Écrire une « nouvelle histoire du monde » depuis les origines de la planète Terre jusqu’à nos jours, en articulant l’histoire des sociétés humaines et celle de la « nature », tel est le pari audacieux de Peter Frankopan.
L’essor des technologies de surveillance redéfinit l’approche sécuritaire sous l’influence d’enjeux économiques. Partout où elle s’installe, cette surveillance dopée aux nouvelles technologies soulève la question de dérives liberticides.
Exécutions et violences extrêmes sur les esclaves fugitifs, duels et homicides entre colons rarement condamnés, bannissement des individus qui dérangent l’ordre colonial, expérimentation des bagnes… Un siècle de pratiques judiciaires est examiné avec minutie dans le cadre spécifique de l’empire colonial français.
Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, alors que le pouvoir monarchique s’affirme sur le territoire français, les cours d’eau du Bassin parisien restent l’objet de négociations entre différents acteurs contraints de se coordonner.
Entre distance et proximité, l’État (colonial ou national) a toujours su maintenir une relation complexe et ambiguë avec la religion en pays musulman, comme le montre l’enquête approfondie de M. Zeghal.
Les salafistes envisagent l’islam comme un système de vérité englobant : aucun élément de la vie ne doit lui échapper. Stéphane Lacroix décrypte et historicise cette conception, qui s’étend du loyalisme au djihadisme.
Peut-on comprendre le nazisme de l’intérieur, du point de vue de ses partisans ? C’est la tâche que se sont fixée trois spécialistes de la période.
En juin 1942, la « nuit fantastique » de Bir Hakeim, fait d’armes modeste en soi, devient un événement d’envergure mondiale, redonnant espoir à ceux qui refusaient d’être d’éternels vaincus. La guerre du désert, vue au plus près.
Le pilori a longtemps été considéré comme une peine typiquement médiévale avec toutes les connotations négatives traditionnelles. À l’aune d’une lecture anthropologique, la condamnation au pilori apparaît comme un outil et surtout un rituel, permettant à la société urbaine de se reconstituer.
Dans un essai à la forme composite, Jean-Claude Schmitt poursuit son étude des images médiévales, une étude aussi sémantique et historique que plastique sur la manière dont l’Occident médiéval pense l’image et parfois pense par l’image.
Les sociétés qui effacent leur passé en pensant par là éliminer leur culpabilité ne font que menacer leur avenir. Telle est la conviction d’O. Bartov, lui qui a cherché à reconstituer une histoire en première personne de l’Holocauste.
Le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis est plus complexe que ce que le grand public en connaît. O. Mahéo en reconstitue la multiplicité discordante et marginalisée.
Quelles sont les conséquences économiques des conversions dans la Rome de la première modernité ? Le destin d’une famille juive de l’élite éclaire la question des conversions au catholicisme, et les changements de statut social consécutifs le baptême.
Longtemps objet de mythes, l’attitude de Pie XII face à la Shoah et aux persécutions antijuives peut enfin être justement évaluée à l’aune des archives. Nina Valbousquet le montre de manière très convaincante : c’est de tiédeur dont il faut parler, non d’impartialité.
S’adressant à un public large, Claire Judde de Larivière parvient à dresser un tableau précis de la ville et de la société vénitiennes du début du XVIe siècle, sans renoncer aux nuances et aux précautions de la recherche scientifique.
Comment échapper aux lectures mythifiantes et souvent contradictoires de la figure de Frantz Fanon, révolutionnaire et théoricien de l’anticolonialisme ? Son parcours permet de saisir sa pensée dans son contexte, à rebours des tendances contemporaines à la généralisation.
Au siècle des Lumières, le médecin viennois Franz Anton Mesmer (1734-1815) s’intéresse à la distribution d’un « fluide » dans le corps. Le magnétisme est né. Entre science et charlatanisme, cette nouvelle discipline ouvre la voie à l’hypnose.
Légende noire ? Réalité sociale ? Goulven Kérien met au jour la réalité des enfermements par ordre du roi au XVIIIe siècle à Paris, et montre la difficulté du compromis social et politique en matière de police.
L’œuvre de l’écrivain-historien, particulièrement ses Mémoires, accompagne la transition de la rhétorique des Lumières vers le registre du moi et de l’expérience vécue. S’intègre-t-elle pour autant dans la jeune école historiographique des années 1820 ?
Dans les années 1830, une épidémie de choléra sévit dans les villes et les campagnes, incapables de « se cuirasser contre les miasmes ». Aujourd’hui comme hier, l’impuissance face à la maladie met à nu le fonctionnement de la société tout entière.
En raison de leur parenté avec le souverain, les « princes de sang » peuvent lui succéder. Élevés au-dessus de toute la noblesse, mais tenus à distance des affaires de l’État, ils ne renoncent pourtant pas à jouer un rôle politique.
