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Essai Histoire

La tumultueuse histoire du couple franco-algérien
Entretien avec Todd Shepard


par Sarah Al-Matary , le 19 décembre 2014


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En liant les dominations coloniales aux dominations sexuelles, l’historien nord-américain Todd Shepard complexifie l’approche des violences qui jalonnent les rapports franco-algériens au-delà de l’Indépendance. Il montre que, loin d’avoir été tabou dans la France des années 1960-1970, la « question algérienne » a alors largement alimenté les débats publics.

Todd Shepard est de ces historiens nord-américains qui, considérant l’Histoire de France à distance, la renouvellent. En 1973, Robert O. Paxton ébréchait le mythe de l’allergie française au fascisme ; trente-cinq ans plus tard, Todd Shepard montre que la décolonisation de l’Algérie, présentée comme une fatalité dictée par le « courant de l’Histoire », quand elle n’est pas brandie comme un impératif moral, masque en fait l’échec du projet d’intégration des colonies à l’empire. L’auteur de The Invention of Decolonization. The Algerian War and the Remaking of France (2006) rappelle que la France et l’Algérie ont une histoire commune, que l’Indépendance ne scelle pas. Resituée dans une séquence longue, cette histoire tumultueuse, qu’escorte la Ve République, éclaire puissamment les situations contemporaines.

Figure importante de la nouvelle génération de chercheurs sur le (post-) colonial, Todd Shepard s’inscrit dans le sillage de la critique anti-universaliste (mouvements féministes, black studies, gay et queer studies, minority studies). Il contribue à complexifier l’approche des violences en articulant la question des dominations coloniales et celle des dominations sexuelles. Partant du constat que le régime républicain français a refusé la pleine citoyenneté aux musulmans d’Algérie comme il l’avait refusée aux femmes, il restitue avec nuance les processus de conquête des droits, soulignant au passage que le refus de l’égalité, comme sa revendication, sont inextricablement liés à la violence.

L’originalité de ses travaux consiste à envisager les relations franco-algériennes aussi bien sous l’angle des politiques de régulation des discriminations subies par les musulmans pendant la guerre d’Algérie que sous celui des brutalités – physiques ou symboliques ‒ infligées après l’Indépendance aux Maghrébins ayant émigré en France. L’examen de sources variées (débats parlementaires, décisions du Conseil d’État, mais aussi magazines, romans et films) donne à la fois à entendre les voix des dominés et la persistance, malgré la décolonisation, d’une idéologie « orientaliste [1] » prompte à sexualiser les représentations. Contre ceux qui déclarent que la guerre d’Algérie a longtemps été tabou en France, Todd Shepard prouve qu’elle était au contraire au cœur des débats publics des années 1960 et 1970 ‒ même les revues pornographiques en parlent ‒, et que ce n’est paradoxalement qu’avec l’arrivée du parti socialiste, en 1981, que le silence s’est fait.

Todd Shepard, né en 1969, est maître de conférences à l’université Johns Hopkins de Baltimore. On lui doit notamment Voices of Decolonization. A Brief History with Documents (Bedford / St. Martin, 2014) et The Invention of Decolonization. The Algerian War and the Remaking of France (2006), traduit sous le titre Comment l’indépendance algérienne a transformé la France (Payot, 2008 ; réédité au format de poche en 2012). Ce livre a reçu le prix J. Russell Major, décerné par l’American Historical Association et le prix du Council of European Studies, qui distinguent des ouvrages anglophones portant sur l’histoire française et européenne.

De passage à Paris dans le cadre du colloque « La guerre d’Algérie, le sexe et l’effroi » (Paris, Bibliothèque nationale de France, Institut du monde arabe, 9-10 octobre 2014), qu’il a co-organisé avec Catherine Brun, Todd Shepard nous a fait l’amitié de répondre en français aux questions de La Vie des idées.


Todd Shepard par laviedesidees

Transcription de l’entretien

La Vie des idées : Vous vous intéressez aux violences sexuelles, sans les réduire à la torture, mieux étudiée ; en outre, vous donnez toute leur place aux violences commises après l’Indépendance, qu’elles soient physiques ou symboliques. Comment vos travaux ont-ils déplacé le regard porté de part et d’autre sur ces questions ?

