La rétention des dépouilles de guerre, et donc l’empêchement des rituels funéraires, joue un rôle important et peu étudié dans le conflit israélo-palestinien.
Pourquoi 5000 Européens ont-ils rejoint le jihad en Syrie ? Les volontaires partis entre 2011 et 2014 manifestaient une forme de solidarité religieuse et une aspiration révolutionnaire, qui furent par la suite instrumentalisées par Daech.
La notion de radicalisation a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années, mais reste relativement confuse. Les États qui cherchent à y faire face ont mis en place des dispositifs variés dont l’efficacité réelle reste difficile à évaluer, et qui produisent bien souvent des effets inattendus.
L’ampleur des enlèvements de civils israéliens le 7 octobre constitue un fait sans précédent. Comment ont évolué la doctrine et la pratique d’Israël dans la négociation du retour des otages ? Comment déterminer le « prix » d’une vie sur un plan politique et moral ? Israël est-il prêt à payer plus cher que d’autres pays pour sauver ses citoyens ?
Lors des attentats de 2015, la question du terrorisme a été reliée à l’école. Comment expliquer qu’une violence paroxystique, sans lien apparent avec le système éducatif, ait fini par se répercuter sur lui, voire le déstabiliser ?
Les guerres entreprises contre le terrorisme ne font guère que renforcer l’instabilité internationale. Mais si ce scandale n’éclate pas aux yeux, c’est qu’elles se parent d’une prétention à l’humanisation, qui conduit dans les faits à abandonner toute perspective de paix.
Le djihad global a connu quatre périodes, chacune marquée par un événement emblématique et un idéologue phare. Mais toutes, selon G. Robinson, ont en partage un sentiment de rage et la volonté nihiliste d’anéantir l’héritage des Lumières. Une thèse qu’il convient de nuancer.
Le droit d’offenser est partie intégrante de la liberté d’expression. Sa justification repose sur la distinction entre les dogmes, qui peuvent faire l’objet de critiques ou de moqueries, et les individus qui peuvent y adhérer. Sans elle, les désaccords moraux et religieux ne pourraient plus s’exprimer dans l’espace public.
L’émotion suscitée par les attentats terroristes est bien trop souvent un obstacle à la perception de leurs origines et leurs effets. Le discours public s’en tient trop souvent à des schématisations qui ne tiennent pas compte des apports de la recherche, en France et à l’étranger.
Les centres de « déradicalisation », ouvert à grand bruit en 2016, ont rapidement capoté. Un livre revient sur les impasses de cette ambition qui prétendait remplacer le fanatisme religieux par la discipline militaire.
Comment réagissons-nous aux attentats ? Comment mieux faire face ? Un nouveau livre de la collection Puf/ Vie des idées mène l’enquête en rassemblant sociologues, politistes, psychologues et spécialistes de médias.
L’émergence de la radicalisation comme problème public a poussé l’État français à développer de nouvelles politiques de prévention. La faible efficacité de ces tentatives semble lieé à leur caractère confus et parfois contradictoire.
Comprendre la radicalité religieuse implique d’aller au-delà de l’association entre précarité et délinquance. L’attention doit plutôt se porter sur les configurations familiales, le lien avec les institutions et les trajectoires scolaires ou la socialisation entre pairs.
Fait social total, la guerre moderne n’engage plus seulement les soldats mais mobilise toutes les forces, politiques, économiques, culturelles, des nations. Elle bouscule les formes classiques du combat, elle pousse la violence à son paroxysme.
On entend souvent que, face au terrorisme, les démocraties auraient à trouver le bon équilibre entre sécurité et liberté, comme s’il s’agissait de poids dans une balance. La métaphore ne sert-elle qu’à justifier de nouvelles mesures de sécurité ? Comment concevoir l’arbitrage entre ces valeurs ?
Comment faire peur à ceux qui ne craignent pas la mort ? Souvent adoptées dans l’urgence, les mesures gouvernementales sont dans l’ensemble inefficaces contre le terrorisme. Pour François Saint-Bonnet, l’État de droit doit bien plutôt réorganiser ses pouvoirs, et réaffirmer la séparation entre le civil et le militaire.
Outre la sidération, quelles réactions sociales les attentats suscitent-ils ? Le sociologue Gérôme Truc analyse les facteurs qui pèsent sur notre interprétation des évènements, et les nouvelles formes de clivage, mais aussi de solidarité, qui se créent dans leur sillage.
Les attentats changeraient le comportement économique des individus en agissant sur la peur et l’aversion au risque. Ses effets, toutefois, restent difficiles à cerner et à mesurer dans la pratique. Une étude inédite sur le cas des attentats de Boston permet de progresser ici dans cette voie.
Nos outils juridiques sont-ils adaptés pour faire face à cette forme inédite de violence politique qu’est le terrorisme ? Comment penser un conflit sans État, territoire ni règles ? Et comment prévenir les crimes terroristes sans porter atteinte aux libertés ? Antoine Garapon et Michel Rosenfeld s’interrogent.
Les attentats sont des défis lancés aux États modernes dans l’exercice de leur souveraineté. Cela se voit, montre Riva Kastoryano, jusque dans le traitement des dépouilles de leurs auteurs. Mais derrière la question de l’enterrement des djihadistes, c’est aussi l’affrontement entre deux visions du monde à visée universaliste qui se révèle.
Comment réagissons-nous à la menace immédiate ? Une représentation tenace veut que ce soit de manière individualiste, chacun pour soi. L’étude de situations d’attentats révèle pourtant que l’exposition au danger peut favoriser la coopération et l’entraide.
Que peuvent les sciences sociales face aux attentats ? S’en saisir, à égale distance des peurs et des représentations imposées. Des sciences cognitives à l’économie, en passant par l’anthropologie et la science politique, ce dossier donne un aperçu des savoirs sur les effets sociaux des attentats.
