Jacquerie, révolte des périphéries, revanche des prolos… Les premières analyses du mouvement des gilets jaunes mobilisent de nombreuses prénotions sociologiques. Ce mouvement cependant ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales.
Dans cet ouvrage d’histoire abondamment documenté, Avner Offer et Gabriel Söderberg expliquent que le « prix Nobel » d’économie a consacré l’idéalisation des mécanismes de marché, à contre-courant des politiques économiques sociales-démocrates du XXe siècle.
Depuis juin 2013, le Brésil a rejoint le groupe des pays bousculés par des mouvements populaires et des revendications participatives. Une comparaison avec des mouvements analogues, tels que Occupy Wall Street ou les manifestations du Caire, éclaire la défiance générale à l’égard de la représentation politique.
Après l’échec des négociations, la crise sociale s’enlise et s’envenime au Québec. Selon Christian Nadeau, professeur à l’Université de Montréal, le conflit dépasse le champ universitaire : il met en jeu un véritable choix de société et bouleverse en profondeur la vie politique québécoise. Les mesures d’exception promulguées par le gouvernement révèlent les pressions qui pèsent aujourd’hui sur la social-démocratie et la nécessité de la défendre.
Les années de gouvernement Blair-Brown ont conduit l’électorat britannique à de profondes déceptions. Le bilan de la politique travailliste mené par Florence Faucher-King et Patrick Le Galès dans leur livre, résumé ici pour La Vie des Idées, contraste fortement avec celui du conseiller travailliste Julian Le Grand.
Le New Labour de Gordon Brown a-t-il encore un projet politique pour la Grande-Bretagne ? Après treize années d’exercice du pouvoir, l’essouflement idéologique des travaillistes n’est guère surprenant. Patrick Diamond et Roger Liddle, membres du think tank Policy Network, invitent les sociaux-démocrates à redéfinir le rôle de l’État.
Comment la social-démocratie s’est-elle adaptée à la nouvelle économie de la connaissance ? À travers l’étude comparée du parti social-démocrate suédois et du New Labour britannique, l’historienne Jenny Andersson met en lumière les défis auxquels sont confrontées les gauches européennes.
C’est paradoxalement au moment où la crise économique semble lui donner raison que la social-démocratie européenne s’interroge sur ses capacités de survie. Dans ce contexte, le dossier publié par la revue Critique internationale invite à replacer les enjeux intellectuels et normatifs au cœur du projet social-démocrate.
Gordon Brown est assailli de toute part : son parti va de défaite en défaite, tandis que les spéculations vont bon train sur sa prochaine destitution par une alliance entre l’aile gauche du Labour et les fidèles de Tony Blair. Mais les problèmes du Labour vont au-delà de la question du leadership : c’est le projet politique des « nouveaux travaillistes » qui semble désormais épuisé.
Anthony Giddens, le maître à penser du blairisme, se tourne, dans son dernier livre, vers Gordon Brown et vers l’avenir, cherchant à refonder le projet social-démocrate pour le XXIe siècle. Une tentative inaboutie, selon Olaf Cramme.
Le journal d’Alastair Campbell, le fidèle « spin docteur » de l’ancien premier ministre britannique, est un mode d’emploi dans l’art de la communication, mais aussi un tableau saisissant des années Blair qui ont tant marqué la vie politique outre-Manche.
Le projet social-démocrate peut-il se ressourcer dans l’histoire des Lumières et de la pensée libérale ? C’est ce que pense Gareth Stedman Jones, qui retrace ses sources idéologiques chez Thomas Paine, Condorcet et Adam Smith.
Après une décennie de domination libérale, des « think tanks de gauche » sont apparus sur la scène politique bulgare. Financés par les fondations internationales au nom de la lutte contre le populisme, ils peinent cependant à formuler une pensée sociale à la hauteur des défis.
Si le bilan du blairisme reste globalement positif, de nombreuses voix au sein du New Labour réclament un retour aux thèmes traditionnels du Parti travailliste, notamment un accent plus marqué sur la lutte contre les inégalités et la défense du service public.
H. A. Bengtsson retrace ici la genèse et les grands principes du modèle suédois. Il souligne son caractère multidimensionnel, mais également les importantes évolutions qu’il a connues ces vingt dernières années et les brèches qui y sont désormais ouvertes, notamment par les réformes libérales et la mondialisation.
Si sa performance macro-économique ne fait pas doute, le modèle suédois est menacé de l’intérieur par la crise du double compromis qui est à sa base : entre le capital et le travail, d’une part, et entre la classe ouvrière et les classes moyennes, de l’autre. Le premier fut rompu par la mondialisation, le second est menacé par le retour des inégalités salariales et le chômage.
Si hégémonique soit-il, le parti social-démocrate suédois cherche désespérément son nouveau « grand récit ». Le thème du développement durable peut-il offrir à cet égard un bon horizon de substitution à un mouvement un peu usé ? C’est du moins ce qu’espère l’actuel Premier ministre, Göran Persson…