Montaigne enseigne que l’esprit, livré à lui-même, n’est qu’inconstance et fantaisie. Comment parvenir à le régler, quand la raison n’y suffit pas ? B. Sève montre que Montaigne s’est attaché à répondre à cette question, et que c’est là que résident les effets philosophiques de sa pensée.
La promotion de la démocratie repose, depuis le début des années 1990, sur une conception restreinte du régime démocratique et sur une interprétation discutable de l’histoire. C’est ce que révèle l’étude des débats qui ont animé les democratization studies aux Etats-Unis.
Le dernier livre de Bernard Sève, Montaigne. Des règles
pour l’esprit (Presses universitaires de France), sort aujourd’hui en librairie. Nous rendrons compte
très prochainement de cet ouvrage, dont nous publions ici trois
extraits.
Bergson a toujours fait l’objet d’une lecture passionnée. Dès sa publication, son œuvre n’a cessé de susciter polémiques philosophiques et débats politiques, qui l’ont souvent emporté sur l’étude rigoureuse d’une pensée profondément originale. Retrouver cette originalité suppose à la fois de réinsérer chaque texte dans son contexte et de donner les moyens de le lire pour lui-même. C’est l’ambition de la nouvelle édition critique des œuvres complètes de Bergson, dirigée par Frédéric Worms. Entretien.
Pour Christian Laval, le néolibéralisme contemporain poursuit un projet non seulement économique et politique, mais également moral et in fine anthropologique. Les principes libéraux de l’intérêt et de l’utilité ont opéré une « transvaluation des valeurs », dont les ressorts se mettent en place entre le XVIIe et le XIXe siècle, en bouleversant les représentations que l’homme occidental se fait du monde et de lui-même.
La biographie de Kurt Gödel par Pierre Cassou-Noguès est bien davantage qu’une description des peurs, des angoisses, des folies qui habitaient le célèbre logicien : elle s’interroge, au-delà du constat clinique, sur l’irrationnel qui couve au cœur notre raison et qui, peut-être, structure notre univers mental.
Pour Jean-Claude Michéa, le libéralisme politique et le libéralisme économique sont semblables parce qu’ils sont animés par la volonté de construire une société rationnelle et autorégulée, qui fonctionne sans faire appel ni à la vertu des citoyens, ni à leur sociabilité. Cette identification prête cependant à confusion.
L’œuvre d’Axel Honneth semble sur le point de s’imposer comme la dernière grande philosophie sociale de notre temps. Marquant ses distances avec ses prédécesseurs de l’Ecole de Francfort (Adorno, Habermas…), il poursuit un travail de longue haleine autour de la « lutte pour la reconnaissance ». François Dubet en analyse les ressorts et en interroge les limites.
Les livres que Deleuze et Guattari ont écrits ensemble témoignent, au-delà d’une étroite collaboration, d’une volonté de faire émerger un discours propre, né du croisement et de la combinaison de leurs pensées. C’est à comprendre l’agencement Deleuze-Guattari qu’est consacré le livre de François Dosse.
Loin de n’être qu’un résidu archaïque de la modernisation, la tentation de lier les domaines théologique et politique traverse toute l’histoire intellectuelle de l’Europe. Le nouvel ouvrage de Mark Lilla éclaire les temps présents à la lumière d’une archéologie des catégories les plus enracinées de notre pensée politique.
L’égalité des chances fait l’objet d’un consensus problématique : elle apparaît comme la seule forme d’égalité acceptable, en dépit des nombreuses inégalités réelles qui l’accompagnent. C’est à en repenser les fondements que se consacre P. Savidan.