Est-il rationnel d’agir avec justice ? La philosophie morale contemporaine semble le penser, mais on peut en douter : la raison nous recommande souvent de servir avant tout nos intérêts, quitte pour cela à être injuste. Et il faut en conséquence bien plus pour convaincre le méchant que la seule force du raisonnement.
S’appuyant sur les derniers développements de la sociologie des mouvements sociaux, Donatella della Porta propose un modèle novateur pour penser les violences armées clandestines. Sans s’encombrer du concept de terrorisme, elle vise à identifier les divers mécanismes à l’œuvre dans la lutte politique armée.
Le procès de la filière djihadiste de Strasbourg s’est tenu du 31 mai au 7 juin 2016. Présente lors des sept journées d’audience, la sociologue Jeanne Pawella nous livre ici son analyse du procès qui pose la question du fonctionnement de la justice et des dispositifs de prise en charge des jeunes « radicalisés » ou de retour du djihad.
La guerre contre le terrorisme mobilise des moyens contraires aux libertés démocratiques. Aux États-Unis, le recours à ces moyens exceptionnels s’est accompagné d’efforts pour contourner le droit, avec parfois la complicité de la Cour suprême qui en est pourtant le garant.
Qu’est-ce que l’histoire peut apporter à l’analyse du terrorisme contemporain ? Jenny Raflik propose de relire son essor sous l’angle de la montée en puissance de la mondialisation. Compte rendu suivi d’une réponse de l’auteure.
L’État islamique (EI) n’est pas né d’un seul coup à l’été 2014. Il est enraciné dans l’histoire mêlée de l’Irak et de la Syrie de ces vingt dernières années. Loulouwa Al Rachid et Matthieu Rey démêlent cet héritage complexe de l’EI, à la fois legs de l’autoritarisme baasiste et de l’intervention américaine en Irak.
En abordant la question de la justice d’exception de manière historique, Vanessa Codaccioni éclaire les débats récents autour des luttes antiterroristes. Elle montre que ces dispositifs s’enracinent dans une histoire longue, et qu’il s’agit moins d’opposer la sécurité à la liberté que de comprendre des pratiques changeantes, incarnées dans des institutions, qui éclairent les enjeux ordinaires de la justice.
Tirant les leçons de la lutte menée contre Al-Qaïda après le 11 septembre, Bernard Manin montre que l’état d’exception est inapproprié pour affronter le terrorisme contemporain. Ce qui est exigé, c’est une action soutenue et persévérante, et non une suspension des règles qui ne peut être que provisoire.
L’état d’exception a en France une longue histoire. Destiné à faire face aux crises de toutes sortes, il est aujourd’hui invoqué pour répondre au terrorisme. Mais rien ne dit, selon l’historien du droit F. Saint-Bonnet, que c’est là la bonne solution au terrorisme qui frappe aujourd’hui.
Afin d’éclairer les événements tragiques survenus en France, la Vie des idées propose des pistes de réflexion à partir d’une sélection d’articles analysant la situation au Moyen-Orient et les enjeux institutionnels soulevés par le terrorisme.
Les attentats de janvier 2015 ont donné lieu à des manifestations d’unité nationale sans précédent. Qu’y a-t-il de spécifique à « l’esprit du 11-janvier » en comparaison avec d’autres grands rassemblements historiques ? Le consensus affiché ne serait-il pas le symptôme d’une crise politique ?
La réponse au djihadisme ne peut, selon F. Saint-Bonnet, résider seulement dans la répression. Le droit d’exception, comme l’indignité nationale, sont inefficaces, car le djihadiste, qui ne craint pas la mort, n’est pas un criminel classique.
La lutte anti-terroriste engagée depuis les attentats du 11 septembre n’a pas radicalement transformé notre législation, mais en a accéléré la mutation. C’est désormais la sécurité et la prévention des crimes qui en constituent le cœur et qui poussent, trop souvent, à mettre entre parenthèses les principes définissant l’État de droit. Magistrat, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la Justice, Antoine Garapon répond aux questions de la Vie des idées.
Dans une originale réflexion croisée, la juriste Mireille Delmas-Marty et l’historien Henry Laurens convoquent l’histoire au service du droit pour mieux cerner ce phénomène mouvant qu’est le terrorisme. Ils en repèrent les formes passées pour mettre en lumière ses spécificités contemporaines.
Du fait que le terrorisme relève de la « guerre psychologique », Hélène L’Heuillet tire deux idées paradoxales : le terrorisme est une forme de guerre qui s’affranchit de tous les codes de la guerre ; son explication relève de la psychanalyse. De là, un rapprochement suggestif autant que discutable entre terrorisme islamiste et nihilisme russe.
Pourquoi n’avons-nous retenu du 11-septembre, l’événement le plus photographié de l’histoire, que quelques images, répétées en boucle ? Dans un ouvrage à la fois riche et concis, Clément Chéroux, historien de la photographie et conservateur au Centre Pompidou, décortique ce « paradoxe du 11-septembre ».
De la fin du XIXe siècle à nos jours, le mouvement anarchiste n’a cessé d’alimenter les fantasmes sur l’existence d’une Internationale terroriste noire. Le livre de Vivien Bouhey est l’occasion de comprendre comment les autorités ont voulu réduire l’anarchisme des années 1890, fortement ancré dans la classe ouvrière, à la menace d’un complot contre la République.
Ici dénoncé comme composante majeure d’une « vague islamique », là présenté comme parti révolutionnaire en voie de normalisation politique, le Hezbollah est au centre d’études controversées dans le monde anglophone. Deux livres tentent, inégalement, de faire le point sur l’histoire et l’évolution du « parti de Dieu ».