En première ligne face aux effets des politiques néo-libérales, les travailleurs sociaux ne sont pas épargnés par la montée des incertitudes.
Invisibles aux yeux des pouvoirs publics, les migrants pauvres luttent pour accéder à des conditions de vie décentes dans les métropoles indiennes. Sanjeev Routray analyse leurs quêtes de reconnaissance, une démarche qu’il qualifie de « citoyenneté numérique ».
Concentrant l’histoire de la migration dans l’espace de cinq immeubles à Saint-Denis, F. Langrognet fait parler des archives inattendues qui en disent long sur la coexistence d’étrangers multiples et variés, unis par la précarité et l’incertitude.
En s’attachant aux textes et à l’histoire des mots, Jean-Louis Roch met l’accent sur l’ambivalence du sentiment de charité au Moyen âge, et montre comment la figure du pauvre se désacralise à la lisière de la modernité.
La dématérialisation de l’accès aux droits sociaux, loin de réduire le non-recours, ne fait qu’accentuer la fracture numérique. Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée.
Vers 1900, alors que la capitale a absorbé ses communes avoisinantes et que les bas-fonds accueillent toute une faune, les policiers oscillent entre répression et chronique sociale. Remparts contre le crime, ils se font aussi les peintres de la misère, sans répugner à la poésie.
Les salaires sous l’Ancien Régime permettaient difficilement de vivre de son travail. Nombreux étaient ceux qui devaient multiplier les activités pour joindre les deux bouts. L. Fontaine en fait un portrait saisissant.
Grâce aux stratégies commerciales et au lobbying des géants de l’agroalimentaire, les aliments ultra-transformés se multiplient dans nos assiettes. La satiété éphémère qu’ils provoquent favorise le surpoids et des risques plus élevés de maladies cardio-vasculaires et de diabète.
Entraînant maladies cardiovasculaires et diabètes, l’obésité est une épidémie mondiale qui touche aujourd’hui les populations pauvres des pays qui s’enrichissent. Quelles en sont les causes, et comment les politiques publiques peuvent-elles y remédier ?
Même si les données scientifiques ont de quoi nous rendre pessimistes, le philosophe Darrel Moellendorf montre qu’il est encore permis d’espérer une justice climatique. Pour catalyser l’espoir, il met en avant la mobilisation de masse, le progrès technique et l’utopie réaliste.
Avant d’être une métaphore désignant un espace marginal et dangereux, le terme de « zone » a désigné une réalité géographique précise : une bande de terre encerclant Paris, dont l’histoire, pourtant édifiante, a été en partie oubliée.
Face à l’inflation qui grève les budgets des ménages, les réserves patrimoniales feront toute la différence. Que deviendront ceux qui en sont dépourvus ? Il est urgent de prendre la mesure de cette inégalité structurelle entre les classes sociales et les groupes d’âge.
Inès est cheffe de service d’un centre d’hébergement dédié à l’accueil des femmes sans domicile. Sa propre expérience de la pauvreté a fait naître en elle un sentiment de révolte sur lequel elle s’appuie pour motiver son engagement.
Avec la proposition de conditionner le versement du RSA à 15 à 20 heures de travail, la polémique sur l’assistance revient dans la campagne électorale. F.-X. Merrien rappelle que le raisonnement est erroné : les obstacles à la reprise d’emploi sont d’ordre social et psychologique.
L’augmentation des revenus et de la vente à crédit, ainsi que la Première Guerre mondiale, transforment les modes de consommation des classes populaires entre 1880 et 1920. Du dénuement à l’appropriation, il est possible de retracer la « vie sociale des objets ».
L’augmentation des contrôles dans les administrations du social a conduit à une sévérité accrue vis-à-vis des populations modestes et précaires. Le sociologue Vincent Dubois le démontre grâce à une synthèse originale de différentes traditions critiques en sciences sociales.
Pour lutter contre la mortalité maternelle et infantile en Inde, les politiques de santé ont largement démocratisé l’accès à l’hopital public. Mais les femmes sont en butte à la violence bureaucratique qui cristallise des conflits de caste, de religion et de classe.
Les efforts pour faire de Delhi une ville « globale » s’accompagnent d’une destruction de la nature et des communs, ainsi que d’une relégation des pauvres à la périphérie. L’évolution de cette métropole témoigne du besoin urgent de concilier justice écologique et justice sociale.
Alors que la crise actuelle va faire croître les flux d’entrée dans la pauvreté, cet essai, partant d’une enquête approfondie auprès de ménages de travailleurs pauvres, évoque les conditions sociales d’une sortie durable de la pauvreté dont il critique les définitions usuelles.
Comment la cause des pauvres s’est-elle substituée à la cause du peuple ? Ancrée dans le catholicisme social, la critique de la Sécurité sociale a abouti, à la faveur de la crise économique, à la création d’un ensemble d’institutions (RMI-RSA) gérant la pauvreté.
