Les appels gouvernementaux à la solidarité et au bénévolat ne sont pas des nouveautés historiques. S’adressant en particulier aux femmes, la gratuitisation du travail participe de la casse du service public qui a fragilisé la capacité de réponse à la pandémie.
Prime d’activité, demande de logement social, inscription à pôle emploi, nombreuses sont les démarches qui ont basculé dans le tout numérique, n’offrant pas d’alternative aux administrés et entraînant une rupture d’égalité devant le service public.
Hôpital, soins dentaires, pompes funèbres, universités, TGV : partout le service public réinstaure sans le dire une « troisième classe », réservée aux plus pauvres. Qu’est-ce que cette segmentation nous dit des évolutions de l’État-providence ?
Les nouveaux contrats à impact social procèdent d’une hybridation croissante des logiques financières et sociales. Loin des discours enchantés qui y voient l’alliance de l’altruisme et de l’efficacité, cet article étudie une expérience concrète de CIS pour montrer que ces instruments marchandent la solidarité.
Des protestations très médiatisées contre les bus privés que les grandes compagnies du secteur technologique mettent à disposition de leurs salariés à San Francisco révèlent la gentrification de la ville et les résistances qu’elle suscite.
La notion de classe créative a servi à formuler des politiques publiques misant le développement urbain sur les infrastructures susceptibles d’attirer les « concepteurs » de nos sociétés. Mais comme le montrent les résultats d’une enquête européenne, l’hypothèse ne tient pas : développer l’éducation et les infrastructures susceptibles de servir l’ensemble de la population serait une politique bien plus féconde.
Jon est ému : ce matin, il doit se rendre au cœur de Paris pour l’inauguration de la nouvelle voie à grande vitesse (VGV) Est-Ouest, dont il est le concepteur. Des navettes ultra-rapides et autonomes relient désormais les différents pôles du Grand Paris, renvoyant au musée les antiques « automobiles » à la fois complexes et dangereuses.
Dieter Plehwe décrit comment les différents services postaux européens, dans un contexte de crise du fordisme et de régulation étatisée, ont dû se positionner face à de nouveaux groupes innovants aux politiques d’expansion agressives. Il montre le rôle décisif joué par les gouvernements nationaux et l’intrication des acteurs privés et publics, des régulations nationales et européennes.
Dès le début des années 1990, la Poste a transformé son offre pour l’adapter au contexte particulier des « zones urbaines sensibles ». Revenant sur une enquête ethnographique menée dans les années 2000, Yasmine Siblot montre comment le service public s’est redéfini, entre l’action publique et l’action commerciale.
La libéralisation totale du secteur a eu lieu le 1er janvier 2011 : à ce jour, peu de conséquences se sont fait sentir. Cela signifie-t-il que l’ouverture européenne des services postaux n’a pas eu d’impact sur la poste française ? Ou, au contraire, que la plupart des transformations avaient déjà été amorcées ou même entérinées avant cette date fatidique ?
La trajectoire de la poste britannique montre le lien entre ouverture à la concurrence et modernisation d’un grand service public. Si les conditions d’emploi et de travail en ont subi les conséquences, la négociation collective est restée forte dans l’entreprise. La rigueur budgétaire consécutive à la crise financière complique cependant ce dialogue social.
Le New Labour de Gordon Brown a-t-il encore un projet politique pour la Grande-Bretagne ? Après treize années d’exercice du pouvoir, l’essouflement idéologique des travaillistes n’est guère surprenant. Patrick Diamond et Roger Liddle, membres du think tank Policy Network, invitent les sociaux-démocrates à redéfinir le rôle de l’État.
La Poste sera certainement bientôt privatisée. Nadège Vezinat montre que cette réforme entérinerait la coexistence des logiques du marché et de service public, et que les tensions liées à cette coexistence d’exigences contradictoires sont largement reportées sur les salariés du groupe. Son enquête sur les conseillers financiers étudie les modalités concrètes de résolution de ces tensions qui touchent salariés et usagers.
Alors que le débat sur le RSA se concentre une fois de plus sur son mode de financement, Jacky Fayolle s’appuie sur un rapport récent du Conseil d’Orientation de l’Emploi pour analyser les conditions nécessaires à la réussite d’un dispositif qui mise sur le travail salarié pour lutter contre la pauvreté.