Dossier coordonné par Jeanne Moisand & Ariel Suhamy.
Selon Stéphane Michonneau, le catalanisme n’a rien d’un sécessionnisme. Les Catalans n’ont jamais cessé de vouloir participer à la construction de l’État libéral, n’invoquant le séparatisme que par opportunisme. Dissociant l’État et la nation, le catalanisme pourrait représenter un modèle pour l’ère du post-nationalisme.
Le catalanisme est souvent réduit par ses détracteurs à une réaction d’égoïsme économique et fiscal. Jeanne Moisand montre qu’il s’est d’abord identifié à la défense du protectionnisme espagnol et de son Empire. Ce n’est qu’après la perte de ce dernier que l’identité économique catalane a été opposée à la nation espagnole.
Trente ans après la fin du franquisme, la question nationaliste ne soulève plus les mêmes passions et les mêmes inquiétudes parce que ses liens avec la souveraineté se sont relâchés. A l’heure de l’Europe, selon Josep Ramoneda, l’idée d’une nation de nations n’a rien de contradictoire.
Le juriste Adrià Mateu analyse le Statut d’autonomie de la Catalogne, de 1979 à sa réforme en 2006, dans la création et dans le développement de l’État espagnol des autonomies. Celui-ci offre un modèle éclectique d’organisation territoriale de l’État, qui combine les propriétés d’un État unitaire et d’un État fédéral.
Le catalanisme n’a rien d’univoque ni de transhistorique. Josep Fradera montre comment, de simple patriotisme faisant dans la première moitié du XIXe siècle bon ménage avec le nationalisme espagnol, il ne s’est tourné que tardivement en nationalisme, après divers avatars.