Le mal est-il intelligible ? La philosophe américaine Susan Neiman reprenait en 2002 la question traditionnelle du mal, en refusant de la cloisonner à la sphère religieuse pour la penser en termes historiques. Son ouvrage est enfin paru en français.
Le discours peut induire en erreur aussi bien que convaincre du vrai. L’ouvrage salutaire de Clément Viktorovitch rappelle les règles fondamentales de la rhétorique, avec ses pièges et ses ressources.
Sans diviniser la raison mais sans rien rabattre de ses exigences, Pascal Engel construit avec prudence un rationalisme ambitieux, qui ne justifie pas simplement l’enquête scientifique mais a aussi son mot à dire en morale et en politique.
Dans les années 1930, militer pour la science, c’est affirmer qu’elle est un facteur de progrès et de justice sociale. À partir des années 1970, avec la bureaucratisation de la recherche, la question de son indépendance vis-à-vis des puissances politiques vient diviser les mouvements rationalistes.
Alors que l’intelligence artificielle fait l’objet d’une attention publique croissante, la philosophe Catherine Malabou s’interroge sur les frontières de plus en plus poreuses entre cerveaux humain et synthétique. Elle dessine ainsi la carrière du concept d’intelligence.
Étudiant le répertoire des émotions au Moyen Âge, deux historiens montrent l’importance de la vie affective dans la construction du sujet et des relations sociales. Plongée dans l’intimité des médiévaux.
L’éthique du care entend réhabiliter le rôle des émotions occulté par la pensée morale occidentale. Mais elle a besoin pour cela d’une conception sentimentaliste de l’esprit, dont M. Slote souhaite jeter les fondements.
Souvent invoqué par les populismes réactionnaires, le sens commun n’en a pas moins constitué une autorité sociale essentielle à toutes les révolutions démocratiques. C’est ce que montre la magistrale étude de S. Rosenfeld, qui parvient à en faire une histoire pleinement philosophique.
Dans un ouvrage érudit et suggestif, Veit Erlmann met en rapport « l’otologie », science de l’oreille et de l’écoute, avec l’histoire du rationalisme, et montre que la résonance servit, au temps des Lumières, à comprendre la raison tout en défiant l’intégrité du moi.
Le grand ouvrage du philosophe américain Robert Brandom est enfin traduit en français. Pratiquant une forme d’inférentialisme inédite, il montre que la signification de nos concepts est dans leur usage et, surtout, met en valeur l’activité collective qui donne les raisons de nos paroles et de nos actes.
On connaît la mathesis universalis comme projet lié au grand rationalisme du XVIIe siècle : celui d’une mathématisation intégrale de la nature. David Rabouin revient sur l’histoire et les enjeux de ce concept, et montre notamment ce que la philosophie doit à la pratique des mathématiques.
Les économistes américains Akerlof et Shiller reprennent la notion d’« esprits animaux » de Keynes et l’élargissent à toutes les motivations psychologiques qui éloignent le comportement économique du modèle de la maximisation de notre intérêt matériel individuel. Ils en distinguent cinq : confiance, équité, corruption, illusion monétaire et « récits ».
Et si la raison, comme le montre aujourd’hui la logique marchande, était finalement bien plus capable de calculer des moyens que de poser des fins ? Le dernier recueil de Jürgen Habermas, le chantre de la raison communicationnelle, témoigne d’un surprenant revirement vers la religion et le registre compassionnel.
Montaigne enseigne que l’esprit, livré à lui-même, n’est qu’inconstance et fantaisie. Comment parvenir à le régler, quand la raison n’y suffit pas ? B. Sève montre que Montaigne s’est attaché à répondre à cette question, et que c’est là que résident les effets philosophiques de sa pensée.
Le dernier livre de Bernard Sève, Montaigne. Des règles
pour l’esprit (Presses universitaires de France), sort aujourd’hui en librairie. Nous rendrons compte
très prochainement de cet ouvrage, dont nous publions ici trois
extraits.