L’écrasante majorité des hommes vit aujourd’hui dans des villes qui ne cessent de se transformer : les flux qui les constituent font souvent face à des démarcations sociales de plus en plus figées. Notre condition urbaine, explique O. Mongin, se réinvente dans ces lieux de la mondialisation.
Quelle place faire, à l’âge de la marchandisation des valeurs chrétiennes du passé, à l’idéal de solitude et de dépouillement attribué à l’art cistercien ? Cet ouvrage replace l’histoire de l’architecture cistercienne par rapport à celle de la société médiévale et de l’intégration urbaine des communautés monastiques.
Situé au cœur de Mumbai, le méga-bidonville de Dharavi compte parmi les plus grands d’Asie. Dans un ouvrage combinant diverses approches, Saglio-Yatzimirsky en analyse le fonctionnement spatial et économique, en insistant sur un paradoxe de taille : dominé par l’économie informelle, ce bidonville se trouve cependant très bien connecté aux circuits économiques régionaux et internationaux.
Un ouvrage entreprend une comparaison compréhensive des expériences du chômage dans trois métropoles. Une ambition théorique et méthodologique remarquable pour un livre qui laisse néanmoins ouvertes un certain nombre de questions, sur le rôle des cultures nationales notamment.
Entre 1860 et 1930, la ville sainte n’est pas une belle assoupie, mais une métropole active, riche d’une opinion publique structurée, tenaillée par une soif de modernité, et qui vit à l’heure de l’empire ottoman.
En comparant la manière dont Londres et Paris ont mis à jour leur passé urbain depuis le XVIIe siècle, Stéphane Van Damme s’intéresse à la naissance des sciences de la ville : comment l’archéologie urbaine est-elle devenue tout à la fois une consommation de masse et une science nécessaire à l’action publique ?
À travers la chronique des mobilisations des groupements de sauvegarde nés à Paris au XIXe siècle, Ruth Fiori raconte dans L’invention du vieux Paris l’histoire de la patrimonialisation de la capitale. Qu’entend-on par « conserver » un monument ? L’auteure revient sur les divergences idéologiques qui président à l’invention d’un regard patrimonial dont nous héritons aujourd’hui.
L’historien Andrew Diamond propose une étude des jeunes de Chicago au XXe siècle en mobilisant études de la masculinité et études multiraciales. En émerge le portrait d’une classe d’âge particulièrement investie dans les rapports interraciaux, mais souvent par le moyen de la violence.
Classique des sciences sociales, Le village dans la ville de Michaël Young et Peter Wilmott, réédité en France, est d’une brûlante actualité pour comprendre les échecs des politiques de la ville. Modèle d’enquête ethnographique, il traite avec brio des aspects familiaux du relogement et du rôle du quartier dans la socialisation.
Cette étude de la réalité de l’administration impériale jette un nouveau regard sur la modernité chinoise. Elle montre que l’État des Qing possédait des ressources suffisantes pour surmonter le défi de la modernisation et que Pékin servait encore de modèle et d’étalon au reste du pays.
L’eau est un problème central pour les villes du Moyen-Orient. Face aux tentatives d’appropriations européennes de cette ressource, Vincent Lemire montre l’administration ottomane en action à Jérusalem, et explique comment l’eau y est devenue un enjeu pour le sionisme et le nationalisme palestinien.
Dans son ouvrage, Gyan Prakash propose un voyage dans l’histoire de Bombay, appréhendée à travers les mythes et les fables qui structurent les représentations de cette ville. Son ambitieux projet échoue néanmoins à expliquer le passage d’une ville cosmopolite à une ville déchirée par les tensions communautaires.
En étudiant les transformations de Chicago entre 1910 et 1930 et la manière dont ses édiles publics et ses ingénieurs ont été conduits, pour compenser le manque de place au cœur de la ville, à imaginer des solutions urbaines et architecturales qui préfigurent l’urbanisme de dalles et l’architecture multifonctionnelle, l’architecte et historien Jean Castex nous livre une sorte d’archéologie de la ville contemporaine.
Dans un livre de synthèse, Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, retrace l’histoire de la notion d’espace public. Il y montre la diversité des représentations et des usages du public autour desquels s’organise la vie des citadins, non sans hésitation et sans conflits.
L’ethnographie des squats et de leurs habitants menée par la sociologue Florence Bouillon apporte un éclairage distancié à ce mode particulier d’habiter. Un ouvrage qui permet de se faire une idée concrète de la vie en squat sans négliger de faire apparaître les déterminants structurels de l’occupation illégale.
Dans son dernier livre, La Globalisation. Une sociologie, Saskia Sassen démystifie le discours sur la mondialisation économique en montrant comment celle-ci est ancrée dans des institutions et des lieux bien précis, et non dans une prétendue rationalité du marché. En bonne sociologue, elle révèle la nature des conditions sociales contemporaines tout en indiquant les options ouvertes à l’action individuelle et collective à venir.
Un ouvrage collectif fait le point sur la notion d’étranger depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il dévoile les stratégies de différenciation auxquelles se livre une société dans le but de démontrer sa puissance. L’étranger est cet Autre qui permet à l’Un d’exister, mais il est surtout un individu privé de droits.
Des centres commerciaux géants, des villes privées au milieu du désert ou de l’océan ? Telles sont les fantasmagories urbaines et architecturales du néo-capitalisme. L’ouvrage dirigé par Mike Davis et Daniel Monk en propose une analyse, critique et parodique, à travers le portrait de 11 villes.
La ville est le point focal de tous les débats sur la mondialisation des styles de vie et le « vivre ensemble » dans les sociétés modernes. Vivre en ville y apporte une approche pluridisciplinaire bienvenue, ainsi qu’un tableau optimiste d’une « urbanisation heureuse ». L’étude des modes de vie urbains qu’il propose peut cependant être approfondie.
Vingt ans après la publication de La galère de François Dubet auquel il collabora, Didier Lapeyronnie revient sur l’expérience vécue dans les quartiers populaires. Un livre qui propose un constat sombre de l’ordre du ghetto urbain dans la France contemporaine et voit le vide politique du pays se refléter dans un contre-monde vivant de plus en plus replié lui-même.
Dans son dernier ouvrage, Mark Purcell se penche sur la place de la démocratie dans la vie urbaine. La démocratie réclame selon lui que l’interaction des citoyens se fasse sur un mode agonistique, chaque citoyen contrebalançant l’action de l’autre. L’auteur plaide pour un « droit à la ville », au rebours des programmes iréniques conçus par les élites, qui prétendent harmoniser artificiellement les classes sociales dans la vie urbaine.
Les villes d’Europe centrale ont été pendant longtemps des lieux de coexistence linguistique, ethnique et religieuse. Ont-elles constitué pour autant un modèle multiculturel ? À travers neuf portraits de villes, l’ouvrage dirigé par Delphine Bechtel et Xavier Galmiche restitue l’histoire polyphonique d’une multiculturalité mise à mal par la constitution des états nationaux et des totalitarismes.
Une enquête de terrain sur les « sans domicile fixe », retrace la « carrière de survie » de personnes réelles et leur difficulté d’être. La condition des SDF est intimement liée à la politique urbaine et ne saurait se satisfaire de la seule prise en charge sociale par les associations caritatives et humanitaires.
Marco Oberti étudie la mixité sociale dans la ville et dans l’école. Se fondant sur une enquête menée à Nanterre et Rueil-Malmaison, il critique l’idée d’une généralisation du séparatisme social, notamment dans les classes moyennes.