À bas bruit, le capitalisme a construit son utopie : un monde débarrassé de la démocratie, de la citoyenneté et de l’État, disséminé sur une multitude de petits territoires reliés par la mobilité du capital et des élites.
Comment sauver la biodiversité de son extinction programmée sans appauvrir et exclure les populations dépendantes des écosystèmes ? En admettant la portée politique de la conservation et en l’inscrivant dans un projet anticapitaliste, répondent les sociologues Bram Büscher et Robert Fletcher.
On peut difficilement se passer du concept d’exploitation pour décrire les nombreuses formes d’injustice engendrées par le capitalisme. Marx reste donc encore très contemporain.
En Occident, on se jette à l’eau pour chanter seul au micro devant un public d’étrangers. En Asie, on chante ensemble, entre amis ou entre collègues, pour se créer un havre, une bulle d’entre-soi. À chaque société ses soupapes !
Q. Slobodian retrace la généalogie du néolibéralisme, scientifique d’abord, économique ensuite, et politique enfin. Il est au moins autant l’œuvre intellectuelle des juristes qu’il se matérialise dans les thérapies de choc des institutions financières internationales.
La configuration néolibérale du capitalisme détruit-elle le modèle associatif ? Ce nouvel ouvrage de la collection Puf/Vie des idées analyse les transformations à l’œuvre dans le monde associatif qui incarnait jusqu’alors un autre mode de production et de consommation, à rebours de celui que promeut l’économie politique.
Les luttes antiracistes, féministes et écologiques sont aussi et avant tout des manières de s’opposer au capitalisme, qui est un ordre social et non seulement un système économique. Il nous faut donc, explique N. Fraser, une autre conception du socialisme.
Les entrepreneurs à capuche de la Silicon Valley sont en réalité des travailleurs soumis à une concurrence souvent féroce. Dans le monde de l’innovation, les inégalités sont nombreuses.
Que fait la police ? Selon Paul Rocher, elle n’empêche nullement le crime et n’assure pas la sécurité publique. Quant au manque de moyen, ce n’est qu’un mythe. Apparue avec le capitalisme, elle maintient l’ordre établi ; mais un autre ordre est possible.
Karl Marx a souvent été considéré par les mouvements écologistes comme un productiviste, fasciné par le progrès technique et insensible à la nature. Pour J. B. Foster et B. Clark, il est au contraire urgent de réconcilier l’écologie politique avec sa critique du capitalisme.
Au Sud, une république marchande ; au Nord, une colonie pénitentiaire. Dans la péninsule coréenne, un même peuple a donné naissance à des modèles drastiquement opposés. Séquelle de la guerre civile, héritage de la colonisation ou réponse asiatique à l’hubris occidentale ?
Malgré la montée de l’extrême droite et l’accommodement des dictatures aux pressions internationales, les politologues Helen Milner et Daniel Treisman se montrent confiants dans l’avenir de la démocratie, seul modèle politique capable de s’adapter aux innovations rapides qui conduisent le capitalisme.
Deux cents ans après sa naissance en Occident au XIXe siècle, le capitalisme est devenu une culture au sens large, un mode de vie et une idéologie. Il traverse toutes les sphères de la société, le monde du travail et de la politique. Il s’insinue aussi dès l’enfance, dans l’éducation et la famille.
Des mégalopoles immenses où les individus se perdent, des systèmes froids où les personnages sont de simples rouages, des métiers dans lesquels les hommes s’épuisent : Michael Mann pose un regard acéré et mélancolique sur le monde contemporain.
La question préoccupe depuis longtemps les historiens du commerce international et du capitalisme : quelles sont les raisons de la domination exercée par les compagnies de commerce hollandaise (VOC) et anglaise (EIC) sur le commerce entre Europe et Asie à partir du XVIIe siècle ?
Analysant le processus généralisé de « logistisation », Mathieu Quet montre que la circulation des hommes et des marchandises est au cœur de nos sociétés. Mais la logistique s’est-elle aussi emparée du langage et du vivant ?
La sociologue Scarlett Salman analyse une figure emblématique du nouvel esprit du capitalisme, celle du coach en entreprise. Son essai permet de saisir de manière originale les mutations des organisations, mais aussi des formes de psychisme véhiculées par le capitalisme contemporain.
La série, qui triomphe partout dans le monde, particulièrement auprès du jeune public, offre une métaphore sur les ravages du capitalisme et la faillite des illusions démocratiques. Ses modernes jeux du cirque reflètent notre condition, à la fois victimes sacrifiées et consommateurs insatiables.
En proposant un examen de la profondeur historique des liens entre science et capitalisme, Gabriel Galvez-Behar ouvre des perspectives de recherche stimulantes pour l’analyse critique de l’économie politique de la connaissance.
Des forces politiques, techniques et économiques détruisent la Terre et l’humanité. Nées il y a cinq mille ans, elles se sont renforcées depuis cinq siècles avec le système-monde capitaliste. Ce récit des origines que propose Fabian Scheidler aide-t-il à échapper à l’engrenage ?
