Un livre collectif approfondit la connaissance du règne de Louis IX sans occulter la politique anti-juive des rois de France, ni confiner les juifs aux « pages sombres » de l’expulsion. Il s’agit, en réinscrivant le judaïsme médiéval dans l’histoire de France, de normaliser l’histoire juive.
L’amour est sans raison et ses formes sont nombreuses. Vouloir la réduire à la seule monogamie, c’est ne tenir compte ni de sa nature et ni de sa richesse. La philosophie de l’amour, explique R. de Sousa, traque les fausses évidences, et prône la plus grande liberté.
Artiste essentielle de l’art féministe des années 1970, l’américaine Judy Chicago reste encore peu connue en France. Une exposition organisée au Musée d’art contemporain de Bordeaux (CAPC) jusqu’au 4 septembre rend hommage à son œuvre et à sa pensée, entièrement consacrées à la cause des femmes.
Comment penser les processus révolutionnaires ? Alors que la France connaît des mouvements sociaux et politiques multiformes, deux numéros de revue s’interrogent, à partir d’une réflexion sur la révolution française et les révolutions arabes, sur les relations entre structures sociales, événements et acteurs. Deux de leurs codirecteurs lient cette attention aux processus révolutionnaires à leur intérêt pour l’étude des possibles.
Il est aujourd’hui incongru d’imaginer un Vietnamien se définir comme « Indochinois ». Pourtant, le territoire colonial a longtemps servi de cadre à l’expression de l’identité nationale Viet. Ce phénomène n’illustre pas tant l’efficacité de l’éducation dispensée dans les écoles de l’Empire français que le caractère négocié de la colonisation en Asie. Retour sur un classique.
Comment mettre les sciences sociales en exposition ? En organisant la rencontre des analyses et des ambitions politiques de Bruno Latour et de certaines œuvres contemporaines, « Reset Modernity ! » fait le pari que les musées peuvent être des espaces de dialogue, et d’un travail collectif sur les enjeux écologiques actuels.
La guerre contre le terrorisme mobilise des moyens contraires aux libertés démocratiques. Aux États-Unis, le recours à ces moyens exceptionnels s’est accompagné d’efforts pour contourner le droit, avec parfois la complicité de la Cour suprême qui en est pourtant le garant.
Comment rendre compte de notre expérience du contemporain ? À travers une analyse transhistorique d’une catégorie encore largement mésestimée dans l’histoire des arts et les études littéraires, L. Ruffel décrit l’utopie d’un XXIe siècle multiple, pluriel et pleinement démocratique.
Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, comment expliquer l’affaiblissement notable des mobilisations écologistes en Russie ? Une approche socio-historienne met en valeur, par-delà la seule explication par le nouvel autoritarisme, des facteurs de longue durée : l’élitisme et la technocratie éclairée.
Fort de son expérience de sapeur-pompier, le sociologue Romain Pudal peint un métier traversé par de fortes tensions. Tiraillés entre l’image virile du pompier sauveur des flammes et un quotidien fait aussi d’assistance aux populations défavorisées, les pompiers s’interrogent sur le sens de leur travail.
Selon Xavier Ragot, l’ouvrage de Robert Boyer démontre qu’une plus grande place doit être donnée à la « théorie de la régulation » au sein des recherches actuelles en économie. Cela doit toutefois se faire en permettant circulation et hybridation des idées avec les autres courants de la pensée économique.
Depuis son adhésion en 1973, le Royaume-Uni a fait un usage utilitariste de l’Union européenne, afin d’optimiser ses intérêts économiques. Est-ce toujours d’actualité à l’heure du Brexit ? Quelles conséquences pour ces « deux Europe » que sont la zone euro et le marché unique ?
Élément-clé des traditions politiques et des modes de mobilisation outre-Manche, l’hostilité à l’Union européenne est l’un des enjeux majeurs du référendum organisé le 23 juin 2016. Réactivant une certaine idée de l’exception britannique, l’euroscepticisme offre aussi un prisme aux luttes d’influence que se livrent les différents partis politiques dans la conquête de leur électorat. Cet essai articule les aspects historiques, sociologiques et politiques de l’euroscepticisme made in Britain.
