Traduit avec le soutien de la fondation Florence Gould
Faut-il compter sur les gouvernements nationaux pour sauver le climat ? Un État peut-il être capitaliste et écologiste ? Pour Geoff Mann et Joel Wainwright, l’appel à cette solution manque de réalisme, et d’autres formes de lutte contre le réchauffement climatique doivent être envisagées.
La déforestation et la production de charbon de bois sont souvent considérées comme les principales causes de la pauvreté endémique en Haïti. Cet essai appelle à la création d’un nouveau discours. Cette image d’Haïti est inexacte et économiquement contreproductive.
En publiant On the Run, la sociologue Alice Goffman s’est attirée de nombreux éloges avant de susciter de plus en plus de controverses. Si la plupart des critiques ont mis en cause la précision de sa recherche ethnographique, elles ont éludé l’essentiel : l’intrusion de l’économie de marché dans le monde universitaire.
De quand date l’avènement des sociétés de consommation ? De la fin du XXe siècle, croit-on le plus souvent. De bien plus longtemps, affirme Frank Trentmann dans un essai d’histoire globale qui en retrace l’histoire de l’Italie du XVe siècle à la Chine contemporaine. Débat à quatre voix sur un livre qui fera date.
Le gros des commentateurs a vu dans Trump le candidat des Américains blancs pauvres. Le sociologue Isaac Martin pointe, à rebours, la longue tradition américaine consistant à accuser de racisme les Blancs pauvres, comme pour mieux laisser prospérer celui des élites.
Comment expliquer la conversion des évangéliques américains au discours de Donald Trump ? Interrogeant les habitants d’une petite ville du Midwest, Jessamin Birdsall montre que le ralliement au candidat républicain est le produit d’un compromis idéologique, qui s’enracine dans la peur de communautés perçues comme menaçantes, les musulmans et les LGBT.
Comment se détermine la valeur de l’art contemporain sur un marché de l’art globalisé ? Dans le domaine de l’art contemporain mainstream, la formation du prix résulte d’un processus multipolaire dont les artistes, les marchands et les collectionneurs n’ont plus l’exclusivité dans la mesure où interviennent désormais des intermédiaires obscurs ou invisibles.
En 2009, Elinor Ostrom figure parmi les lauréats du prix Nobel d’économie pour son analyse de la gouvernance économique, notamment en ce qui a trait aux biens communs. Si ce choix en surprend plus d’un au sein de la profession, sa quête de toute une vie pour comprendre les modalités de gestion réussie des ressources communes est riche d’enseignements pour notre avenir.
En 2001, les États-Unis se sont lancés dans une guerre contre la terreur dont les échecs n’étaient pas totalement imprévisibles. Mais le plus surprenant est que cette guerre soit restée pratiquement invisible du public américain, malgré quelques scandales. Loin d’être imposée par les nécessités de la guerre, cette invisibilité résulte de phénomènes dont les racines plongent au cœur de l’histoire du pays.
S’il n’y a de droits et de devoirs qu’entre les hommes, comment se sentir obligé à protéger notre environnement ? C. Larrère montre que les réponses apportées par les philosophies écologiques sont largement tributaires de la pensée moderne occidentale : s’il y a des valeurs à respecter dans la nature, c’est que nous ne sommes pas seuls au monde.
Et si l’économie était la grande oubliée des révolutions ? Depuis deux décennies, les questions politiques et culturelles ont relégué la justice sociale au rang de préoccupations secondaires. Selon l’historien Charles Walton, le problème de la redistribution, déjà posé lors des révolutions de la fin du XVIIIe siècle, se situe pourtant au cœur des motivations des révolutionnaires égyptiens.
Les banquiers et les régulateurs doivent-ils endosser la crise ? Cette simplification pourrait être aussi malavisée que la tendance des Allemands à accuser la France et la Grande Bretagne d’être responsables de leurs difficultés économiques dans l’entre-deux guerres. Les crises se prêtent parfaitement à produire des légendes, mais nous devrions trouver d’autres manières d’y faire face.
Pour les républicains, la primaire de l’élection présidentielle de 2012 devait exposer au grand jour la composition de leur parti. Comment répondre à la percée du Tea Party et au réalignement de l’électorat à l’œuvre depuis décembre 2010 ? Si les changements idéologiques ont joué un rôle, les règles mêmes de ce jeu très complexe que sont les primaires fournissent également une réponse.
À l’origine conçue pour éclairer les médecins dans leurs prises de décision, l’EBM (Evidence-Based Medicine) est devenue, en Amérique du Nord comme ailleurs, une méthode de gestion des risques contribuant à la standardisation de la pratique médicale, et à la déshumanisation de la relation entre soigné et soignant.
Chicago vient de recevoir un sommet de l’OTAN que les manifestants d’Occupy et autres protestataires n’ont guère malmené. L’historien Andrew Diamond prévoyait quelques temps auparavant les limites probables de la mobilisation dans cette ville écrasée par la gouvernance néo-libérale et en expliquait les raisons.
Les grands ensembles métropolitains peuvent-ils être soutenables ? Étudiant deux configurations émergentes, la mégarégion et la ville globale, la sociologue Saskia Sassen explore les voies d’un partage plus équitable des bénéfices à l’échelle des grandes conurbations urbaines. Elle appelle à inventer les nouveaux outils analytiques qui permettront de penser l’autosuffisance sans l’exclusion, la stimulation sans la destruction, la globalisation sans l’annihilation de la diversité.
Une fiscalité environnementale qui soit ambitieuse doit s’inscrire dans une réforme plus large permettant de traiter simultanément divers problèmes : équité et progressivité du système fiscal, réduction du poids des prélèvements sociaux, financement des retraites et résorption de la dette.
Économie de l’environnement, des ressources naturelles, du développement durable, green economics, sustainability science, bioéconomie, écodéveloppement : nombreux sont les disciplines et les concepts qui croisent considérations environnementales et économiques. On revient ici sur l’économie écologique, qui a réussi à investir le champ académique et à démultiplier les débats.
Pierre-Michel Menger expose l’argument directeur de son ouvrage pour répondre aux questions et objections de Nathalie Heinich. Il s’agit avant tout de penser la création artistique comme un travail, et de la soumettre aux mêmes grilles d’analyse sociologique et économique que tout autre travail.
Michael Jackson était bien plus qu’un chanteur : Sylvie Laurent retrace l’histoire de cette star devenue « monstre », dont la quête de blancheur et d’androgynie révèle à bien des égards les tiraillements de la communauté afro-américaine confrontée au racisme et au sexisme.
Pour un délit ordinaire aussi bien que pour un génocide, la justice s’incarne dans des formes de droit, des institutions, des relations humaines. S’il est vrai que la justice internationale n’en est qu’à ses balbutiements, il reste que le Tribunal pénal international d’Arusha, chargé de juger les personnes impliquées dans le génocide rwandais de 1994, rencontre des difficultés particulières, liées notamment à la longueur des procédures, aux droits de la défense et à l’indifférence médiatique qui l’entoure. Une sociologue du droit s’est rendue à Arusha en Tanzanie pour enquêter sur les paradoxes de la justice internationale.