La France vire-t-elle à droite, comme on l’entend partout ? Tout dépend de ce qu’on nomme droitisation, explique V. Tiberj, car ce sont les valeurs de gauche qui, aujourd’hui, semblent avoir la préférence.
Loin d’être spontanée, l’unanimité apparente qui a entouré l’organisation des Jeux de Paris 2024 au sein de la population française résulte d’un travail minutieux de déminage des oppositions de la part d’entrepreneurs de cause divers. En attendant l’heure des comptes.
Le traitement des problèmes scolaires par les médias se réduit le plus souvent à un débat assez stérile entre progressistes, qui aspirent à « changer l’école » en la réformant, et réactionnaires qui veulent restaurer un ordre antérieur pour « sauver l’école ».
L’économiste Michaël Zemmour, dont l’intervention fut décisive dans la séquence politique ouverte par la réforme des retraites, revient sur l’expertise, la statistique publique et les conditions à réunir pour que le savoir puisse jouer un rôle dans la crise démocratique et soutenir le mouvement social.
Le contrôle des médias par quelques grands groupes est un danger pour le pluralisme de l’information et, par conséquent, pour la démocratie. Des mesures anti-concentration fortes et un cadre règlementaire repensé doivent absolument défendre ce pluralisme.
Comment réaliser l’idéal d’une démocratie délibérative ? Un ouvrage collectif revient sur le « tournant délibératif » de la pensée démocratique et esquisse les voies de sa mise en œuvre, dans des démocraties de masse où l’opinion publique continue d’être cristallisée par les médias et les partis.
Concurrencés par les réseaux sociaux, critiqués pour la supposée influence éditoriale de leurs propriétaires, les médias traditionnels ont-ils encore un rôle à jouer aujourd’hui ? Comment les transformations contemporaines ont-elles affecté leur fonctionnement, leur contenu, leur écho ?
Quel rôle les médias sociaux jouent-ils dans la polarisation croissant des sociétés occidentales ? Chris Bail mène l’enquête, et pointe du doigt les utilisateurs eux-mêmes.
Qui détient les grands médias audiovisuels et de presse en France ? Avec quel impact pour le pluralisme et l’indépendance de l’information ? Une économiste et un juriste posent un diagnostic sombre et dessinent les principes qui permettraient de mieux protéger ce bien public.
Pendant la période coloniale, le développement des communications par les réseaux électriques n’a fait que séparer davantage les communautés en accentuant les tensions permanentes et en fragmentant les audiences.
Les centres de « déradicalisation », ouvert à grand bruit en 2016, ont rapidement capoté. Un livre revient sur les impasses de cette ambition qui prétendait remplacer le fanatisme religieux par la discipline militaire.
Un sociologue étudie l’histoire de l’écriture et l’accès à la célébrité de Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez. Il met en lumière la dimension collective du processus et souligne le rôle des médiateurs culturels dans la fabrique de ce classique de la littérature du XXe siècle.
Le projet d’une démocratie délibérative est-il irréaliste ? Contre l’assimilation désabusée de la démocratie à un ensemble de procédures de vote visant à satisfaire les intérêts du plus grand nombre, Charles Girard soutient que la délibération est un idéal pertinent pour une société d’égaux.
Comment les fausses nouvelles se propagent-elles dans les sociétés démocratiques et pourquoi ne se dissipent-elles pas une fois démasquées ? Contre les lectures psychologiques, deux philosophes montrent que la désinformation est un mal social, auquel n’échappent pas les plus rationnels d’entre nous.
En Inde la sexualité et les mouvements féministes sont de plus en plus présents dans l’espace public. Mais le genre masque parfois d’autres catégories sociales de domination telles que la caste, et les discours médiatiques tendent à aseptiser les violences sexuelles.
L’intérêt pour les célébrités structure en profondeur les sociétés contemporaines. Pour Sharon Marcus, les « stars » apparaissent au XIXe siècle dans le secteur du théâtre, et le cas Sarah Bernhardt permet de caractériser le type de rapport qui se noue alors entre médias, publics et célébrités.
Le film de Polanski a remis au premier plan le colonel Picquart, antisémite et dreyfusard. Mais fut-il le lanceur d’alerte que présente le film, en tordant la réalité historique, ou un objecteur de conscience qui tenta le plus longtemps possible de rester dans la légalité pour sauver l’institution ?
Comment se déprendre du fonctionnement médiarchique qui tend à écraser toute singularité au nom de la communauté ? Heureusement le monde, signale Yves Citton, n’est pas encore réduit à un ensemble de données soumis au calcul des intelligences artificielles.
Jacquerie, révolte des périphéries, revanche des prolos… Les premières analyses du mouvement des gilets jaunes mobilisent de nombreuses prénotions sociologiques. Ce mouvement cependant ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales.
En dépit de son omniprésence dans la culture et les médias français, la gastronomie a longtemps été perçue comme un objet d’étude mineur. La sociologue Sidonie Naulin renverse la vapeur avec cette analyse du journalisme gastronomique, pilier, moteur et prescripteur du paysage culinaire français.
Après la démonstration, par F. Héran, de l’inconsistance scientifique des échafaudages de Stephen Smith autour des migrations africaines, J. Brachet met en évidence ce qui se joue réellement dans son livre partout célébré : l’appel ouvert à des politiques xénophobes et racistes.
À trop considérer les choses, on en oublie ce qui nous les fait percevoir. Telle est l’idée que le jeune Fritz Heider développe, en 1926, dans Chose et médium. Cet étonnant petit essai, récemment redécouvert, pose les fondations d’une théorie de la médiation.
