Dialogue des religions, échanges marchands, circulation des esclaves, mobilité des savoirs, relations de pèlerinage et de pensée, colonisations, résistances, créolités : tout connecte les Africains au reste du monde.
Après 200 000 ans de stagnation, le niveau de vie des humains a brusquement commencé à croître il y a deux siècles. Oded Galor en cherche l’explication dans le contexte géographique, mais aussi la dynamique et la structure des populations humaines.
La notion de racisme colonial est, selon l’historienne E. Sibeud, excessivement européo-centrée, et perpétue la hiérarchie des acteurs, héritée du passé. La nouvelle histoire impériale invite à complexifier le débat en incluant tous les lieux et à penser ensemble racisme et antiracisme.
Avec la volonté d’écrire une histoire totale, B. Joyeux-Prunel propose une approche socioculturelle et transnationale inédite des avant-gardes artistiques. Au delà d’une simple histoire des styles, les avant-gardes apparaissent alors comme de véritables événements politiques et sociaux, pris dans de complexes réseaux d’influence.
Le récent succès d’ouvrages d’histoire économique, alors même que cette spécialité paraît souvent négligée à l’université, ainsi que des évolutions disciplinaires simultanées, font espérer de nouveaux rapprochements entre l’histoire et l’économie.
Dénonçant l’oubli de la période de l’indépendance par les historiens de l’Afrique, Frederick Cooper affirme qu’un continent d’États-nations n’était pas le résultat inévitable de la décolonisation.
Olivier Grenouilleau livre un ouvrage important sur l’histoire de l’esclavage et le statut de l’esclave, cet « homme frontière ». Être esclave ne préjuge ni de la profession, ni de la place dans la hiérarchie sociale. Mais l’ouvrage traite moins l’histoire globale du concept d’esclave que l’histoire de la pensée occidentale et française sur l’esclavage dans le monde.
Comment réconcilier l’histoire intellectuelle avec la nouvelle tendance « globale » des études historiques ? Peut-on véritablement écrire l’histoire d’une idée à une échelle aussi vaste que le monde ? Un ouvrage collectif pose les jalons d’une nouvelle méthodologie, sans pour autant en lever toutes les ambiguïtés.
L’hyperspécialisation des études historiques n’est pas une fatalité. Pour David Armitage, professeur à Harvard, il est urgent que l’histoire intellectuelle retrouve le sens et le goût de la longue durée. Sous peine de voir les approches naturalistes dominer ce que l’on nomme maintenant la big history.
À partir de ce qu’elle désigne comme « une nouvelle micro-histoire », Emma Rothschild restitue la manière dont une famille de la gentry écossaise – les Johnstone – expérimente les transformations de l’empire britannique. Montrant l’interpénétration entre la vie de la métropole et la vie de l’empire, ce livre récent contribue au renouvellement de l’histoire impériale.
Dans Florence et Bagdad, Hans Belting propose une nouvelle histoire du regard, dont il étudie le rapport à l’image et la valeur symbolique. Prenant pour point de départ le transfert culturel entre orient et occident, qui permet l’invention de la perspective au XVIe siècle, il s’interroge sur deux formes différentes de cultures du regard, en vue d’une histoire globale de l’art.
Partant d’une comparaison entre l’Asie et l’Europe, l’anthropologue Jack Goody dénonce ce qu’il appelle le « vol de l’histoire ». Il reproche à Elias, Braudel ou Needham d’avoir conforté le grand récit qui fait de l’expérience historique de l’Europe à la fois une exception et la mesure de l’histoire du reste du monde. Cette critique est utile et légitime, selon Jacques Revel, mais repose sur des jugements parfois tout aussi globalisants que ceux qu’elle entend contredire.
Dans un contexte de doute à l’égard des cadres politiques traditionnels, l’étude pacifiée des empires est désormais rendue possible par les concepts forgés par l’histoire globale. Pour J. Burbank et F. Cooper, qui refusent une exploration abstraite de la souveraineté impériale, comprendre la nature et le devenir des empires requiert de saisir le rôle des politiques de la différence, creusets de la fabrique d’un commun.
L’empire n’est pas cette forme politique caduque que l’historiographie tend à mépriser à peu de frais. L’histoire globale de Jane Burbank et Frederick Cooper en montre toute l’actualité et la complexité. L’Union européenne n’aurait-elle pas intérêt à regarder du côté des formes impériales pour parvenir à définir sa souveraineté ?