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Recension Histoire

Le fracas des frontières

À propos de : Omer Bartov, Eric D. Weitz (dir.), Shatterzone of Empires. Coexistence and Violence in the German, Habsburg, Russian and Ottoman Borderlands, Indiana University Press


par Étienne Forestier-Peyrat , le 22 mai 2013


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Le terme de shatterzone, employé par les géologues pour désigner une bande rocheuse fissurée susceptible de contenir du minerai, est utilisé depuis la deuxième guerre mondiale par la géographie politique : il désigne alors les zones de frontière, en particulier celles caractérisées par d’importants déplacements de population. Un collectif récent explore les enjeux de telles zones.

Recensé : Omer Bartov, Eric D. Weitz (dir.), Shatterzone of Empires. Coexistence and Violence in the German, Habsburg, Russian and Ottoman Borderlands, Bloomington-Indianapolis, Indiana University Press, 2013. 544 p., $37.

Qu’est-ce que la shatterzone of empires, « zone de friction des empires » ? Sous ce nom, l’ouvrage collectif dirigé par Omer Bartov et Eric Weitz désigne un vaste espace en forme d’arc de cercle, aux confins des quatre grands empires continentaux de l’Europe contemporaine (Reich allemand, Autriche-Hongrie, Russie et Empire ottoman). Il court de la Baltique au Caucase et englobe la majeure partie de l’Europe centrale, des Balkans et de l’Anatolie. Jusqu’au XIXe siècle, la shatterzone apparaît comme un lieu de mixité religieuse, culturelle, ethnique et politique. Cependant, la transformation et la crise de ces structures impériales multiethniques, qui s’amorce selon les auteurs autour de 1848, font d’elle l’espace privilégié des violences de masse en Europe dans la première moitié du XXe siècle. C’est ce lien entre sortie d’empire et violences de masse que s’est proposé d’étudier, de 2003 à 2007, un programme transatlantique de recherche coordonné par le Watson Institute for International Studies [1] et dont le présent ouvrage est le résultat.

En cherchant à dégager des logiques régionales et transnationales de violence, Shatterzone of Empires fait écho au livre de Timothy Snyder, qui proposait pour sa part de parler de « terres de sang » (bloodlands). Les deux approches diffèrent pourtant de manière radicale, comme le laissait présager la sévère recension publiée par Omer Bartov au sujet de Bloodlands [2]. Trois divergences majeures se dégagent. Chronologiquement, Snyder concentre la focale sur les années 1930-1940 et l’affrontement entre nazisme et communisme, alors que le projet du Watson Institute part de la fin du XIXe siècle et privilégie la question du choc des empires et de leur déclin face aux forces du nationalisme, du changement socio-économique et des conflits régionaux. Spatialement, Snyder privilégie les confins entre la Pologne, l’Ukraine et les Pays baltes, tandis que les chercheurs rassemblés par Omer Bartov les intègrent dans un ensemble plus vaste, avec des comparaisons particulièrement appuyées en direction des Balkans et de l’Anatolie orientale. Thématiquement, enfin, Snyder se concentre sur le récit des massacres perpétrés, alors que Shatterzone of Empires l’articule à des études d’histoire culturelle et administratives.

Carte des « terres de sang » tirée de l’ouvrage de Timothy Snyder (p. ix de l’édition anglaise). En rouge, le périmètre approximatif de la « zone de friction des empires ».

Afin de montrer l’apport de Shatterzone of Empires, en lien avec les débats suscités par le livre de Timothy Snyder, deux points principaux peuvent être examinés : d’une part, le lien entre crise des empires multiethniques et violence de masse ; d’autre part, la collaboration entre acteurs impériaux et acteurs locaux comme trait particulier aux violences commises dans cette zone. On s’interrogera pour finir sur l’utilité de la notion de « zone de friction des empires » comme concept historique et sur la manière dont l’ouvrage parvient ou non à mettre en valeur de véritables logiques transnationales de la violence.

Le concept de shatterzone

Si Omer Bartov et Eric Weitz, dans leur introduction à l’ouvrage, utilisent de manière fréquemment interchangeable shatterzone et borderlands (zone frontière), le terme de shatterzone a une histoire propre. Emprunté à la géologie, où il désigne un espace de friction entre roches, il fait son irruption dans les sciences sociales en 1982, lorsque l’anthropologue Eric Wolf l’utilise pour désigner les espaces bouleversés par l’irruption de la colonisation européenne, en particulier en Afrique [3]. Une shatterzone apparaît dans ce contexte comme un espace mouvant de rencontre entre ensembles politiques, économiques et culturels. Les historiens des Etats-Unis à l’époque moderne et contemporaine recourent depuis quelques années à ce concept pour désigner ce que Turner appelait la « frontière » américaine. Ce faisant, ils se distinguent de l’approche de Turner, puisqu’ils revalorisent le rôle des populations autochtones, des contacts entre colons européens et Indiens et les dynamiques locales [4]. L’historienne Robbie Erthridge, appliquant le concept à la région du Mississippi à l’époque moderne, évoque une « zone d’instabilité structurelle » et de transformations rapides [5]. Elle souligne ainsi la double dimension spatiale et dynamique du vocable. Dans un autre contexte géographique, James C. Scott utilise le concept à propos de la Zomia, zone-refuge des populations d’Asie du Sud-Est entre les grands Etats et empires de la région.