Todd Shepard : La question la plus connue, c’est [celle du] voile. Fanon [2] et d’autres, du côté du FLN, montrent que le voile, ce n’était pas le grand problème qui taraudait les Algériennes ; ce qui les faisait souffrir, c’était le colonialisme, la violence coloniale, et ce qui troublait les Français, ce n’était pas l’oppression des femmes, c’était la résistance des femmes. [Cela permettait] de renverser la donne, de montrer à quel point les questions de gender ou de genre, de femmes et d’hommes, étaient au centre de tout un dispositif pour gouverner, contrôler l’Algérie. Avec les hommes, c’était très semblable. J’ai beaucoup travaillé sur les questions de la torture, notamment [sur] comment, pas simplement l’extrême droite, défendait la torture en […] taxant ceux qui critiquaient la France de pédérastes, de gens qui voulaient se faire prendre par des Algériens ‒ des choses très grossières ‒, mais [également] du côté de la gauche, avec Henri Alleg [3] qui se présente comme un « vrai » homme, viril, qui arrive à résister. Dans La Gangrène [4], dans les grands textes de la critique contre la torture, on voit à quel point un positionnement comme homme viril et un positionnement des tortionnaires comme des hommes mous, homosexuels, sadiques, poussés par des désirs pervers était aussi en jeu des deux côtés. Ce qui m’intéresse, c’est à quel point la critique anticoloniale, la critique de la position française en Algérie a choisi des thèmes de sexualité et de genre, d’hommes et de femmes, pour montrer à quel point la France, comme d’autres pouvoirs coloniaux, se fondait sur cela pour gouverner, pour expliquer pourquoi c’était eux qui devaient gouverner, pourquoi ces gens-là [les colonisés] n’[en] étaient pas capables.

Ce qui m’intrigue énormément, le sens de mon travail [La France, le sexe et les Arabes. 1962-1979, à paraître chez Payot] ‒ qui est presque fini heureusement ‒, c’est de montrer à quel point cela devient des discussions en France, après l’Indépendance ; à quel point certains stéréotypes, orientalistes, sexués, sexuels, se réinsèrent très vite dans le débat français, notamment dans les années 1960 par une action très poussée et réfléchie de l’extrême droite, surtout sur ce qui va devenir la Nouvelle Droite, qu’il y a une vraie réflexion sur comment on peut détourner le débat d’une question de la France colonialiste vers une question de la France envahie, colonisée par les Arabes. Donc de renverser la victimisation. C’est un travail à l’intérieur de l’extrême droite, qui était massivement du côté de l’Algérie française, pour dire « arrêtons, après l’indépendance, de parler de l’Algérie perdue, la ″nostalgérie″ comme nous ont expliqué Derrida et d’autres, parlons plutôt de l’invasion arabe actuelle en France ». La question sexuelle devient centrale pour expliquer à quel point ce sont des violeurs, des gens qui maltraitent leurs femmes, etc. Dans les années 60 et 70 aussi, toute une discussion qui entre dans l’extrême gauche, la nouvelle gauche et d’autres franges de la gauche va aussi regarder l’Algérie comme une solution. Si l’extrême droite revient sur d’anciens thèmes, du type ″c’est un problème comment ils se comportent là-bas″, ″il faut qu’ils soient gouvernés et contrôlés″, et [les] met dans un contexte métropolitain, où la France doit se défendre contre ces gens qui veulent détruire, détisser, attaquer « nos » femmes ou « nos » garçons, la nouvelle gauche, dans beaucoup de domaines ‒ et on voit ça très clairement dans le domaine sexuel, la révolution sexuelle ‒, va [aussi] regarder vers le Maghreb — notamment l’Algérie — comme une solution potentielle.

La Vie des idées : Comment, dans les années 1970, la référence algérienne traverse-t-elle les débats français sur la sexualité ?