Vitrines d’une mise en ordre occidentale de la nature au service de l’exploitation coloniale, les jardins botaniques constituaient surtout des modèles réduits d’empire, dont ils font également ressurgir les failles et les discontinuités.
Le théâtre n’existe pas sans comédiennes ni comédiens. Mais quelles étaient leurs conditions de travail au XVIIIe siècle ? Comment étaient-ils rémunérés ? Que se passait-il lorsqu’ils étaient malades et incapables de jouer ?
Méconnu pour beaucoup, mésestimé par d’autres, José Ortega y Gasset a été l’un des premiers et des plus fervents défenseurs d’une Europe communautaire à inventer. La biographie intellectuelle que lui a consacrée Béatrice Fonck nous permet de (re)découvrir cet influent philosophe espagnol
Sous l’Ancien régime, l’avortement n’existe pas comme catégorie juridique distincte. Il ne s’en pratique pas moins et est criminalisé lorsqu’il est associé à une transgression sexuelle. Comment dès lors faire l’histoire d’un impensé et d’une pratique dissimulée ?
De Salomé à Lolita, les représentations de « tentatrices » accompagnent un fantasme masculin : celui de la femme qui a déjà dit oui avant qu’on lui demande quoi que ce soit. Or celle qui a « allumé » le désir des hommes doit en payer les conséquences.
Prédicateur inspiré par Dieu ou fanatique obnubilé par la réforme des mœurs ? Républicain révolutionnaire et social ou intrigant politique ? Véritable prophète ou subtil imposteur ? Une nouvelle biographie refuse de prendre parti sur frère Savonarole (1452-1498).
Quelle fut la place occupée par le Saint-Empire romain germanique, lors des premières conquêtes coloniales à l’époque moderne ? Quel rôle jouèrent ses princes, ses institutions, sa diplomatie, ses marins et ses marchands ?
Deux spécialistes de la Méditerranée explorent les mobilités qui se sont déployées depuis les expulsions des juifs au XVe siècle jusqu’aux prémices de la colonisation. Ils décrivent des déplacements qui constituent alors la norme, et participent à la construction de sociétés hiérarchisées.
Qui étaient les lectrices de Simone de Beauvoir ? À partir d’un matériau exceptionnel fondé sur les échanges épistolaires de la philosophe avec son lectorat, Marine Rouch livre une vision incarnée de la réception de la pensée beauvoirienne.
L’époque coloniale n’hésitait pas à classer les races selon leur disposition biologique et culturelle à faire la guerre. Le préjugé perdura jusqu’aux guerres de décolonisation.
En suivant le parcours de Ḥusayn ibn ʿAbdallāh, mamlouk à Tunis ayant connu une belle ascension sociale au XIXe siècle, M. Oualdi nous guide entre l’Empire ottoman, la Tunisie et l’Europe, et en profite pour bousculer les cloisonnements entre historiographie ottomane, coloniale et maghrébine.
Le 25 avril 1974, un coup d’État de jeunes capitaines renverse une dictature qui a près d’un demi-siècle et ouvre une période révolutionnaire au Portugal. L’historien Victor Pereira évoque la genèse de cet événement et ses répercussions, entre bouleversements, succès et doutes.
De 1562 à 1598, alors que les guerres de Religion privent la France de ses repères, les stratégies pour maîtriser, travestir et éliminer les signes confessionnels deviennent un enjeu de survie. Les marques extérieures de l’identité révèlent alors ce que la guerre civile fait à la société.
Longtemps perçu comme un temps de violences débridées, l’an mil connaît en réalité ses mécanismes propres de régulation et de négociation. Parmi ceux-ci, le rôle de contrôle social exercé par les saints et leurs reliques, peut se lire comme un vaste récit de soutien au système féodal.
Appuyant son anthropologie historique sur un riche corpus textuel, Régine Le Jan entreprend l’exploration des relations interpersonnelles au haut Moyen Âge, y voyant une spécificité socio-politique de l’Occident latin.
Entre ressources naturelles spécifiques, ouverture vers le large et développement d’une société hiérarchisée, la période qui précède l’âge viking fait partie des plus méconnues de l’histoire de la Scandinavie et doit être relue dans la perspective complète du premier millénaire de notre ère.
Les historiens de la famille ont déjà exploré les relations conjugales et filiales, mais on en sait moins sur les adelphes, c’est-à-dire les frères et les sœurs. À une époque où la conception de l’adelphie est flexible, cette relation encouragée par les parents s’entretient pourtant toute la vie.
Après 1945, l’utilisation géopolitique du sport trouve sa place dans les nouvelles alliances de la guerre froide. L’idéologie et la diplomatie se glissent alors dans tous les recoins de l’activité sportive.
En 1940, la France volait en éclats : géographiquement, historiquement. Une aubaine pour les romanciers, Aragon, Gracq, Robbe-Grillet, Sartre, Simon.