Pourquoi le capitalisme est-il si chaotique ? demande Anna Tsing depuis les montagnes de Bornéo saccagées par l’exploitation. Aborder les connexions globales et les idéaux universalistes comme de puissantes mises en récit permet de comprendre et de résister.
L’appropriation, l’exploitation et l’asservissement de la nature, selon un courant qui entend renouveler le marxisme à la lumière de l’écologie, mènent le capitalisme à ses limites structurelles. Mais cette crise enveloppe-t-elle les conditions de son dépassement ?
Le temps du commerce, le temps de l’usine, le temps de la finance : pour le sociologue Pierre François et l’historienne Claire Lemercier, la chronologie du capitalisme est la même en tous lieux du monde.
Selon P. Aghion, C. Antonin et S. Bunel, seule l’innovation technologique permettra de répondre aux défis sociaux et environnementaux auxquels est confrontée l’humanité. Le capitalisme et le « pouvoir de la destruction créatrice » se heurtent toutefois à la complexité des décisions microéconomiques.
Robert Boyer offre une lecture des conséquences économiques et politiques de la pandémie qui va à l’encontre de discours iréniques sur l’avènement d’un nouveau monde. Sa géopolitique des capitalismes jette un regard inquiet sur les conflits entre États et entreprises multinationales.
L’individu possède-t-il un droit absolu sur les choses dans lesquelles il met son travail ? La proposition paraît aller de soi, mais elle est pourtant contestable. Pour délimiter la propriété individuelle, il faut un accord entre nous, donc des valeurs communes.
L’ouvrage de T. Piketty a incontestablement lancé une réflexion de grande ampleur. C’est ce que soulignent les trois articles critiques qui lui sont consacrés dans ce dossier, auxquels répond T. Piketty, précisant la manière dont il a retracé l’histoire des régimes inégalitaires.
Comment la Révolution française a-t-elle pu, tout en abolissant les privilèges, fonder de nouvelles inégalités ? Thomas Piketty retrace l’histoire des justifications théoriques de la propriété, et propose une nouvelle idéologie de l’égalité sans remettre en question le droit à la propriété privée.
Les excès de la mondialisation, telles l’exploitation des travailleurs et la dégradation de l’environnement par les industries internationales, sont souvent attribués à l’absence de règles. Pourtant ces règles existent ; l’échec vient de ce qu’elles négligent les contextes de leur application.
Pour Torben Iversen, le capitalisme ne serait pas responsable de la crise actuelle des démocraties. Jenny Andersson et Cyril Benoît lui répondent et soulignent les limites de cette interprétation optimiste
Le capitalisme est-il responsable des écueils que les démocraties riches ont traversés ces trente dernières années, de la montée des inégalités à celle du populisme ? Selon Torben Iversen, c’est tout le contraire : c’est la démocratie qui a transformé le capitalisme pour tirer profit des nouvelles technologies.
Tandis qu’en Espagne ou en Italie les listes de secteurs essentiels ont fait l’objet d’un débat public, en France le gouvernement a confiné ce débat à la sphère privée. Ce serait en effet contester la subordination du travail au capital. Or un tel débat est aujourd’hui essentiel, sinon capital.
Les dynamiques contemporaines de hausse des inégalités et d’accumulation du capital sont des phénomènes économiques – mais le droit et ses praticiens ont participé et participent encore à la construction des actifs constituant le capital.
Grâce à une enquête ethnographique leur ayant permis de pénétrer notamment dans les coulisses des études de notaires et cabinets d’avocats, deux sociologues montrent l’origine de profondes inégalités de genre dans la répartition du patrimoine familial.
Le nouveau grand compromis à inventer entre capitalisme, démocratie et système-Terre passera, selon David Djaïz, par une réhabilitation de la nation démocratique, vecteur premier des solidarités sociales et territoriales et seule à même de décélérer la mondialisation.
À l’heure de la montée des inégalités, les élites philanthropes prétendent vouloir « changer le monde ». Anand Giridharadas montre qu’elles ne font en fait que détourner le changement social dans leur propre intérêt, refusant de bouleverser le système qui les a consacrées.
Lieux d’un hypercapitalisme débridé, perché au sommet des skylines, les villes du Golfe sont aussi des lieux hybrides où s’expriment des logiques transnationales et même des résistances citadines. Deux ouvrages y font entendre un nouveau souffle.
Les travailleurs des plateformes numériques se heurtent à de nombreux obstacles pour faire entendre leurs revendications. L’exemple des chauffeurs de VTC montre comment les mobilisations collectives ont pu néanmoins émerger, entretenant des relations ambivalentes avec les syndicats.
Si l’analyse économique était tombée dans un cul-de-sac avec un excès de formalisation mathématique, est-ce que l’Histoire économique permettrait d’en sortir ? Pierre Dockès nous propose un « voyage au long cours », destiné à saisir l’essence de la vie économique.
La voiture est partout. Le succès de la motorisation s’explique par l’adéquation entre une marchandise et les aspirations des individus, en lien avec l’essor de la consommation et l’appétit de mobilité urbaine. Voiture-autonomie ou aliénation automobile ?