Todd Shepard : Sur une question particulière, en fait deux questions : sur les débats sur la sodomie et le viol dans les années 1970. Ce sont deux débats qui émergent ; du côté de la sodomie il y a évidemment tout un lien avec le mouvement de libération homosexuelle, mais il faut aussi penser à un film comme Le Dernier tango à Paris [5], très important sur les questions d’hétérosexualité — quels rapports ont les hommes et les femmes ‒, mais plus largement sur les questions de pouvoir, c’est-à-dire « comment penser le pouvoir ? ». Pour des gens comme ceux des Cahiers du cinéma ou tout une série de personnes qui essayent de réfléchir, des gens comme Deleuze et Guattari, qui essayent de penser le pouvoir d’une façon plus complexe et de dépasser une référence à la classe ouvrière, et de penser à quelque chose de moins « noble », un peu sale, un peu lumpen, qui pourrait faire la révolte, la révolution, la sodomie devient quelque chose comme une arme pour les faibles, une arme pour ceux qui doivent tout utiliser. Par là, ils essaient de dépasser toute la tradition de la noblesse ouvrière et trouver d’autres explications à comment s’en sortir, comment faire la révolution. La sodomie devient assez importante, et cette discussion est totalement imprégnée des références algériennes. Prenons par exemple Le Dernier tango à Paris. Les gens ont entendu parler de ce film, mais on oublie qu’il est totalement entouré par la guerre d’Algérie. Le père de [Jeanne, le personnage incarné par] Maria Schneider est tué, mort à Alger en mai 58, pendant le coup d’état, les évènements de mai 58 qui ont ramené au pouvoir De Gaulle. [Paul, le personnage incarné par] Marlon Brando est tué à la fin quand il met le képi de Bigeard du père. C’est à ce moment que Maria Schneider décide que c’est impossible. Il y a tout une série de scènes avec des jeunes qu’on appelle les « sales Arabes ». « Allez faire chier dans votre propres pays, sales Arabes ! », crie la domestique de Maria Schneider. Donc c’est un film qui est très imprégné de la guerre d’Algérie et de toute une série de discussions sur la sodomie. Là aussi c’est une situation ou les questions de sexe et de violence sont constamment mêlées, pour penser le pouvoir.

Et c’est très lié à un deuxième grand débat des années 1970, aussi très présent dans le Dernier tango à Paris, c’est la question du viol. Le viol devient un grand thème au début des années 70, typique des accusations racistes que subissent les hommes maghrébins. Les hommes maghrébins sont injustement accusés de viol. [Émerge] tout un débat à gauche pour contrer ça. Prenons par exemple le film Dupont Lajoie [6], où c’est au centre. Isabelle Huppert joue la victime. On ne voit rien de son point de vue. La question du viol est très facilement posée : c’est un viol, on peut le dire ; le problème, le vrai enjeu du film, c’est : qui est accusé du viol ? Qui est accusé du meurtre − qui est lié ? Donc la victime – cette victime [féminine]-là ‒ disparaît. La vraie victime, c’est le pauvre mec qui est accusé parce qu’il est Algérien, parce qu’il est travailleur immigré, et qui est tué, lynché, à cause de ça. Cela devient tout un débat [qui] va revenir quand le débat posé par les féministes va arriver sur la scène publique, c’est-à-dire à la fin des années 1970. Elles ont essayé, les féministes, à plusieurs reprises, et ça arrive, et c’est tout de suite pris dans l’engrenage des accusations d’autres, à gauche, qu’il faut ne pas faire appel à l’État, et surtout que les victimes ne sont pas seulement les pauvres travailleurs qui vont subir les accusations de viol et qui vont être punis parce qu’ils ne sont pas bourgeois […], ça va être les travailleurs immigrés et ça va être surtout les Arabes, qui sont pris pour cibles, et ce sont les Arabes qui sont impliqués dans presque tous les procès qui deviennent des procès publics qui [font] débat : un Égyptien, beaucoup d’Algériens, beaucoup de Marocains. Cela devient très vite une imbrication de toute la gauche autour de « comment est-ce que vous pouvez dire ça ? » ; comment parler de la violence ? Dans ces débats, les références à la guerre d’Algérie sont constantes, encore une fois, en grande partie parce que les féministes elles-mêmes font référence constamment à la guerre d’Algérie. [Dans] le journal Libération, la rubrique assez souvent utilisée pour décrire les mouvements féministes, c’est « Youyous », […] parce que toutes les manifs ‒ on peut le voir par exemple dans les films de Carole Roussopoulos et les documentaires de l’époque, toutes les manifs féministes font des you-yous pour se rappeler des femmes algériennes en lutte pendant la guerre. Cette référence à la lutte algérienne pour l’indépendance, et aussi au mouvement des travailleurs immigrés ‒ massivement algériens, maghrébins ‒, est constante dans tous ces nouveaux mouvements.

