La gentrification est souvent favorisée par des politiques publiques, au nom entre autres de la mixité sociale. Dans la recherche urbaine toutefois, ce type de discours fait l’objet de vives critiques.
La fin de l’eau courante au robinet, de la nourriture au supermarché, du chauffage par radiateur, la fin d’Internet, des voitures, des hôpitaux — « la vie de l’homme est alors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale, et brève ». Mais l’effondrement ne sera pas forcément une chose si horrible.
Existe-t-il un véritable contre-pouvoir des consommateurs à l’ère de la mondialisation néolibérale ? Un ouvrage analyse les significations politiques du boycott et l’exercice d’un pouvoir économique « par le bas ».
Une étude anthropologique de l’industrie financière fait ressortir sa capacité à imposer un ordre social et politique reposant sur une théorie économique mathématisée. L’ouvrage fournit en outre une importante contribution à l’analyse de la construction sociale des prix.
Au cours de cette table ronde virtuelle en partenariat avec Public Books, six contributeurs français, russes et américains s’interrogent sur la Russie contemporaine et ses relations souvent tendues avec l’Ouest.
Revenant sur quelques études récentes sur les classes populaires, Dominique Memmi montre que la construction du talent n’est pas seulement dépendante des rapports de classe, mais aussi des rapports de genre. Les hommes auraient un don qui les distingue, les femmes donnant d’elles-mêmes pour les autres.
Le développement des peines en milieu ouvert est-il une alternative à la prison ? Une enquête sur les services de probation montre que l’objectif de réinsertion se heurte à un déficit de légitimité, à des logiques managériales et à un désenchantement des professionnels. La probation apparaît comme une nouvelle figure du contrôle social.
Retraçant quarante ans d’histoire de l’aide américaine au développement, un brillant ouvrage invite à repenser le rôle méconnu d’un des concepts les plus flous des sciences sociales : la communauté. Présenté par certains comme la solution aux dérives du modernisme technologique, il a pourtant toujours côtoyé celui-ci, plus comme un complément que comme une contre-mesure.
En analysant la défense par les hommes des droits des femmes, Alban Jacquemart met en évidence les clivages historiques qui ont constitué les mouvements féministes, mais aussi les dispositions qui éclairent ce militantisme particulier.
Dans son dernier ouvrage, le sociologue américain Howard Becker revient sur les principes de sa méthode, et de ses relations avec les présupposés du sens commun. Il répond notamment à ceux qui l’accusent de relativisme moral.
En réponse à l’article d’Allan Greer paru sur la Vie des idées, contestant l’usage, dans le domaine informationnel, du concept d’origine anglaise d’ « enclosure », Lionel Maurel défend l’application de cette notion au champ des biens communs numériques.
La pensée de G. H. Mead a constitué une source d’inspiration majeure pour les sciences humaines et sociales. Mais cet héritage est méconnu et Mead, souvent cité par les spécialistes, est peu connu en France. Cet ouvrage collectif, qui croise plusieurs disciplines, insiste sur les nombreuses dimensions de cet héritage.
Comment l’assistance publique s’est-elle constituée en France ? Une étude approfondie qui traverse les XIXe et XXe siècles montre l’articulation du social et du sanitaire, du local et du national dans les politiques assistancielles.
Les attentats de janvier 2015 ont donné lieu à des manifestations d’unité nationale sans précédent. Qu’y a-t-il de spécifique à « l’esprit du 11-janvier » en comparaison avec d’autres grands rassemblements historiques ? Le consensus affiché ne serait-il pas le symptôme d’une crise politique ?
Comment devient-on français ? L’enquête anthropologique menée par François Masure analyse l’effet produit par les procédures de naturalisation, articulant projet personnel et contrôle administratif, acquisition de la nationalité et expérience de la discrimination.
Alors que la plupart des pays européens ont entrepris des réformes en profondeur de leurs systèmes éducatifs en vue de les démocratiser, l’école française reste une des plus élitistes. Pierre Merle revient sur la mesure des inégalités scolaires et les réformes nécessaires.
Deux ouvrages font ressortir l’importance de la quantification dans les technologies de pouvoir contemporaines et les formes de résistance à celle-ci. Pourtant, l’activisme en faveur d’un usage émancipateur et non asservissant des chiffres est-il une réalité ou un horizon souhaitable ?
Après plusieurs extinctions massives, voici celle que provoque l’espèce humaine. Des animaux disparaissent, tués pour être consommés, ou incapables de survivre au rythme du changement. La réussite d’Homo sapiens signifie la mort des autres vivants. Ce n’est plus « après nous, le déluge » : nous sommes le déluge.
Alors que l’expérimentation des « maisons de naissance » doit débuter en France, deux ouvrages retracent l’histoire et les tensions entre féminisation et médicalisation, dans leur contexte historique, institutionnel, médical et culturel.
Faut-il considérer l’éducation comme un bien privé financé par les contributions individuelles, ou au contraire comme un bien public financé par la collectivité ? Alors qu’émerge un grand marché de l’éducation, en partie mondialisé, qui conduit de nombreux pays à faire participer les étudiants au coût de leur scolarité, Léonard Moulin s’intéresse aux différents schémas de financement des études à l’étranger.
À travers une activité journalistique intense mais peu connue, les socialistes du XIXe siècle ont posé les jalons d’un courant politique aussi inventif que divers. Un ouvrage collectif revient sur les racines longtemps ignorées de ce premier socialisme à l’aune de sa presse .