En Pologne, la victoire du PiS en 2015 a mis un terme à 25 ans d’efforts pour construire la démocratie libérale. Derrière le mot d’ordre du « bon changement », se cache en fait un Etat fortement centralisé ayant l’ambition de contrôler la société civile et de démanteler tous les contrepouvoirs. Seule une mobilisation de la société civile polonaise et de l’Europe pourrait le détourner de son projet d’installation durable d’une autocratie.
En répondant à la crise, les politiques monétaires des banques centrales ont eu pour effet d’augmenter les inégalités économiques. Cet article expose et critique la manière dont les banquiers centraux essaient de justifier les effets inégalitaires de leurs politiques tout en proposant des alternatives possibles à celles-ci.
Dans un ouvrage pluridisciplinaire, Catherine Coquio montre que le culte contemporain de la mémoire et de la vérité cache en fait une crise qui empêche d’avancer.
Qu’est-ce que l’histoire peut apporter à l’analyse du terrorisme contemporain ? Jenny Raflik propose de relire son essor sous l’angle de la montée en puissance de la mondialisation. Compte rendu suivi d’une réponse de l’auteure.
La fameuse crise de la littérature est en réalité celle de son partage. Une forme d’anesthésie a enferré les études littéraires dans des routines théoriques qui étouffent les réactions du lecteur ordinaire. Hélène Merlin-Kajman pose les jalons d’une « analyse transitionnelle » qui rend justice aux émotions et à l’aptitude à occuper, par le langage, des espaces communs.
Le naturalisme est une conception très influente aujourd’hui dans le monde scientifique. Et très controversée également : on peine à mesurer sa fécondité, voire à le définir. D. Andler, conscient de ses limites, en propose une version critique.
Notre justice politique est fondée sur l’appartenance des individus à une communauté politique. Force est de constater cependant que la « crise des migrants » nous pousse à réinterroger ce lien essentiel entre droits et citoyenneté, et à y répondre autrement que par la seule solidarité.
Pour réparer une société, il n’est pas nécessaire de prendre son bâton de « civilisateur » républicain. Les romans de George Sand, loin d’être des contes champêtres, proposent une manière souterraine de faire de la politique – un projet démocratique sans prêche ni violence.
La question de la place de la violence dans la Révolution française est un sujet de débat, scientifique et politique, depuis le tout début du XIXe siècle. Deux livres récents offrent de nouvelles perspectives et de nouveaux regards.
Qu’a fait l’Inde à la littérature française ? Guillaume Bridet croise les sources et les approches pour montrer comment, après la Grande Guerre, la réception des écrivains indiens ‒ Tagore au premier chef ‒ favorise le passage de l’exotisme à une vision décolonisée. L’analyse décentre à la fois les études orientalistes et l’histoire littéraire traditionnelle.
Les sexualités minoritaires font l’objet de nombreux discours, pas nécessairement proportionnels à leur diffusion : autant que les manières de les pratiquer, ce sont les manières d’en parler qui posent question. À mi-chemin de l’essai à la fiction, Marco Vidal propose des voies à explorer.
Alors que les projecteurs sont braqués sur l’arrivée de réfugiés syriens en Europe, le chercheur Kamel Doraï rappelle que les principaux pays concernés sont d’abord ceux de la région. La Jordanie est ainsi l’un des pays qui accueille le plus de Syriens, accentuant les tensions économiques et sociales d’un pays déjà en prise avec la présence des réfugiés palestiniens et irakiens.
Les droits de l’homme ont fait l’objet de nombreuses critiques depuis leur déclaration en 1789. Aujourd’hui encore, ils sont accusés de desservir la démocratie et de favoriser l’individualisme. Mais ce procès, expliquent J. Lacroix et J.-Y. Pranchère, n’est pas justifié.
Peut-on encore se réclamer de l’histoire des idées ? Cette approche, souvent discréditée, n’a pas dit son dernier mot. Marc Angenot en retrace les apports, et explique comment elle peut enrichir notre connaissance des sociétés.