La Vie des idées : Comment les magazines donnent-t-ils une voix aux désirs et aux souffrances des Maghrébins dans les années 1970 ?

Todd Shepard : J’ai feuilleté les magazines pour voir des gens qui s’identifient, qui donnent des indications soit de noms, soit autrement, soit explicitement qui parlent en tant que Maghrébins, Tunisiens, Algériens, Marocains. Beaucoup de gens qui écrivent en tant qu’Algériens, en tant que Marocains, pour expliquer à quel point ils ne trouvent pas l’amour, ils se rendent compte à quel point ils sont traités en tant qu’êtres stéréotypés, êtres peut-être excitants, mais pas potentiellement compatibles dans le couple. J’ai aussi regardé dans les archives de la police. On a bien évidemment ce qui est très typique du travail sur la prostitution des femmes, qui parce qu’elles habitent avec un Algérien, ou avec un Marocain vont être taxées de prostituée ou de proxénète.

La Vie des idées : En quoi notre Ve République est-elle l’héritière de la France coloniale ?

Todd Shepard : Pour moi, c’est un geste politique d’insister sur le fait que la France a été aussi formée par l’Algérie. La République française actuelle existe en bonne partie à cause de ses rapports coloniaux ; toutes les républiques françaises ont eu un empire d’outre-mer assez important. L’Algérie a joué un rôle très important dans toute une série de régimes français de 1830 à nos jours. Certainement en 1962. […] C’est vrai que je me suis beaucoup intéressé à comment toute une série de programmes, de façons de gouverner, de gérer les populations mis en place explicitement pour garder l’Algérie française continuent, et sont assez vite appliqués à tous les Français. Le système de la Ve République, avec l’imbrication du législatif avec l’exécutif et le judiciaire, est vraiment formaté en 62, pas vraiment en 58 avec la mise en place de ce rapport entre l’exécutif et le législatif ‒ dominante exécutif qui va durer jusqu’à disons 86, peut-être un peu plus loin. Mais aussi sur les questions de ce qu’ils appellent à l’époque la « promotion exceptionnelle » ; un système français assez époustouflant qui va faire exactement ce que proposaient certains Américains, des États-uniens qui voulaient l’affirmative action, la discrimination positive, laquelle va émerger quelques années plus tard en 1965, toute une série de propositions sur comment ça pourrait marcher pour quelque chose qui va être de courte durée quand même, qui va être ciblé, ponctuel mais massif. Les États-Unis n’adoptent aucune de ces propositions, il n’y a pas de quotas, il n y a pas une définition claire ou juridique de qui pourrait en bénéficier. La France fait toutes les propositions, massivement. On embauche tout de même 30 000 personnes, on place toute une série de personnes dans les corps, il y a des promotions entières de l’ENA, il y a des membres du conseil d’État, des membres de la Cour des comptes, d’autres fonctionnaires, des préfets : 35. Il y a 17 préfets à la fin de la guerre qui sont algériens. Eux appelaient ça « citoyens français musulmans d’Algérie ». 17, la majorité en service en métropole. Cela va disparaître, cette politique qui est explicitement basée dans l’Histoire. [On dit parfois que] l’histoire soi-disant universaliste a en fait produit des discriminations : c’est un concept qu’ils adoptent. La discrimination, c’est quelque chose qu’on peut mesurer. On ne regarde pas les intentions, on regarde les effets, et on peut s’adresser aux effets. Donc, c’est ce qui va [pousser à dire] « bon ok, la France n’a jamais voulu faire [ça] » ; « mais elle a fait, quand même, donc on peut redresser ses torts ». Ils vont abandonner cette approche, mais ils vont garder quand même toute la gamme de politiques mises en place ; la promotion exceptionnelle, c’est ce qui va être la promotion sociale : c’est la première version de loi qui est aussi votée en 1959 qui va devenir toute la base, le fondement de tout ce qui est nouveau dans la Ve république au niveau des politiques sociales, donc tout ce qui va essayer de dire ; bon, on va essayer de dire, on va identifier un groupe qui souffre, qui a un problème ‒ les inondés, les illettrés, les femmes handicapées. Ils n’ont pas de droits ‒ c’est une base de la citoyenneté sociale de l’après-guerre ‒, ils n’ont pas de droits mais l’État a la possibilité d’être solidaire avec ces gens. On voit l’effort pour défaire l’identité de classe et éviter de donner de nouveaux droits sociaux aux gens, tout en leur donnant des possibilités d’adresser ces problèmes. Tout cela s’est mis en place pendant la guerre, avec des programmes qui sont explicitement contre le racisme anti-algérien des Français, de leurs concitoyens français. Ce sont ces choses qui m’intriguent énormément.

