à « n’avoir été qu’un moment dans le processus irrésistible d’avènement de l’individualisme hédoniste et narcissique nécessaire à la société de consommation » (p. 327). Vioulac précise certes que ces événements ont été autant d’« occasions manquées » (p. 335), mais ils n’en semblent pas moins irrésistiblement emportés par la marche désastreuse de l’histoire. Difficile, de ce point de vue surplombant et rétrospectif, de bien percevoir la contingence des événements et toutes les possibilités alternatives qu’ils pouvaient contenir.

D’une manière générale, il y a dans l’ouvrage de Jean Vioulac une tension – voire une contradiction – entre d’une part des préceptes méthodologiques qui recommandent d’envisager l’histoire comme contingente, discontinuiste et non téléologique, et d’autre part des considérations historiques concrètes qui dessinent plutôt une fresque philosophico-historique de l’humanité rigide et inéluctable. Comme si, au moment d’étudier concrètement l’histoire elle-même, Vioulac ne se tenait pas aux principes dont il se réclame. Loin de « s’emparer de la tradition des opprimés » et de recueillir « les éclats du temps messianique » (p. 338), il déroule plutôt une histoire scolaire et muséale où des périodes bien distinctes et délimitées par des Révolutions se juxtaposent sans plus rien contenir des processus contradictoires et des moments cruciaux qui en faisaient la richesse.

Jean Vioulac n’en propose pas moins des analyses auxquelles il faut pouvoir se confronter. Et sur le modèle du Livre des Passages de Walter Benjamin [6], il offre surtout une précieuse compilation de références et de citations, véritable boîte à outils, semblable à ces recueils de morceaux choisis qu’on nommait « chrestomathie » – littéralement : savoirs utiles. Charge au lecteur d’en faire un usage propre.

Jean Vioulac, Anarchéologie. Fragments hérétiques sur la catastrophe historique, Paris, Puf, 2022, 360 p., 22 €.

par Cyril Legrand, le 19 décembre 2022

Pour citer cet article :

Cyril Legrand, « Une folle histoire du monde », La Vie des idées , 19 décembre 2022. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/Vioulac-Anarcheologie-Fragments-heretiques

Nota bene :

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Notes

[1Approche de la criticité. Philosophie, capitalisme, technologie, Paris, Puf, 2018, p. 96.

[2David Graeber & David Wengrow, Au commencement était... Une nouvelle histoire de l’humanité, trad. Élise Roy, Paris, Les Liens qui libèrent, 2021. Cf. la recension sur laviedesidees.fr par Charles Stépanoff : « L’archéologue et l’anthropologue », 9 mai 2022.

[3Graeber & Wengrow, op. cit., p. 484.

[4Yval Noah Harari, Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Albin Michel, 2015.

[5Jaime Semprun & René Riesel, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Paris, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2008, p. 123.

[6Walter Benjamin, Paris, capitale du XXe siècle. Le livre des passages, trad. Jean Lacoste, Paris, Cerf, 2021.

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