Comment la lutte contre le Covid est-elle organisée au Brésil, et comment l’attitude du président a-t-elle sapé la confiance de la population dans les institutions chargées de la protéger ? Marcello Barcinski, membre de l’Académie Nationale de Médecine et de l’Académie Brésilienne des Sciences, dresse un constat accablant.
En Inde, le confinement aura des conséquences terribles sur une économie informelle qui repose sur la mobilité, et risque d’aggraver les profondes inégalités qui divisent le pays. Les ravages de la faim et la faiblesse des infrastructures de santé menacent d’alourdir le bilan mortel du virus.
Au XVIIIe siècle, les épidémies récurrentes de typhus chez les pauvres renforcent la croyance selon laquelle les corps de la plèbe sont dans un état de perpétuelle putréfaction. L’historien Kevin Siena propose une étude stimulante des discours médicaux sur les épidémies au cours du long XVIIIe.
Comment sortir d’un regard dévalorisant sur les pauvres ? Le sociologue Denis Colombi appelle à observer les pratiques économiques pour se déprendre des préjugés. Une analyse salutaire de la condition des catégories les plus défavorisées de la société.
Études courtes, accès précoce à l’emploi et au couple, goût du travail manuel, démonstrations de virilité, tels sont les traits caractéristiques des relations qui unissent les jeunes hommes des régions rurales, qu’étudie l’enquête de B. Coquart.
Instituée en 2016, la Prime d’activité a été mobilisée pour répondre au mouvement des Gilets jaunes. Cette mesure, réservée aux personnes qui ont un travail, est révélatrice de l’étatisation croissante de la protection sociale, également à l’œuvre dans les réformes de l’assurance chômage et des retraites.
La notion de « décence » alimente les politiques du revenu, du logement et du travail depuis deux siècles. Tiraillée entre les objectifs de survie et de vie, son acception ne cesse de s’élargir, avec la montée des principes de dignité et d’équité.
Une enquête au sein d’un grand ensemble argentin, dans l’intimité des familles qui se débrouillent pour survivre, montre comment le « système D » donne naissance à des formes nouvelles du droit.
Le succès de la dernière palme d’or s’explique par certaines spécificités de la société coréenne comme la coexistence des riches et des pauvres, et par une vigueur sarcastique que le cinéma coréen partage avec le cinéma italien de la grande époque, avant le triomphe de la télévision.
Les politiques de diversité sur les campus des universités américaines d’élite ont modifié les pratiques de sélection des moins favorisés. Mais le privilège académique n’exclut pas la domination sociale et ethnique, y compris dans ses dimensions les plus matérielles.
À l’heure de la montée des inégalités, les élites philanthropes prétendent vouloir « changer le monde ». Anand Giridharadas montre qu’elles ne font en fait que détourner le changement social dans leur propre intérêt, refusant de bouleverser le système qui les a consacrées.
Le mouvement des Gilets jaunes a mis en lumière que de nombreux ménages ne parvenaient pas à boucler leurs fins de mois, même avec un revenu relativement stable. Un tel constat invite à ouvrir la boîte noire du budget des ménages afin de saisir les dynamiques d’inégalité et de pauvreté.
L’ex-Russie soviétique est aujourd’hui l’un des pays les plus inégalitaires du monde. Le désenchantement a donné lieu à une critique sociale qui s’ancre dans une expérience vécue et partagée, de domination et d’injustice.
Le 1er décembre 1988 apparut le RMI, devenu RSA en 2008. Cette prestation, aujourd’hui vitale pour un Français sur vingt, a coupé la lutte contre la pauvreté de la protection sociale générale, opposant catégories populaires et allocataires au sein d’une même insécurité sociale.
Jacquerie, révolte des périphéries, revanche des prolos… Les premières analyses du mouvement des gilets jaunes mobilisent de nombreuses prénotions sociologiques. Ce mouvement cependant ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales.
Au sein des institutions où on les plaçait dans les années 1950, les mères célibataires, marginalisées et réprimées, avaient parfois l’occasion de retisser du lien. C’est ce lien que recrée le sociologue Jean-François Laé à travers la correspondance d’une « fille-mère » avec son assistante sociale.
Le non-recours aux aides sociales peut prendre plusieurs formes et s’expliquer diversement ; mais il traduit fondamentalement, selon Philippe Warin, une attente de justification adressée aux pouvoirs publics.
Hôpital, soins dentaires, pompes funèbres, universités, TGV : partout le service public réinstaure sans le dire une « troisième classe », réservée aux plus pauvres. Qu’est-ce que cette segmentation nous dit des évolutions de l’État-providence ?
En Inde comme en Europe, la gauche est en difficulté. Au delà de la financiarisation de l’économie et de la disparité des conditions sociales, cet essai éclaire les facteurs qui, des dynamiques électorales à la criminalisation de la classe politique, expliquent la faiblesse de la gauche indienne.
La violence est devenue une composante structurante des quartiers périphériques de Buenos Aires. Un ouvrage dépeint la vie quotidienne des habitants pauvres de la capitale argentine, révélant les logiques d’une socialisation à la violence qui affecte particulièrement les jeunes. Plongée dans la « décivilisation » des mœurs.