En 1940, la France volait en éclats : géographiquement, historiquement. Une aubaine pour les romanciers, Aragon, Gracq, Robbe-Grillet, Sartre, Simon.
À l’occasion de la sortie de l’édition critique de Mauprat, roman total publié en 1837, il importe de rappeler la modernité de George Sand, notamment en ce qui touche à l’éducation des citoyens et à la défense des droits des femmes.
Des romans mettant en scène des femmes dans la guerre civile espagnole permettent d’étudier le lien entre histoire et mémoire. Clés de lecture pour une analyse des traumatismes, ils montrent que la littérature est aussi un puzzle mémoriel.
Proust était-il « déjudaïsé », voire « antisémite » comme on l’a dit ? À l’occasion d’une exposition au Musée d’art et d’histoire du judaïsme et de la parution de son ouvrage Proust du côté juif, Antoine Compagnon fait le point sur ce qu’on sait de la famille maternelle de l’écrivain et de sa réception par les milieux sionistes dans les années 1920.
Prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa a aussi été un homme politique, engagé à droite. Dans cet essai de vulgarisation, l’écrivain péruvien rend hommage aux philosophes qui ont forgé sa conception du libéralisme.
En retraçant la carrière d’un rival des puritains en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, l’historien Peter Mancall déconstruit le récit traditionnel qui fait remonter l’origine de la nation américaine à la colonisation par les puritains.
La littérature et le cinéma jouent depuis longtemps avec l’idée de fin du monde. En imaginant les formes de vie ou de société qui émergeront de l’apocalypse, explique Jean-Paul Engélibert, ces récits doivent se lire avant tout comme critique du présent.
Près de quarante ans après sa publication originale, l’ouvrage où Franco Moretti soulignait la centralité du roman de formation dans la modernité européenne est enfin disponible dans notre langue. Le critique en fait le modèle d’une littérature narrative où les tensions sociales sont pacifiées, mais conclut trop vite au vieillissement d’une forme longtemps inusable.
Julien Gosselin est metteur en scène. Avec sa compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur, il a notamment créé en 2013 les Particules élémentaires, d’après le roman de Michel Houellebecq et, en 2016, 2666 de Roberto Bolaño. Défendant l’impureté constitutive du théâtre, il explique comment la scène contemporaine doit se faire le lieu de réflexion de la violence du monde.
Il est de coutume de dire que les romans naturalistes s’efforcent de décrypter le monde. Une thèse iconoclaste vient soutenir le contraire : Zola aurait éprouvé un malaise vis-à-vis du réel, projetant ses fantasmes sur l’écran opaque de ses textes. Serait-il, dans l’ordre romanesque, l’équivalent de Mallarmé ou de Kandinsky ?
La recherche n’a pas que des objets, elle a aussi des formes : le texte et la langue, mais également le théâtre, la peinture ou encore la bande dessinée. En investissant cette dimension négligée, on peut engager une modernisation des sciences sociales et lutter contre la crise qui les frappe.
Deux chercheurs ont recomposé un roman abandonné par André Malraux. Que signifie publier un texte qui n’était pas destiné à devenir une œuvre ? Jean-Louis Lebrave explicite les enjeux intellectuels et éditoriaux de l’entreprise.
À l’époque des Lumières, le roman s’empare de la philosophie pour en faire de multiples usages : secouer la systématicité philosophique, recourir aux leçons de l’expérience, contester les illusions philosophiques... mais aussi décevoir les attentes romanesques du lecteur.
La philosophie est pleine de fictions, qui, loin d’être de simples procédés rhétoriques, aident à figurer des mondes possibles, plus encore qui nous invitent à imaginer des variations dans nos propres expériences.