Crise des empires et montée des violences

Dans leur introduction commune à l’ouvrage, Omer Bartov et Eric Weitz affirment clairement leur thèse directrice. La violence qui embrase la région à partir de la fin du XIXe siècle résulte de l’irruption de la logique nationale dans les empires multiethniques, des rivalités entre grandes puissances et des conflits socio-politiques locaux exacerbés par les processus de modernisation. Ces trois facteurs se combinent pour mettre à mal les systèmes impériaux développés, avec des chronologies et des moyens différents, dans les quatre empires voisins. Sans idéaliser la cohabitation traditionnelle entre groupes religieux et ethniques dans les différents empires, les auteurs soulignent néanmoins la montée de l’inquiétude à partir des années 1870-1880. La contribution de Gregor Thum donne un exemple concret de cette angoisse ethno-culturelle avec le cas des confins orientaux de l’Allemagne impériale. Le roman Soll und Haben (Débit et crédit), écrit par Gustav Freytag en 1855, constitue un point de départ symbolique à cette thématique moderne de la lutte entre Slaves et Germains. Les politiques de germanisation de la Prusse centrale et orientale deviennent un élément récurrent du débat national jusqu’en 1914 [6]. Pour Gregor Thum, elles entretiennent une angoisse qui explique les déchaînements de violence dans la région lors des deux guerres mondiales et l’obsession de la reconquête. De manière plus générale, les confins concentrent des imaginaires liés à la pureté nationale. C’est ainsi que Hongrois, Polonais, Ukrainiens et Slovaques annexent les Carpathes à leur récit national comme lieu des origines.

Cette irruption de la logique nationale ne prend cependant son sens que par la conjonction des trois facteurs évoqués plus haut. L’idéologie nationaliste devient source d’antagonisme par son articulation avec la logique des puissances. L’ouvrage opère de ce point de vue un élargissement d’une interprétation désormais classique en ce qui concerne l’Empire ottoman, qui insiste sur le rôle des puissances européennes dans l’exacerbation des tensions interethniques. Le cas de la Galicie autrichienne offre un exemple plusieurs fois abordé dans l’ouvrage [7]. Les autorités autrichiennes et russes y voient à partir de la fin du XIXe siècle un lieu de propagande et d’avancée de leurs intérêts politiques et stratégiques. Cela conduit par exemple la Russie à promouvoir certains courants nationalistes ukrainiens contre les élites polonaises ou juives locales. De telles interférences perturbent les équilibres politiques antérieurs et se nourrissent des tensions sociales croissantes qui découlent de la modernisation économique de la région. Alexander Prusin souligne néanmoins dans sa contribution le rôle des circonstances historiques : c’est bien le début de la Première Guerre mondiale qui transforme des tiraillements sous-jacents en violences ouvertes, comme le montrent les pogroms qui se succèdent dans la région lors de son occupation par les troupes russes entre octobre 1914 et juin 1915.

À travers les différents exemples de dissolution d’équilibres multiethniques, les auteurs prennent soin d’éviter toute téléologie, mais montrent comment des phénomènes similaires précipitent la fin de l’ordre impérial. Les politiques adoptées par les États impériaux pour se transformer et maintenir leur contrôle sur ces régions ont souvent des effets paradoxaux. Le texte de Frithjof Benjamin Schenk prend ainsi l’exemple du chemin de fer dans l’Empire russe au XIXe siècle. Pour les administrateurs russes, il s’agit d’un moyen de mieux contrôler le territoire impérial. Mais le rail accélère aussi les flux migratoires, les circulations de révolutionnaires, de nationalistes, et suscite des craintes de désagrégation sociale. De même, l’article d’Elke Hartmann sur l’Anatolie orientale montre comment une idéologie ottomane modernisatrice exacerbe les tensions entre chrétiens et musulmans en Anatolie orientale et réduit finalement le contrôle du centre sur la région. En 1890, le pouvoir ottoman crée les brigades Hamidiye, dans une tentative de subordonner aux structures étatiques les tribus kurdes sunnites. Dans la pratique, les brigades deviennent un acteur autonome qui échappe largement au contrôle central, comme le montrent les massacres de 1895-1896 commis contre les Arméniens de la région.