Cet ouvrage a pour objectif de revenir sur quelques-unes des épidémies qui affectent la population mondiale en ce début de XXIe siècle et d’en analyser les enjeux scientifiques, sociaux, et politiques les plus saillants.
La médicalisation de la fin de vie soulève de nouveaux enjeux de régulation politique. Tout comme les aspects économiques et les facteurs religieux, les cultures professionnelles sont à considérer dans la prise en charge de patients à la lisière de la fin de vie et du grand handicap.
Lynchages, décapitations, cadavres…Les images de violence, en libre diffusion sur Internet, sont souvent occultées par les médias français. Pourquoi montrer ou, au contraire, cacher certaines images ? Toute violence ne serait-elle pas bonne à voir ?
Enquêtant dans un quartier noir des États-Unis, Alice Goffman plonge le lecteur dans la vie sociale de jeunes qui tentent d’échapper au contrôle des institutions pénales. Affinant le regard, par l’ethnographie, sur les transformations des politiques raciales américaines, l’ouvrage pose également une question de méthode : jusqu’où suivre ceux qui sont assignés à l’illégalité ?
Les professions constituent-elles un ensemble homogène ? Revenant sur une controverse qui a longtemps divisée la sociologie, Florent Champy et Marc-Olivier Déplaude proposent de recourir au concept de « sagesse pratique » pour sortir des impasses du débat actuel sur les professions réglementées.
La profession d’avocat connaît depuis vingt ans de nombreux bouleversements qui menacent l’unité de la profession. Contrairement aux idées reçues, cette profession se diversifie et s’inscrit désormais dans un marché du droit mondialisé fortement soumis à la concurrence.
Ne tournons pas autour du pot : cet essai sur les excréments est passionnant, parce qu’ils constituent un enjeu agricole, urbain et écologique. Le sujet est fumant : que faire de toute cette merde ? Et cela débouche sur un débat scientifique et démocratique.
La légende glorifie le mouvement, le brassage des cultures ; les chiffres mettent en évidence une ville vidée de ses forces productives, sédentaire et sous perfusion étatique. Ceux qui partent sont les groupes sociaux produits par la société industrielle. Restent les pauvres qui, depuis la fin des années 1980, singularisent sociologiquement Marseille.
À travers une enquête sur la réussite scolaire des jeunes de classes populaires, Paul Pasquali offre une réflexion sur l’ascension sociale. Au delà de la diversité des parcours de celles et ceux qui ont rompus avec leur milieu, il propose une critique d’un enseignement supérieur cloisonné, si ce n’est fermé.
La circulation des médicaments déborde de leurs objectifs thérapeutiques premiers et des réglementations qui les encadrent. Un ouvrage collectif analyse ces usages détournés et montre que ceux-ci révèlent, au-delà des insuffisances des systèmes de santé, les représentations variables de la santé et de la vie.
En restituant les conditions sociales de l’exercice de leur métier, G. Lejeune montre que l’incertitude est au cœur de la conduite des chauffeurs de taxi. Cet éclairage sociologique permet de comprendre les protestations récentes de ce groupe à l’encontre de la réforme en cours.
Faut-il ou non libéraliser les professions réglementées ? Le projet de loi Macron a réactualisé ce débat. Ce dossier propose de confronter les théories économiques et sociologiques, à la lumière d’enquêtes empiriques portant sur les taxis, les médecins et les avocats.
Qu’est-ce qu’une entreprise ? Que doit-elle à la société ? Depuis la crise économique ces questions ont fait, aux États-Unis, l’objet de réflexions foisonnantes, et d’initiatives variées. En jeu, la nécessité de réapprendre le champ des possibles.
Comment comprendre les manifestations récentes contre le mariage pour tous, leur occupation de l’espace public et leur dimension spectaculaire ? Deux ouvrages récents mettent en évidence les recompositions idéologiques que ce mouvement implique, et son inscription dans l’histoire longue des mobilisations de droite.
À l’heure où le peuple irlandais plébiscite le mariage gay, il n’est pas inopportun de revenir sur la question de l’avortement dans ce pays qui a inscrit le droit de l’enfant à naître dans sa constitution. La Cour européenne des droits de l’homme aura-t-elle gain de cause ? Rien n’est moins sûr.
À partir de leurs recherches empiriques sur les imams en France et l’islam municipal à Nanterre, les sociologues Solenne Jouanneau et Étienne Pingaud éclairent l’histoire de la religion musulmane en France, ses relations avec les institutions centrales et locales et les formes de vie et pratiques sociales que les débats politiques et médiatiques occultent.
Du taylorisme au management moderne, les modèles d’organisation du travail ont toujours cherché, selon Danièle Linhart, à déposséder les salariés de leurs savoirs professionnels. Cette dépossession dans le travail est aujourd’hui également subjective, ce qui la rend très difficile à combattre.
La fin de l’épidémie de sida n’est pas seulement un objectif de santé publique : c’est un projet qui suppose l’extension du marché des médicaments, un investissement économique dans les corps infectés. Cet essai examine les enjeux politiques de cette médicalisation ainsi que ses risques, à partir du concept de « biocapitalisation ».
Dans un contexte d’inflation carcérale, comment les juges exercent-ils leur métier et justifient-ils leurs décisions ? En mettant en œuvre une sociologie critique des décisions judiciaires, Dan Kaminski éclaire les contradictions du jugement, au risque d’occulter le cours ordinaire de la justice.