L’élection de Donald Trump à la présidence américaine a provoqué inquiétudes et mobilisations dans les mondes de l’art. Ce nouvel ouvrage de la collection Puf - La Vie des idées reconsidère les rapports entre art et politique qui se jouent dans le « moment Trump ».
Violaine Roussel, Art et contestation aux États-Unis. Puf/Vie des idées, 2019, 100 p., 9, 50 €.
Cet ouvrage est coordonné par Violaine Roussel, professeure à l’Université Paris 8, chercheuse au CRESPPA et professeure associée à USC (University of Southern California). Ont contribué à cet ouvrage : Ron Eyerman, Bleuwenn Lechaux, Christine Cadot.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump constitue-t-elle un « tournant » pour les mobilisations d’artistes et leurs relations avec le politique ? Si l’on s’en tient aux propos de ceux dont les prises de position anti-Trump ont été les plus visibles, l’accession de D. Trump à la présidence américaine marquerait un moment de rupture, appelant de nouveaux répertoires d’action. Cette affirmation d’un « tournant » renvoie à des menaces inédites pesant sur la liberté de création et d’expression ; elle lie la question du rôle civique des artistes à celle des mutations en cours de la légitimité politique et du fonctionnement démocratique.
Ce livre met cette idée à l’épreuve de différents cas d’étude, correspondant à différents mondes de l’art : celui du cinéma et des professionnels d’Hollywood, celui des rapports entre musique et politique, celui des artistes de théâtre new-yorkais, celui enfin des luttes autour de l’art et de la statuaire publics. Il pose à chaque fois la question de savoir si et en quoi l’accession de Donald Trump à la présidence américaine inaugure une configuration nouvelle du point de vue de l’emprise politique sur les mondes de l’art, du rôle politique des artistes et des formes de résistance qu’ils déploient.
Table des matières
–Introduction, par Violaine Roussel.
Ce texte prend en particulier comme cas d’étude les mobilisations hollywoodiennes, des contestations les plus visibles qui suivent directement l’élection de Donald Trump à la structuration de luttes plus durables autour des questions de genre, dont le mouvement MeToo constitue la manifestation la plus connue.
Parmi les prises de parole engagées de célébrités et les formes de création anti-Trump évoquées dans ce texte :
– La vidéo du discours de Meryl Streep lors de la cérémonie des Golden Globes lors de laquelle elle reçoit le prix Cecil B. DeMille, le 8 janvier 2017 ;
– Une vidéo, publiée par The Guardian le 20 janvier 2017 sous le titre “Alec Baldwin leads cast of celebrities at anti-Trump rally”, permet de voir Alec Baldwin, Julianne Moore et Mark Ruffalo s’exprimer lors d’un rassemblement anti-Trump à New York le 19 janvier 2017 ;
Ce chapitre examine les formes variées de contestations qui émergent et se développent dans les mondes de la musique aux États-Unis suite à l’accession au pouvoir de Donald Trump, prêtant en particulier attention aux effets des genres musicaux sur les modes d’engagement et les répertoires de mobilisation.
–La résistance silencieuse des corps fragilisés. Des performances endeuillées face au spectacle de Trump, par Bleuwenn Lechaux.
Ce texte nous conduit dans le monde new-yorkais du théâtre et révèle des formes de contestation moins visibles mais arrimées à une tradition de performance théâtrale protestataire. À travers deux d’entre elles—le « rituel radical de la Trump Tower », réunissant régulièrement, depuis le 6 juin 2017, des membres du collectif Reverend Billy and the Church of Stop Shopping dans le jardin de cette tour privée située à Manhattan, d’une part, et la mise en scène, le 19 décembre 2016, à Madison Square Park de la pièce Cut Piece for Pant Suits par JoAnne Akalaitis et Ashley Tata, inspirée par la performance Cut Piece créée en 1964 par Yoko Ono — il explore la réponse des artistes au « spectacle » de Donald Trump.
Les liens ci-dessous permettent de voir des photographies et de visionner des extraits des performances étudiées par Bleuwenn Lechaux, ou d’en avoir des descriptions par les artistes eux-mêmes :
–Statuaire et politique. Luttes mémorielles autour des monuments confédérés, par Christine Cadot.
Ce dernier chapitre explore les rapports entre statuaire et politique et l’exacerbation des tensions autour des statues confédérées dans le moment Trump. Les violences de Charlottesville en août 2017 s’inscrivent dans la suite d’affrontements autour du déboulonnage de la statue équestre du général sécessionniste Robert Lee, installée dans un parc de la ville auquel elle donnait son nom — une statue que la municipalité progressiste, dirigée par un maire noir dans un Sud conservateur, avait accepté de déboulonner et qui focalisait l’attention des groupes mobilisés (photo ci-dessous).
Dans le reste du pays, le nombre de mobilisations autours de statues confédérées n’a cessé de croître dans les années 2010, en particulier depuis la montée en puissance du mouvement Black Lives Matter.
Certaines municipalités avaient opté pour l’ajout d’autres monuments aux statues confédérées existantes, mettant en avant des figures noires-américaines (comme à Baltimore, voir photo). La statuaire publique apparaît ainsi comme forme artistique objet de luttes mémorielles et chargée de conflits politiques bien contemporains.
– Bibliographie sélective.
Pour citer cet article :
Violaine Roussel, « Art et contestation aux États-Unis »,
La Vie des idées
, 24 avril 2019.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr/Art-et-contestation-aux-Etats-Unis
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