Quelle place sur Terre pour les Modernes ? À l’occasion de la sortie de son Enquête sur les modes d’existence. Une anthropologie des Modernes, Bruno Latour s’entretient avec Arnaud Esquerre et Jeanne Lazarus sur la genèse et le dispositif de son ouvrage magistral qui, à partir de l’ensemble de ses précédents travaux, enquête sur quinze modes d’existence possibles qui permettraient aux Modernes de repenser leur place sur la Terre.
Alors que l’astrologie a souvent été abordée comme une croyance, certains chercheurs l’analysent comme une pratique. Le cas de l’Inde, où l’on délivre des doctorats d’astrologie, où le ministère de la recherche finance des programmes de recherche sur la guérison du cancer par l’astrologie, est l’occasion de faire le point sur ces approches.
Connu pour ses travaux sur les langages vernaculaires, William Labov a élaboré une œuvre importante, au croisement de la sociologie et de la linguistique. En analysant dans son dernier livre les récits d’expérience de la mort, il théorise la manière dont un discours peut captiver ses auditeurs.
Aux États-Unis, certaines stratégies d’empowerment des citoyens valorisant des engagements courts, informels et fun, ont conduit à une atonie politique des associations. Accepter le conflit et la formation d’experts est pourtant une condition essentielle si l’engagement associatif doit avoir une action transformatrice dans la société – ce qui demande aussi un plus grand rôle de l’État.
Spécialiste des questions monétaires et financières, André Orléan fournit à travers la synthèse de ses recherches un ouvrage de référence pour renouveler l’analyse économique. Sa démarche invite également à repenser la place de l’économie au sein des sciences sociales et son rapport au politique.
Comment les élites parviennent-elles à commettre des délits sans être considérées et sans se considérer comme délinquantes ? Dans un ouvrage de synthèse, P. Lascoumes et C. Nagels montrent les moyens que les puissants mettent en œuvre pour définir, utiliser, contourner ou éviter la loi pénale selon leur intérêt.
Uber, Waze, Airbnb… Les algorithmes qui régissent ces plateformes sont fondés sur l’optimisation du service rendu à l’usager, et non sur une norme collective, politique ou morale. Leurs mises en accusation mettent à nu la gouvernance implicite des architectures techniques.
Philippe Masson analyse les manières de « faire de la sociologie » en France, depuis 1945. L’auteur se propose d’étudier l’histoire de la sociologie française à travers une histoire des pratiques sociologiques, c’est-à-dire une histoire des enquêtes réalisées par différentes générations de sociologues.
La revue Tracés consacre son dernier numéro aux pragmatismes, au pluriel. De nombreux courants pragmatiques inspirent aujourd’hui les sciences humaines : pourquoi cet engouement ? Y a-t-il une unité entre ces différents usages du pragmatisme ? Et quel rapport entre le pragmatisme et la pragmatique ?
Didier Fassin cherche à définir ce qu’il nomme le « gouvernement humanitaire » à partir d’enquêtes menées auprès de ceux qui prétendent prendre en charge la souffrance sociale. S’il décrit la dimension inégalitaire de la logique humanitaire, il ne la resitue pas dans le contexte de l’effondrement du communisme.
Le sociologue américain Harrison White a contribué de façon décisive à développer l’analyse des réseaux sociaux. Outre ses travaux dans ce domaine, sa synthèse théorique et sa compréhension des formations sociale irriguent divers champs comme la sociologie de l’art et la sociologie économique.
C’est l’été : La Vie des Idées reprendra son rythme de publication à compter du 22 août et vous propose en attendant un florilège de textes et d’entretiens parus dans les six derniers mois.
Comment les sciences sociales se représentent-elles la société française et les différents groupes qui la composent ? À travers une sélection d’articles publiés sur ce thème, La Vie des idées dresse le portrait d’une France éclatée, où persistent, voire se renforcent les antagonismes de classes et les inégalités.
Lynchages, décapitations, cadavres…Les images de violence, en libre diffusion sur Internet, sont souvent occultées par les médias français. Pourquoi montrer ou, au contraire, cacher certaines images ? Toute violence ne serait-elle pas bonne à voir ?
