Empoisonner, asphyxier ou brûler l’ennemi : les « armes « non conventionnelles » ne manquaient pas à l’époque gréco-romaine. Cette réalité met à mal notre vision héroïque de la guerre antique.
S’il ne s’est jamais pris au sérieux, Paul Veyne s’est aventuré sur des terrains neufs : l’évergétisme, la sexualité, la famille, sans oublier l’écriture de l’histoire. Suivons-le sur ses chemins de traverse.
Mégalopole d’un million d’habitants, la capitale de l’Empire abritait une « plèbe » diversifiée dont le rôle politique était important. Ses émotions avaient pour lieux les fêtes de quartier, les théâtres et le Grand Cirque.
En dehors des cercles très spécialisés, on ne s’intéresse plus beaucoup à Plutarque. Son œuvre, singulière et abondante, a pourtant joué un rôle majeur dans la constitution de l’humanisme à la Renaissance.
Peu d’auteurs dans l’Antiquité avaient un discours sur l’esclavage, mais beaucoup en parlaient tout de même, parfois entre les lignes ou par des voies détournées, afin de le critiquer ou de le justifier.
Dans l’Antiquité, les criminels mythologiques ou historiques n’étaient pas nécessairement inhumains. Ils nous montrent que nos évidences n’ont rien d’universel, surtout quand elles touchent à des catégories aussi essentielles que le bien et le mal.
Filippo Ronconi retrace l’aventure du livre depuis la Grèce archaïque jusqu’au XIIe siècle. Il montre ce que les textes doivent à leur contexte de production puis de préservation, et pourquoi on ne peut pas lire l’Illiade sans savoir comment on l’a copiée ou stockée.
Dans la Grèce antique, les rites religieux visaient à produire un état de réceptivité particulier. Ce livre, consacré aux outils de la rencontre sensorielle avec les dieux, contribue au sensory turn qui renouvelle actuellement les études historiques.
L’histoire militaire romaine éclaire des thèmes fondamentaux, comme la conduite de la guerre ou la tâche d’imposer une domination. Quant à César, ses conquêtes illustrent une stratégie et une tactique – art de la guerre comme projet politique.
La pratique chorale était à Athènes bien plus qu’un procédé dramatique : c’était une expérience civique et collective, une sorte de figuration démocratique de la pluralité. V. Azoulay et de P. Ismard y voient l’identité profonde d’une société qui surmonte ses divisions.
La société grecque de l’Antiquité était bien plus inégalitaire et hiérarchisée que l’idée de démocratie le donne à penser. Il valait mieux y être homme, riche et citoyen.
Les monothéismes d’aujourd’hui seraient-ils moins tolérants que les divinités païennes ? Jetant le pavé antique dans la mare moderne, l’essai de Maurizio Bettini conduit à s’interroger sur les différents modes de croyance, de l’Antiquité à nos jours.
Antique et renaissante, mi-lolita, mi-déesse, la nymphe est, selon G. Didi-Huberman, marchant dans les pas d’Aby Warburg, un personnage récurrent de l’histoire de l’art, qu’elle irrigue de son nimbe et de sa fastueuse fluidité.
Peut-on encore défendre les langues mortes sans être taxé de conservatisme et sans idéaliser les cultures antiques ? Prolongeant le débat ravivé en 2015 par la réforme du Collège, l’helléniste Pierre Judet de La Combe milite pour le maintien d’un rapport direct et critique avec les Anciens.
Fondateur de l’Empire romain en 27 avant J.-C., Auguste est un homme tout en ambiguïtés : républicain mais autocrate, conquérant mais pacificateur, inventeur d’une tradition, il gouverne comme un sphinx. Une biographie vient souligner l’actualité de son règne.
Une nouvelle traduction des Entretiens d’Épictète donne à la pensée du célèbre Stoïcien de la période romaine une précision et une actualité nouvelles, tout en laissant en retrait certaines facettes de sa doctrine comme la métaphore de l’acteur ou la dimension politique.
À Athènes, dans l’Antiquité, les tâches d’expertise étaient confiées à des esclaves publics, que l’on honorait mais qu’on privait de tout pouvoir de décision. C’est ainsi, explique P. Ismard, que la démocratie parvenait à se préserver des spécialistes.
Peut-on se passer de la dichotomie entre nature et culture ? Traversant les siècles, de Platon à Descola, un ouvrage collectif montre que le naturalisme, quelque forme qu’il prenne, est toujours renaissant.
L’empire romain a servi de modèle, réel ou fantasmé, à bien des constructions politiques. Peut-on, aujourd’hui, en faire celui de l’intégration des étrangers ? Alessandro Barbero reconsidère le mythe des invasions barbares, qui furent pour la plupart des immigrations... tout à fait choisies. Car l’empire romain a toujours été très optimiste sur ses capacités d’accueil.
Les cultures européennes sont héritières des constructions identitaires et mémorielles élaborées par les grandes civilisations de l’Antiquité. En faisant l’inventaire de ces constructions, l’historien allemand Jan Assman livre des clés essentielles pour comprendre les logiques d’oublis, de transmissions et d’interprétations à l’œuvre dans les sociétés contemporaines.
Après avoir montré le rôle du banquet dans la vie politique dans la Grèce antique, Pauline Schmitt-Pantel se penche sur les mœurs des grands hommes, qui constituent une des facettes de leur identité politique.
Le régime nazi s’est livré à une réécriture de l’histoire en plaçant l’origine de la civilisation indo-européenne dans l’Europe nordique. L’art et le sport ont été mis à contribution pour accréditer l’idée que les nazis seraient les héritiers des glorieuses civilisations antiques. Or à ces annexions symboliques correspondent des conquêtes territoriales. Dans un travail érudit et captivant, Johann Chapoutot montre que le Reich ne se contente pas de revisiter l’histoire antique : il est conduit par elle.
Sappho était-elle vraiment lesbienne ? Mais que faisaient donc les femmes entre elles dans la société romaine à l’époque de Jules César ? ou dans l’Athènes de Périclès ? Le livre de S. Boehringer non seulement répond à ces questions, mais les dépasse de façon définitive en proposant un cadre de réflexion qui devrait servir de modèle à toute réflexion future sur les rapports entre la catégorie moderne de l’homosexualité et l’Antiquité.