Quelles sont les racines des revendications écologistes d’extrême droite ? En France s’y mêlent des éléments d’anticapitalisme, la tradition libertarienne et un néosurvivalisme. Derrière la défense du vivant et la protection de la nature se cache surtout une écologie des populations.
Alors qu’on parle beaucoup de démocratie participative, la théorie politique semble avoir délaissé la question de la délibération de masse. Cristina Lafont critique les raccourcis délibératifs pour s’intéresser à cette voie difficile autant que longue.
À la croisée des histoires indienne, impériale et étatsunienne, Pekka Hämäläinen porte un regard nouveau sur les Lakotas, peuple à la fois célèbre et mal connu, et démontre l’existence de leur empire nomade au cœur de l’Amérique, qui a subsisté bien après l’arrivée des premiers Européens.
Tandis qu’une vague de déboulonnage sévit à travers le monde, l’Allemagne se livre à une forme de reconstruction nationale autour de l’héritage prussien, qui fait également polémique.
La prétendue supériorité des écrivains de droite est un lieu commun fabriqué autant par les intéressés que par certains adversaires. L’étude des textes prouve en fait qu’au sein de la droite, la diversité des styles littéraires est au service de postures et de stratégies tributaires du contexte.
L’invasion de l’Ukraine semble réveiller des images du passé : des armées en conquêtes, des villes assiégées, des destructions massives. Les références à la Deuxième Guerre mondiale sont nombreuses, mais elles ne doivent pas dissimuler qu’il s’agit là d’un conflit, complexe et tragique, du temps présent.
Histoire du masculin et histoire des hommes, ce livre collectif montre que, si la masculinité nazie « idéale » s’opposait à celle des Juifs et des homosexuels, elle était elle-même questionnée et morcelée, dans la sphère privée comme à la guerre.
La Première République espagnole a 150 ans. On l’a bien oubliée, sinon occultée. Elle portait pourtant le rêve d’un autre avenir, plus démocratique et plus égalitaire.
Colin Jones replace dans sa contingence le récit du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), jour du coup de force à la Convention nationale contre Robespierre et ses partisans, en écartant toute idée de conjuration ou de révolte populaire.
Réécrite, instrumentalisée, défigurée jusqu’à l’abject dans les discours, sanctifiée par la religion, les médias et l’école, l’histoire en Russie rend la guerre non seulement légitime, mais aussi moralement pure.
Le Parti républicain a-t-il vendu son âme au diable en choisissant pour la troisième fois Donald Trump comme candidat ? Comment peut-il porter un homme défiant à ce point tous les garde-fous de la démocratie et réinterprétant aussi radicalement la grammaire conservatrice ?
À partir d’une enquête socio-historique sur la construction d’observatoires astronomiques sur l’île d’Hawai‘i, Pascal Marichalar montre que les politiques scientifiques ne peuvent plus être détachées de leurs impacts écologiques et sociaux.
Claude Nicolet a marqué tout autant par ses travaux sur Rome et par ses essais, très connus et très engagés, sur l’idée républicaine. Il a aussi fait école, en systématisant l’usage de la méthode prosopographique.
Les révélations de l’écrivain et prix Nobel de littérature allemand, Günter Grass, sur son passé dans la Waffen SS à la fin de la Seconde Guerre mondiale ont fait couler beaucoup d’encre cet été. Au-delà de l’émotion qu’elles ont légitimement suscitée, elles méritent aujourd’hui d’être réinscrites dans l’histoire longue de la mémoire nazie en Allemagne fédérale, ainsi que dans les méandres d’une œuvre littéraire où le secret joue un rôle clé.
Georges Bensoussan démontre que l’État d’Israël ne doit pas sa fondation au remords éprouvé par la communauté internationale après la Shoah. Au contraire, celle-ci a mis bien longtemps à être intégrée dans l’histoire et la mémoire israéliennes.
Un type nouveau d’autorité publique émerge au sein l’État suédois, chargé moins d’exécuter les décisions politiques que d’influencer les décideurs et l’opinion publique. D’instrument neutre de la gouvernance démocratique, l’administration se transforme peu à peu en producteur d’idéologie, et s’avère souvent plus puissante que les partis politiques.
Par ses origines, Barack Obama incarne le rêve de retrouvailles tant espérées entre l’Afrique et l’Amérique noire. Mais le mythe se heurte à la réalité : la supposée fraternité entre les « Africains-américains » et leur continent d’origine repose sur bien des malentendus. Après le portrait historique de John McCain, Sylvie Laurent propose une lecture de l’africanité d’Obama.
Toute transition est-elle démocratique ? Selon Pierre Hassner, la transition que connaît actuellement la Russie sous le règne de Poutine s’oriente bien plutôt vers l’autoritarisme à l’intérieur, et la production de troubles dans les anciens pays satellites.
L’œuvre du théoricien politique Carl Schmitt est de mieux en mieux connue en France. La lecture de Hans Blumenberg et les lettres échangées entre les deux penseurs nous permettent de mieux saisir la stratégie conceptuelle de Schmitt qui consiste en une critique de la modernité au nom de la théologie politique.
Comment le pouvoir soviétique a-t-il soumis les écrivains et la littérature à sa volonté de contrôle totalitaire de la société ? Au-delà de la censure, Cécile Vaissié montre que le système de surveillance du champ littéraire reposait aussi sur la dénonciation, la complicité et l’autocritique des écrivains.
Representations of “the people” tend to be highly policed: they smother its inherent diversity and particularity, and typically distort it. Such is the conclusion reached, each in his own way, by Georges Didi-Huberman and Jacques Rancière. This is also the reason why, they argue, one must pay attention to images which demonstrate the people’s singularity and power.
The popular history of France told by Michelle Zancarini-Fournel is the history of often hidden individual figures and political struggles. By filling our “memory gaps,” Zancarini-Fournel also suggests another narrativity.
Europe is inventing a new form of citizenship founded not in government participation but in the achievement of specifically European rights and in a political debate increasingly geared to European issues, evidencing, Justine Lacroix asserts, if not the existence of a European people, at any rate that of a political Europe.
Westerners think they own a universal democratic model. However, their confidence vanishes whenever they try to export it. Worse, this claim hampers their examination of both their own eventful history and the questions raised by non-Western democratic experiences.
As a counterbalance to the simplistic temptations of the populism that is currently spreading within European democracies, Pierre Rosanvallon invites us to complicate our notion of democracy and make it polyphonic, because the people do not all speak with one voice.
Claude Lefort, who died in October 2010, was the author of a great number of titles in political philosophy, working both on history of ideas and interpretation of events, unceasingly questioning the political conditions of freedom.
French law is not always very clear when it comes to punishing racist speech. Judges, aware that this prohibition is crucial in a democracy, are forced to interpret the law with the utmost rigour.
How can we think about our responsibility in the face of past crimes whose consequences continue to weigh on the living conditions of their victims or descendants? One first step, for the philosopher Catherine Lu, would be to acknowledge and theorise the colonial roots of our world order.
Reparation, Johann Michel explains, is not just a moral principle dictated by our sense of justice. More fundamentally, it is an anthropological constant, through which we try to mitigate our inherent vulnerability.
In a book that is part history of ideas, part political essay, Camille Dejardin argues that John Stuart Mill’s oeuvre is useful for understanding contemporary issues, notably the ecological crisis and related economic change. Yet she does so while advancing some half-truths.