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Sous le nom de « communautarisme », les accusations d’entre-soi et de revendications séparatistes vont bon train ; mais les présupposés qui les soutiennent relèvent largement du fantasme. À partir d’enquêtes sociologiques de terrain, un nouveau livre de la collection Puf/Vie des idées déconstruit ces préjugés.

Communautarisme ?, Puf/Vie des idées, 2018. 107 p., 9, 50 €.
 Ce livre est dirigé par Marwan Mohammed, sociologue au CNRS (Centre M. Halbwachs) et Julien Talpin, chercheur en science politique au CERAPS.
 Ont contribué à cet ouvrage Houda Asal, Bruno Cousin, Stéphane Dufoix, Linda Haapajärvi, M. Mohammed, Jules Naudet, Pattrick Simon et J. Talpin.

Le terme « communautarisme » renvoie à des mobilisations de groupes minoritaires, jugées illégitimes, qui réclameraient des droits spécifiques. Son usage croissant, et péjoratif, dans l’espace public est révélateur des rapports de pouvoir dans le contexte hexagonal. Mais si les accusations d’entre-soi et de revendications séparatistes font florès, les présupposés qui les soutiennent relèvent très largement du fantasme.

À partir d’enquêtes sociologiques de terrain, ce livre déconstruit ces a priori en montrant que les liens dits communautaires, l’entre-soi et l’homogamie sont des réalités largement partagées dans la société française, bien au delà des groupes minoritaires.

Non seulement les minorités ethno-raciales ne présentent pas des formes de sociabilité plus endogames que d’autres groupes, mais encore les espaces les plus homogènes socialement sont ceux des dominants, les « ghettos de riches » étant marqués par des formes d’entre-soi discrets mais efficaces. Le label « communautariste » constitue finalement avant tout un stigmate qui contraint très fortement les mobilisations des groupes minorisés via un soupçon d’illégitimité permanente qui vient nier leur citoyenneté.

La « communauté musulmane », qui n’existe ni en soi ni pour soi, en est l’exemple le plus frappant, à la fois marquée par une forte fragmentation et façonnée par les discours stigmatisants. Pourtant, il apparaît que les mobilisations collectives de la plupart des groupes accusés de communautarisme ne portent pas de demandes particularistes, mais avant tout des revendications d’égalité de droit et de traitement.

Table des matières

 Introduction. Déconstruire le communautarisme, par Marwan Mohammed, & Julien Talpin

 Communautarisme : une formule diabolique, par Stéphane Dufoix

 Le paradoxe français du lien communautaire, par Linda Haapajärvi

 Le tigre de papier communautaire, par Patrick Simon

 Entre-soi élitaire et communautarisme de classe (Paris, Delhi, São Paulo), par Bruno Cousin & Jules Naudet

 Accusation de communautarisme et répression politique à l’échelle locale, par Marwan Mohammed

 L’égalité, au cœur des luttes contre l’islamophobie, par Houda Asal & Julien Talpin.

Et, en ligne sur la Vie des idées :

 Communautarisme, une catégorie mutante, par Fabrice Dhume, 25 septembre 2018

 Discriminer pour gouverner la ville. Gagnants et perdants du jeu communautaire à Marseille, par Cesare Mattina), le 12 octobre 2018.

Pour citer cet article :

Marwan Mohammed & Julien Talpin, « Communautarisme ? », La Vie des idées , 26 septembre 2018. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/Communautarisme-4176

Nota bene :

Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction (redaction chez laviedesidees.fr). Nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

par Marwan Mohammed & Julien Talpin , le 26 septembre 2018


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