Jeux d’échelle et radicalisation

La crise des sociétés impériales dans la shatterzone of empires sert de matrice aux phénomènes de violence de masse, qui se déchaînent à partir du début du XXe siècle. La plupart des contributions de l’ouvrage s’accordent à reconnaître dans le changement des échelles du politique une cause majeure de violence. La création d’Etats-nations sur les ruines des empires multiethniques s’accompagne de tentatives de simplification de la carte ethnique [8]. Les guerres balkaniques de 1912-1913, qui opposent les États balkaniques successivement à l’Empire ottoman puis les uns aux autres, sont un moment important et souvent négligé dans le développement des pratiques de violence. Comme Norman Naimark a pu le souligner, elles marquent le début des transferts massifs de population comme partie intégrante des conflits et des négociations de paix. Chaque camp accuse l’autre d’atrocités contre la population civile, justifiant en retour ses propres exactions. C’est aussi à l’occasion de ces guerres balkaniques que le thème des traîtres de l’intérieur – musulmans de Bulgarie ou chrétiens de l’Empire ottoman – prend de l’ampleur, ouvrant la voie aux exactions de la Première Guerre mondiale contre les populations civiles.

La Première Guerre mondiale constitue le second moment abordé par les contributions de l’ouvrage, avec une claire insistance sur le cas de l’Anatolie orientale, prise dans un continuum de violence qui se prolonge jusque dans l’entre-deux-guerres [9]. Taner Akçam rappelle ainsi que l’immédiat avant-guerre voit l’essor des politiques ottomanes d’homogénéisation ethnique, sous l’égide du Comité Union et Progrès (CUP) [10]. Aucune étude n’aborde directement la question arménienne, même si Eric Weitz rappelle que l’Allemagne, par le blanc-seing qu’elle accorde au trio Enver Pacha, Talaat Pacha, Celal Pacha, qui dirige l’Empire ottoman à partir de 1913, facilite les massacres de masse qui se produisent à partir de 1915. Si certains diplomates allemands trouvent l’ampleur des massacres excessive, rares sont ceux qui en contestent la légitimité fondamentale. Les contributions les plus intéressantes sur le sujet sont cependant celles qui participent à la complexification du tableau des violences de masse, qu’appellent de leurs vœux Bartov et Weitz dans leur introduction à l’ouvrage. Ainsi, David Gaunt évoque le cas méconnu du « génocide assyrien », perpétré contre les groupes de chrétiens nestoriens, chaldéens et syriaques en parallèle des violences contre les Arméniens. Enfin, Peter Holquist s’intéresse à l’épisode peu étudié de l’occupation par les forces russes de l’Anatolie orientale et du nord de la Perse entre octobre 1914 et décembre 1917. Il y montre les contradictions entre militaires et diplomates russes quant à la politique d’occupation à adopter et à « l’état d’exception » qui règne en vertu des règles de la guerre.

La place dévolue à la Seconde Guerre mondiale apparaît en comparaison assez modeste et n’apporte guère d’éléments nouveaux. Un point attire cependant l’attention. Les auteurs insistent sur le fait que la dimension paroxystique de la violence résulte de la rencontre entre les intérêts des acteurs locaux et ceux des acteurs étatiques et impériaux. L’anticommunisme et l’antisémitisme de nombreux mouvements nationalistes d’Europe orientale rencontrent le projet nazi, sur la base de malentendus partiels, pour produire l’extermination massive des Juifs de la région. Sur ce point, les analyses développées dans Shatterzone of Empires ne diffèrent guère de celles que l’on peut trouver chez Timothy Snyder, notamment en ce qui concerne la succession des invasions soviétique et allemande comme élément de déstabilisation supplémentaire. La divergence apparaît surtout méthodologique, puisque Snyder établit une mise en récit synthétique des massacres des années 1930-1940, tandis que les contributions de Shatterzone se concentrent sur des études de cas.

Quel espace transnational de violence ?

À l’issue de cette brève présentation des formes de violence étudiées dans l’ouvrage, il est possible de revenir sur le point commun aux travaux de Snyder et du groupe dirigé par Bartov : la volonté d’adopter une approche géographique de la violence. Des critiques ont été adressées à Snyder sur le périmètre géographique qu’il retient et sur l’usage épistémologique du concept de « terres de sang », au-delà de la formule. La même question se pose pour la shatterzone. Le livre souffrant des défauts communs aux ouvrages collectifs, notamment l’absence de synthèse, deux tendances se distinguent quant à l’usage qu’il faudrait faire du concept.