On voit les continuités, on voit exactement comment, toute une réflexion par exemple sur les régions [se noue à ce moment]. On va prétendre que [l’intérêt pour les régions date de 69], après le départ de de Gaulle, mais en fait toute une régionalisation émerge [très tôt], et des thèses américaines montrent par exemple que la Champagne et la Moselle envoient énormément de gens en Algérie pour tout un processus de fédéralisation fait par France en 59-60. Il y a tout un jumelage de régions, des chambres de commerce […]. Donc avec toute cette histoire on peut voir que l’empire, la fin de l’empire, l’Algérie française a changé des choses en France, qui affectent des gens jusqu’à nos jours dans la façon de gouverner, les possibilités politiques, mais aussi les politiques sociales.

La Vie des idées : Qu’est-ce qui fait de vous un historien militant ?

Todd Shepard : C’est vrai qu’il y a des questions qui m’importent énormément sur le féminisme, sur les questions de sexualité, l’homosexualité, mais aussi notamment la question palestinienne – où je suis plus impliqué aux États-Unis ‒, où l’on voit les rapports entre les situations de l’Algérie à l’époque et ce qui se passe aujourd’hui ; mais [ce qui m’importe le plus], c’est l’engagement de méthode : dire qu’il y a une autre façon de faire un travail d’historien critique. [Être historien,] ce n’est simplement de nous montrer, de nous rappeler les grandes luttes, soit perdues soit gagnées, pour montrer comment on a acquis les choses, comment les gens ont acquis les choses, mais aussi montrer qu’il y a d’autres façons d’imaginer le futur, parce qu’il y a d’autres passés, d’autres possibilités, des gens qui ont imaginé autrement [les situations] qui nous paraissent évidentes aujourd’hui, et donner un plus grand éventail de choix. Il y a tellement de choses qui nous poussent à réduire la pensée à une seule option, à une pensée unique, « classique » ; mais je crois que si on regarde vers le passé et qu’on montre à quel point il y avait beaucoup plus d’options qu’on pense, des points de vue plus contradictoires qu’on pense, cela peut nous permettre de penser autrement aujourd’hui.

par Sarah Al-Matary, le 19 décembre 2014

Pour citer cet article :

Sarah Al-Matary, « La tumultueuse histoire du couple franco-algérien. Entretien avec Todd Shepard », La Vie des idées , 19 décembre 2014. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/La-tumultueuse-histoire-du-couple-franco-algerien

Nota bene :

Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction (redaction chez laviedesidees.fr). Nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Notes

[1Sur cette notion, voir l’ouvrage classique d’Edward W. Said, L’Orientalisme : l’Orient créé par l’Occident [1978], traduction de Catherine Malamoud, Seuil, Paris, 1980.

[2Sur la «  bataille du voile  », voir Frantz Fanon, L’An V de la révolution algérienne (1959).

[3Henri Alleg (1921-2013), journaliste et militant communiste, a dirigé Alger républicain, journal interdit en septembre 1955. Arrêté en juin 1957, il est torturé un mois durant par des parachutistes. Alleg relate cet épisode dans La Question (Paris, Minuit, 1958), qui se vend à plus de 60 000 exemplaires avant d’être confisqué par la police.

[4La Gangrène, par Béchir Boumaza, Mustapha Francis, Benaïssa Souami, et alii, Paris, Minuit, 1959. Sept «  Français musulmans d’Algérie  » témoignent dans ce livre des tortures qu’ils ont subies en métropole au cours de l’année 1958. Le livre paraît la même année, que La Question, chez le même éditeur. Il est saisi trois jours après sa parution.

[5Ce film de Bernardo Bertolucci sorti en 1972 connaît un succès de scandale, notamment en raison d’une scène de sodomie.

[6Film réalisé par Yves Boisset en 1974, et diffusé sur les écrans l’année suivante.

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