En Russie, le discours anti-corruption est devenu une arme politique : en médiatisant la condamnation des pratiques douteuses de hauts responsables politiques, le pouvoir en place, pourtant corrompu, neutralise ses ennemis tout en désamorçant les accusations de malversation à son encontre.
Outre la sidération, quelles réactions sociales les attentats suscitent-ils ? Le sociologue Gérôme Truc analyse les facteurs qui pèsent sur notre interprétation des évènements, et les nouvelles formes de clivage, mais aussi de solidarité, qui se créent dans leur sillage.
Comment lire et mesurer les opinions politiques exprimées sur les réseaux sociaux ? Le politiste Julien Boyadjian tente de répondre en dressant le profil sociologique des « twittos politiques ».
Une rigoureuse étude de l’histoire récente du droit de savoir aux États-Unis fait remonter l’émergence de la transparence aux revendications pratiques anti-bureaucratiques plutôt qu’à des revendications idéologiques soixante-huitardes.
L’« affaire Benzema » fait grand bruit. La justice ne s’est pas encore exprimée, mais une partie de la presse et de l’opinion publique s’est empressée de condamner le footballeur, issu de l’immigration et désormais jugé incapable de représenter son pays.
Dans un court essai, le sociologue Bernard Lahire démontre l’absurdité des raisonnements anti-sociologiques qui se diffusent dans les médias comme dans la sphère politique. Il propose une défense et illustration du caractère à la fois scientifique et émancipateur de la discipline.
Lynchages, décapitations, cadavres…Les images de violence, en libre diffusion sur Internet, sont souvent occultées par les médias français. Pourquoi montrer ou, au contraire, cacher certaines images ? Toute violence ne serait-elle pas bonne à voir ?
Le prix d’une œuvre d’art correspond-il à sa valeur artistique ? L’économiste Nathalie Moureau montre que valeur économique et valeur artistique de l’œuvre contemporaine sont généralement déconnectées, donnant lieu à l’apparition de bulles spéculatives. Trois facteurs principaux expliquent alors ce décalage : l’information médiatique, la recherche de distinction, la spéculation.
Quels sont les liens historiques entre la propagande pro-démocratique des USA au cours de la Guerre froide, le mouvement de la contre-culture et le développement de l’ordinateur ? Fred Turner montre comment l’histoire des media de masse éclaire leur signification à l’ère numérique.
D’où vient le multimédia ? Pas seulement de technologies modernes, mais plus profondément d’une réflexion menée aux États-Unis, dès les années 1930, sur l’usage des médias de masse par les régimes totalitaires. Fred Turner en retrace la genèse en croisant les sciences politiques, l’histoire de l’art et les sciences de la communication.
À l’occasion des élections présidentielles ukrainiennes, la politiste Tatiana Zhurzhenko s’interroge sur la représentation politique en situation de conflit civil. L’état présent de l’opinion publique est difficile à évaluer, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, tandis qu’une guerre de l’information alimente peurs et rumeurs dans les régions du Sud et de l’Est de l’Ukraine.
La compréhension du monde et sa transformation peuvent-elles se réduire à de simples questions de programmation ? Alors que vient de paraître son deuxième ouvrage, Who Owns the Future ?, il n’est pas inutile de discuter les intuitions du geek humaniste Jaron Lanier qui dénonce la standardisation des consciences et la démonétisation croissante de l’économie.
La guerre d’Algérie est désormais installée dans l’espace public et médiatique français. Dans cet entretien, l’historienne Raphaëlle Branche revient sur les étapes et les enjeux de cette visibilité, renouvelée récemment par le cinquantenaire de l’indépendance algérienne. Elle présente les outils et les missions des historiens face à ce conflit aux multiples résonances.
Dans les années 1950 la poésie expérimentale devient concrète, sonore et visuelle, tandis qu’au même moment l’art conceptuel se tourne vers le langage verbal. La notion d’intermédialité éclaire cette perméabilité des arts et des lettres, tout en permettant de redéfinir leur spécificité.
La démocratie est un bien en soi ; mais elle a aussi un rôle à jouer dans l’économie pour favoriser l’innovation et la matérialiser. Or en France, ni les médias ni la justice ne sont indépendants à l’égard de l’État, et les politiques publiques ne sont pas évaluées. Philippe Aghion propose des mesures pour stimuler l’économie par un contrôle démocratique.
Dans un ouvrage collectif sur l’investissement de la subjectivité des journalistes dans leur travail, Cyril Lemieux et ses coauteurs développent une approche particulièrement cohérente de leur métier, et des satisfactions et contraintes qu’éprouvent ceux qui les exercent. Erik Neveu s’interroge sur le maintien de frontières au sein de la sociologie française contemporaine.
Historien, auteur de nombreux livres sur la vie politique française, les milieux d’affaires et les médias, Jean-Noël Jeanneney a aussi fait partie du gouvernement et dirigé de grandes institutions publiques. Dans cet entretien, il s’interroge sur la responsabilité civique de l’historien.
La télévision est confrontée à des mutations économiques structurelles, notamment avec la multiplication du nombre de chaînes, le changement des modes de consommations ou encore l’arrivée de nouveaux acteurs comme les fournisseurs d’accès Internet. Cette table ronde a permis de confronter les points de vue entre des théoriciens (Nathalie Sonnac, Michel Mougeot) et des praticiens du secteur comme Nelly Favrat, directrice générale adjointe de TV8 Montblanc.