Contrairement à l’idée admise, sur la foi de Platon et d’Aristote, chez les historiens de l’Antiquité, le tirage au sort n’est pas né avec la démocratie. C’est bien plutôt, selon Paul Demont, l’instauration de la démocratie qui a peu à peu démocratisé cette pratique d’origine aristocratique et religieuse.
Du partage des butins guerriers aux expériences de démocratie délibérative contemporaines en passant par la sélection des dirigeants politiques, le tirage au sort peut-il être considéré comme un gage de démocratie ? Bien qu’elle introduise une logique d’égalité radicale entre citoyens, propose une méthode impartiale de résolution des conflits et garantit le pouvoir de tous sur tout un chacun, cette pratique ne résume pas à elle seule la démocratie.
La pratique de l’échantillon représentatif dans les prises de décision redonne au tirage au sort une place dans les régimes politiques contemporains. La diversité qu’il introduit dans les procédures contribue à renforcer la légitimité démocratique. Il paraît dès lors envisageable, selon Yves Sintomer, d’associer le tirage au sort aux élections elles-mêmes.
Pour fêter le centenaire de la VIe République (2012), dont la création est due à l’introduction du tirage au sort dans les procédures démocratiques françaises, le ministère de l’Instruction et de la Citoyenneté a demandé à un collectif d’historiens de revenir, à l’intention des jeunes générations, sur ce tournant décisif.
Pour beaucoup, les assemblées citoyennes tirées au sort sont l’instrument miracle pour restaurer la légitimité démocratique, prendre les bonnes décisions politiques et réaliser l’égalité entre les citoyens. Mais quelle égalité démocratique une assemblée issue du hasard incarne-t-elle exactement ?
Jon Elster explique pourquoi il s’est peu à peu détaché des théories du choix rationnel, pour accorder sa confiance au hasard et au tirage au sort, moins porteur d’injustice lorsque la délibération est manifestement impossible. Entretien vidéo.
Trois assemblées citoyennes tirées au sort ont fait de l’Irlande un laboratoire exceptionnel pour la démocratie délibérative – entraînant des révisions constitutionnelles majeures : la légalisation du mariage homosexuel et de l’avortement. Comment expliquer ce processus d’une portée inédite ?
En proposant de prendre au sérieux l’idée d’une assemblée législative tirée au sort, l’ouvrage dirigé par John Gastil et Erik Olin Wright invite à repenser certains des concepts fondamentaux de l’analyse constitutionnelle.
Lorsque des ressources vitales viennent à manquer, à qui réserver en priorité celles qui sont disponibles ? Faute de réflexion collective sur les critères de priorisation, les médecins se retrouvent aujourd’hui à arbitrer entre les patients.
Alors que s’achève prochainement la convention citoyenne pour le climat, comment concrétiser les propositions des citoyens tirés au sort dans le cadre d’un processus démocratique ? Quelle place et quelle forme doit prendre le référendum dans la prise de décision politique ?
La rédaction du projet de constitution islandaise, combinant tirage au sort, élection, participation et référendum, donne à Hélène Landemore l’occasion de réfléchir sur les institutions démocratiques : comment rendre démocratique la représentation ?
La photoreporter Adrienne Surprenant traque les effets de la dengue et du dérèglement climatique partout dans le monde. Tout en montrant la cruauté ou la douleur du monde, elle s’efforce de concilier témoignage et esthétique en établissant avec ses sujets un rapport de confiance réciproque.
Le projet d’une démocratie délibérative est-il irréaliste ? Contre l’assimilation désabusée de la démocratie à un ensemble de procédures de vote visant à satisfaire les intérêts du plus grand nombre, Charles Girard soutient que la délibération est un idéal pertinent pour une société d’égaux.
Si, comme on le dit souvent, la « démocratie représentative » est en crise, il est important d’examiner ce qui constitue le socle théorique de ce régime – à savoir le lien entre « démocratie » et « élection ». Cet ouvrage propose une série d’interrogations critiques sur les rapports qu’entretiennent élections et démocratie.