Loin des théories générales qui prétendent rendre raison de la pratique sportive, un ouvrage récent fait apparaître les formes de socialisation et d’institutions qui font du sport un phénomène éminemment social.
Qu’advient-il du sujet lorsqu’il se définit par sa soumission au règne de la marchandise ? À partir des formes individuelles du narcissisme, Anselm Jappe poursuit ses réflexions sur la crise du capitalisme et met en évidence les mécanismes d’autodestruction du monde contemporain.
Hôpital, soins dentaires, pompes funèbres, universités, TGV : partout le service public réinstaure sans le dire une « troisième classe », réservée aux plus pauvres. Qu’est-ce que cette segmentation nous dit des évolutions de l’État-providence ?
Alors que toutes les conditions semblent réunies en France pour en faire un pays néolibéral comme un autre, il ne s’est pas autant implanté qu’ailleurs. Kevin Brookes avance la thèse d’un « coût idéologique trop élevé » pour expliquer la singularité de la trajectoire française.
Longtemps espace indifférencié et indéfini, la Manche n’est devenue une frontière maritime qu’au tournant du XIXe siècle. C’est cette période qu’étudie R. Morieux, qui revisite la notion d’identité nationale en explorant les appartenances multiples et alternatives des populations. Par-delà la vision des géographes et des agents de l’État, les frontaliers eux-mêmes partagent-ils une identité commune ?
De son étude sur Vienne aux grandes enquêtes sur le sida, Michael Pollak a marqué de son empreinte les sciences sociales des années 1980 et 1990. L’ouvrage collectif que lui consacrent aujourd’hui Liora Israël et Danièle Voldman témoigne de l’intérêt renouvelé que suscite l’œuvre du sociologue.
How is sociology produced today? Drawing on their intersecting career paths, three sociologists reflect on their working conditions and how these affect their scientific output.
Luc Boltanski and Arnaud Esquerre invite us to rethink the social mechanisms that produce value and underline the important role collections play in the dynamics of inequalities characterising contemporary societies. By questioning the forms and stakes of commodification and price making in today’s society, they show that inserting goods in a collection increases their value.
Sociologist Luc Boltanski situates his most recent publications and their main concepts within his broader intellectual trajectory, examining critical sociology and the sociology of critique, and what they can tell us about today’s social situation.
The quality of an explanation depends much on the relationship between the sociologist and her informants. The more unequal it is, the more she will resort to “third person” explanations—a tendency most visible among the fathers of the discipline. Yet listening to the actors does not necessarily mean turning to a “soft” sociology—because actors are able to map and explain the social space in which they live.
In a well-researched book, the sociologist Sébastien Lemerle delivers a breakthrough analysis of the dissemination and reception of biologism in France from the 1960s until the 2000s. Through the frenetic output of best-sellers linking biological theories to the explanation of social behaviors, he shows how biologists came to be considered as intellectuals in the public arena.
What place should there be on Earth for the Moderns? Following the publication of An Inquiry into Modes of Existence: an Anthropology of the Moderns, author Bruno Latour talks to Arnaud Esquerre and Jeanne Lazarus about the birth and set-up of his masterful study, which uses all of his previous works as the basis for an inquiry into fifteen possible modes of existence that would allow the Moderns to rethink their place on Earth.
In the United States, empowerment strategies emphasizing commitments that are brief, informal, and fun have proved tone deaf to the political importance of associations. If civic engagement is to play a role in social change, citizens must realize that voluntary associations also depend on conflict and professionalization—as well as a prominent role on the part of the state.
A specialist in monetary and financial issues, André Orléan has written a synthesis of his research that is intended as a handbook for the renewal of economic thought. His approach asks us to rethink the place of economics within the social sciences and its relationship to politics.
How do the elites manage to commit crimes without being seen, or seeing themselves, as criminals? This overview by P. Lascoumes and C. Nagels shows the means deployed by the powerful to define, use, sidestep, or avoid criminal law according to their interests.
Uber, Waze, Airbnb… The algorithms that control these platforms are based on an optimisation of the service provided to the user rather than any collective, political or moral norms. The accusations against these algorithms expose the way technical architectures implicitly govern our lives.