Combinant l’esthétique, la psychanalyse, la sémiologie, la philosophie, la stylistique et les théories cinématographiques, N. Mauffrey aborde l’oeuvre d’Agnès Varda sous l’angle de la “cinécriture”, procédant par collages.
Alors que les représentations simplistes de l’Afrique dans les relations internationales se perpétuent, un ouvrage synthétise les principales discussions sur la place du continent dans l’espace mondial d’hier à aujourd’hui.
Les Méditations métaphysiques de Descartes constitueraient-elles le secret qui permet de comprendre la pensée de Sartre ? Telle est la thèse audacieuse de C. Riquier, mais peut-elle s’étendre à l’ensemble de son œuvre ?
Le discours peut induire en erreur aussi bien que convaincre du vrai. L’ouvrage salutaire de Clément Viktorovitch rappelle les règles fondamentales de la rhétorique, avec ses pièges et ses ressources.
Éduquer l’enfant en respectant ses intérêts spontanés, telle est la proposition des pédagogies alternatives. Soumettant ces promesses à la critique sociologique, Ghislain Leroy montre qu’elles ne sont pas nécessairement émancipatrices et peuvent contribuer à reproduire les inégalités sociales.
Durement éprouvé par la pandémie de covid, le tourisme est aussi contraint par les exigences environnementales. De leur côté, les réseaux sociaux modifient nos pratiques, jusqu’à l’instagramisation des lieux et des paysages. Et si, au tourisme, il fallait préférer les voyages ?
Les puissances économiques aux États-Unis mettent l’État au service de leurs intérêts. Comment s’y opposer ? La constitution peut-elle jouer un rôle dans la lutte contre ces tendances oligarchiques ? Oui, mais à condition d’en retrouver l’inspiration première.
L’expansion spatiale, dont beaucoup s’enivrent sans recul critique, est-elle vraiment souhaitable ? D. Deudney soutient qu’elle crée de nouvelles menaces bien plutôt qu’elle n’y répond, en en mesurant les réalités discursives, géopolitiques et économiques.
Les ouvriers de la logistique occupent une place croissante dans le monde ouvrier. Un enquête ethnographique, illustrée par des photographies, compare les situations de ces ouvriers d’un nouveau type, entre service et industrie, en Allemagne et en France.
Dans une étude savante et néanmoins accessible, Pierre Pellegrin soutient qu’Aristote est le véritable fondateur de la biologie, contrairement à ce qu’une perception caricaturale de son finalisme a longtemps donné à penser.
Deux cents ans après sa naissance en Occident au XIXe siècle, le capitalisme est devenu une culture au sens large, un mode de vie et une idéologie. Il traverse toutes les sphères de la société, le monde du travail et de la politique. Il s’insinue aussi dès l’enfance, dans l’éducation et la famille.
Quand d’autres s’évertuent à concevoir une classe écologique comme nouveau moteur de l’histoire, ou à faire alliance avec les non-humains pour en arrêter le cours, le philosophe Aurélien Berlan propose une voie complémentaire d’émancipation : l’indépendance par la terre.
La médecine légale permet de produire une documentation administrative mobilisée dans les décisions de justice. L’ethnographie de la morgue en Inde montre que l’éthique scientifique s’inscrit également dans des contraintes sociales et professionnelles qui façonnent l’expertise.
La canicule est un phénomène météorologique intense, mais aussi une catastrophe sociale et urbaine. C’est ce que révèle l’été 1995 à Chicago : l’environnement local et l’absence de politique publique conséquente furent pour beaucoup dans le lourd bilan.
Fort de ses recherches sur la corruption et la criminalité en col blanc des classes dominantes, Pierre Lascoumes nous plonge dans les mécanismes institutionnels des fraudes de ceux qui détiennent le pouvoir politique et économique en France.
À quoi tient la longévité du pouvoir marocain ? À sa capacité à adapter sa double logique, impériale et nationale, aux réalités de l’âge néolibéral, argumentent Béatrice Hibou et Mohamed Tozy dans une enquête au long cours sur l’imaginaire de l’État au Maroc.
Face à la pandémie Covid-19, autorités politiques et bancaires ont semblé s’affranchir des préoccupations budgétaires. Mais maintenant que les contraintes liées à la pandémie se relâchent, celles de la dette vont revenir sur le devant de la scène.
On ne naît pas complotiste, mais on choisit de le devenir. La thèse défendue par S. Dieguez et S. Delouvée est forte, à rebours des interprétations très répandues qui voient dans le conspirationnisme un effet de l’ignorance ou de la crédulité. Cette recension est suivie d’une réponse des deux auteurs.
L’Europe est une réalité politique et économique, mais c’est aussi une idée, à la fois défendue et dénigrée depuis très longtemps. Faire l’histoire des ambiguïtés qu’elle recèle est aujourd’hui particulièrement indispensable.
Dans une vaste fresque, Ian Tyrrell retrace l’histoire de l’idée de l’exceptionnalisme américain depuis 1630 jusqu’à la présidence de Donald Trump. Il montre comment cet idéal puritain s’est transformé progressivement pour devenir à partir des années 1980 une idéologie d’État.