La première relève d’un programme faible, qui considère la shatterzone comme une formule strictement descriptive, destinée à désigner un espace où des phénomènes similaires de violence se produisent, de la fin des années 1870 à l’entre-deux-guerres, en raison du processus de chute des empires. Crise des sociétés multiethniques, déplacement des frontières et violences de masses évoluent parallèlement de la Baltique au Caucase, sous le jeu de facteurs semblables mais non nécessairement reliés. La shatterzone désigne, dans cette optique, une simple coïncidence temporelle et spatiale.

La seconde tendance relève d’un programme fort, qui ferait de la shatterzone un concept épistémologiquement signifiant. Elle désignerait un véritable réseau de circulations d’individus, d’idéologies et de pratiques, au-delà du cadre conventionnel des empires et des États-nations. La shatterzone serait ainsi un espace transnational de violence disposant d’une logique interne. Le concept servirait de cadre interprétatif expliquant, entre autres, la montée de la violence par une dynamique et des interconnexions régionales. À titre d’exemple, on pourrait s’interroger sur la manière dont les circulations de soldats, d’administrateurs, de prisonniers de guerre et de réfugiés d’un front à l’autre de la shatterzone lors de la Première Guerre mondiale homogénéisent les formes de violence. C’est ainsi que plusieurs des contributions de l’ouvrage reviennent sur la figure de Nikolaï Ianouchkevitch, général impliqué jusqu’à l’été 1915 sur le front galicien, avant d’être envoyé au Caucase.

Si cette dimension transnationale a été prise en compte par le projet du Watson Institute, elle ne se traduit que faiblement dans l’ouvrage publié. Les études de cas locales constituent la grande majorité des textes du recueil et peu croisent les historiographies des différents espaces impériaux étudiés. La dimension transimpériale de la violence et l’articulation entre politique intérieure et politique extérieure, pourtant énoncée de manière programmatique, demeure assez peu développée [11]. Les critiques les plus efficaces contre Bloodlands, rappelle Jacques Sémelin, sont celles qui pointent du doigt le défaut d’analyse des interactions concrètes entre nazisme et communisme dans la radicalisation de la violence. On peut regretter que Shatterzone of Empires souffre d’un défaut comparable dans l’analyse des interactions entre les quatre ensembles impériaux et post-impériaux que l’ouvrage prend pour objets.

par Étienne Forestier-Peyrat, le 22 mai 2013

Pour citer cet article :

Étienne Forestier-Peyrat, « Le fracas des frontières », La Vie des idées , 22 mai 2013. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/Le-fracas-des-frontieres

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Notes

[2Omer Bartov, “Bloodlands : Europe between Hitler and Stalin (Book review)”, Slavic Review, Vol. 70, No. 2 (Summer 2011), p. 424-428.

[3Eric Wolf, Europe and the People without History, Berkeley-Londres, University of California Press, 1982.

[4Richard White, The Middle Ground : Indians, Empires, and Republics in the Great Lakes Region, 1650—1815, New York, 1991 ; voir aussi Pekka Hämäläinen, L’Empire Comanche.

[5Robbie Ethridge, Sheri M. Shuck-Hall (dir.), Mapping the Mississippian Shatter Zone : The Colonial Indian Slave Trade and Regional Instability in the American South, Lincoln-Londres, University of Nebraska Press, 2009.

[6Cet aspect du nationalisme allemand est désormais bien étudié. Thomas Serrier, Entre Allemagne et Pologne : Nations et identités frontalières, 1848-1914, Paris, Belin, 2002 ; Kristin Kopp, Germany’s Wild East : Constructing Poland as Colonial Space, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2012.

[7Sur le cas galicien, plusieurs ouvrages offrent des synthèses intéressantes. Paul R. Magocsi, The Roots of Ukrainian Nationalism : Galicia as Ukraine’s Piedmont, Toronto, Toronto Press, 2002 ; Peter M. Judson, Guardians of the Nation. Activists on the Language Frontier of Imperial Austria, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 2006.

[8Les auteurs utilisent à plusieurs reprises le terme de « un-mixing » pour désigner cette volonté de mettre un terme à la diversité ethno-culturelle de la shatterzone.

[9Une récente synthèse sur les cycles de violence en Anatolie orientale se trouve dans Uğur Ümit Üngör, The Making of Modern Turkey. Nation and State in Eastern Anatolia, 1913-1950, Oxford, Oxford University Press, 2011.

[10Le Comité Union et Progrès (CUP) est la structure organisationnelle des Jeunes Turcs, modernisateurs et nationalistes, qui prennent le pouvoir dans l’Empire ottoman en juillet 1908.

[11Pour l’exemple d’un tel traitement, voir l’ouvrage de Michael A. Reynolds, Shattering Empires. The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires, 1908-1918, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2011.

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