En étudiant les débats politiques et juridiques sur la citoyenneté au prisme de la situation coloniale au XIXe siècle, en métropole et dans les colonies, Silyane Larcher propose une généalogie de la citoyenneté profondément renouvelée et conduit à repenser la construction de la République.
Les laboratoires pharmaceutiques sont devenus des acteurs incontournables des politiques de santé. Auriane Guilbaud analyse les enjeux posés par ces relations entre firmes et organisations internationales dans le cadre de partenariats public-privé à l’échelle mondiale.
Qu’est-ce qu’un réfugié ? Comment le distinguer du migrant ou du demandeur d’asile ? Comment ces notions ont-elles évolué au cours du XXe siècle ? La sociologue Karen Akoka revient sur le travail institutionnel de distinction entre bon et mauvais réfugié pour éclairer l’actuelle « crise » des migrants en Europe.
Si le théâtre est profondément politique, c’est parce qu’il est engagé et participatif : il répond à l’urgence des temps, en traitant le spectateur comme un citoyen et en faisant de la scène un espace social inclusif. Retour sur un potentiel révolutionnaire.
Antique et renaissante, mi-lolita, mi-déesse, la nymphe est, selon G. Didi-Huberman, marchant dans les pas d’Aby Warburg, un personnage récurrent de l’histoire de l’art, qu’elle irrigue de son nimbe et de sa fastueuse fluidité.
À travers une enquête ethnographique dans le huis clos du quartier européen de Bruxelles, Sylvain Laurens étudie les rapports entre milieux d’affaires et institutions européennes et montre que leur proximité tient moins à une connivence idéologique qu’à une histoire partagée.
En quoi l’Histoire est-elle pertinente pour comprendre les débats actuels sur la race, les inégalités économiques ou bien encore le récit national ? Thomas Sugrue, historien renommé, spécialiste des crises urbaines et de la ségrégation, insiste sur la valeur de la passion et d’un travail de recherche minutieux. Les historiens peuvent et doivent s’engager dans le débat public, mais selon leurs propres termes.
Tandis qu’en France, la police tenue pour coupable d’acharnement appelle à un rassemblement contre la « haine anti-flics », en Allemagne, en Suède, en Suisse, l’interaction entre police et manifestants se distingue par la maîtrise et le dialogue. La police française résiste aux nouveaux modèles de maintien de l’ordre, articulés autour de la notion de désescalade. O. Fillieule et F. Jobard expliquent les raisons de ce retranchement doctrinal.
Rompant avec la vision du paysan éternel et des campagnes conservatoires des traditions, Joëlle Zask montre que l’agriculture nourrit une véritable culture démocratique. Cultiver sa parcelle, c’est reconnaître une communauté d’égaux. Amour de la terre, amour de la liberté et de l’égalité ?
Le Kamasutra écrit au IIIe siècle n’est pas seulement un ouvrage érotique : c’est aussi un traité d’art de vivre pour les citadins aisés, quelle que soit la caste à laquelle ils appartiennent, quelle que soit leur sexualité, et qu’ils soient étalon, taureau ou lièvre, éléphante, jument ou hase.
Avec la volonté d’écrire une histoire totale, B. Joyeux-Prunel propose une approche socioculturelle et transnationale inédite des avant-gardes artistiques. Au delà d’une simple histoire des styles, les avant-gardes apparaissent alors comme de véritables événements politiques et sociaux, pris dans de complexes réseaux d’influence.
Le gouvernement et la Diète ont récemment pris des mesures qui mettent en danger l’autonomie de la justice, l’indépendance des médias et les libertés individuelles. Les origines de cette dérive autoritaire sont à chercher dans la transition de 1989 et dans les enjeux de la décommunisation.
À l’époque moderne, l’Espagne et le Portugal ont procédé à des expulsions massives et dramatiques, touchant plus d’un demi-million de personnes de confession juive ou musulmane. Revenir sur le sort de ces populations permet de mettre en perspective la crise des réfugiés que connaît actuellement le monde.