Ce qu’il faut retenir de l’utopie, selon Ricœur, c’est la puissance à la fois constitutive et critique du réel, en dénonçant toute fuite hors de celui-ci. Cette critique demeure d’actualité dans un monde où le réel s’approche des dystopies les plus cruelles.
Alors que toutes les conditions semblent réunies en France pour en faire un pays néolibéral comme un autre, il ne s’est pas autant implanté qu’ailleurs. Kevin Brookes avance la thèse d’un « coût idéologique trop élevé » pour expliquer la singularité de la trajectoire française.
Comment l’histoire du commerce a-t-elle façonné nos habitudes de consommation ? Quelles furent les stratégies des petits et grands magasins pour attirer les consommateurs et conquérir des marchés ? Deux ouvrages font le point sur ces questions importantes de l’histoire économique et sociale.
Les trajectoires de forte mobilité sociale sont souvent lues à l’aune des dynamiques de classe, sans que soit posée la question de leur dimension raciale. L’ouvrage de Shirin Shahrokni souligne le rôle central des stigmates raciaux dans l’expérience de la réussite.
Qu’ont en commun le trille, l’arabesque, la métaphore ? L’ornement est-il une simple décoration accidentelle, ou manifestation essentielle du rapport qu’entretient l’esprit avec l’ordre du monde ?
En étudiant des aspects méconnus de l’histoire de la pensée française du XXe siècle et des auteurs sensibles à la diversité des modes de connaissance, Frédéric Fruteau de Laclos rédige un manifeste pour l’empirisme et un appel à lutter contre l’ethnocentrisme.
Les institutions et les procédures de la démocratie aboutissent-elles à davantage de justice sociale que les régimes autoritaires ou qu’un hypothétique gouvernement des experts ? Elles le peuvent, suggère un philosophe, en vertu de l’impartialité qu’elles favorisent entre les citoyens.
À partir d’une enquête sur l’expérience sociale des individus situés au dessus de la norme pondérale de trois pays européens, Solenn Caroff explore les logiques de la stigmatisation fondée sur le poids.
Des mégalopoles immenses où les individus se perdent, des systèmes froids où les personnages sont de simples rouages, des métiers dans lesquels les hommes s’épuisent : Michael Mann pose un regard acéré et mélancolique sur le monde contemporain.
Le sociologue A. Mathieu-Fritz analyse le développement de la télémédecine, mise en lumière par la pandémie. Il étudie les évolutions des pratiques des professionnels de santé, du « colloque singulier » avec le patient, les délégations entre les métiers.
Le dernier ouvrage de Catherine Colliot-Thèlène, récemment disparue, couronne une œuvre majeure de philosophie politique, qui pour comprendre le monde contemporain s’est nourrie d’une relecture, minutieuse et lumineuse, des classiques.
La philosophie moderne à partir de Descartes possède des ressources insoupçonnées pour penser la question du sexe et du genre : il est possible de les exploiter encore aujourd’hui, montre Marie-Frédérique Pellegrin.
Dans l’État de Rio de Janeiro, les milices, descendantes des “Escadrons de la mort” et soutenues par Jair Bolsonaro, font régner la terreur sur la moitié du territoire ainsi que sur la vie politique et nationale.
Alors que les discours racistes et xénophobes ne cessent de s’imposer dans l’espace public des pays occidentaux, il peut être fécond de se pencher sur l’œuvre du sociologue britannique Stuart Hall, qui fournit de nombreuses clés pour appréhender ce phénomène mouvant, en dépit d’une focalisation sur les arts visuels à la fin de sa vie.
La sociologie, professait P. Bourdieu, enferme en elle-même le pouvoir de se réfléchir et en particulier de réfléchir sur sa propre scientificité. Quatre textes rares ou inédits illustrent cette doctrine, dont les attendus restent discutables.
Alors que l’écologie politique s’affirme encore difficilement sur la scène nationale, il est bon de retrouver le dialogue Gorz/Marcuse, qu’une nouvelle édition replace dans l’histoire de la pensée critique en exhumant des textes rares sinon inédits des deux intellectuels de la nouvelle gauche.
La liberté est-elle un privilège blanc, circonscrit par des rapports de pouvoir fondés sur la race ? Telle est la question subversive que posait avant de disparaître en 2021 l’historien américain Tyler Stovall en comparant les empires américains, français et d’autres encore, sur deux siècles.
Partant de cas réels, la philosophe féministe Amia Srinivasan réfléchit aux stéréotypes qui façonnent nos désirs et nos représentations, et à ce que le croisement des dominations fait à la sexualité. Pour mieux imaginer la libération sexuelle du XXIe siècle.
On se trompe beaucoup sur l’Amazonie. On y voit une forêt première et sauvage, alors qu’elle est l’objet d’une gestion raisonnée par les Amérindiens de leur environnement. La biodiversité est aussi le produit de nos efforts.
Savez-vous vraiment ce qu’est l’intersectionnalité ? Et l’épistémologie du positionnement ? Un nouveau recueil d’introduction à la philosophie féministe interroge la relative méconnaissance de la pensée féministe par la philosophie française et met au jour la promesse d’émancipation qui l’anime.