Cinq spécialistes des nouvelles technologies partagent leurs points de vue sur les espoirs et les dangers portés par la révolution numérique en cours. Leurs réponses révèlent le besoin urgent d’approfondir nos réflexions sur les conséquences politiques, sociales et économiques de cette transformation de nos sociétés.
À l’heure où la frontière de l’automatisation s’étend jusqu’aux compétences émotionnelles, Allison Pugh met en lumière la capacité humaine à créer du lien. Irréductibles aux machines, ces connexions fondamentales apportent du sens aux professionnels et restent cruciales dans de nombreux secteurs.
Comment sortir de l’architecture abstraite, où les constructions sont faites sans leurs publics ? La méthode de Peter Ferretto repose sur l’observation, l’engagement et l’osmose entre enseignement, pratique, recherche et impact social.
L’évolution technologique a dépassé le droit existant, créant un vide de gouvernance. Le besoin urgent d’un renouvellement des réglementations conduira probablement à des systèmes autonomes et clos, et augmentera encore la fragmentation de l’ordre mondial.
Le monde numérique, selon Nilam Ram, est le produit de transactions mutuelles entre les technologies et les humains. Il crée de nouvelles formes de connaissances qui renforcent le pouvoir des citoyens et leur capacité à contribuer à une science plus égalitaire.
Les quotas en Inde contribuent à l’émancipation des basses castes tout en produisant des effets pervers difficiles à maîtriser. Rohini Somanathan s’interroge sur le bon équilibre entre politiques de discrimination positive ciblées et politiques publiques à vocation universelle.
Le “rêve californien” ne remonte pas à la Ruée vers l’or du XIXe siècle, mais seulement au XXe siècle, et relève plus de la critique que de l’enthousiasme. Louis Warren invite à relativiser ce mythe, et à se méfier de la tendance à prendre la Californie pour le laboratoire des États-Unis.
Les produits numériques changent notre façon de vivre. Grandissant dans un monde hyperconnecté, la nouvelle « génération Z » a développé des comportements, des attitudes et des valeurs différents.
Le monde numérique est la résultante de l’accumulation de siècles de progrès scientifiques et organisationnels. La virtualité est par ailleurs rendue possible par la matérialité des ordinateurs, objets qui sont eux-mêmes le produit d’échanges économiques et du travail.
Les États-Unis connaissent un recul de la démocratie, affirme Hakeem Jefferson qui appelle à de profondes réformes institutionnelles comme l’augmentation du nombre de juges à la Cour suprême ou la répartition du Sénat américain en fonction de la population des États.
L’ethnographie de Laurence Ralph explore les différents systèmes de punition qui blessent les corps des Noirs et Bruns américains et qui contribuent à maintenir les vestiges de l’esclavage. Ces blessures appellent à la justice réparatrice.
Alors que les pouvoirs publics semblent pour l’instant vouloir privilégier l’incitation plutôt que la contrainte pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les économistes développent des outils de plus en plus performants pour mesurer l’efficacité de ces politiques.
Quelles traces les entreprises coloniales ont-elles laissées ? En confrontant l’histoire publique du colonialisme au Royaume-Uni et au Zimbabwe à celle de sa propre famille, Simukai Chigudu fait apparaître la part refoulée du legs colonial et comment elle continue d’alimenter le cycle de la violence.
Comment les Afro-Américains ont-ils tenté de renverser les rapports de domination raciaux aux États-Unis ? En créant à partir de l’après-guerre des institutions culturelles et éducatives spécifiques à leur communauté, toujours utiles aujourd’hui dans la lutte contre les discriminations.
Rachel St. John explore les divers projets de construction nationale qui se sont disputé la légitimité et les territoires à travers le continent américain au cours du XIXe siècle, mettant en lumière la diversité de l’histoire politique et le caractère contingent de l’idée de nation.
La question préoccupe depuis longtemps les historiens du commerce international et du capitalisme : quelles sont les raisons de la domination exercée par les compagnies de commerce hollandaise (VOC) et anglaise (EIC) sur le commerce entre Europe et Asie à partir du XVIIe siècle ?
Malgré la montée de l’extrême droite et l’accommodement des dictatures aux pressions internationales, les politologues Helen Milner et Daniel Treisman se montrent confiants dans l’avenir de la démocratie, seul modèle politique capable de s’adapter aux innovations rapides qui conduisent le capitalisme.
Rorty a fait de la conversation un genre philosophique à part entière, qui l’a poussé à refuser toutes les distinctions stériles à ses yeux : entre l’analytique et le continental, entre les Lumières et la postmodernité, entre la philosophie et la littérature.
Professeur d’éducation, Bianca Baldridge souligne l’importance de la formation extra-scolaire pour les jeunes des minorités américaines, et le peu de reconnaissance sociale dont bénéficient les formateurs, expérimentés et compétents mais souvent peu diplômés.
L’existence d’un panopticon numérique aux mains d’un petit nombre d’entreprises n’ayant aucun compte à rendre démocratiquement menace la dignité humaine et à l’autodétermination. Les risques et les avantages des nouvelles technologies doivent être maîtrisés par des technologies sociales adéquates.
Despite the rise of far-right parties and the adaptation of dictatorships to international pressures, political scientists Helen Milner and Daniel Treisman are confident in the future of Democracy, the only political model suited to accommodate the fast-paced innovations that are driving capitalism.
Quotas in India contribute to the emancipation of lower castes while producing perverse effects that are difficult to control. Rohini Somanathan questions the right balance between targeted positive discrimination policies and public policies with a universal vocation.
Rachel St. John explores the diverse range of nation-building projects that vied for legitimacy and land across the continent during the XIXe century, illuminating the diversity of North American political history and the contingency of national growth and definition.
The “California dream” does not date back to the Gold Rush of the 19th century, but only to the 20th, and is more a matter of criticism than enthusiasm. Louis Warren invites us to put this myth into perspective, and to be wary of the tendency to see California as the laboratory of the United States.
Anna Grzymala-Busse, a political scientist, argues that the medieval church played an important role in the foundation of the modern state. Yet this revival of an old argument runs into a number of obstacles.
Rorty made conversation a philosophical genre in its own right, which led him to reject any distinctions he considered futile: between analytic and continental philosophy, between the Enlightenment and postmodernity, between philosophy and literature.
Jane Mansbridge has made a major contribution to political theory. She has spent her life combining empirical research with a theoretical approach, and has played a vital role in developing the critique of rational choice and the study of democracy as a permanent process continually in flux.
What traces have colonial enterprises left behind? By confronting the public history of colonialism in the United Kingdom and Zimbabwe with that of his own family, Simukai Chigudu reveals the repressed part of the colonial legacy and how it continues to fuel the cycle of violence.
While public authorities currently seem to prefer to use incentives rather than constraints to reduce greenhouse gas emissions, economists are developing increasingly effective tools to measure the effectiveness of these policies.
As a professor of education, Bianca Baldridge highlights the importance of extracurricular programs for young people, and the lack of social recognition enjoyed by community-based educators.