Que peut-on attendre des élections ? A. Przeworski nous incite au minimalisme : l’élection n’assure qu’un contrôle imparfait sur l’action des gouvernants et ne suffit pas à contrecarrer les effets politiques des inégalités, mais c’est le meilleur moyen de résoudre les conflits sans prendre les armes.
Sept ans se sont écoulés depuis le début de la crise économique et politique qu’a traversée l’Islande en 2008. Les tentatives de rénovations de sa constitution, ses positions hétérodoxes en matière de finance et la vivacité politique de sa société civile ont suscité la curiosité certes, pourtant ces faits étonnants peinent encore à mobiliser la science politique.
L’histoire du vote nous apprend que l’élection n’est pas née avec le gouvernement représentatif moderne, mais qu’elle était pratiquée au Moyen-Âge. Elle nous apprend aussi que le vote n’est pas la fin de l’histoire de nos démocraties et que d’autres modes de désignation sont possibles.
Alors qu’on parle beaucoup de démocratie participative, la théorie politique semble avoir délaissé la question de la délibération de masse. Cristina Lafont critique les raccourcis délibératifs pour s’intéresser à cette voie difficile autant que longue.
C’est l’été : La Vie des Idées reprendra son rythme de publication à compter du 20 août et vous propose en attendant un mélange de textes et d’entretiens parus dans les six derniers mois.
Comment réaliser l’idéal d’une démocratie délibérative ? Un ouvrage collectif revient sur le « tournant délibératif » de la pensée démocratique et esquisse les voies de sa mise en œuvre, dans des démocraties de masse où l’opinion publique continue d’être cristallisée par les médias et les partis.
In a lively interview, cyberfeminist Angela Washko explains how “digi-feminism” is currently challenging cybersexism and existing conditions of the web; she discusses her past and current video projects and how to fight harassment against cyberactivist on the web. And if you ask her what the political aspect of her work is, she will say “all of it is political”.
With electronic music comes the possibility of hacking instruments. How does hacking affect musical instruments and the ways of playing them? In this interview, Nic Collins, a pioneer in musical hacking, describes his journey at the crossroads of experimental music, computer music and sound art.
Despite the rise of far-right parties and the adaptation of dictatorships to international pressures, political scientists Helen Milner and Daniel Treisman are confident in the future of Democracy, the only political model suited to accommodate the fast-paced innovations that are driving capitalism.
How can we move beyond abstract architecture, where buildings are constructed without their audiences? Peter Ferretto’s method is based on observation, engagement, and the osmosis between teaching, practice, research, and social impact.
Linsey McGoey discusses philanthropic organizations such as the Gates Foundation and the Chan Zuckerberg Initiative. Addressing the problematic aspects of “philanthrocapitalism”, she draws attention to the growing lack of transparency and accountability of those foundations.
In the 80’s, a peculiar genre of underground music emerged: Japanoise—or Japanese Noise. Based on feedback, without melody nor structure, this genre is often perceived as the end of music. Drawing on the tools of media anthropology, David Novak traces the history of the construction of this genre.
How can people and computers be connected so that—collectively—they act more intelligently than any individuals, groups, or computers? Gloria Origgi claims that Internet is a giant network of ranking and rating systems in which information is valued as long as it has been already filtered by other people. The Information Age is being replaced by a Reputation Age.
How did the thought of John Stuart Mill cross the English Channel? Vincent Guillin and Djamel Souafa analyze the reception of Considerations on Representative Government in Second Empire France and show why it is interesting to reconsider Mill’s theory of democratic government today.
Constance Borde and Sheila Malovany-Chevallier have published a new English translation of Simone de Beauvoir’s famed The Second Sex sixty years after its initial publication. They explain for Books and Ideas how they set out to restore Beauvoir’s existentialist, but also very personal approach to the history of the Western notion of “woman”.
As Italy celebrated the 150th anniversary of its unification, revisionist historians radically challenged the standard history of unification and its consequences. This offensive, backed by certain politicians, spared none of the important moments of Italian history. Might this be the sign of a more far-reaching crisis in the national narrative?