Cinq spécialistes des nouvelles technologies partagent leurs points de vue sur les espoirs et les dangers portés par la révolution numérique en cours. Leurs réponses révèlent le besoin urgent d’approfondir nos réflexions sur les conséquences politiques, sociales et économiques de cette transformation de nos sociétés.
Comment sortir de l’architecture abstraite, où les constructions sont faites sans leurs publics ? La méthode de Peter Ferretto repose sur l’observation, l’engagement et l’osmose entre enseignement, pratique, recherche et impact social.
Alors que la coopération multilatérale est de plus en plus remise en cause, Katerina Linos déconstruit certaines idées reçues sur le rôle des institutions internationales — en particulier européennes — et montre leur capacité d’action dans un contexte de crises multiples.
Selon Thomas Blom Hansen, les villes indiennes sont devenues des lieux d’exclusion, de peur et d’hostilité exacerbée. Les musulmans sont victimes d’un enchevêtrement de violence communautaire, de complicité de l’État et de discrimination systémique.
Alors que nous vivons désormais à l’âge de l’IA générative, Mark Algee-Hewitt montre comment l’informatique nous aide à expliquer la vie des concepts, des esthétiques et des genres.
Alors que les pouvoirs publics semblent pour l’instant vouloir privilégier l’incitation plutôt que la contrainte pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les économistes développent des outils de plus en plus performants pour mesurer l’efficacité de ces politiques.
Professeur d’éducation, Bianca Baldridge souligne l’importance de la formation extra-scolaire pour les jeunes des minorités américaines, et le peu de reconnaissance sociale dont bénéficient les formateurs, expérimentés et compétents mais souvent peu diplômés.
L’évolution technologique a dépassé le droit existant, créant un vide de gouvernance. Le besoin urgent d’un renouvellement des réglementations conduira probablement à des systèmes autonomes et clos, et augmentera encore la fragmentation de l’ordre mondial.
Le monde numérique, selon Nilam Ram, est le produit de transactions mutuelles entre les technologies et les humains. Il crée de nouvelles formes de connaissances qui renforcent le pouvoir des citoyens et leur capacité à contribuer à une science plus égalitaire.
Le “rêve californien” ne remonte pas à la Ruée vers l’or du XIXe siècle, mais seulement au XXe siècle, et relève plus de la critique que de l’enthousiasme. Louis Warren invite à relativiser ce mythe, et à se méfier de la tendance à prendre la Californie pour le laboratoire des États-Unis.
Les quotas en Inde contribuent à l’émancipation des basses castes tout en produisant des effets pervers difficiles à maîtriser. Rohini Somanathan s’interroge sur le bon équilibre entre politiques de discrimination positive ciblées et politiques publiques à vocation universelle.
Les États-Unis connaissent un recul de la démocratie, affirme Hakeem Jefferson qui appelle à de profondes réformes institutionnelles comme l’augmentation du nombre de juges à la Cour suprême ou la répartition du Sénat américain en fonction de la population des États.
Les produits numériques changent notre façon de vivre. Grandissant dans un monde hyperconnecté, la nouvelle « génération Z » a développé des comportements, des attitudes et des valeurs différents.
Le monde numérique est la résultante de l’accumulation de siècles de progrès scientifiques et organisationnels. La virtualité est par ailleurs rendue possible par la matérialité des ordinateurs, objets qui sont eux-mêmes le produit d’échanges économiques et du travail.
L’ethnographie de Laurence Ralph explore les différents systèmes de punition qui blessent les corps des Noirs et Bruns américains et qui contribuent à maintenir les vestiges de l’esclavage. Ces blessures appellent à la justice réparatrice.
Comment les Afro-Américains ont-ils tenté de renverser les rapports de domination raciaux aux États-Unis ? En créant à partir de l’après-guerre des institutions culturelles et éducatives spécifiques à leur communauté, toujours utiles aujourd’hui dans la lutte contre les discriminations.
Rachel St. John explore les divers projets de construction nationale qui se sont disputé la légitimité et les territoires à travers le continent américain au cours du XIXe siècle, mettant en lumière la diversité de l’histoire politique et le caractère contingent de l’idée de nation.
Le « délirium agité » est un diagnostic fabriqué de toutes pièces pour absoudre les officiers de police du meurtre d’hommes noirs et latinos placés sous leur responsabilité. Tout un réseau de médecins légistes, de forces de l’ordre et d’entreprises privées ont soutenu cette pseudo-science.
À l’heure où la frontière de l’automatisation s’étend jusqu’aux compétences émotionnelles, Allison Pugh met en lumière la capacité humaine à créer du lien. Irréductibles aux machines, ces connexions fondamentales apportent du sens aux professionnels et restent cruciales dans de nombreux secteurs.
La contribution de Jane Mansbridge à la théorie politique est majeure : soucieuse toute sa vie d’allier recherche empirique et approche théorique, elle a beaucoup apporté à la critique du choix rationnel et à une réflexion sur la démocratie comprise comme un processus permanent, toujours en mouvement.
“Excited delirium” is a diagnosis that was used to absolve police officers of responsibility for the deaths of Black and Brown men. For decades, it was legitimized by a network of forensic pathologists, law enforcement agencies, and private companies that sustained this pseudoscience.